Bibliothèque scientifique numérique : des constats aux premières orientations

DOI : 10.35562/arabesques.1169

p. 4-5

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Quelques rappels

Un précédent numéro d’Arabesques1 l’a rappelé, la Bibliothèque scientifique numérique (BSN) est un programme de travail inscrit dans le document stratégique des infrastructures de recherche 2012. Elle poursuit deux objectifs principaux : répondre aux besoins de tous les chercheurs et enseignants-chercheurs en portant l’offre qui leur est fournie en information scientifique et technique (IST) à un niveau d’excellence mondiale et améliorer la visibilité de la recherche française. Le levier d’action de BSN est la mise en place d’un pilotage politique partagé par les grands acteurs de l’enseignement supérieur et de la recherche (ESR) pour offrir des services à l’ensemble des chercheurs quels que soient leur communauté et leur statut, et créer de nouveaux modèles et équilibres économiques entre acteurs publics et privés dans l’édition scientifique.

La première action structurante du programme BSN a été la création fin 2009 d’une instance associant universités et organismes, la Conférence des grandes écoles et le ministère de la Culture et de la Communication, sous la forme d’un comité de pilotage des acquisitions électroniques, qui a permis à la fois de coordonner les grandes négociations d’abonnements en cours et d’initier une politique de licences nationales. Devenue comité de pilotage de l’ensemble de BSN en juillet 2011, cette structure a désormais compétence d’arbitrage sur l’ensemble des segments de l’information scientifique et technique en France. Un comité technique est chargé d’instruire les décisions de ce comité de pilotage et neuf groupes de travail correspondant chacun à un domaine de l’IST l’alimentent.

Premières orientations et enjeux

La première année de fonctionnement de BSN a été parachevée par la publication d’un rapport stratégique 2012-20152. Constitué de recommandations retenues parmi les propositions faites par les groupes de travail BSN, ce document de référence couvre chaque segment de l’IST. Pour chacun, entre deux et quatre recommandations ont été sélectionnées et définissent le premier socle d’orientations des travaux. Elles sont au nombre de 30 et encadrées par cinq recommandations méthodologiques et générales, transverses à l’ensemble des aspects de l’IST. De façon générale, les premiers constats des groupes de travail sont identiques : les initiatives en IST sont nombreuses, souvent intelligentes, mais non coordonnées, d’où des chevauchements de périmètre entre opérateurs, une mauvaise lisibilité tant pour les utilisateurs professionnels que pour les usagers, et des zones non couvertes faute de moyens qu’une meilleure mutualisation permettrait d’appréhender. De la même façon, l’articulation entre structures documentaires d’universités et d’organismes et opérateurs reste embryonnaire.

L’année 2012 marque l’entrée dans une deuxième phase de BSN : transformer un cadre d’actions et des recommandations en un programme de travail qui allie aspects opérationnels et enjeux stratégiques. Pour articuler ces deux aspects – un niveau opérationnel nourri par des actions concrètes et un niveau stratégique qui appelle des arbitrages politiques –, le programme BSN doit à la fois traduire les recommandations 2011 en réalisations 2012 et se doter d’une gouvernance et d’un fonctionnement renforcés autour de trois types d’enjeux à relever.

  • La définition d’outils communs, au service d’une politique de rapprochement des acteurs de l’IST : c’est le cas, par exemple, de la refonte de la plateforme d’archives ouvertes HAL, dans le cadre de BSN 4, pour s’adapter davantage aux besoins des universités ; ou de l’instruction pour une plateforme de PEB commune entre les organismes, notamment l’INIST-CNRS et les universités, avec l’option de mutualiser des équipements déjà existants (BSN 8). Dans le même esprit, un état des lieux des Presses universitaires, destiné à actualiser l’enquête menée en 2006 par la Sous-direction des bibliothèques, a été confié à l’Association des éditeurs de la recherche et de l’enseignement supérieur (AEDRES), dans le but de déterminer les marges de mutualisation possibles.
  • Des enjeux économiques : BSN met en place une coordination accrue face aux enjeux financiers et économiques que représentent certains segments de l’IST ; la mise en œuvre d’une politique de licences nationales (BSN 1) et le projet ISTEX y contribuent notamment. La définition par le comité de pilotage de seuils d’augmentation à ne pas dépasser pour les abonnements courants participe également de cette démarche.
  • Des positions stratégiques : le comité de pilotage, placé à un niveau politique et décisionnel, porte une stratégie qui soutient les actions des établissements : par exemple, définir et promouvoir une politique d’accès libre (Open Access) dans la recherche française ou dresser la cartographie des opérateurs qui interviennent dans un segment donné pour coordonner leurs actions et repositionner leur périmètre de compétence.

15 actions pour 2012

Pour répondre à ces enjeux, les recommandations validées fin 2011 ont été traduites en 15 actions prioritaires à réaliser ou entreprendre pendant l’année 2012. Certains de ces chantiers seront présentés dans le dossier BSN de ce numéro d’Arabesques. Parmi eux, soulignons trois actions particulièrement emblématiques du mode de mutualisation rendu possible par BSN.

