Pauline Leplongeon, Le Tilleul. Une histoire culturelle

Paris, Le Léopard d’or, 2018, 192 p.

Référence(s) :

Pauline Leplongeon, Le Tilleul. Une histoire culturelle, Paris, Le Léopard d’or, 2018, 192 p.

Texte

L’ouvrage de Pauline Leplongeon, Le tilleul. Une histoire culturelle, publié en 2018 aux Éditions du Léopard d’or est un livre stimulant et pionnier puisque fort peu d’historiens se sont intéressés aux végétaux alors que les animaux, et en particulier les bestiaires médiévaux, ont suscité de multiples recherches. Cet arbre qui évoque, pour les uns, l’arbre de la cour d’école, de la place du village, des avenues ombragées, pour les autres, la tisane de nos grands-mères, y est étudié de l’Antiquité gréco-romaine à la fin du xviiie siècle, à travers des sources très variées, livres de botanique, ouvrages médicaux ou traités d’agronomie, mythes ou contes, textes littéraires ou documents iconographiques… Cette interdisciplinarité et la longue durée permettent à P. Leplongeon de saisir la place accordée par les hommes au tilleul, de cerner les continuités et les ruptures du point de vue des savoirs, des usages, des mentalités et des sensibilités vis-à-vis de cet arbre, domaines dans lesquels les évolutions sont d’une extrême lenteur.

Les vertus thérapeutiques réelles ou supposées que les hommes ont attribuées au tilleul ont certainement joué un rôle dans l’édification de son immense bienfaisance. Ses feuilles sont louées dans l’Antiquité, Hildegarde de Bingen vante, au xiie siècle, son bois, sa poudre, ses feuilles et son miel, et enfin ses fleurs sont largement prisées à l’époque moderne où il devient un remède contre l’épilepsie.

Outre le tilleul « arbre médecin », le tilleul joue également un rôle positif dans le corps de la société où il apparaît comme un lieu de rassemblement. Tout au long de l’histoire, c’est sous ses frondaisons que les différents groupes sociaux se réunissent et se croisent. Dans certaines régions, notamment germaniques et plus étrangement dans la vallée pyrénéenne d’Aspe, c’est à son ombre que la justice est proclamée. Il n’est donc pas étonnant qu’un arbre qui garantit la stabilité de la société soit un arbre aimé, sous lequel se déroulent les fêtes populaires, les marchés et les réjouissances collectives en tous genres : le tilleul est un arbre qui réunit, qui rassemble.

Enfin le tilleul est également le témoin de l’intimité amoureuse, l’arbre fétiche des soupirants. Ses feuilles en forme de cœur et son odeur sucrée invitent aux déclarations d’amour et à l’abandon charnel, comme l’attestent nombre de poètes et de romanciers. Néanmoins, au cœur du couple, il exprime davantage la figure féminine alors que le chêne est indubitablement considéré comme un arbre masculin.

Ce livre, tiré d’un exercice universitaire (Master 2), petit par son nombre de pages, mais fort bien documenté et novateur, témoigne avec force qu’au cours des siècles, le tilleul est un arbre hautement estimé aux innombrables vertus. Surtout, cette histoire culturelle du tilleul met en évidence les rapports des sociétés passées au monde végétal qui trouvent un écho plus que troublant et fructueux avec les préoccupations environnementales du monde actuel.

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Référence électronique

Perrine Mane, « Pauline Leplongeon, Le Tilleul. Une histoire culturelle », IRIS [En ligne], 39 | 2019, mis en ligne le 15 décembre 2020, consulté le 28 mars 2024. URL : https://publications-prairial.fr/iris/index.php?id=1038

Auteur

Perrine Mane

EHESS, Directrice de recherche CNRS,
membre statutaire et responsable du GAM (Groupe d’archéologie médiévale)

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