Récemment déployée dans le Sudoc, la Bibliothèque Kandinsky confirme son rôle d’appui à la recherche en histoire de l’art. Collections et enjeux.
Bibliothèque Kandinsky
© Centre Pompidou-Mnam-Bibliothèque Kandinsky / Hervé Veronese
Installée au troisième étage du Centre Pompidou, la Bibliothèque Kandinsky, Centre de documentation et de recherche du Musée national d’art moderne-Centre de création industrielle (Mnam‑Cci), est une bibliothèque patrimoniale et une bibliothèque de recherche spécialisée dans le domaine de l’art moderne et contemporain. Elle est l’héritière des fonds constitués au sein de la bibliothèque du Musée national d’art moderne depuis ses origines, de la documentation rassemblée à l’Hôtel Salomon de Rothschild par le Centre national d’art contemporain et de la documentation du Centre de création industrielle avant sa fusion avec le musée. Dotée de collections exceptionnelles, elle a vocation à servir un public composé de chercheurs, d’étudiants, de professionnels du monde de l’art, de l’architecture et du design et d’artistes.
Structurée en deux secteurs, celui des imprimés et celui des archives et de la documentation, elle se conçoit comme un lieu de conservation patrimonial fréquemment sollicité pour enrichir les expositions de musées français et étrangers et comme une source essentielle pour la recherche et l’écriture de l’histoire de l’art des XXe et XXIe siècles.
Une collection fondamentale en art, architecture et design
La bibliothèque est riche de 200000 imprimés dans les domaines des arts plastiques, de la photographie, du cinéma expérimental, de la vidéo, des nouveaux médias, de l’architecture et du design. Les axes de développement des collections s’appuient sur la programmation des expositions du musée, la documentation des artistes, architectes et designers de la collection et intègrent les scènes artistiques émergentes dans un contexte de mondialisation. L’accent est mis sur l’histoire des grands mouvements artistiques et de la pensée esthétique, la théorie de l’art et la muséographie de l’art contemporain.
Sur le plan patrimonial, la tonalité particulière des collections d’imprimés de la Bibliothèque Kandinsky procède des bibliothèques privées d’artistes, d’architectes, de critiques, de conservateurs, de marchands d’art qui lui ont été données ou léguées (Kandinsky, Brancusi, Delaunay, Survage, Larionov, Kahnweiler, Malraux, Sottsass, pour n’en citer que quelques-uns). Elle conserve également une collection exceptionnelle de livres d’artiste et livres de photographe qui témoigne des grandes tendances artistiques internationales et du travail de jeunes artistes dont les créations constituent le patrimoine de demain.
Le fonds de revues de 7000 titres s’ouvre à des domaines autres, tels que la littérature, la poésie, le théâtre, le cinéma, la photographie, la philosophie et la politique. Il comprend des bulletins et revues publiés par les musées et galeries et des revues d’artiste. Ce fonds offre des ensembles majeurs pour les avant‑gardes artistiques : constructivisme, futurisme, dadaïsme, surréalisme en Europe et en Amérique du Sud. Les revues des grands mouvements d’après‑guerre (CoBrA, Lettrisme, Internationale situationniste) sont également présentes. En 2006, la bibliothèque a fait l’acquisition du fonds Destribats, collection de revues des avant-gardes internationales, grâce au mécénat du groupe Lagardère. Ces revues font actuellement l’objet d’une mise en valeur importante dans les salles consacrées au nouvel accrochage « Modernités plurielles 1905-1970 ».
Plus d’une centaine de fonds d’archives
Depuis sa création, la Bibliothèque Kandinsky développe une politique de constitution et de conservation de fonds d’archives privées consacrés à des artistes dont les œuvres figurent dans les collections du Mnam, des photographes, des architectes ou des acteurs du monde de l’art (galeristes, critiques et historiens). La bibliothèque est riche aujourd’hui de plus d’une centaine de fonds acquis par achats ou grâce à la générosité de donateurs ou encore par des legs ou des dations. Les fonds d’archives comprennent généralement, en partie ou en totalité, des manuscrits (brouillons ou textes inédits, correspondances reçues et doubles de correspondances envoyées), des ephemeras (cartons d’invitation, archives de presse d’un artiste), des photographies et des documents audiovisuels, ainsi que des livres et des périodiques constituant la bibliothèque d’un artiste, d’un critique. Ces acquisitions prestigieuses, volumineuses ou modestes, ces documents rares, quelquefois inattendus et trop souvent ignorés, constituent un outil de recherche précieux sur l’histoire de l’art moderne et contemporain.
