Matérialiser la frontière autour de l’empereur dans l’Antiquité tardive

DOI : 10.35562/frontieres.363

p. 55-65

Résumés

Cet article étudie les différents éléments qui matérialisaient la frontière établie entre l’empereur et le commun des mortels dans l’Antiquité tardive, entre le ive et le vie siècle, en particulier dans le cadre du cérémonial de la cour impériale. L’importance accrue du cadre palatial établissait une dichotomie entre intérieur et extérieur, et multipliait les seuils qui séparaient le souverain de ses sujets. Les gardes du corps omniprésents constituaient eux aussi une limite tangible, mais mobile, autour de l’empereur dont ils assuraient la sécurité tout en participant de Sa Majesté. Enfin, la pourpre impériale établissait une dernière barrière autour du corps du souverain, tout en étant l’interface permettant d’approcher le caractère sacré de son pouvoir lors de la cérémonie de l’adoratio. L’association des réalités matérielles, de la rhétorique de la sacralité et des pratiques rituelles brouillait les limites entre l’image et la réalité, et faisait de l’empereur lui-même un être-frontière, appartenant à la fois au monde terrestre et au monde céleste.

This paper investigates the various elements materialising a frontier between the emperor and common mortals in Late Antiquity, between the 4th and the 6th century AD, especially in the framework of the imperial court ceremonial. The reinforced importance of the palatial space established a dichotomy between inside and outside, and multiplied the thresholds separating the emperor and his subjects. The ever-present bodyguards were also a tangible yet mobile limit around the emperor, ensuring his security and contributing to his majesty. The imperial purple was the ultimate barrier around the ruler’s body and acted as a medium to approach the sacred nature of his power during the ceremony of adoratio. The interplay of material realities, rhetoric of sacredness, and ritual practices blurred the limits between image and reality, and turned the emperor himself into a frontier-being, belonging to both the earthly and the heavenly worlds.

Plan

Texte

Introduction

La fortune heuristique de la notion de frontière, entendue dans son sens le plus large, pour l’étude de l’Antiquité tardive n’est plus à démontrer : la série des colloques Shifting Frontiers in Late Antiquity, qui se perpétuent tous les deux ans depuis le milieu des années 1990, en est une preuve1. L’une de ces « frontières changeantes » est celle qui s’établit entre l’empereur et le commun des mortels, alors que tombe le masque du Principat. La tendance de longue durée à l’affirmation du caractère sacré de la fonction impériale, insistant sur la relation privilégiée des souverains avec le divin, se concrétise à partir de l’époque tétrarchique. De primus inter pares et premier des citoyens, l’empereur devient un être surhumain inaccessible, auquel seuls quelques élus ont accès, selon un ordre des préséances codifié autour duquel s’organise une vie de cour toujours plus ritualisée2. Plusieurs éléments matérialisent cette séparation entre l’empereur et le reste du monde, en particulier dans le cadre du cérémonial impérial, bien connu par un riche corpus littéraire et iconographique allant de l’aube du ive siècle à la fin du vie siècle3. Ce sont ces éléments, barrières autant qu’interfaces, que nous proposons d’étudier ici selon une approche concentrique, allant des murs du palais au manteau de pourpre revêtant le corps du souverain, en passant par l’escorte militaire qui entoure en permanence l’empereur.

