La veille du côté des URFIST, comment et pour qui la faire ?

DOI : 10.35562/arabesques.104

p. 12-13

Plan

Texte

À travers des articles de synthèse au sujet des réseaux sociaux académiques publiés depuis 2014 sur URFISTinfo, réflexion sur l’intérêt de la veille et de l’écriture dans la pratique de formateur.

La publication entre 2014 et 2017 sur le blog URFISTinfo1 de plusieurs billets au sujet des réseaux sociaux académiques constitue, de bien des manières, une réponse à des interrogations courantes chez les formateurs2. Comment faire face au déluge d’informations hétérogènes, faute de synthèses ou de veilleurs spécialisés ? Comment dépasser les limites de supports pédagogiques en ligne mais destinés à des formations en présentiel ? Comment, enfin, mieux diffuser ce travail à l’aune des missions d’accompagnement qui sont celles des URFIST ? C’est, avant tout, un besoin de formaliser les résultats de veille et de prendre du recul qui est au cœur de la rédaction de ces billets. Ce faisant, c’est aussi l’occasion de produire des documents de synthèse mis à la disposition de tous.

Le réseau des URFIST

Depuis leur création au début des années 1980, les sept unités composant le réseau national des Unités Régionales de Formation à l’Information Scientifique et Technique (URFIST) – Bordeaux, Lyon, Nice, Paris, Rennes, Strasbourg, Toulouse – accompagnent les professionnels de l’information-documentation, les enseignants-chercheurs et les doctorants face aux évolutions de l’information scientifique et technique. Leurs missions sont la formation, la production de ressources pédagogiques, la recherche et la veille. Dans la continuité, le groupement d’intérêt scientifique (GIS) « Réseau URFIST » créé en 2017 a vocation à favoriser des partenariats avec d’autres acteurs de l’information scientifique et technique au niveau national et international, tant pour la recherche que pour des formations innovantes.

Forme souple dans la rédaction et la diffusion, le billet de blog semble le plus adapté, car il permet une publication libre, gratuite et immédiate dans la lignée des principes de la Science ouverte. C’est le meilleur moyen pour traiter de sujets d’actualité et profiter d’une viralité potentielle large, et ce alors même que de plus en plus de chercheurs utilisent les réseaux sociaux sans en connaître toutes les caractéristiques. Contrairement aux publications scientifiques traditionnelles, les billets ne sont pas évalués par des pairs, ce qui permet une certaine liberté de ton. C’est aussi l’occasion d’expérimenter le blog comme outil de communication scientifique. La mise en œuvre du projet de publication de billets sur le blog URFISTinfo a été facilitée par la pré- existence du blog collectif du réseau des URFIST. Pionnier lors de sa création en 2004, URFISTinfo connaît ensuite une baisse d’activité due au développement de la communication des URFIST sur Facebook ou Twitter. Proposer sur URFISTinfo des billets est un moyen de redynamiser le blog et de le réaffirmer comme un point de veille important. tout en profitant de la caution d’un blog institutionnel sur hypothèses, notamment pour le premier billet manifeste : « Pour une utilisation critique des réseaux sociaux académiques »3.

Méthode et méthodes

La rédaction des billets s’appuie sur quelques principes, qui ont été posés dès le premier billet. Une ligne éditoriale spécifique, qui consiste à rédiger des billets de signalement et de synthèse au ton neutre, rassemblant des sources sans exhaustivité mais aussi larges que possible (presse, opinions, articles scientifiques, communiqués commerciaux) et toutes lues ; un contenu pédagogique qui privilégie la structuration et la contextualisation des informations, permettant ainsi une bonne compréhension des enjeux et un repérage facile des éléments importants, en fonction des besoins de chacun ; une temporalité lente, pour une analyse à froid, sans signalement au fur et à mesure de références, par exemple sur d’autres médias comme twitter ; enfin, des publics bien définis, avec comme cible prioritaire les personnels d’appui à la recherche, dans une logique d’autoformation et d’accompagnement des chercheurs.

Malgré les nombreux points communs qui, pour un formateur en URFIST, existent entre la préparation d’interventions en présentiel et la rédaction de synthèses aussi larges que possible, le changement d’échelle et de média oblige, pour le blog, à mieux formaliser les choses. Le rassemblement des références à lire combine une veille occasionnelle au long cours à un état des lieux ponctuel plus complet au moment de la rédaction, et une mise en surveillance « à l’ancienne » à de la recherche d’information classique.

 

 

Crédit photo John Towner - Unsplash

Le champ de la veille, bien défini, nécessite surtout des alertes sur des mots-clés, et trois outils gratuits sont utilisés à cette fin : Talkwalker alerts pour le web et Google scholar pour les publications scientifiques, avec une boîte mail dédiée ; Tweetdeck pour twitter. Par ailleurs, pour pallier les limites de Talkwalker alerts et l’absence d’un bon système d’alertes Google, des requêtes sont faites sur Google via les filtres de dates. Ces informations ciblées sont complétées par la veille sur d’autres ressources professionnelles : sites de veille et d’opinion, profils de réseaux sociaux, sans oublier la consultation de revues et d’ouvrages papier. En revanche, en l’absence de sites spécifiques sur le sujet, les flux RSS ne sont pas utilisés, afin de limiter les informations non pertinentes. Jusqu’à la rédaction du billet, les références trouvées sont ensuite stockées dans des dossiers thématiques, dossiers mis à profit pour mettre à jour les connaissances dans le cadre de besoins de formation.

