Écoute(s) clinique, dialogue de sourds : peut-on s’entendre quand on ne parle pas le même langage ?

DOI : 10.35562/canalpsy.1632

p. 20-23

Texte

J’ai souhaité centrer cette intervention sur la question de la différence des langages entre psychologues cliniciens. J’entends par là la différence des conceptions, référentiels théoriques que nous utilisons dans nos pratiques. Je souhaite ainsi témoigner d’un questionnement que j’ai eu comme psychologue stagiaire que je peux résumer ainsi : entre écoutes cliniques et dialogue de sourds, comment s’entendre quand on ne parle pas le même langage ? Le référentiel théorique que nous choisissons plus ou moins contribue à la construction de notre identité de psychologue. La rencontre d’un langage étranger, au sens d’un langage autre, différent, vient interroger le sens de notre attachement à nos théories. Elle peut nous amener à interroger notre identité de psychologue. Il me parait ainsi intéressant de réfléchir à ces questions dans une journée où nous nous penchons sur les processus qui sont en jeu dans la construction de notre identité de psychologue.

Je vous propose ainsi de vous faire partager ce que m’a fait vivre, comme psychologue en devenir, la rencontre avec un autre langage. Ceci, pour observer comment cette rencontre est venue interroger mon identité professionnelle en construction et comment elle a ouvert des questions sur mon positionnement comme psychologue avec mes collègues. Je terminerai cet exposé en témoignant de ce que j’ai pu percevoir, de ma place, de la difficulté à travailler avec un ou une autre collègue et de ce qui s’y joue.

Je souhaite remercier les trois psychologues qui m’ont accueillie dans cette institution et dire un mot du fait que j’intervienne en « solitaire ». Peut-être ce témoignage à une voix signe-t-il la difficulté à parler à plusieurs le même langage ? Peut-être aussi le fait d’être parvenue à me laisser parler, seule, est-il un signe de lâcher-prise ? Signe peut-être qu’il devient possible d’accepter que l’autre ne dise pas comme nous ce que nous pensons ?

Durant mon stage, j’ai pris la place d’un témoin muet, incapable sur le moment de transmettre ce que cela me faisait vivre, comme psychologue stagiaire, d’être le témoin de ces querelles théoriques et de ces difficultés à s’entendre. En préparant cette intervention, un an après le commencement de cette expérience, il m’est apparu que, peut-être, prendre la parole aujourd’hui était une manière de transmettre enfin mon vécu de cette expérience.

Le cadre de cette rencontre est un ITEP (Institut Thérapeutique Éducatif et Pédagogique). Cet établissement accueille une soixantaine d’enfants âgés de 6 à 15 ans. Ils arrivent souvent suite à un échec à l’école ou/et de l’école. Ce sont des enfants agités, qui agitent la classe, des enfants qui n’apprennent pas… Ce sont des enfants qui tapent, crient, insultent, s’échappent… La tâche de l’institution auprès d’eux est triple : éduquer, enseigner et soigner.

Au sein de cette institution, les psychologues réalisent des prises en charge individuelles et groupales. Ils sont également très impliqués et sollicités sur les temps de vie quotidienne. Une grande partie de leur travail se fait ainsi auprès des équipes et avec elles.

Cet établissement traverse actuellement une période de grande transformation interne et externe, que je qualifierais, en m’appuyant sur P. Fustier, de « refondation ». C’est un temps de crise au sens où le climat n’est pas sécurisant, les anciens repères sont remis en cause sans que de nouveaux soit clairement identifiés. Les changements internes et externes sont sources de conflits qui usent une grande partie de l’investissement et de l’énergie des équipes. Derrière les débats affleurent des angoisses de perte d’identité professionnelle. L’absence de repères ajoute à la difficulté de contenir suffisamment la violence, voie d’expression principale de la souffrance des enfants accueillis, qui déborde.

J’ai pris le temps de décrire l’état de l’institution, car il me semble important d’avoir en tête ce climat de crise identitaire, de survie psychique de l’ensemble de l’institution, pour penser ce qui se joue par ailleurs dans la rencontre au sein de l’équipe entre psychologues et stagiaires.

 

 

Simon Caruso (http://www.simoncaruso.com).