Le palais et ses mystères

Alors que Rome perdit son rôle de capitale dans l’agitation du iiie siècle, on vit se multiplier les villes de résidence impériale. Milan, Trèves, Sirmium, Thessalonique et Nicomédie à partir de la Tétrarchie, puis Constantinople dès 330, et Ravenne au début du ve siècle, imitèrent la Ville éternelle en se dotant d’un palais (palatium), dont le nom dérive de celui de la colline du Palatin où les empereurs, à la suite d’Auguste, avaient établi leur résidence. La frontière entre l’empereur et ses sujets trouve dans ces complexes monumentaux une manifestation spatiale et architecturale dont les progrès de l’archéologie palatiale ne révèlent encore qu’en partie la richesse et la diversité4. Le palais impérial, véritable ville dans la ville, constituait aussi bien une réalité matérielle, lieu de résidence de la cour et d’exercice du pouvoir, qu’un espace imaginaire sacralisé, image terrestre de la cité céleste. L’importance politique et symbolique de ce que l’on appela de plus en plus souvent le sacrum palatium n’eut de cesse de se renforcer5. Mais on aurait tort d’appliquer uniformément à toute la période tardo-antique le topos polémique du princeps clausus évoqué par l’Histoire Auguste et dans le Discours sur la Royauté de Synésios de Cyrène, qui critique le faste de la cour d’Arcadius cloîtré en son palais6. Au ive  siècle encore, la cour était itinérante, et le souverain rendait visite, en grande pompe, aux provinces et aux cités. Il menait aussi en personne les armées au combat. À ces occasions, il haranguait la population ou les soldats dans la tradition des contiones représentées sur les monuments triomphaux du iie siècle. Le tribunal du haut duquel était prononcée l’adlocutio contribuait à la visibilité du souverain, tout en signifiant, par la mise à distance, son autorité7. Après la mort de Théodose Ier, les empereurs se sédentarisèrent progressivement, à Milan puis Ravenne en Occident, et à Constantinople en Orient8. Mais même alors, la vie du souverain resta rythmée par des apparitions publiques dans les rues et les églises de la capitale, lors de processions et de cérémonies de plus en plus christianisées9. Il assistait aussi aux courses de l’hippodrome depuis la loge impériale (kathisma) reliée au Palais, point de contact fondamental entre l’empereur et le peuple10.

En dehors de ces apparitions publiques, les murs du sacrum palatium délimitaient autour de l’empereur un espace inaccessible, tant au plan symbolique qu’au plan physique. Les sources juridiques distinguent les membres de l’armée ou de l’administration qui servaient intra palatium de ceux qui n’avaient pas ce privilège11. En effet, entrer au palais était l’apanage des membres du comitatus, l’entourage civil et militaire de l’empereur, des ambassadeurs ou encore des évêques. Dès 291, un panégyrique évoquant l’entrevue de Dioclétien et Maximien à Milan oppose ainsi le secret de l’intérieur du palais, où seuls quelques dignitaires étaient admis à approcher les empereurs, au reste de la ville où tous pouvaient les admirer. Le passage du seuil du palais par les souverains est alors une sorte d’épiphanie12. Au vie siècle, on retrouve dans l’éloge de Justin II composé par Corippe une semblable insistance sur le franchissement du seuil du palais de Constantinople par l’empereur, marquant le passage d’un monde à l’autre13. Cette porte, la monumentale Chalkè au toit de bronze, dont des vestiges ont été mis au jour en 2003, figurait à elle seule la majesté du palais tout entier, et était ornée de mosaïques évoquant la domination impériale sur le monde14. Édifiée par Anastase et reconstruite par Justinien après la sédition Nika, elle ouvrait sur des portiques, des cours, des antichambres ou d’autres portes, emboîtement de limites et de frontières que l’empereur traversait lors d’itinéraires cérémoniels, et qu’il convenait de franchir selon un ordre codifié avant une audience impériale. Le Livre des Cérémonies compilé par Constantin Porphyrogénète au xe siècle, mais qui emprunte quelques chapitres à Pierre le Patrice, maître des offices de Justinien, en donne une bonne idée. Ainsi, un ambassadeur perse, entré dans l’empire via la ville frontalière de Dara, et parvenu à Constantinople selon un protocole bien réglé, entrait au palais par la Regia, grande avenue donnant sur la Chalkè. Il était alors reçu dans la schola du maître des offices, puis patientait dans l’Antéconsistoire avant d’accéder au Consistoire, dont il passait la triple porte en se prosternant à trois reprises15. L’empereur recevait dans l’une des salles d’apparat, le Grand ou le Petit Consistoire, ou encore, à partir du vie siècle, le Chrysotriklinos, où d’autres barrières continuaient de le séparer de son auditoire. Le trône, surélevé, était entouré de colonnes surmontées d’un dais, visibles sur une miniature du calendrier de 354 représentant Constance II (fig. 1), sur le missorium de Théodose (fig. 2), et décrites par Corippe16.