Dans l’organisation des billets, le choix d’un plan récurrent répond à un double objectif : faciliter l’organisation des références d’une part, fournir au lecteur un vrai outil comparatif d’autre part. Le choix d’un rythme annuel et le décalage vers l’été, période de moindre activité de formation en URFIST, permettent d’avoir plus de recul. Il ne s’agit pas de sortir des scoops mais de décanter l’information, et la fameuse FOMO (fear of missing out) du veilleur, la peur de rater des nouvelles importantes, devient secondaire ! Au final, avec des objectifs clairs et un minimum de discipline, ce ne sont ni la veille et la recherche d’information, ni l’organisation de ces informations, qui sont le plus difficile, mais bien le volet écriture quand on est peu familier de l’exercice. Et, comme pour tout exercice, l’entraînement régulier est la meilleure réponse…

Quel bilan pour le formateur ?

Les billets rédigés (cinq billets représentant 70 pages), conçus comme une aide aux formateurs et aux formations, sont devenus des outils personnels d’accompagnement et sont relus systématiquement avant une intervention. Ils ont aussi répondu à des demandes de collègues, demandes auxquelles il aurait été impossible de faire face uniquement par des actions de formation en présentiel. Par ailleurs, ils ont confirmé le gain en visibilité de la tenue d’un blog – pour le meilleur et pour le pire… En effet, alors que l’un des objectifs était de diminuer le nombre de demandes d’interventions reçues par l’URFIST, celles-ci se sont au contraire accrues ! Des pistes pour faciliter la lecture des billets ont également été identifiées (table des matières, renvois entre texte et notes…). Reste la question de la temporalité. Certes, l’accent a été mis sur l’analyse à froid, mais que faire quand l’actualité s’emballe et nécessite un éclairage circonstancié ? Le blogueur spécialisé sur un thème n’est-t-il pas attendu et n’a-t-il pas une forme de responsabilité, qui l’oblige à réagir ?

Les billets de 2017 concernant les réseaux sociaux académiques devraient être pour autant les derniers sur le sujet. Comme l’illustre la croissance de la taille des billets, la littérature à recenser, et donc le recensement, sont proportionnels au développement des réseaux académiques eux-mêmes. Ainsi, le billet d’août 2017 a nécessité près d’un mois et demi de travail. Il devient irréaliste de poursuivre sur cette la question sous cette forme. De plus, un nouveau champ d’accompagnement des formations se développe autour de l’identité numérique, qui fait l’objet d’un billet rédigé en 2018. L’expérience acquise avec les précédents billets a été mise à profit afin de proposer, au-delà d’actions de formation en présentiel, un outil facile à transmettre où chacun vient prendre ce dont il a besoin, faisant du billet de blog un outil d’autoformation parmi d’autres et un élément de la boîte à outils du formateur.

Quand on travaille en URFIST, la démarche du blogueur rejoint la démarche du formateur. Au-delà des modalités de veille et du contenu à transmettre, il faut se demander pourquoi et pour qui bloguer ? Dans le cas des URFIST, le blog permet de prendre du recul, analyser et penser. Il permet aussi de pro- poser diverses formes d’accompagnement et, enfin, de rendre mieux visibles certaines thématiques des URFIST. Dès lors, la véritable difficulté consiste à pouvoir repérer les sujets émergents et nécessite de disposer du temps et des outils pour le faire le mieux possible.

1 https://urfistinfo.hypotheses.org

2 Merci à Claire Denecker et Gabriel Gallezot pour leurs réflexions.

3 https://urfistinfo.hypotheses.org/2596

Notes

1 https://urfistinfo.hypotheses.org

2 Merci à Claire Denecker et Gabriel Gallezot pour leurs réflexions.

3 https://urfistinfo.hypotheses.org/2596

Illustrations

 

 

Crédit photo John Towner - Unsplash

Citer cet article

Référence papier

Aline Bouchard, « La veille du côté des URFIST, comment et pour qui la faire ? », Arabesques, 92 | 2019, 12-13.

Référence électronique

Aline Bouchard, « La veille du côté des URFIST, comment et pour qui la faire ? », Arabesques [En ligne], 92 | 2019, mis en ligne le 06 janvier 2020, consulté le 29 mars 2024. URL : https://publications-prairial.fr/arabesques/index.php?id=104

Auteur

Aline Bouchard

URFIST de Paris

aline.bouchard@chartes.psl.eu

Autres ressources du même auteur

Droits d'auteur

CC BY-ND 2.0