Quand je suis arrivée dans cette institution, j’ai tout de suite été prise à témoin des difficultés institutionnelles, de la souffrance des différents professionnels dans leurs pratiques, dont les psychologues. Je me suis rapidement sentie submergée, envahie par cette marée de conflits et de revendications, ces explosions de violence et de passage à l’acte, ces disputes du côté des professionnels et des enfants. J’étais perdue. Incapable en même temps de prendre parti, de saisir les enjeux à l’œuvre, je n’y voyais plus rien. Je n’ai eu alors d’autres recours que de me laisser flotter, cherchant un endroit, un repère où m’accrocher, un espace et des mots qui me permettent de remettre un peu de sens et d’ordre dans ce qui n’était que chaos et confusion. Cet espace est venu sous une forme qui d’abord m’est apparue étrange et que j’ai mis du temps à pouvoir saisir.

Cet espace s’est présenté au départ comme un surplus de confusion, une augmentation de mon trouble. C’est ainsi que j’ai fait la rencontre d’un être étrange. Étrange à la fois au sens moderne de l’adjectif dans la définition donnée par le Petit Robert : un être « très différent de ce qu’on a l’habitude de voir, d’apprendre, qui étonne, surprend ». Et au sens ancien défini par ce même dictionnaire, d’un être « incompréhensible, hors du commun », voire « épouvantable ». Je vais vous le présenter.

La scène se passe après un temps institutionnel hebdomadaire qui réunit pendant une heure enfants et adultes dans chaque groupe de vie pour réfléchir, parler du quotidien de l’institution, des problèmes, des projets… Ce temps est intense. Pendant une heure, les échanges fusent. Les enfants se collent à nous, s’isolent, crient ou se frappent parfois. Ils nous interpellent d’une drôle de manière… Que faire ? Comment me positionner comme psychologue dans ce lieu si différent des cadres classiques où tout me semble insaisissable, où tout semble m’échapper ? Je sors de ce temps complètement perdue, hagarde. Mes pas me guident au seuil de l’institution, devant le portail ouvert, zone où se réunissent les fumeurs, devenue zone d’échanges, de discussion, pour un temps où on souffle un peu, à deux pas de l’intérieur de l’institution. Là, je retrouve une autre stagiaire de master 1 et un des psychologues. Il nous interpelle, nous demande comment ça va. L’autre stagiaire, plus apte que moi à formuler les choses, décrit ses difficultés. Je prends un peu la parole aussi évoquant mon désarroi : que faut-il faire ? Ne pas faire ? Quelle position adopter ? Comment répondre à ces enfants qui nous interpellent et fuient dès qu’on s’approche pour leur dire quelque chose ? Comment accueillir ces enfants qui nous sollicitent en s’accrochant à nous, en nous collant et nous crachent dessus, nous injurient et nous tapent dès que nous tournons vers eux notre regard ? Je l’interroge à la recherche de repères. Et le voilà qui me répond. Il se met à parler un langage étrange, je connais les mots qu’il utilise et pourtant je ne les reconnais pas. Il énonce des choses de manière péremptoire, fait voler au loin des certitudes que j’avais. Au lieu de me donner des repères, ses paroles mettent à terre les dernières bornes auxquelles je m’accrochais. Je ressors de ce premier échange encore plus perdue, encore plus hébétée. J’ai l’impression de ne plus rien savoir, de ne plus rien reconnaître. Et pourtant, arrivée en Master 2, j’avais la sensation d’avoir acquis un savoir, de m’être construite au fil de ma formation une position de praticienne, d’avoir des « techniques »… Je savais en quel(s) auteur(s) je me reconnaissais, je portais et je m’accrochais à certaines pensées théoriques. Je m’y identifiais dans un mouvement adhésif les prenant pour mienne. Et puis… voilà, ce stage… cette rencontre… et je ne sais plus rien… je ne sais plus pourquoi je me sentais plus proche de tel auteur que de tel autre, les discours et les textes se troublent et me deviennent incompréhensibles. Je me perds dans des concepts aussi classiques que les angoisses, les défenses… et le sujet ? l’objet ? le désir ? qu’est-ce ? Je m’y noie.