Figure 1 : Constance II sur le Chronographe de 354

Figure 1 : Constance II sur le Chronographe de 354

Manuscrit Barberini de la Bibliothèque Vaticane, folio 20 verso

Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/4/4a/07_constantius2Chrono354.png (domaine public), d’après Die Calenderbilder, Berlin, 1888, fig. 34

Figure 2 : Missorium de Théodose (copie, musée de Merida)

Figure 2 : Missorium de Théodose (copie, musée de Merida)

Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/5/54/Disco_de_Teodosio.jpg (Ángel M. Felicísimo, CC BY 3.0)

Dès le ive siècle, il pouvait être dissimulé par un rideau (velum), dont l’usage devint plus systématique au ve et au vie siècle17. Pierre le Patrice évoque le lever rituel de ce rideau lors de la visite d’ambassadeurs de la pars occidentalis ou d’émissaires perses18. Corippe en fait mention lors de l’ambassade des Avars auprès de Justin II en novembre 56519. Ainsi, comme l’a montré A. Carile, le cadre palatial monumental et son agencement intérieur visant à magnifier la Majesté Impériale établissait un jeu permanent entre l’invisibilité du souverain et son épiphanie, constitutif d’une « proxémique du pouvoir » dont il ne faut pas sous-estimer les dimensions mystiques, voire initiatiques20. Murs, portes, portiques et antichambres formaient une série de frontières qu’il fallait franchir avant de poser ses yeux sur l’empereur, maître du monde et garant de l’ordre cosmique.

Les gardes, un cordon de sécurité et d’apparat

La frontière entre l’empereur et le commun des mortels était encore matérialisée par le cordon des gardes du corps entourant le souverain, si omniprésents qu’ils constituaient, selon Jean Chrysostome, un élément standard des portraits impériaux21. Les différents corps de la garde impériale, scholes palatines, protectores, domestici, candidati, excubitores, dont la diversité des titres reflète autant la complexité de l’histoire militaire que les nuances de la hiérarchie des dignités, protégeaient l’empereur au palais et dans ses déplacements22. Ils surveillaient toutes les résidences impériales : Ammien Marcellin les mentionne par exemple au palais de Julien César à Paris23. Mais c’est pour Constantinople que le dossier est le mieux fourni. Eusèbe signale les gardes veillant, l’arme au poing, sur l’entrée du palais lors des vicennalia de Constantin24. Les récits des avènements de Léon Ier et de Justin II décrivent les scholares gardant les abords de la résidence25. Léon aurait d’ailleurs expressément affecté le nouveau corps des excubitores à la surveillance des portes26. Un poème grec en hexamètres, la Vision de Dorothéos, reflétant certains aspects de la mystique chrétienne de l’époque théodosienne, relate les aventures spirituelles d’un garde qui arpente les cours et portes d’un palais céleste calqué sur la demeure impériale27. Dans l’enceinte du palais, entre la Chalkè et le Consistoire, les gardes disposaient de quartiers spécifiques, des portiques dont l’organisation exacte reste difficile à restituer28. Ils s’y rangeaient lors des audiences impériales, formant avec le reste du personnel palatin une haie autour du visiteur, et protégeaient l’accès à la salle d’audience29. Corippe signale, à l’entrée du Consistoire, « [l]es sentinelles [qui] gardent le seuil élevé et à ceux qui veulent entrer sans en être dignes barrent le passage par leurs détachements serrés, redoutables par leur fierté et leur volonté30 ». Le missorium de Théodose les dépeint autour du souverain lors de la remise d’un codicille à un fonctionnaire (fig. 2). Enfin les spathaires, des eunuques chargés de protéger l’empereur dans son intimité, dont le rôle s’affirme au ve et au vie siècle, matérialisaient la frontière entre sphère publique et sphère privée31.

