Être mère, entre tradition et modernité : transmission et transgression des identités de genre dans des interactions familiales

  • Motherhood between Tradition and Modernity: Transmission and Transgression of the Gender Identities in the Family Interactions

DOI : 10.35562/iris.1382

p. 51-66

Résumés

Cet article examine comment, par leur discours, les femmes se construisent comme mère, dans leurs interactions avec leurs enfants adolescent-e-s, occasionnellement avec leurs maris, contribuant ainsi à la reproduction sociale des stéréotypes de masculinité et de féminité ou, au contraire, de quelle façon elles rompent avec la tradition et proposent des modèles alternatifs. Acceptent-elles ou non leur héritage symbolique en matière de genre ? En voulant la reproduire, comment réinvestissent-elles la dimension genrée dans un contexte d’interactions verbales avec leurs adolescent-e-s, les renvoyant ou pas à leurs « origines » culturelles ? Les mères dépassent-elles le modèle de binarité des sexes traditionnel pour parvenir à un modèle agentif ? À travers le continuum de normativité et d’agentivité, l’entre-deux prend tout son sens : en quoi l’imaginaire linguistique constitue-t-il un espace à construire, un « à travers » ?

This research paper examines the way women discursively construct themselves as mothers, in their interactions with their teenage children, and occasionally with their husbands, and the way they thus contribute to the social reproduction of manhood and womanhood stereotypes or on the contrary break with the tradition to propose alternative models. Do they or don’t they accept their symbolic heritage as regards sex and gender? While intending to reproduce this heritage, how do they reinvest the gendered dimension in the context of verbal interaction with their teen-agers, sending them back or not to their cultural “origins”? Do the mothers go beyond the traditional binary model of sex and gender to reach an agentive model? Through the continuum that goes from normativity to agentivity, the idea of an in-between stage makes sense: in what way does the linguistic imaginary constitute an area to be forged, a crossing space?

Plan

Texte

La construction sociolangagière des identités de genre : contexte

Sur les traces d’Anne-Marie Houdebine (2003), auteure de la théorie de l’imaginaire linguistique, notre travail d’analystes de la langue consiste à débusquer les signes linguistiques et langagiers d’une construction des identités de genre à l’œuvre dans les discours les plus banals et quotidiens. Nos recherches de thèse sous sa direction (Bailly, 1989 ; Tomc, 2006), dans le domaine Genre et Langage, nous ont permis d’explorer diverses façons dont les discours, qu’ils soient familiers ou médiatiques, construisent des distinctions entre les hommes et les femmes, les rôles qu’ils et elles doivent assumer, ou la façon dont ils et elles doivent parler, se parler ou se taire dans divers contextes.

Les mères continuent à assurer la transmission des valeurs. Toutefois, si elles sont les garantes de la reproduction sociale des stéréotypes de féminité et de masculinité avec leurs enfants, tentent-elles d’imposer des codes normatifs traditionnels et/ou se manifestent-elles aussi sur le paradigme de l’agentivité ?

Nous abordons dans un premier temps les apports de la pensée houdebinienne à l’étude de notre objet privilégié, les discours genrés du quotidien. Nous revenons en particulier sur les convergences sur le rapport Genre et Langage avant d’aborder le débat métalinguistique qui oppose les termes genre et sexe. Nous développons le concept d’imaginaire — qu’il soit linguistique, culturel ou social — et les normes objectives et subjectives avant de présenter le stéréotype dans une perspective interactionnelle, à la croisée des normes prescriptives et communicationnelles, afin de mettre en évidence la dimension linguistique et langagière des identités genrées.

Nous examinons ensuite la façon dont, par leur discours, des femmes se construisent comme mère, dans leurs interactions avec leurs enfants adolescent-e-s, occasionnellement avec leurs maris, et comment elles contribuent à la reproduction sociale des stéréotypes de masculinité et de féminité ou, au contraire, rompent avec la tradition et proposent des modèles alternatifs. Acceptent-elles ou non leur héritage symbolique en matière de genre ? En voulant la reproduire, comment réinvestissent-elles la dimension genrée dans un contexte d’interactions verbales avec leurs adolescent-e-s, les renvoyant ou pas à leurs « origines » culturelles ? Les mères dépassent-elles le modèle de binarité des sexes traditionnel pour parvenir à un modèle agentif ? À travers le continuum de normativité et d’agentivité, l’entre-deux prend tout son sens : en quoi l’imaginaire linguistique constitue-t-il un espace à construire, un « à travers » ?