Je me rappelle alors la première fois que j’avais ouvert un livre de Lacan : cette sensation que j’avais eue d’une « inquiétante étrangeté ». Les mots utilisés étaient les mêmes que ceux que j’utilisais, mais je ne les reconnaissais pas. C’était à la fois la même chose et autre chose. Expérience étrange, étrange expérience. Ce livre j’avais eu la possibilité de le refermer, de le laisser non lu, de le déposer sur l’étagère où je l’avais trouvé en oubliant peu à peu… en faisant comme si je ne l’avais jamais ouvert. Comme si cet étrange discours n’avait pas existé.

Mais, cette fois, je ne pouvais utiliser la même stratégie. Cet étrange autre recommençait. Il parlait toujours et malgré moi, perdue, je ne pouvais pas ne pas l’écouter. Je le croisais dans un couloir, il était toujours disponible pour parler. Il nous proposait à l’autre stagiaire et à moi d’échanger, de discuter.

Et nous voici assises dans son bureau, lui dessinant un schéma : un petit a, un S, un autre, une forclusion. Pour la première fois, je commence à saisir ce qu’est ce fameux petit a… Mais je résiste, c’est trop risqué… Et si je me mettais à penser comme lui… Pendant qu’il parle, peu à peu, je change d’attitude intérieure. Suite aux troubles, à la perte de repère, aux questionnements et remise en question sur ce que c’est être psychologue, je commence à m’accrocher à ce que je pense savoir. Je ne peux refermer le livre, soit, je ferme mon écoute. S’ensuivent des dialogues de sourds. Ainsi, désormais, lors de mes rencontres avec ce psychologue-étrange, je l’écoute sans l’écouter. Il parle, je soliloque intérieurement. Mes répliques et remarques antérieures, mes questions passées se transforment en un discours muet que je me tiens à moi-même, sorte de murmure luttant contre l’envahisseur. J’éprouve même une certaine fierté de cette résistance intérieure. Je me sens forte, emplie enfin d’un savoir auquel m’accrocher. Je suis rassurée : je sais des choses. Lui, il se trompe. Moi, je sais. Lui, il ignore tout.

Voici, un exemple de ce qu’étaient devenus, pour moi, nos échanges. Ce qu’il dit, je le retranscris comme je l’ai entendu, ce n’est donc que son discours tel que je l’ai reçu que je transmets ici.

Il parle : « Petit a… alors grand A… dans la Psychose… c’est barré… Il faut repérer, c’est des enfants psy-choti-ques… je les fais écrire… le langage, l’accès à la parole, c’est barré… je prends des notes… hum… très intéressant… ah… »

Moi murmure muet : « Mais qu’est-ce qu’il raconte, il est complètement fou ? barré ? c’est lui qui est barré ? N’importe quoi ! Vraiment, c’est n’importe quoi… »

Lui continuant : « Avec ces enfants… il faut être dans une position de témoin… l’autre jour, dans mon bureau… Thomas… très intéressant… il dit : « Nique ta mère »… je l’écris… j’écris ce qu’il dit… J’écris : « Nique ta mère »… »

Moi murmure muet ton moqueur : « c’est ça Nique ta mère… tu l’écris… mais encore… où va-t-on ? »

Lui : « ... parce qu’il ne s’adresse pas à l’autre… pas d’autre… petit a… alors grand A… la Psychose… l’accès au langage… »

Moi murmure muet : « et c’est reparti… on est mal, pauvre homme. »

Lui : « ... pas de corps, pas de perception comme sujet… petit a, Autre, Nom du Père… Nom… c’est la PSYCHOSE, la PSYCHOSE, c’est une structure, c’est une or-ga-ni-sa-tion !… »

J’arrête là ce pseudo dialogue qui n’est qu’une illustration des multiples échanges que nous avons eus. J’ai choisi de la présenter non pour le contenu, qui est déformé par ma perception, mais pour illustrer comment face à ce que je vivais comme une menace pour ce que je croyais acquis de mon identité de psychologue, je me suis refermée et un dialogue de sourds s’est mis en place. Ce que je souhaitais pointer ici, à partir de mon expérience c’est comment quand on ne parle pas le même langage, nous pouvons être amenés comme psychologue à nous parler sans nous entendre. L’un monologue, l’autre soliloque, il n’y a plus de dialogue. Ainsi, nous devenons indisponibles à l’autre, incapable d’être à l’écoute de l’autre, incapable d’utiliser la « technique », « l’outil » qui est à la base de notre identité aux yeux des autres professionnels l’entretien. Un dialogue de sourds est défini dans le Robert comme « un dialogue entre deux personnes qui ne s’écoutent pas l’une l’autre, qui ne tiennent pas compte de ce que dit l’autre ». Comme psychologue en formation, je devenais incapable de m’entretenir avec cet autre psychologue. La peur de perdre mon identité, la recherche de repères m’empêchaient d’être dans cette démarche de discussion, d’accepter que « mes » mots soient utilisés par l’autre, transformés, qu’ils les prennent et me les renvoient différemment…

