Les Instituts français de recherche à l’étranger (IFRE/UMIFRE) 1, qui participent à la diplomatie d’influence et au rayonnement de la France, abritent des bibliothèques qui constituent des outils essentiels pour la recherche française à l’international2.
Ces Instituts sont des centres de recherche en sciences humaines et sociales placés sous la double tutelle du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères (MEAE) et du Centre national de la recherche scientifique (CNRS). Ils développent des programmes tant sur le monde contemporain que sur l’histoire des civilisations. Leurs actions de recherche sur le terrain, de diffusion scientifique et de formation s’appuient sur des fonds adaptés, qui ont su évoluer avec le temps et la science.
Tisser des liens de confiance
Le réseau des IFRE répond à quatre priorités. Il s’agit, tout d’abord, de mener des recherches en sciences humaines et sociales qui contribuent aux progrès de la connaissance dans de multiples disciplines et qui apportent une expertise sur des problématiques actuelles (climat, développement durable, santé, inégalités sociales, gouvernance, crises, transitions démocratiques), mais aussi historiques et archéologiques. Ce réseau s’attache, ensuite, à diffuser la science et à contribuer au débat d’idées en publiant des travaux de recherche, en assurant l’intégration des chercheurs dans les réseaux nationaux et internationaux de la communauté scientifique, en organisant des colloques et séminaires qui permettent de créer des espaces de réflexion scientifique.
Les IFRE mettent aussi en œuvre un dispositif de formation sur des thèmes prioritaires de recherche, aussi bien pour les étudiants et chercheurs français que pour ceux issus des universités et centres de recherches des pays d’accueil. Enfin, ils participent à la diplomatie d’influence et de rayonnement de la France, permettant de tisser des liens de confiance avec les sociétés civiles et les autorités des pays partenaires.
Dans plus de 30 pays
En 2016, ce réseau était composé de 27 établissements, 8 antennes, dans plus d’une trentaine de pays. La cartographie du réseau montre une forte présence en Méditerranée et au Moyen-Orient. En incluant l’Asie mineure et centrale, une dizaine de pays de cette région comptent un IFRE ou l’une de ses implantations (Maroc, Tunisie, Égypte, Israël, Liban, Irak, Jordanie, Turquie, Iran, Kirghizstan, Koweït). L’Asie compte cinq implantations (Chine, Japon, Thaïlande et deux instituts en Inde). L’Afrique subsaharienne et orientale en abrite cinq (Soudan, Éthiopie, Nigeria, Kenya, République sud-africaine). L’Europe, de l’Atlantique à l’Oural, en accueille le même nombre (Royaume-Uni, République tchèque, Russie et deux établissements en Allemagne). Il y a enfin deux sites en Amérique latine (au Mexique et au Pérou), avec des antennes au Guatemala, en Bolivie et en Colombie.
Les bibliothèques abritées par les IFRE sont des outils essentiels pour la recherche française à l’étranger. La médiathèque de l’Institut français du Proche-Orient, par exemple, comprend plus de 125 000 ouvrages, 10 000 cartes, 800 titres de périodiques, 50 000 photographies touchant l’archéologie et les sciences de l’Antiquité, les études arabes médiévales et modernes, et les études contemporaines sur le Proche-Orient (pour la recherche en humanités numériques, lire page 16).
Deux exemples
La bibliothèque de l’Institut français d’études anatoliennes d’Istanbul, créée en 1931, abrite divers fonds documentaires, qui comptent en 2014 quelque 30 000 ouvrages (et tirés à part) et environ 10 000 volumes de quelque 700 revues. Ces fonds ont été constitués au fur et à mesure des acquisitions souhaitées par les directeurs et les chercheurs de l’Institut auprès de célèbres libraires-éditeurs comme Klincksieck ou De Boccard, mais aussi grâce à de nombreux dons. La bibliothèque possède une importante collection d’ouvrages consacrés à l’archéologie en Asie Mineure, mais aussi, depuis les années 1970 et sous l’impulsion du directeur Henri Metzger, à l’histoire de l’Empire ottoman et de la Turquie contemporaine. Elle comporte un grand nombre d’ouvrages consacrés aux études byzantines, balkaniques ou encore à l’art et l’architecture turcs. Elle possède également un très riche fonds de récits de voyage, qui rassemble 300 titres, dont certains remontent au XVIIIe siècle, et de nombreux guides touristiques, qui sont une source précieuse pour la connaissance de la Turquie et d’Istanbul tout au long du XXe siècle. La bibliothèque abrite, enfin, une salle de cartographie comportant d’anciens plans et cartes de la ville ainsi que de nombreux ouvrages (environ 1 500) portant sur la ville d’Istanbul et d’autres villes de Turquie.
La bibliothèque de l’Institut français de Pondichéry est une bibliothèque de recherche pluridisciplinaire. Elle abrite des collections spécialisées constituées depuis la fondation de l’établissement en 1955 et enrichies au fil des années en étroite collaboration avec les chercheurs de l’IFP. Aujourd’hui, la bibliothèque gère une collection riche et variée d’ouvrages et de revues portant sur les savoirs et patrimoines, les dynamiques sociales contemporaines et l’environnement de l’Inde et, plus largement, de l’Asie du Sud. Il s’agit d’une des collections françaises les plus riches sur l’Inde. En 2016, 739 ouvrages ont été ajoutés à la collection, dont 240 reçus en don. L’Institut français de Pondichéry est également propriétaire de collections rares de manuscrits et de photos gérées par d’autres équipes : la plus riche collection au monde (classée par l’UNESCO comme « Mémoire du monde ») de manuscrits shivaïtes, courant de l’hindouisme florissant en Inde du Sud depuis plus de dix siècles, et la plus importante collection existante de clichés sur l’art religieux du sud de l’Inde.
Archives visuelles de l’IFEA
Les archives visuelles de l’Institut français d’études anatoliennes d’Istanbul rassemblent des photographies prises par les chercheurs et étudiants au cours de leurs travaux. Elles permettent de retracer des itinéraires de recherche et de partager des clichés spécifiques à une thématique. Depuis 2014, une partie du fonds physique a pu être numérisée et mise en ligne. Ainsi de ces photographies des franges urbaines d’Istanbul, que Yoann Morvan et Sinan Logie ont sillonnées à pied, en 2013 et 2014, afin de documenter leur ouvrage, Istanbul 2023. Les images recueillies et mises en ligne reflètent les mutations des zones urbaines et périurbaines de l’agglomération, comme en témoignent les photographies ci-dessous.