Selon Michel Dorais,

Nous vivons dans un régime d’apartheid sexuel : les femmes sont comme ceci, les hommes, comme cela ; […] on se doit d’être masculin ou d’être féminin, toujours en conformité avec notre sexe biologique. Dans cette optique, chaque catégorie sexuelle est censée connaître un développement particulier sur les plans psychique, relationnel et culturel. […] Les identités de sexe, de genre et d’érotisme [orientation sexuelle] apparaissent encore aujourd’hui à ce point « naturelles », évidentes et indiscutables que la plupart d’entre nous se font un devoir de correspondre aux identités qui leur ont été assignées. (1999, p. 8)

La visibilité de l’identité féminine et masculine semble donc construite socialement. Les paradigmes s’actualisant autour de cette distribution arbitraire nous amènent à réfléchir en termes de pluralité et de diversité. Le dualisme construit par les discours familiaux propose-t-il des alternatives à un système binaire ? L’imaginaire linguistique des familles qui composent l’échantillon humain de l’étude que nous présentons s’oriente-t-il vers des positionnements stratégiques familiaux mettant en cause la norme et amenant une vision déconstructiviste de la performance genrée (Butler, 1990) ?

Le rapport Genre et Langage

La réflexion qui nous anime ici a pris naissance dans une question de recherche commune : comment l’identité genrée agit-elle sur les interactions langagières dans la conversation familière ? L’identité se construisant dans la conception imaginaire de l’autre et de soi par le discours, nous partons des postulats suivants : hommes et femmes (garçons et filles) développent des cultures sociolangagières spécifiques ; on s’adresse différemment aux hommes et aux femmes (aux garçons et aux filles) ; les comportements verbaux, les discours médiatiques, scolaires, parentaux, etc., indiquent les comportements à adopter pour être reconnu(e) en tant qu’homme ou femme.

La variable genre dans l’analyse de discours et de conversation

Avant de présenter l’application du modèle de l’imaginaire linguistique à la dimension langagière des identités genrées, nous commençons par resituer le lien qui unit les notions de sexe, de genre et d’identité dans un contexte qui est celui de l’émergence de l’idée de contestation de la conception naturaliste de la différence des sexes.

À la suite des travaux de Simone de Beauvoir (1949) et Michel Foucault (1969, 1976), Ann Oakley (1972) aux États-Unis commence à dénoncer les stéréotypes liés aux hommes et aux femmes et tente de faire apparaître la distinction entre sexe biologique (référence aux différences biologiques entre mâles et femelles) et social. Depuis la fin des années 1990, Monique Wittig (1992) et Judith Butler (1990) démontrent la dimension sociale et construite des catégories de genre pour interroger les systèmes de relations hiérarchisées des rapports entre les sexes.

Depuis plusieurs décennies, le genre a été invoqué comme signifiant et moteur des rapports sociaux de sexe par les études féministes (Delphy, 2001). Le sexe est traversé par le social (Vidal, 2006) qui opère une division du vivant dans une catégorisation binaire du masculin et du féminin. Ce principe de partition ordonne une répartition de leurs attributs, exclusifs, opposés et hiérarchisés. À ce titre, le genre désigne ce système de rapports de pouvoir qui établit les hommes dans une position dominante et désigne l’hétérosexualité comme référence.

Se substituant à des catégories telles que le « sexe » ou la « différence sexuelle » dont elle conteste le déterminisme biologique et l’usage auto-explicatif, la notion de « genre » [attire] l’attention sur la construction sociale des catégories de sexe […]. (Varikas, 2006, p. 15)

Application du modèle de l’imaginaire linguistique (culturel ou social) et le rapport des normes objectives et subjectives : la dimension langagière des identités genrées

Les représentations du genre dans ses relations avec les pratiques conversationnelles sont appréhendées à partir de la culture subjective — ensemble d’attitudes, d’opinions, de croyances et aussi de pratiques —, saisie dans les discours individuels, et de la culture objective, saisie dans un ensemble de textes et de discours publics. La mise en perspective de ces deux ensembles culturels permet de faire l’hypothèse de rétroactions (flèches courbes) et de tensions (flèches droites) entre le collectif et l’individuel et entre le social et le linguistique, qui traversent le sujet et s’actualisent par des normes objectives ou objectivées, et des normes subjectives ou subjectivées (comme illustré par la fig. 1).