La présence des gardes autour de l’empereur ne se limitait pas au palais. Ils assuraient sa sécurité lorsqu’il partait encore au combat au ive siècle, comme on le voit sur la frise du siège de Vérone sur l’arc de Constantin à Rome. Ils s’interposèrent entre Constance II et les barbares lors d’une attaque-surprise des Limigantes, et l’un d’eux protégea Julien contre des projectiles lors du siège de Meinas Sabatha en Perse32. À Andrinople, les candidati de Valens périrent avec lui33. Plus largement, ces soldats entouraient l’empereur dans tous ses déplacements, en particulier lors de ses apparitions publiques34. Les sources insistent sur la richesse de leur tenue brodée d’or, et sur leurs armes décorées de pierres précieuses, qui participent de la Majesté Impériale en représentation. Lors de son adventus à Rome en 357, Constance II, précédé des enseignes, était escorté de soldats à l’équipement flamboyant, dont les terribles cataphractaires, cavaliers cuirassés qu’Ammien compare à des statues de bronze35. Les textes chrétiens d’époque théodosienne décrivent souvent les gardes aux boucliers ornés de gemmes accompagnant l’empereur36. Même lorsqu’il apparaissait au kathisma de l’hippodrome, le souverain était entouré de ses gardes, comme le montre la base de l’obélisque de Théodose (fig. 3)37. Lors de sa procession consulaire, le 1er janvier 566, Justin II parcourut les rues de Constantinople au milieu d’une escorte spectaculaire formée par les excubitores et les protectores38. Les gardes faisaient barrière autour de l’empereur de son avènement à sa mort. Ainsi les candidati formèrent la tortue autour de Léon et de Justin Ier lors de leur élévation au pouvoir, tandis qu’ils revêtaient la tenue impériale39 ; et après la mort de Constantin, les soldats entouraient encore sa dépouille40.

Figure 3 : Base de l’obélisque de Théodose, face sud

Figure 3 : Base de l’obélisque de Théodose, face sud

Istanbul, in situ

Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/4/4d/South_face_-_Emperor_and_his_family_%26_Chariot_race_%28Obelisk_of_Theodosius%29.JPG (José Luiz Bernardes Ribeiro, CC BY-SA 3.0)

La frontière que formait la troupe des gardes doit être considérée à l’aune des imaginaires tardo-antiques. Les armes et tenues somptueuses de ces soldats magnifiaient, par leur luxe et leur richesse, l’apparition de l’empereur – même si ce dernier restait toujours le centre de l’attention41. La présence des gardes exprimait aussi les ambitions de domination universelle du pouvoir impérial. En effet, sans pour autant y voir la preuve d’un recrutement systématique chez les peuples extérieurs à l’empire, les cheveux longs arborés par certains d’entre eux, bien visibles dans l’iconographie (fig. 2 et 3), pouvaient évoquer l’image d’une barbarie domestiquée mise au service de l’empereur42. À l’inverse, la tenue des excubitores, la nouvelle garde établie par Léon Ier, rappelait les origines les plus anciennes de Rome en prétendant imiter l’armement du temps de Romulus43. Enfin, le parallèle entre hiérarchie terrestre et hiérarchie céleste invitait à voir en l’empereur ainsi escorté une image du Christ entouré des anges et des saints, renforçant l’idée d’inaccessibilité du pouvoir impérial44. Pour les personnes autorisées à approcher, cette frontière pouvait être franchie, non sans émotion. Corippe se plaît à dépeindre l’émerveillement des ambassadeurs avars passant entre les rangs chatoyants des gardes palatins45. Deux siècles plus tôt, c’est une vision assez semblable, mais décrite avec plus de sobriété par Ammien, qui suscita l’admiration de Macrianus, roi des Alamans, admis au camp de Julien pour implorer la paix46. Au même titre que le passage des portes du palais et le lever du velum, le franchissement des rangées de soldats en armes d’apparat participait de l’épiphanie impériale.

La pourpre, frontière du corps impérial

Les gardes protégeaient de toute atteinte le corps de l’empereur, considéré comme sacré : dès le iiie siècle, la titulature complète des protectores diuini lateris Augusti les rattachait au « flanc divin » du souverain47. Mais d’autres frontières séparaient plus étroitement encore ce corps impérial de son environnement48. Même s’il n’y eut jamais, dans l’Antiquité tardive, de tabou stricto sensu autour du corps de l’empereur, celui-ci devait autant que possible éviter les contacts49. Dès lors, il était d’usage de garder les mains voilées (manus velatae) lorsque l’empereur remettait un objet50. Les soldats des fresques tétrarchiques du camp de Louxor tendent leurs mains ainsi couvertes vers le souverain leur offrant un cingulum, tandis que le fonctionnaire représenté un siècle plus tard sur le missorium de Théodose reçoit de la même manière un codicille de la main de l’Auguste (fig. 2)51. La pratique était semblable lors de la remise de l’or coronaire à l’empereur ou de la distribution des donativa52.

