Des données aux gisements : l’Abes, trésor pour la bibliométrie ?

DOI : 10.35562/arabesques.2727

p. 16

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Texte

Les importantes volumétries de données gérées par l’Abes offrent un champ immense aux exploitations bibliométriques.

L’Abes est propriétaire et gestionnaire, avec les membres de ses réseaux, d’un trésor bibliométrique qui, pour part, s’ignore. Les données de l’Abes peuvent se prêter, pour peu qu’on s’en donne la peine, à des exploitations bibliométriques sinon infinies, du moins bien plus larges que l’exploitation des citations d’articles scientifiques auxquelles on limite souvent les études bibliométriques. Et pourtant, il y aurait tant d’autres choses à explorer ! Le Sudoc, ce sont des millions de notices localisées, de tous types de documents, dans tous types de bibliothèques, qu’on peut même étudier dans leur évolution temporelle. De quoi nourrir des études entières sur la représentation en bibliothèque de telle ou telle discipline, ou se livrer à une étude sur les forces et les lacunes des bibliothèques d’une région donnée, etc. Des outils comme BACON ou Périscope proposent une vision panoptique qui offre des pistes d’exploration, mais aussi d’évolutions : à quand un outil qui, pour un même titre de périodique, permettrait d’embrasser, sur l’ensemble des bibliothèques du réseau, états de collection papier et leur équivalent en ligne, pour améliorer identification, signalement, accessibilité, partage ?

De même, les fonctionnalités d’IdRef apportent à la connaissance du travail des chercheurs, un plus qu’utile contrepoint au desséchant « facteur H ». IdRef fédère les contributions du chercheur à des monographies, mais aussi sa participation à des jurys de thèse et, au-delà du Sudoc, ses publications disponibles dans Persée, ses dépôts dans HAL, etc.

Le professeur Raoult plus cité qu’Albert Einstein

Qu’on s’essaie par exemple à consulter la fiche IdRef d’un des protagonistes omniprésents du moment, le professeur Raoult (Identifiant IdRef : 035496169). Bien exploitée, la notice et ses liens offrent, du chercheur, une vision autrement riche que celle du « facteur H », dont on sait que, pour ledit professeur Raoult, il est deux fois plus élevé que pour un certain Albert Einstein1 (Identifiant IdRef : 026849186). Muni de ces identifiants, data.idref.fr ouvre grand les portes de l’analyse bibliométrique : analyse de réseaux, expertises disciplinaires et thématiques, etc. L’entrepôt permet de découvrir des relations insoupçonnées et d’extraire des métriques sur les personnes, les concepts, etc. par le biais des ressources Sudoc, Scienceplus et HAL qui s’y trouvent. Attention, il ne s’agit pas de substituer à une évaluation largement perçue comme arbitraire et perclus de biais statistiques divers une autre forme, tout aussi problématique. Les données produites par les réseaux documentaires de l’ESR ont l’immense mérite d’échapper aux circuits complexes de prestiges divers et de reconnaissances mutuelles qui sont ceux de la publication d’articles scientifiques et de leur liste de références, tout en élargissant le champ documentaire traité à divers types d’écrit, papier ou en ligne, souvent peu pris en compte.

Des coopérations renforcées pour un changement de paradigme

L’Abes participe, à son niveau, au mouvement d’ouverture des données sur les publications scientifiques. La collaboration renforcée de l’Abes avec le réseau Mir@bel2 en témoigne à sa façon. L’établissement de liens spécifiques entre les notices du Sudoc et celles de Mir@bel permet d’accéder, sur le corpus de revues décrites par Mir@bel, à des informations que le Sudoc n’inclut pas puisque, sous l’égide du Comité pour la science ouverte et de son groupe de travail sur les politiques de publication, Mir@bel est devenu l’outil de déclaration et de consultation des politiques de diffusion des revues scientifiques françaises, avec l’assurance d’une visibilité internationale sur le site Sherpa Romeo, site de référence depuis plus de 15 ans en matière de politiques de diffusion des revues : le chercheur évaluant la revue, c’est une juste revanche, non ?

1 https://theconversation.com/einstein-vaut-il-la-moitie-du-dr-raoult-pour-en-finir-avec-lindice-h-141169

2 Pour une présentation de Mir@bel, voir : https://reseau-mirabel.info/site/page/presentation

Notes

1 https://theconversation.com/einstein-vaut-il-la-moitie-du-dr-raoult-pour-en-finir-avec-lindice-h-141169

2 Pour une présentation de Mir@bel, voir : https://reseau-mirabel.info/site/page/presentation

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Référence papier

Yves Desrichard, « Des données aux gisements : l’Abes, trésor pour la bibliométrie ? », Arabesques, 103 | 2021, 16.

Référence électronique

Yves Desrichard, « Des données aux gisements : l’Abes, trésor pour la bibliométrie ? », Arabesques [En ligne], 103 | 2021, mis en ligne le 21 octobre 2021, consulté le 19 avril 2024. URL : https://publications-prairial.fr/arabesques/index.php?id=2727

Auteur

Yves Desrichard

Responsable du Service des ressources continues de l’Abes

desrichard@abes.fr

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