Figure 1. – Représentation dynamique de l’imaginaire linguistique inspirée du modèle d’Anne-Marie Houdebine (2003).

Figure 1. – Représentation dynamique de l’imaginaire linguistique inspirée du modèle d’Anne-Marie Houdebine (2003).

Les normes objectives (ou culture objective) impliquent des normes statistiques, dégagées à partir de l’analyse des usages, et des normes systémiques, qui relèvent de la régulation interne du système. Les normes subjectives (ou culture subjective) se composent de normes fictives et de normes identitaires (Houdebine, 1997). Les normes prescriptives et communicationnelles rendent compte du fait que la langue est constituée d’un ensemble de règles plus ou moins figées et partagées, donnant lieu à des stéréotypes, et qu’elle est aussi un instrument adaptable aux besoins de communication dans un groupe donné.

La problématique de l’imaginaire linguistique nous permet de définir les pratiques langagières des mères. Nous nous basons sur la façon dont les enfants/adolescent-e-s sont exposés à des normes de genre qui sont censées indexer leur appartenance à une identité genrée, participant des représentations sociales et subjectives. L’identité de genre est le sentiment que l’on est masculin ou féminin.

Il est de l’ordre psychologique (un sentiment d’appartenance), culturel et social (les attentes et le regard des autres), il précise et confirme qui nous sommes en tant qu’être sexué. (Dorais, 1999, p. 15)

Dès lors, nous comprenons toute l’importance et la complexité de l’imaginaire linguistique qui est à l’œuvre au sein des processus de construction identitaire pour l’individu et les groupes sociaux. Nous allons dégager le rôle joué par les stéréotypes dans les interactions mères/adolescent-e-s pour tenter d’en apprécier l’importance.

Le stéréotype genré comme imaginaire social ?

L’usage linguistique apparaît comme un marqueur identitaire déterminant. L’établissement de deux groupes distincts (hommes et femmes) entraîne un effet d’organisation sous forme d’opposition. Ainsi, leurs caractéristiques distinctes structurent une division dans la représentation de ces caractéristiques puis dans leur attribution.

Les deux pôles que sont « l’homme » et « la femme » en tant que représentant-e-s archétypaux/ales de ce que doivent être (normes prescriptives) un « homme » et une « femme » relèvent des stéréotypes. Le stéréotype est une nécessité identitaire.

Considérés comme des schèmes collectifs du penser, réducteurs du réel, de ses particularités, datés et figés, dépositaires des tensions entre groupes sociaux ou bien considérés comme éléments qui participent d’une construction lente d’une réalité sociale et culturelle à laquelle on ne peut échapper, les stéréotypes doivent s’envisager du point de vue de leur nécessité dans l’acquisition des connaissances qui constituent le lien social et culturel entre les individus. (Bourdieu, 2007, p. 47)

Le stéréotype est une « construction de lecture » nécessitant une activité cognitive complexe. Aussi, comme le soulignent Ruth Amossy et Anne Herschberg Pierrot,

[…] plutôt que de stéréotype, il faudrait donc parler de stéréotypage. C’est-à-dire de l’activité qui découpe ou repère, dans le foisonnement du réel ou du texte, un modèle collectif figé. (1997, p. 26)

[Cette] […] représentation qui n’évolue plus, victime d’un processus de figement […], dont la pertinence pratique en discours est essentiellement due à son fonctionnement simplificateur univoque, et à une stabilité rassurante pour les membres du groupe ou de la communauté concernée. (Cuq, 2003, p. 215)

La « pensée préjudicative », qui est « l’élaboration mentale simplifiée et unifiée » pour tout le groupe (Mannoni, 1998, p. 24-25), constitue un système de pré-connaissance qui, avec les stéréotypes, forme la base d’économie cognitive et de facilité de communication propre aux représentations. Le stéréotype produit des images réductrices, figées, souvent stigmatisantes et déclassantes. Il est un outil de classement et d’évaluation qui indique les conduites à suivre ou à proscrire, à partir d’idéaux ou d’interdits. Mais, à la croisée des normes prescriptives et communicationnelles, le stéréotype est aussi un outil cognitif utile à la communication en tant qu’il véhicule des significations culturellement partagées (Saville-Troike, 1989).

