A quelques semaines des Journées Abes 2018, l’ensemble des réseaux de l’Abes poursuit sa paisible révolution. Nous passons ensemble – et à des vitesses différentes, certes, mais le mouvement est bel et bien lancé – de la maîtrise classique des outils de signalement et de gestion de documents à l’adoption d’outils de type SGBm intégrant nativement les ressources électroniques, mais aussi à la transition bibliographique qui conduit à l‘engagement volontariste dans la maîtrise des identifiants et des référentiels d’autorité, dont le poids et le rôle croissent au fur et à mesure que nous nous immergeons davantage dans le web de données.
Cette profonde transformation a bel et bien commencé, comme le démontre ce numéro d’Arabesques consacré aux évolutions des systèmes de gestion de bibliothèque. Mais elle est loin d’être achevée et beaucoup de questions sont ouvertes, et n’ont reçu que des ébauches de réponses à ce stade.
Qu’importe ! Plutôt que de nous en inquiéter, nous devons nous réjouir de pouvoir participer à l’invention de nouveaux concepts et de nouveaux usages de l’information. Aidée dans son analyse et sa réflexion par les récents rapports publiés par l’IgB1 et par l’Hcéres2, l’Abes s’est attelée à la rédaction de son plan stratégique 2018‑2022. Ses objectifs les plus ambitieux portent sur la rénovation du « réacteur » de l’Abes, pour qu’il devienne capable d’échanger plus vite et mieux les masses de données qualifiées dont les réseaux ont besoin pour servir leurs utilisateurs, et co-construire les services basés sur des données ouvertes, et des technologies qui le soient tout autant. Pensé par toute l’Abes, enrichi des avis du conseil scientifique et de la commission SSI de l’ADBU, ce projet d’établissement sera mis en consultation auprès des professionnels de l’information et de la documentation, en France et à l’étranger. Nous comptons sur chacun pour définir les étapes et la démarche pratique qui nous permettront de concevoir et mettre en place le système d’information dont l’univers de l’IST a besoin.
Un système qui garantisse les fonctions de base sur lesquelles chaque bibliothèque construit son activité : acquérir, signaler, communiquer, conserver, tout en rendant possible l’amélioration et l’enrichissement des données et des métadonnées afin de leur donner du sens et de les rendre exploitables par les outils de découverte, mais aussi par les environnements numériques comme Istex, ScanR, Isidore, Europeana, et bien d’autres.
Dire que le futur des systèmes de bibliothèque rejoint celui des outils de découverte n’est sans doute déjà plus un sujet – le livre blanc de Marshall Breeding3, publié en 2015, peut en tout cas être lu ainsi. L’enjeu est désormais de savoir comment constituer le « grand index » des ressources afin, d’une part, de nourrir les outils de découverte – commerciaux ou libres, mais aussi, au-delà des métadonnées, pour que le texte intégral et le multimédia puissent être explorés, annotés, sémantiquement analysés, enrichis d’identifiants d’autorité. La question posée aux professionnels de l’information a changé : elle n’est plus seulement « puis-je lire tel document ? » mais « puis-je analyser tous ces documents ? ». Nos savoir-faire et nos métiers nous ont préparés à répondre OUI.