À ces fonds d’archives viennent s’ajouter quelques 12 000 dossiers individuels d’artistes et 3 000 dossiers collectifs consacrés à différents mouvements ou techniques artistiques, au milieu de l’art et à des personnalités remarquables…
Des programmes de numérisation variés
Depuis 2002, des campagnes de numérisation ont été menées et, plus récemment, grâce aux crédits du grand emprunt. Des corpus divers ont pu être valorisés publiquement même si, en raison du caractère contemporain des collections, une part importante de ces documents est en accès restreint.
À ce jour, sont disponibles des reportages documentaires consacrés à des expositions temporaires et à des lieux de création d’artistes contemporains de la collection permanente du musée, des reportages réalisés par Véra Cardot, Pierre Joly ou encore Jean Prouvé, ce dernier constituant l’ensemble documentaire le plus important consacré à l’architecture en France des années 1940 à 80.
Numérisé également, le fonds Brauner comprend notamment une sélection de cahiers manuscrits et de carnets illustrés, les cours du CNAM de Jean Prouvé constitués de manuscrits et dessins…
En 2013, des revues d’Europe de l’Est et une sélection de revues françaises ayant fait l’objet d’une convention de partenariat avec la Bibliothèque nationale de France ont été numérisées intégralement.
La partie audiovisuelle n’est pas en reste : collections de films, de vidéos, d’enregistrements sonores sur les artistes et le monde de l’art, entretiens avec des collectionneurs, critiques ou commissaires d’exposition, œuvres sonores ou musicales, conférences ou tables rondes autour des expositions temporaires.
La revue SIC, issue du fonds Destribats, est une revue d'avant-garde française, publiée de janvier 1916 à décembre 1919, sous la direction de Pierre Albert-Birot
Elle a notamment compté pour collaborateurs Guillaume Apollinaire, Max Jacob, Louis Aragon, Raymond Radiguet…
© Centre Pompidou-Mnam-Bibliothèque Kandinsky / Jean-Claude Planchet
Une implication forte dans les programmes de recherche
La bibliothèque Kandinsky participe à plusieurs programmes de recherche et accueille régulièrement, dans ses locaux, des étudiants bénéficiant des bourses doctorales du Centre Pompidou et des étudiants des universités et écoles d’art. C’est dans ce contexte qu’un cercle de réflexion sur l’histoire des expositions du Centre Pompidou a été mis en place en 2010. Son objet est d’interroger le format et la nature des expositions, la pratique de commissariat et la place de l’histoire des expositions dans l’histoire de l’art. Dans cette dynamique a été lancée l’élaboration d’un catalogue raisonné en ligne des expositions du centre Pompidou, dont Stéphanie Rivoire, responsable du secteur des archives et de la documentation de la bibliothèque, est chef de projet. Il servira autant d’outil pour les chercheurs que de modèle prescriptif pour une normalisation du processus d’archivage des expositions.
…Et dans les projets d’exposition
En 2012, la Bibliothèque Kandinsky a participé à la quatrième édition du Nouveau festival du Centre Pompidou, rendez-vous pluridisciplinaire qui a fait la part belle à Guy de Cointet, artiste français aux frontières des arts plastiques, du théâtre et de la performance dont elle conserve les archives (dessins, carnets de notes, travaux préparatoires). Durant l’été 2014, la bibliothèque proposera une exposition documentaire dans une des galeries du musée afin de célébrer les 25 ans de l’exposition « Magiciens de la terre », qui s’est tenue simultanément au Centre Pompidou et à la Grande halle de La Villette en 1989 et dont la caractéristique fut de placer sur la scène internationale les arts non occidentaux.
L’insertion au sein du réseau Sudoc
Début 2013, la Bibliothèque Kandinsky a rejoint le réseau Sudoc. Il s’agit là de répondre à la fois à la nécessité d’être davantage visible dans le milieu universitaire, mais également de bénéficier du catalogage partagé et de tisser de nouveaux liens avec le réseau des bibliothèques spécialisées en histoire de l’art. Notre volonté est de nous ouvrir encore plus largement à d’autres plateformes collaboratives et d’explorer de nouvelles possibilités de partenariats avec des bibliothèques et des communautés de chercheurs en histoire de l’art. Nous y travaillons au quotidien.