Si comme le montre Janet Holmes en étudiant le cas d’une femme qui joue discursivement son rôle de mère différemment selon la situation (Holmes, 1998), adopter un parler féminin stéréotypé est un choix qui dépend du contexte (du lieu, du moment, du statut et des intentions des personnes), le sexotype (Bailly, 2009) peut-il être appréhendé comme une image sociolangagière genrée ?

Mise en évidence de la dimension langagière des identités hommes/femmes/garçons/filles

L’implication du genre dans l’identité est fondamentale puisqu’elle inclut également la notion d’identité féminine ou masculine. Le rapport entre genre et identité se pose au niveau de leur définition (qu’est-ce qu’un homme, qu’est-ce qu’une femme ?), de leur successivité, de leur construction, de leur utilité.

Nous nous appuyons sur les concepts d’identité héritée et d’identité acquise pour mettre en évidence la dimension linguistique et langagière des identités hommes/femmes/garçons/filles. Si la langue permet aux individus de se définir et de définir leur rapport aux autres, elle est aussi l’outil par lequel se construit l’identité. Cette identité se bâtit en lien avec les « choix » linguistiques de l’individu et fait de lui « un sujet historique en devenir par les langues et le langage » (Molinié, 2002, p. 39). Les hommes et les femmes font partie de divers groupes sociaux, ils ont de multiples appartenances et tiennent des rôles multiples. De fait, l’identité est objectivement encadrée par le genre et par les stéréotypes de féminité et de masculinité associés et peut émerger dans l’usage du langage.

L’inscription sociale du sujet n’est pas seulement assurée par une appartenance sociale imposée (déterminisme), mais aussi par une histoire transgénérationnelle assumée qui suppose une possibilité d’évolution et de transgression. Ainsi la langue construit l’identité à un niveau micro (individuel), également à un niveau méso (interactions sociales), et aussi à un niveau macro (sociétal).

Nous ne considérons pas l’identité comme une donnée figée (Abdallah-Pretceille, 2006), mais plutôt comme une action, comme une construction permanente toujours en évolution et en recomposition, conduisant vers une identité plurielle. Cette construction se fait dans l’interaction puisque l’identité est co-construite dans la dialectique entre soi et l’autre.

Dans quelle mesure la construction identitaire maternelle se manifeste-t-elle dans le discours mère/adolescent-e-s ? Comment l’interaction genrée impacte-t-elle le processus de construction identitaire de la mère ? Comment les femmes, dans leur rôle maternel (ou maternant ?), se situent-elles par rapport aux archétypes traditionnels ?

L’identité comme une trajectoire : identité héritée et identité acquise

Nous avons formalisé ces concepts par le biais d’un schéma. La construction identitaire suit un cheminement qui commence avec une réflexion sur les stéréotypes émergeant de l’identité héritée de l’individu, se poursuit avec une tentative d’application à sa propre vie, et qui aboutit à l’émergence d’une identité acquise, résultant d’un parcours. En nous appuyant sur les concepts d’identité héritée et d’identité acquise, nous voulons rendre compte de la nature dynamique et évolutive de l’identité sociale, que Anthony Giddens (2000) envisage comme une trajectoire (fig. 2).

Figure 2. – La trajectoire de l’identité (Tomc et coll., 2012).

Figure 2. – La trajectoire de l’identité (Tomc et coll., 2012).

Ce processus peut être saisi à travers la mise en évidence de deux étapes successives : la reproduction ou la déconstruction du stéréotype et le réajustement identitaire qui s’en suit. Les choix des groupes de référence vont baliser la trajectoire sociale et personnelle : au cours de leur parcours scolaire, professionnel, familial par exemple, les individus sont amenés à se constituer une identité sociale et à adopter une attitude donnée par rapport aux normes linguistiques en concurrence, mais aussi par une histoire future transgénérationnelle (concept d’identité transmise, inscrite dans des pratiques et des institutions sociales dans lesquelles les individus — femmes et hommes — peuvent se repositionner, voir Druxes, 1996).

Des interactions parents/adolescent-e-s à la création d’un corpus

Les 29 conversations en famille sur lesquelles s’appuie notre étude sont spontanées et enregistrées au vu et au su des témoins. Afin de limiter l’intrusion dans leur sphère familiale, nous leur avons fourni un dictaphone afin qu’ils enregistrent leurs interactions verbales quand ils le souhaitaient, sans leur imposer notre présence quotidienne. Dans le même souci de respect de leur intimité, nous ne leur avons pas prescrit de thème de discussion. Ce corpus, dont l’exploitation est à ce jour inédite, est issu d’une recherche doctorale (Tomc, 2006).