Surtout, le protocole de cour fixé par Dioclétien, peut-être inspiré du modèle perse, empêchait tout contact direct avec le souverain. L’accolade et le baiser de la salutatio, n’étant plus pratiqués qu’entre deux collègues empereurs, appartenaient au langage politique de la concordia Augustorum, bien illustré par l’iconographie tétrarchique53. Pour tout autre individu reçu par l’empereur s’imposaient la prosternation (proskynèse) et l’adoration de la pourpre54. Le manteau de pourpre était, avec le diadème qui s’imposa à partir de Constantin, le principal emblème du pouvoir, distinguant le souverain de ses sujets dès l’instant où il était revêtu (mutatio vestis) lors de l’accession à la dignité impériale55. La législation tardo-antique, toujours plus stricte à cet égard, encadrait sévèrement la production du colorant pourpre issu du murex et interdisait à quiconque d’arborer une tenue semblable – la simple possession de pièces de tissu teintes dans cette nuance pouvant prêter à suspicion56. Symbole de la dignité impériale, la pourpre était un vêtement-frontière séparant le corps du souverain de son environnement. Son caractère sacré lui donnait une valeur protectrice, et y porter atteinte était un sacrilège57. À ce titre, on la retirait des épaules d’un empereur déchu avant sa mise à mort58. L’empereur pouvait l’utiliser pour protéger de toute atteinte un individu. Ammien Marcellin rapporte ainsi que Julien recouvrit de son manteau le préfet du prétoire Nébridius qui, ayant déclaré publiquement sa fidélité envers Constance II, manqua de se faire massacrer par les soldats59. Cette barrière sacrée faisait aussi office d’interface, car lors de l’adoratio, on touchait ou embrassait un pan du vêtement de l’empereur – les sources juridiques emploient d’ailleurs parfois l’expression adtingere ou contingere purpuram60. La participation à cette cérémonie était un privilège convoité, lié à la position de chacun dans l’ordre hiérarchique des dignités, autant qu’une marque d’acceptation de la supériorité transcendante du pouvoir impérial qui régissait l’ordre social61. En approchant ainsi la nature sacrée du souverain, un individu admis à adorer la pourpre pouvait être intégré au comitatus, et faire à son tour partie de la barrière de soldats et de courtisans entourant l’empereur.

Conclusion

L’inaccessibilité de l’empereur dans l’Antiquité tardive trouve donc plusieurs manifestations matérielles. Le sacrum palatium, dissimulant le souverain aux regards de sa capitale et du monde, devint le cadre privilégié de son apparition à quelques élus. Entouré de gardes concourant à l’expression de Sa Majesté autant qu’à sa protection, le corps même de l’empereur revêtu de la pourpre sacrée restait intouchable. Le franchissement des seuils du palais, le passage à travers la haie des soldats en armes, l’adoration de la pourpre, étaient alors autant d’instants d’épiphanie où ces barrières se faisaient interfaces. L’association des réalités matérielles, de la rhétorique de la sacralité du pouvoir impérial et des pratiques rituelles qui l’entouraient, établissant un jeu d’échos entre le cérémonial et ses représentations62, brouillait les limites entre l’image et la réalité, et faisait de l’empereur lui-même un être-frontière, appartenant à la fois au monde terrestre et au monde céleste.

Bibliographie

Abréviations

De Cer. = Constantin VII, Le Livre des Cérémonies, Livre II

Lydus, De Mag. = Jean le Lydien, Des magistratures de l’État romain

PG = Patrologiae Cursus Completus, Series Graeca

P. Bodmer XXIX = Papyrus Bodmer XXIX. Vision de Dorothéos

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Notes

1 Premier volume : Mathisen et Sivan 1996 ; dernier volume paru : Drijvers et Lenski 2019. Voir aussi Rousselle 1995 pour un usage large de la notion de frontières dans l’Antiquité. Retour au texte

