Les réseaux de l'Abes confinés mais mobilisés

DOI : 10.35562/arabesques.2561

p. 20

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Texte

Le confinement a suscité une mobilisation exceptionnelle des réseaux et des compétences des acteurs du signalement dans le but d'assurer la continuité de l'accès à l'information.

Lors du confinement, les bibliothécaires se sont retrouvés hors des locaux et loin des collections. Comment assurer la valorisation des collections imprimées et lui donner du sens, alors que le circuit physique du document s’est arrêté ? Pour répondre à cette question, les catalogueurs sont instinctivement revenus à l’essentiel : l’humain et la donnée.

Dans ce dispositif distancié, ralenti, presque immobile, il fallait redonner aux agents une place active. Pour les correspondants des réseaux de l’Abes, cela s’est concrétisé dans la coordination d’activités collectives, l’encadrement, la distribution des rôles puis des tâches, enfin dans la formation et le soutien. Pour les catalogueurs, ce fut dans l’enrichissement des données des catalogues et des référentiels. De très nombreux chantiers « qualité » ont été réalisés, d’anciens, jusque-là sans cesse reportés, comme de nouveaux, suscités par la période ou suggérés par l’Abes. Des dizaines de milliers de notices ont été enrichies.

 

 

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Mais donner du sens, quand on est catalogueur confiné, ce n’est pas uniquement venir à bout de son lot de notices à corriger, bien qu’il y ait une belle satisfaction à cela. C’est en profiter pour parfaire ses procédures, affiner sa méthode de travail, étudier enfin les nouvelles consignes, trop superficiellement parcourues jusque-là, mieux investir le champ du signalement des ressources électroniques, exiger de nouvelles tâches pour enrichir son savoir-faire.
Le confinement aura ainsi permis à de nombreux agents de monter en compétence autour des activités de signalement : des personnels de catégorie C se sont initiés au catalogage et pourront valoriser cette compétence dans des concours et dossiers de promotion ; des personnels de catégorie A et B ont perfectionné leur maîtrise de l’activité ou se sont confrontés pour la première fois à des actions d’encadrement d’équipes.

Accompagner l’ouverture exceptionnelle des ressources

Le confinement a représenté une occasion tout à fait exceptionnelle d’échange au-delà des frontières entre les consortia des bibliothèques, acteurs centraux de l’accès à l’information pour le monde académique. Le réseau informel de l’International Coalition of Library Consortia (ICOLC), dont le consortium Couperin.org et l’Abes font partie pour la France, s’est mobilisé dès le début pour relayer les initiatives des éditeurs en faveur de l’ouverture exceptionnelle des accès. Tentatives certes imparfaites de reconstituer des bibliothèques universitaires à distance, ces opportunités ont représenté un soutien réel pour des étudiants préparant des concours ou examens dans des situations difficiles ou pour des enseignants-chercheurs continuant à assurer leurs missions à distance.
Cependant, pour que cette ouverture inhabituelle profite réellement au public universitaire, la médiation assurée par les bibliothécaires en charge de la gestion de la documentation électronique, mission souvent peu visible en dehors des situations exceptionnelles de dysfonctionnement, était indispensable.
L’Abes a souhaité participer à l’effort de mise à disposition rapide des documents par différents moyens. Tout d’abord en facilitant la transmission des informations de paramétrage des accès entre institutions et éditeurs et en collaboration avec le consortium Couperin.org. Ensuite, par l’accompagnement des institutions bénéficiaires des licences nationales qui ont dû improviser une forme d’accès à distance dans des communautés habituées à l’accès sur site.

L’Abes a également apporté son expertise pour valoriser les collections francophones estimées prioritaires par un signalement rapide des corpus dans la base de connaissance BACON et dans le Sudoc, et communiqué en temps réel auprès des fournisseurs de bases de connaissance sur l’intégration des nouveaux corpus. Ces actions ont permis de rendre visibles certaines collections d’ebooks francophones préalablement indisponibles dans les bases de connaissance utilisées par les établissements de l’ESR et de signaler dans le catalogue public Sudoc les accès exceptionnels - et éphémères - à des corpus d’ebooks. Ce fut également l’occasion de corriger de nombreuses données incohérentes et de rajouter, là où cela était possible, les identifiants « meilleurs amis » des chercheurs, les DOI permettant un accès facilité aux ressources. Ce travail reste un acquis, au-delà du contexte de crise sanitaire.

Pour l’Abes, cette période a également été marquée par une augmentation des échanges avec les utilisateurs finaux, qui ont trouvé dans nos équipes des passeurs vers les portails de leurs propres bibliothèques, preuve supplémentaire de l’utilité du signalement des ressources et des opérateurs nationaux mettant à disposition des outils mutualisés.

En un sens, la période du confinement nous a montré ce qui pourrait être un jour un accès (inter)national à la plupart des ressources numériques : une généralisation des licences nationales, en attendant un monde de science ouverte.

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Référence papier

Raluca Pierrot et Laurent Piquemal, « Les réseaux de l'Abes confinés mais mobilisés », Arabesques, 101 | 2021, 20.

Référence électronique

Raluca Pierrot et Laurent Piquemal, « Les réseaux de l'Abes confinés mais mobilisés », Arabesques [En ligne], 101 | 2021, mis en ligne le 16 avril 2021, consulté le 19 avril 2024. URL : https://publications-prairial.fr/arabesques/index.php?id=2561

Auteurs

Raluca Pierrot

Responsable du Service Documentation Electronique, Abes

pierrot@abes.fr

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Laurent Piquemal

Service Accompagnement des Réseaux, Abes

piquemal@abes.fr

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