Tableau 1. – Récapitulatif des catégories socioprofessionnelles des témoins.

Tableau 1. – Récapitulatif des catégories socioprofessionnelles des témoins.

Premières analyses discursives longitudinales : convergences et particularismes dans les conversations

Dans cette partie, nous présentons des exemples d’énoncés qui rendent compte, d’une part, de comportements et attitudes normatifs par rapport aux stéréotypes de masculinité et de féminité traditionnels et, d’autre part, de comportements et attitudes transgressifs qui défient les catégorisations stéréotypées.

Contribution à la reproduction sociale des stéréotypes de masculinité et de féminité

Quelles ressources verbales les mères mobilisent-elles pour transmettre les stéréotypes de genre des pratiques conversationnelles ?

1. Les termes d’adresse
Les représentations du genre s’actualisent au niveau verbal, dans l’utilisation asymétrique du langage, notamment par le biais des termes d’adresses affectifs : demoiselle, mademoiselle, ma chérie, ma petite chérie, ma petite fille du côté des filles, alors qu’on relève les dénominations suivantes pour les garçons : mon fils, bandit.

2. L’usage du mot <merde> et ses dérivés
Les filles et les femmes sont socialement perçues comme plus souvent réceptrices que productrices de jurons et d’injures, même si la réalité dément fréquemment cette représentation (Ernotte & Rosier, 2004). Lorsque nous relevons un mot marqué tel que merde, dans le discours des filles, les mères y réagissent par une demande de correction (1) alors même qu’elles emploient ce mot sous diverses formes en interaction avec les fils (2).

        (1)
 
 
 
 

F11
M
F1
F2
M

ah oui il a peut-être oublié mon anniversaire oh merde
pardon
rien
elle a dit
merde
oui ben t’as pas besoin de répéter hein à sa place

        (2)
 
 
 

M
M
M
M

c’est parce qu’il s’emmerde en fait
oh il
merde en ce moment
c’est pas un petit cadeau de
merde les chocolats hein
moi je demande pas mieux moi ça
m’emmerde de venir te chercher

3. Les instructions domestiques
La répartition traditionnelle des rôles genrés fait partie intégrante de l’imaginaire social. Statistiquement, il semble que les femmes continuent à assumer plus souvent que les hommes les tâches domestiques. L’éducation et l’identification sont la cause de la division genrée des rôles et des tâches. On remarque une divergence dans le corpus à propos des tâches domestiques : les filles (3, 4, 5) sont plus sollicitées que les garçons (6) pour aider la mère.

        (3)
 

M
M

tu essuies la vaisselle
alors A*** tu mettras le tablier

        (4)
 
 

M
 
 

L*** tu viens débarrasser la table bon allez dépêche-toi on va aller euh voilà bon le repas est fini et la vaisselle j’espère qu’elle sera bien faite hein allez c’est bon

        (5)
 
 
 

M
 
F
M

alors tiens je vais te montrer un une astuce regarde quand quand dans ta main je te montre
ah oui oui oui je sais
tu les prends en deux
là on arrive à bien servir astuce

        (6)
 
 
 
 

G
M
G
M
G

et ben on fera à manger hein
moi
je veux pas que tu te serves du four hein
oh la la
non eh c’est dangereux
mais oui

4. Les comportements amoureux
Certains échanges font référence à la vie amoureuse des enfants. Dans l’un des cas, la mère en conversation avec sa fille contribue à la reproduction sociale de stéréotypes genrés lorsqu’elle lui indique les comportements acceptables (passer les doigts dans les cheveux) et inacceptables (passer des mains sales dans les cheveux de sa fille). Il s’agit peut-être aussi d’une manière indirecte de vérifier le degré d’intimité corporelle entre sa fille et son petit ami (7).

        (7)
 
 
 

M
 
 
 

non alors il faut faire attention A*** que ton cop- ton petit copain n’ait pas les mains sales quand quand il te passe les doigts dans les cheveux hein (rire)
 

Dans l’extrait suivant, la fille montre à la mère un dessin fait pour elle par un camarade de classe, ce qui conduit la mère à définir ce garçon comme « l’amoureux » de sa fille, proposition d’ailleurs refusée par sa fille (8).