2 Kelly 1998 ; Noethlichs 1998 ; McCormick 2000 ; Kolb 2001 ; Smith 2007; Whitby 2008. Retour au texte

3 Point de départ : MacCormack 1981 ; Tantillo 2015. Retour au texte

4 Pour l’archéologie palatiale tardo-antique, réflexions importantes de Duval 1987 ; bibliographie analytique dans Uytterhoeven 2007, p. 33-38 ; bilan dans Carile 2012, p. 6-23. Pour le Grand Palais de Constantinople, mises au point récentes avec bibliographie antérieure : Bolognesi Recchi-Franceschini 2000 ; Bardill 2006 ; Carile 2012, p. 151-178 ; Westbrook 2020. Retour au texte

5 Palais comme lieu de vie de la cour : Noethlichs 1998, p. 22-27 ; McCormick 2000, p. 136-142 ; Berger 2013. Sur ses dimensions imaginaires, Carile 2012. Retour au texte

6 L’expression dérive d’Hist. Aug. Aur. XLIII, 4 et Sev. Alex. LXVI, 3. Sur le princeps clausus, Chastagnol 1985 ; Icks 2019. Retour au texte

7 Itinérance de la cour : Destephen 2016. Empereur chef de guerre : Hebblewhite 2017. Discours à la population : voir e.g. l’arc de Constantin (relief de l’adlocutio) ; Ammien Marcellin, XVI, 10, 13. Harangue aux troupes depuis une tribune : e.g. Ammien Marcellin, XIV, 10, 10-16 ; XV, 8, 4-8 ; XXVII, 6. Sur les contiones des colonnes trajane et aurélienne, David 2000. Retour au texte

8 Destephen 2016, p. 81-107. Retour au texte

9 Puech 2018a. Retour au texte

10 Dagron 2011 ; Carile 2012, p. 11-14. Retour au texte

11 E.g. Cod. Theod. VI, 16, 1 (413, Constantinople) ; VI, 22, 1 (321, Sirmium) ; VII, 20, 10 (369, Trèves) ; XI, 16, 15 (382) ; XII, 1, 44 (358, Sirmium) ; XIII, 5, 14, 4 (371, Constantinople) ; XVI, 5, 42 (408, Ravenne). Sur le comitatus, Winterling 1998. Retour au texte

12 Pan. Lat. III, 11, 3 ; cette apparition constitue le point d’orgue de la visite impériale dans la cité, jouant sur une dichotomie de l’absence et de la présence fondamentale dans la rhétorique des panégyriques tétrarchiques, cf. MacCormack 1981, p. 22-33 et L’Huillier 1992, p. 287-320. Retour au texte

13 Corippe, In Laud. Iust., I, 197 ; III, 1 ; IV, 248. Sur ce texte, Ploton-Nicollet 2015 ; Puech 2018b. Retour au texte

14 Mango 1959 ; Girgin 2008 ; Carile 2012, p. 15-16. Retour au texte

15 De Cer, I, 89. Sur le cérémonial des ambassades dans l’Antiquité tardive, Nechaeva 2014, p. 34-42. Sur la schola du maître des offices, Bolognesi Recchi-Franceschini 2008. Retour au texte

16 Corippe, In Laud. Iust., III, 191-209. Sur le calendrier (« chronographe ») de 354, Salzman 1990. Sur le missorium de Théodose, MacCormack 1981, p. 214-220 ; Almagro-Gorbea et al. 2000. Retour au texte

17 Alföldi 1934, p. 36-37 ; Tantillo 2015, p. 574-575. Retour au texte

18 De Cer. I, 87 ; I, 89. Retour au texte

19 Corippe, In Laud. Iust., III, 225. Retour au texte

20 Carile 2003. Voir aussi Carile 2018 pour les interactions riches de sens entre l'empereur et les espaces palatiaux qu'il occupe. Retour au texte

21 Jean Chrysostome, In dictum Pauli, PG 51, col. 247. Retour au texte

22 Frank 1969 ; Haldon 1984 ; Emion 2017a. Désormais, voir les contributions réunies dans Wolff et Faure 2020 (en particulier les articles de J.-M. Carrié, M. Emion, et S. Janniard). Retour au texte

23 Ammien Marcellin, XX, 4, 21. Retour au texte

24 Eusèbe de Césarée, Vit. Const., III, 15. Retour au texte

25 De Cer, I, 91 ; Corippe, In Laud. Iust., II, 202-225. Retour au texte

26 Lydus, De Mag. I, 16, 3. Contre la communis opinio, Croke 2005 estime, sans convaincre, que ce corps existait dès le Haut-Empire. Retour au texte