Le temps a passé… Peu à peu, j’ai pu être différemment dans la relation avec cet étrange collègue. Il est arrivé un jour où j’ai pu entendre ce que me disait cet autre psychologue sans le rejeter, et même pouvoir me l’approprier. Ceci est passé par la sensation de perte de repère, de confusion, le sentiment de perdre mon identité de praticienne en devenir. J’ai eu un moment d’agrippement aux concepts, d’accrochage à « mes » théories, celles que « je » connaissais… Puis, j’ai pu, peu à peu, percevoir, puis reconnaître qu’une partie du vécu de pertes de repères que me faisaient vivre l’institution et la rencontre avec les enfants accueillis se déplaçait sur cette zone de conflits théoriques. Un jour, j’ai pu identifier dans ce dialogue de sourds, quelque chose de semblable à ce qui se passait avec les enfants de l’institution. Eux non plus je ne les comprenais pas, ils parlaient un langage qui me rendait muette, le langage de l’acte, du corps, un langage sensorimoteur. Auprès d’eux, je luttais en vain pour garder un fil de pensée, je devenais vide, je me sentais impuissante. Mes premiers ressentis nés de la rencontre avec ces enfants me revenaient : l’indifférence, la sensation de ne pas exister, le sentiment d’être ignorée. Tous ces éprouvés, qui s’étaient estompés au fil des jours et que j’avais oubliés, se re-présentaient à moi au cours de mes discussions avec cet autre collègue. Des liens se faisaient. Je me sentais l’ignorer, tenter de l’effacer, je me sentais presque le haïr pour sa pensée si différente de la mienne, souhaitant le faire disparaître. Je l’ignorais intérieurement, ne laissant pas de place à son discours en moi. Ces dialogues de sourds ont eu ainsi entre autres fonction de tenter de représenter ce qui se passait dans mon lien de psychologue stagiaire avec ces enfants. En trouvant un lieu où se rejouer, le sentiment d’échec, d’impuissance et la souffrance qui y était liée me devenaient plus supportables.

Je n’ai eu qu’après coup cette relecture de ces dialogues de sourds. Ce galimatias lacanien est devenu peu à peu le discours d’un autre. J’ai pu l’écouter alors comme une proposition de son impression, de son vécu de la réalité, son discours n’étant plus une remise en cause du mien, un danger pour mon identité de psychologue en devenir. J’ai pu alors à nouveau dialoguer avec cet étranger à la recherche d’une zone d’entente. Ainsi a commencé le début du long chemin vers l’appropriation des concepts et la construction de mon identité de clinicienne, ma manière d’être praticienne en référence à d’autres. Mon identité de psychologue porte l’empreinte de cette rencontre.

Une des traces qu’elle a laissée prend la forme d’un questionnement. Ce que j’ai observé, de ma place de psychologue stagiaire est que cette diversité des langues peut être le lieu de dépôt d’autres conflits et souffrance. Il me semble que les conflits théoriques attractent les souffrances que nous vivons, sur le terrain, dans le travail avec les équipes et les patients. Les querelles d’écoles mettent alors en scène des déchirures nées dans d’autres lieux. Animés par d’autres enjeux, ces conflits risquent de tendre vers le meurtre de l’autre, le collègue étranger, pour se sentir survivre comme professionnel. Les conflits deviennent alors le lieu de souffrance. Nous pouvons nous y perdre, y perdre notre énergie, notre écoute, notre disponibilité psychique, devenant alors incapables d’être dans une écoute clinique avec nos patients.