        (8)
 
 
 
 
 
 
 
 

F
M
F
M
F
M
F
M
 

la lecture regarde ah voilà le dessin que S*** m’a fait
alors on y va la demoiselle L***
regarde S*** ce qu’il m’a fait
il est gentil dis donc il est drôlement gentil S***
S***
c’est
ton amoureux
non c’est pas mon amoureux non je suis pas amoureuse de lui
allez stop bon allez on y va
 

Avec ces extraits (7 et 8), nous voyons que les mères sont préoccupées par la vie amoureuse de leurs filles, qu’elles veulent partager cette intimité avec elles comme l’a montré Deborah Tannen (2003). Mais elles s’intéressent aussi à celle des fils. Dans l’extrait qui suit, la mère souligne plutôt le caractère éphémère et instable des amours adolescentes, par une pluralisation du terme amour (dans toutes tes amours), l’emploi de l’article indéfini (une chérie) et par une actualisation temporelle (en ce moment) (9).

        (9)
 
 
 

M

G
 

et ouais comment ça se passe dans toutes tes amours tu as une chérie en ce moment
non
 

Le prochain exemple met en exergue un stéréotype quand un mec vient draguer leur fille ils (les pères) de notre corpus aiment pas ça (10).

       (10)
 
 
 
 

P
G
M
 
 

pourquoi tu croyais que je l’aimais pas parce qu’il était arabe
je sais pas
papa il est tu sais
les pères ils sont tous comme ça quand un mec vient draguer leur fille ils aiment pas ça
 

Nous constatons l’acte de solidarité évident de la mère envers son mari, dans le déplacement du paradigme de père peut-être raciste à celui de père jaloux/protecteur de sa fille.

5. Les bonnes manières féminines
Nous relevons également dans le sous-corpus mères/filles une activité de guidage des bonnes conduites, relevant d’un discours impositif (11, 12, 13) qui n’apparaît pas dans le corpus mères/fils.

       (11)
 
 

M
 
 

A *** tu lèves le coude tu ramasses ta chaise tu mets bien tes pieds en dessous parce que là tu es vraiment mal installée voilà L *** c’est pareil tu remets ta serviette

       (12)

M

assieds toi bien ma chérie

       (13)
 

M
 

L *** on mange pas dans le plat ma petite fille
 

Ces particularismes pointent les manières dont les mères révèlent leurs propres conceptions sous-jacentes de la masculinité et de la féminité, sous forme d’idéaux, et modélisent potentiellement pour leurs enfants garçons et filles les conduites à tenir pour être un homme ou une femme respectables, y compris dans leurs rôles d’amants, d’époux ou de parents.

6. Intégration des identités genrées par les enfants
Ces échanges permettent à l’adolescent-e de recevoir en miroir son image propre et donc d’intérioriser progressivement qui il/elle est. La théorie de Henri Wallon (1934) pose que le Moi se développe par étapes successives. L’affirmation de soi passe par la connaissance et l’acceptation de l’être sexué, avec la phase d’identification au parent du même sexe et simultanément avec une hostilité importante : quand un « conflit » oppose le père et la mère, le fils prend le parti de la mère (14).

       (14)
 
 
 
 
 

P
 
M
 
G
 

c’est pas parce que qu’on est en interview que ça a changé quelque chose hein ça a rien changé hein je suis le maître je suis le maître
tiens tu as qu’à croire il veut nous faire croire que c’est lui le maître c’est moi qui suis le maître
tiens elle
elle a marqué un point
 

Francine Descarries et coll. rappellent la force de la socialisation (maternelle et paternelle) qui relève de la transmission des stéréotypes, la socialisation étant un conditionnement social, un

[…] processus d’apprentissage de la vie en société […] [qui] désigne […] l’ensemble des expériences et des mécanismes par lesquels une personne s’approprie son identité sociale et intériorise les normes, les valeurs et les savoirs qui lui permettent d’entrer en relation avec les autres […]. (2009, p. 42)

Les phases d’identification au parent du même sexe et de séduction envers le parent de sexe opposé se manifestent dans les extraits suivants. Tout d’abord, le fils calque son attitude sur celle de son père (15).

       (15)
 
 
 

G
P
G
 

vous les mangez les2
bien
sûr
hum
c’est bon maman
 

Les deux exemples suivants illustrent un jeu de séduction envers le parent de sexe opposé (phase œdipienne), lorsque le fils propose de servir sa mère (16) ; lorsqu’il la complimente (17).