27 P. Bodmer XXIX, avec corrections de Kessels et Van Der Horst 1987 ; commentaires de Van Berchem 1986 et Bremmer 1988. Retour au texte

28 Guilland 1956 (à partir des sources littéraires) ; Bolognesi Recchi-Franceschini 2008 (pour l’archéologie). De tels quartiers existaient dans les autres palais impériaux, mais la documentation est mince, cf. Emion 2017a, p. 541. Retour au texte

29 Description dans Corippe, In Laud. Iust., III, 157-190. Voir aussi De Cer. I, 89, mentionnant les candidati en place lors de la réception d’un ambassadeur perse. Retour au texte

30 Corippe, In Laud. Iust., III, 207-209 : Custodes ardua seruant / limina et indignis intrare uolentibus obstant / condensi numeris, fastu nutuque tremendi (trad. S. Antès). Retour au texte

31 Sidéris 2003. Retour au texte

32 Ammien Marcellin, XIX, 11, 10-12 (Constance) ; XXIV, 5, 6 (Julien). Retour au texte

33 Ammien Marcellin, XXXI, 13, 14-16. Retour au texte

34 Frank 1969, p. 147-165. Retour au texte

35 Ammien Marcellin, XVI, 10, 6-8. Sur l’aduentus, MacCormack 1981, p. 17-89 ; McCormick 1986 ; Dufraigne 1994. Retour au texte

36 Recensement dans Delmaire 2008. Retour au texte

37 Sur ce monument, Kiilerich 1998. Retour au texte

38 Corippe, In Laud. Iust., IV, 224-263. Retour au texte

39 De Cer. I, 91 (Léon) et 93 (Justin). Sur les protocoles de couronnement, Frank 1969, p. 161-165 ; Dagron 1996, p. 74-90. Retour au texte

40 Eusèbe de Césarée, Vit. Const., IV, 65-67. Retour au texte

41 Jean Chrysostome, Commentaire sur l’épître aux Romains, XIV, 10, PG 60, col. 537. Retour au texte

42 Une coiffure similaire est aussi visible chez un garde du missorium de Constance II retrouvé à Kertch. Si une partie des gardes fut effectivement recrutée chez les barbares (Frank 1969, p. 59-72), on ne peut généraliser le propos, cf. Emion 2017a, p. 347-357. Les modes vestimentaires et capillaires d’inspiration barbare se diffusèrent sans rester liées à une appartenance ethnique (cf. von Rummel 2007). Cette « barbarisation » de l’apparence militaire, que l’on ne peut associer à l’influence de peuples clairement identifiables, tient de la réinvention d’une barbarie de synthèse constitutive d’une nouvelle identité militaire (Halsall 2007, p. 104). Balty 1982 fait par ailleurs valoir que la coiffure des gardes impériaux rappelle celle des serviteurs d’apparat des banquets aristocratiques : vêtements, accessoires et coiffures étaient porteurs d’une grande multiplicité de sens. Retour au texte

43 Lydus, De Mag. I, 12, 6. Retour au texte

44 Dufraigne 1994 ; Emion 2018. Retour au texte

45 Corippe, In Laud. Iust., III, 237-244. Retour au texte

46 Ammien Marcellin, XVIII, 2, 17 : Et Macrianus quidem cum fratre inter aquilas admissus et signa, stupebat armorum uiriumque uarium decus, uisa tunc primitus, proque suis orabat. Retour au texte

47 Emion 2017a, p. 140-144. Retour au texte

48 Les réflexions de Meister 2012 sur la corporalité du pouvoir sous le Principat méritent des prolongements vers les époques plus tardives, que nous ne pouvons ici qu’esquisser (un projet de recherche dirigé par J. Meister, Herrscherkörper in den Monarchien der Spätantike und des frühen Mittelalters, soutenu par le Fonds National Suisse, est d’ailleurs en cours sur la période 2019-2024). Le hiératisme et la frontalité de l’iconographie trouvaient parfois un écho dans l’attitude réelle du souverain – cf. Constance II, semblable à une statue lors de sa visite à Rome, Ammien Marcellin, XVI, 10, 9-11. Mais, même si l’iconographie tendit à l’idéaliser selon des codes différents de ceux du Haut-Empire, le corps de l’empereur ne fut jamais uniformisé et réduit à une image abstraite, voir e.g. les portraits physiognomoniques chez Ammien Marcellin, XIV, 11, 28 (Gallus) ; XXI, 16 (Constance II) ; XXV, 4 (Julien) ; XXV, 10, 14-15 (Jovien) ; XXX, 9, 6 (Valentinien) ; XXXI, 14, 7 (Valens). Retour au texte