Pris dans ces débats théoriques, n’est-il pas alors important de garder en tête que, quelque chose, peut-être, se dit à travers ou au-delà des concepts ? Ne devons-nous pas interroger ce que recouvrent, cachent et tentent de montrer ces débats ? Que disent-ils d’autres difficultés qui se passent ailleurs ? Pourquoi tenons-nous tellement à défendre notre point de vue ? Pourquoi notre théorie nous semble devoir être reconnue comme étant meilleure ? Qu’est-ce qui de la pathologie que nous accueillons et de ce que cela nous fait vivre vient se loger dans ces zones liées à notre identité de psychologue ? Certains de nos éprouvés vécus dans la rencontre avec les sujets, avec l’institution que nous n’avons pas suffisamment élaborés, pas pu transformer, ne peuvent-ils pas ainsi aller se loger dans ces points de conflits théoriques pour tenter de prendre forme ?

Si nos difficultés de praticiens alimentent nos divergences de positionnement, comment travailler avec l’autre psychologue ? Quelle écoute allons-nous avoir avec lui ?

La différence lacanien-freudien est, me semble-t-il, paradigmatique des difficultés de communication entre psychologues. Mais, elle n’est pas la seule. Et, l’autre, le collègue parle toujours quelque part, sa langue, une autre langue. Il utilise « nos » mots, les mêmes que nous à sa manière, avec sa pratique, son histoire, la manière dont il s’est construit et se construit comme psychologue… Ce stage m’a amenée à me demander quelle écoute j’allais avoir avec mes collègues. Le terme « écoute » a deux significations. Du côté du guetteur, de la sentinelle, celui qui surveille. L’écoute s’apparente alors à un dispositif de surveillance comme l’est la mise sur écoute téléphonique de quelqu’un. Elle sert la détection de l’activité ennemie par le son. L’écoute est aussi, sens auquel nous nous identifions plus volontiers comme psychologue clinicien et que nous tentons de mettre en œuvre, le « fait de prêter attention à quelqu’un ». Cette écoute repose, précise Le Robert, sur « une relation d’écoute et de confiance ». Ainsi, je m’interroge et nous pose cette question : quelle écoute allons-nous avoir avec nos collègues psychologues ? Serons-nous dans une position de guetteur en les mettant sur écoute ? Ou pourrons-nous être dans une écoute reposant sur la confiance ? Comment pourrons-nous prêter attention à leur parole, leur comportement dans un lien de confiance ?

Pour construire cet exposé, j’ai dû retourner à l’origine et à la définition des mots. J’en ai d’ailleurs beaucoup usé. Je crois que ce mouvement de se tourner vers ce que dit le dictionnaire peut se lire comme une tentative de retrouver ce qui nous est commun. Comme psychologue clinicien qu’on soit freudien, lacanien, kleinien, n’est-ce pas l’écoute du sujet, de ce qu’il dit et de ce qu’il ne peut dire, de ce qui est en souffrance, en attente de pouvoir être mis en forme, qui est notre socle commun ? Les théories, les concepts sont des voies d’approches, des outils pour ce travail d’écoute. Ainsi, même s’il y a autant d’écoute « s » clinique que de psychologues, l’écoute est guidée par nos approches conceptuelles et nos affiliations, mais elle ne peut s’y limiter. Sinon le risque est de ne plus entendre que ce qui rentre en écho avec nos théories.

Je terminerai par un proverbe qui accompagne dans le Robert la définition de ce qu’est un dialogue de sourds « Il n’est pire sourd que celui qui ne veut pas entendre ». Et comme explication, de ce proverbe le dictionnaire propose : l’incompréhension vient souvent d’un refus de comprendre.

Illustrations

 

Citer cet article

Référence papier

Julie Blanc-Bernard (Pascal), « Écoute(s) clinique, dialogue de sourds : peut-on s’entendre quand on ne parle pas le même langage ? », Canal Psy, 106 | 2013, 20-23.

Référence électronique

Julie Blanc-Bernard (Pascal), « Écoute(s) clinique, dialogue de sourds : peut-on s’entendre quand on ne parle pas le même langage ? », Canal Psy [En ligne], 106 | 2013, mis en ligne le 15 décembre 2020, consulté le 19 avril 2024. URL : https://publications-prairial.fr/canalpsy/index.php?id=1632

Auteur

Julie Blanc-Bernard (Pascal)

Psychologue clinicienne