       (16)
 
 
 
 

G
M
G
P
G

tu as fait de la salade maman
ouais
moi j’en prends
bon ta mère elle t’a fait des
/dix doigts tu la mélanges
ma mère elle m’a fait dix doigts
tu en veux maman

       (17)
 

G
M

tu es intelligente toi
ben oui

7. Le père, silencieux et expert technique
Sur l’ensemble du corpus, le père, qui peut être présent physiquement dans les situations, est quasi absent discursivement, ce dont rendent compte les commentaires de mère et de fils (18, 19, 20).

       (18)
 
 

G
 
 

en plus tu parles jamais tu restes sur le canapé en train de regarder la télé tu dors quand il te parle tu parles avec le chien tu écoutes même pas

       (19)
 
 
 
 
 
 
 
 

G
P
M
P
M
 
P
G
 

des fois il te parle tu réponds pas
ben si si je suis dans le film j’y peux j’entends pas hein
quand tu as tu as du monde tu as pas à être dans le film
ouais ben si je suis je suis en dans le film puis qu’il arrive
tu fais un petit effort tu lèves la tête tu te doutes bien qu’il va te parler qu’il va te dire bonjour non
et ben je lui dis bonjour
ouais
tu dis bonjour tu regardes le film
 

Ce père, conformément à des modèles de masculinité traditionnelle, évite de se dévoiler, donnant ainsi de lui une image d’être taciturne et peu ouvert aux autres (20).

       (20)
 
 
 

M
P
G
 

ouais mais papa il est spécial
pourquoi je suis spécial
tu dures cinq cents ans à le connaître
 

Lorsqu’il parle, il se manifeste sous un rôle « typiquement masculin », celui de l’expert (Coates, 2003) (21, 22).

       (21)
 
 

P
 
 

ouais mais il pleut ça rentre parce que le sol il est trempé donc l’eau elle reste en surface mais là il il pleut pas donc ça alors automatiquement

       (22)
 

P
 

oui mais si je fais la tapisserie qu’après j’enlève les portes et il il faudra refaire la tapisserie

Revendication de modèles alternatifs et agentivité

Bien que la plus grande partie de notre corpus reflète une reproduction des stéréotypes traditionnels de masculinité et de féminité, nous relevons une revendication de modèles alternatifs de la part des fils : les archétypes culturels des figures masculines sont transgressés quand les garçons se montrent coquets et soucieux de leur apparence, prérogative traditionnellement féminine subsumée dans le précepte bien connu « sois belle et tais-toi » (23, 24).

       (23)
 
 
 
 

M
 
 
G
M

et toi tu es intelligent mon fils ou pas qu’est-ce que tu en penses si tu té- si tu devais te décrire comme si c’était pas toi tu te décrirais comment D***
intelligent
beau gosse euh bien fringué
tu es con

       (24)
 
 

M
 
G

non mais des fois euh c’est bizarre oh j’ai oublié de t’acheter ton gel oh ça passe ça va pour tout à l’heure
je suis pas le même sans ma mèche

L’agentivité est un concept emprunté à la philosophie analytique de l’action, qui permet de penser le sujet comme étant à la fois constitué par des forces idéologiques et sociales et capable de les remanier (Lord, 2009). On assiste à une tentative du jeune garçon de transgresser les rôles traditionnels liés à la préparation des repas, en déjouant la répartition traditionnelle des rôles genrés (25).

       (25)

G

et ben on fera à manger hein

Shirley Neuman utilise le concept d’agentivité pour désigner une démarcation sexuelle de l’énonciation (émergence du genre/sexe dans le discours). Le terme renvoie à la capacité du sujet féminin

[…] d’agir de façon autonome, de modifier la construction sociale de sa propre subjectivité, de sa place et de son auto-représentation à l’intérieur d’un univers social. (1993, p. 10)

Il semblerait que l’exemple suivant reflète cette agentivité (26).

       (26)
 

M
G

ben non j’ai pas besoin de compliment je me connais
oh la vache t’es coriace toi

Dans l’extrait de corpus suivant, nous avons un contre-exemple du phénomène des prophéties auto-réalisatrices, révélé par les recherches portant sur les comportements genrés :

Dans les sociétés modernes occidentales, les oppositions suivantes sont structurées par la dichotomie féminin-masculin : faiblesse-force, sensibilité-rationalité, émotion-raison, altruisme-individualisme, don-calcul, tradition-modernité, concret-abstrait, répétition-innovation… (Bereni et coll., 2012, p. 2)

Les deux autres exemples illustrent l’agentivité maternelle, lorsqu’en retour du compliment (tu es intelligente maman), la mère utilise une stratégie auto-définitoire positive (affirmation de sa valeur) (27) et use d’une autodéfinition négative (contestation) lors de l’attribution par son fils de surnoms affectifs ambigus (28).