49 Tantillo 2015, p. 571-572. Nous laissons de côté la question de l’armure des souverains (cf. Alföldi 1935, p. 66-68). Au ive siècle, quand ils fréquentaient encore le champ de bataille, il s’agissait d’une protection indispensable, que Julien aurait oublié de mettre, dans sa précipitation, au moment de sa mort. Par la suite, même lorsque l’empereur ne part plus au combat, elle reste fréquente dans l’iconographie (e.g. diptyque de Probus, colosse de Barletta, ivoire Barberini), symbolisant son rôle militaire, mais le souverain ne la portait pas au palais. Retour au texte

50 Alföldi 1934, p. 33-35 (qui relève des précédents dès le iie siècle). Retour au texte

51 Pour les fresques de Louxor, Jones et McFadden 2015, p. 122. Ce type de détail a permis d’identifier des représentations impériales dans des scènes fragmentaires (ainsi d’un panneau d’ivoire à Kenchreai, ou dans les mosaïques de Centcelles, cf. Stern et Hadjilazaro Thimme 2007, p. 40, avec références). Retour au texte

52 Delmaire 1989, p. 555. Retour au texte

53 Tantillo 2015, p. 571-572. Pour l’iconographie tétrarchique, Blonce 2019. Retour au texte

54 Alföldi 1934, p. 45-79 (avec des précédents sous le Haut-Empire) ; Avery 1940 ; Kolb 2001, p. 38-54 ; Smith 2007, p. 175-176 et 215-216 ; Tantillo 2015, p. 564-576. Retour au texte

55 Sur ces emblèmes du pouvoir impérial, Alföldi 1935 ; Tantillo 2011. Retour au texte

56 Delmaire 1989, p. 455-464, renvoyant aux sources juridiques. Retour au texte

57 Voir e.g. Pan. Lat. XII, 42 : on veut éviter que la pourpre ne soit souillée par le sang de l’usurpateur Maxime. Retour au texte

58 Voir ainsi l’exécution de Gallus (Ammien Marcellin, XIV, 11, 20), et le cas de nombreux usurpateurs, cf. Emion 2017b. L’Histoire Auguste, reflétant des conceptions du ive siècle, rapporte que les soldats retirèrent la pourpre de Pupien et Balbin avant de les assassiner, Histoire Auguste, Max. Balb., XIV, 5-6, cf. Molinier-Arbo 2003, p. 307. Retour au texte

59 Ammien Marcellin, XXI, 5, 11-12. Une anecdote similaire au sujet de Sévère Alexandre protégeant Ulpien (Histoire Auguste, Alex. Sev., LI, 4), doit être comprise au prisme des conceptions contemporaines de la rédaction de l’Histoire Auguste, cf. Molinier-Arbo 2003, p. 307. Retour au texte

60 Cod. Theod. VI, 24, 4 (387, Milan) ; VIII, 7, 16 (385, Aquilée). Retour au texte

61 Voir notamment Löhken 1982. Retour au texte

62 MacCormack 1981. Retour au texte

Illustrations

Citer cet article

Référence papier

Maxime Emion, « Matérialiser la frontière autour de l’empereur dans l’Antiquité tardive », Frontière·s, 3 | 2020, 55-65.

Référence électronique

Maxime Emion, « Matérialiser la frontière autour de l’empereur dans l’Antiquité tardive », Frontière·s [En ligne], 3 | 2020, mis en ligne le 14 décembre 2020, consulté le 28 mars 2024. URL : https://publications-prairial.fr/frontiere-s/index.php?id=363

Auteur

Maxime Emion

Agrégé et docteur en histoire, membre associé du GRHis (EA 3831, Université de Rouen Normandie)

Droits d'auteur

CC BY-NC-SA 4.0