  • ISTEX, dont la convention a été signée en avril 2012 : l’acquisition de ressources électroniques sous forme de licences nationales a pu commencer grâce aux travaux du comité de pilotage en 2010 et à l’enveloppe d’impulsion de 4,5 ME engagée par le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche (MESR). Quatre ressources ont été achetées en 2011 et 2012 (Springer, EEBO, ECCO et Dictionnaires Garnier). Ces premiers travaux ont constitué le socle d’un projet de plus grande envergure, retenu à hauteur de 60 ME dans le cadre des Initiatives d’excellence, le projet ISTEX (Information scientifique et technique d’excellence). Sans détailler de nouveau ce projet qui a fait l’objet d’un article dans un précédent numéro d’Arabesques3, rappelons qu’il est porté par quatre partenaires : CNRS, ABES, Couperin, et Université de Lorraine (pour le compte de la Conférence des présidents d’université). Chacun est responsable de segments bien définis, dont l’articulation est assurée grâce au comité exécutif qu’ils composent, chargé de veiller à la cohérence et au suivi du projet (budget, indicateurs…). Ce comité exécutif rend compte au comité de pilotage BSN qui valide les orientations retenues en termes de services et la liste des ressources qui feront l’objet de négociations, et veille à l’équilibre entre les acquisitions et à la prise en compte de toutes les communautés de l’ESR. Ce double niveau de pilotage inscrit ISTEX au cœur des travaux de BSN, tout en lui laissant la marge de manœuvre suffisante pour fonctionner dans le calendrier spécifique des investissements d’avenir. BSN offre également à ISTEX la mobilisation de groupes de travail déjà constitués : le groupe BSN 1, par exemple, chargé des acquisitions électroniques, prépare actuellement l’appel d’offre proposé aux éditeurs ainsi que l’enquête de remontée des besoins menée auprès des communautés d’enseignement et de recherche.
  • La politique d’Open Access : inscrite dans les actions 2012 pour BSN 4, la révision du protocole d’archives ouvertes HAL constitue la première étape de l’engagement des acteurs en faveur de l’Open Access. HAL est une archive ouverte qui s’inscrit dans le mouvement international en faveur du libre accès à l’information scientifique et a pour vocation de faciliter la diffusion des résultats de la recherche ; cette question est au cœur de l’actualité dans les communautés scientifiques et dans les négociations avec les éditeurs. Le renouvellement du premier protocole HAL, signé en 2006, permet une meilleure prise en compte des usages et demandes des établissements. Le nouveau protocole a comme objectifs d’élargir le périmètre de signataires, de concilier les archives ouvertes institutionnelles et l’archive nationale HAL et de repenser la gouvernance et le financement de HAL en s’orientant vers une unité mixte de service (UMS).
  • L’archivage pérenne : la multiplication des corpus numériques et les perspectives ouvertes par les projets de numérisation dans le cadre de BSN 5 vont conduire dès 2012 à un changement d’échelle dans la mise en œuvre de l’archivage pérenne de l’ESR par le CINES. Au-delà de HAL, de Persée et de l’ABES, le CINES lancera un appel d’offre au second semestre 2012 pour retenir les corpus dont il prendra en charge l’archivage pérenne avec le soutien du MESR.

Vers une gouvernance renforcée

Pour mener à bien ces chantiers, l’année 2012 sera l’occasion d’affiner la gouvernance et le fonctionnement de BSN :

  • parfaire la constitution des groupes de travail pour veiller à la prise en compte de tous les types d’établissements ;
  • affiner l’articulation entre groupes de travail et comité de pilotage pour adapter les modes de fonctionnement à un rythme de travail désormais opérationnel.

1 Arabesques, n° 65, janvier-février-mars 2012, p. 6-7.

2 Ce rapport sera mis en ligne sur un site web consacré à la BSN qui sera opérationnel avant la fin de l’année 2012.

3 Arabesques, n° 66, avril-mai-juin 2012, p. 6-8.

Notes

1 Arabesques, n° 65, janvier-février-mars 2012, p. 6-7.

2 Ce rapport sera mis en ligne sur un site web consacré à la BSN qui sera opérationnel avant la fin de l’année 2012.

3 Arabesques, n° 66, avril-mai-juin 2012, p. 6-8.

Illustrations

Citer cet article

Référence papier

Michel Marian et Stéphanie Groudiev, « Bibliothèque scientifique numérique : des constats aux premières orientations », Arabesques, 68 | 2012, 4-5.

Référence électronique

Michel Marian et Stéphanie Groudiev, « Bibliothèque scientifique numérique : des constats aux premières orientations », Arabesques [En ligne], 68 | 2012, mis en ligne le 06 janvier 2020, consulté le 28 mars 2024. URL : https://publications-prairial.fr/arabesques/index.php?id=1169

Auteurs

Michel Marian

Mission de l’Information scientifique et technique et du Réseau documentaire (MISTRD)

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Stéphanie Groudiev

Mission de l’Information scientifique et technique et du Réseau documentaire (MISTRD)

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