       (27)
 
 

G
M
G

sans mentir tu es intelligente maman
oh ben c’est clair
mais je le sais mon fils
ben non faut dire XXX quand même

       (28)
 
 
 
 

G
M
G
M
G

ça va ma femme
je suis pas ta femme je suis ta mère
ma poulette
ma poulette3
de quoi

Le fait de créer une attente stéréotypée conditionne les sujets qui s’y conforment et la croyance devient réelle (Delouvee & Legal, 2008, p. 74-75). Mais dans le cas présent, la mère prend le contre-pied en affirmant son autorité de cheffe de famille. Le comportement maternel est en opposition au discours du père. Ici, la mère revendique son autorité.

       (29)
 

M
 

tiens tu as qu’à croire il veut nous faire croire que c’est lui le maître c’est moi qui suis le maître

Conclusion

Notre corpus nous montre, d’une part, que dans leurs interactions quotidiennes les mères sont les vecteurs de comportements sexués très codifiés et, d’autre part, que les stéréotypages langagiers de l’identité genrée servent de ressources pour forger des comportements. Selon Butler (1990), c’est l’ensemble des pratiques et des caractéristiques qui enferment l’individu dans une identité sociosexuelle à laquelle il doit adhérer et qu’il doit reproduire.

Les femmes de notre corpus, mais finalement les hommes aussi, qui ne se montrent pas très innovants dans leur rôle paternel, observées dans leur rôle d’éducatrice/eurs semblent, d’une part, privilégier la transmission d’une identité héritée donc d’une culture, la culture étant un

[…] processus dynamique de socialisation par lesquels tous ces faits de culture se transmettent et s’imposent dans une société particulière par l’imitation et l’éducation ; en ce sens, la culture est le mode de vie d’une population, c’est-à-dire l’ensemble des règles et comportements par lesquels les institutions prennent un sens pour les agents et s’incarnent dans des conduites plus ou moins codifiées. (Morfaux, 1980, p. 71)

D’autre part, les quelques marques d’agentivité féminine témoignant des évolutions culturelles et des remises en causes des images stéréotypées de la féminité et de la masculinité se retrouvent aussi chez ces mêmes femmes.

Notre étude montre que les conversations familiales constituent non seulement un cadre, mais aussi un outil pour construire des représentations de l’identité genrée qui, dans notre corpus, sont plus souvent normatives que transgressives. L’étude des interactions verbales dans les dyades mères/adolescent-e-s relève de stratégies maternelles multiples. Leurs différentes postures s’inscrivent dans un espace de l’entre-deux et cohabitent par leurs écarts. Comme le souligne François Jullien :

[…] par cette mise en regard que constitue par lui-même chaque écart repéré, par ce recul offert, j’ouvre un espace de réflexivité — « réflexion » au sens propre, avant que figuré — où ces pensées se dévisagent ; et qui par leur mise en tension donne à penser. Ainsi l’écart est-il une figure, non pas de rangement, mais de dérangement, faisant paraître non pas une identité, mais ce que je nommerai une fécondité. (2012, p. 8)

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Notes

1 F : Fille ; G : Garçon ; M : Mère ; P : Père. Retour au texte

2 Les soulignements indiquent des chevauchements. Retour au texte

3 Ici la mère marque par la répétition, mais aussi par l’intonation, son désaccord dans la façon qu’à son fils de la nommer. Retour au texte

Illustrations

Citer cet article

Référence papier

Sandra Tomc et Sophie Bailly, « Être mère, entre tradition et modernité : transmission et transgression des identités de genre dans des interactions familiales », IRIS, 37 | 2016, 51-66.

Référence électronique

Sandra Tomc et Sophie Bailly, « Être mère, entre tradition et modernité : transmission et transgression des identités de genre dans des interactions familiales », IRIS [En ligne], 37 | 2016, mis en ligne le 15 décembre 2020, consulté le 29 mars 2024. URL : https://publications-prairial.fr/iris/index.php?id=1382

Auteurs

Sandra Tomc

CELEC, Université Jean Monnet

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Sophie Bailly

ATILF équipe CRAPEL Didactique des langues et sociolinguistique, Université de Lorraine

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