Retour sur les journées Open access de Couperin : la science ouverte en marche !

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Les 6e journées Open access, organisées par le consortium Couperin, se sont déroulées du 12 au 14 octobre 2015 à Paris. Elles ont été l’occasion de dresser un état des lieux de l’avancée de la science ouverte, tout en présentant des pratiques émergentes et les perspectives qui se dessinent en matière d’open access. Jean-Pierre Finance, président du consortium, a souligné que le partage immédiat des résultats et des données induit des transformations méthodologiques majeures qui interfèrent dans l’élaboration des stratégies de recherche. Outre les notions de propriété et de maîtrise des contenus, c’est la souveraineté scientifique qui est en jeu, avec les impératifs de sécurité et de validation qui se posent. Si les spécialistes de l’IST sont naturellement portés à prendre position, il est également nécessaire que les décideurs académiques et politiques participent au débat. La pluralité des approches et des points de vue réunis lors de ces trois jours a permis d’esquisser un panorama exhaustif des mutations de l’édition scientifique face au numérique.

Open science et open access : politique et avancées

Le mouvement de l’open science s’inscrit dans la tradition scientifique de l’échange et du partage des idées : c’est dans cette optique que la Commission européenne veut fonder une économie de la connaissance favorisant la libre circulation des données. Si la transition vers le modèle de l’open access est un objectif d’intérêt public, elle s’avère être également un enjeu pour les marchés financiers, qui considèrent désormais, à juste titre, la voie gold comme une source supplémentaire de profits.

Les éclairages européens, sur la gestion des frais de publication, mais aussi sur la cession des droits d’auteur, se sont avérés des plus précieux dans le contexte de la consultation publique du projet de loi pour une République numérique. La secrétaire d’Etat Axelle Lemaire a d’ailleurs abordé les différents points concernant la recherche dans la proposition de texte qui sera soumise au Conseil d’Etat puis au Parlement : embargos, dépôt dans les archives ouvertes, text and data mining (TDM).

Libre accès aux résultats de la recherche et pratiques émergentes

Les chercheurs occupent une place privilégiée dans le système éditorial scientifique. En tant qu’auteurs, « reviewers », éditeurs scientifiques, ils sont garants de la qualité scientifique de la production, mais aussi acteurs des modèles éditoriaux innovants (open peer-review, épi-revues...). Les nouvelles pratiques de diffusion de la recherche montrent que la visibilité des travaux peut être découplée des métriques traditionnelles, notamment le facteur d’impact. Ces mutations conduisent à s’interroger sur la place de l’open access dans l’évaluation des chercheurs. Le secrétaire perpétuel de l’Académie des sciences invite ainsi la communauté internationale à se mobiliser pour instaurer des démarches d’évaluation plus qualitatives.

Outre l’implication des chercheurs, la solidité d’un écosystème favorable à l’open access repose sur la détermination des politiques institutionnelles. Bernard Rentier, ancien recteur de l’Université de Liège, a témoigné des retombées positives en matière de visibilité pour les chercheurs avec le « modèle liégeois ». En France, l’Institut national de recherche en informatique et en automatique (Inria) a réaffirmé sa politique volontariste d’un accès ouvert le plus large possible à sa production ; d’autres projets, comme celui de l’archive ouverte de l’Université de Strasbourg, associant publications et données, sont prometteurs. Christine Berthaud, directrice du Centre pour la communication scientifique directe (CCSD), a confirmé le renforcement des moyens de son unité pour l’évolution de Hal1.

Les prochaines étapes de l’open science

Sous l’impulsion de l’open science, les modes de diffusion des résultats de la recherche ont évolué, notamment avec les réseaux sociaux académiques ; leurs liens avec l’open access ne sont cependant pas très clairs... Les pratiques de dépôt dans les archives ouvertes peuvent encore être simplifiées : c’est ce que propose l’outil Dissem.in de l’ENS2, qui facilite le repérage des articles et leur dépôt. Les données de la recherche instaurent une nouvelle dimension dans le processus scientifique : elles aussi doivent pouvoir être référencées, évaluées et citées. Le pilote dont elles font l’objet dans le programme-cadre de recherche Horizon 20203 vise d’ailleurs à sensibiliser les chercheurs à leur conservation et à leur diffusion. Nouvelles pratiques sociales de la science, valorisation des résultats de la recherche et statut des données constituent ainsi autant d’enjeux prospectifs.

Pour en savoir plus, voir le site Couperin dédié à l’open access en France : http://openaccess.couperin.org/

1 https://hal.archives-ouvertes.fr/

2 http://www.dissemin.net/

3 http://www.horizon2020.gouv.fr/

Notes

1 https://hal.archives-ouvertes.fr/

2 http://www.dissemin.net/

3 http://www.horizon2020.gouv.fr/

Illustrations

Citer cet article

Référence papier

Marlène Delhaye et Isabelle Gras, « Retour sur les journées Open access de Couperin : la science ouverte en marche ! », Arabesques, 81 | 2016, 27.

Référence électronique

Marlène Delhaye et Isabelle Gras, « Retour sur les journées Open access de Couperin : la science ouverte en marche ! », Arabesques [En ligne], 81 | 2016, mis en ligne le 31 juillet 2019, consulté le 19 avril 2024. URL : https://publications-prairial.fr/arabesques/index.php?id=785

Auteurs

Marlène Delhaye

Gestionnaire de ressource électronique et responsable open access Aix Marseille Université

marlene.delhaye@univ-amu.fr

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Isabelle Gras

Gestionnaire de ressource électronique et responsable open access Aix Marseille Université

isabelle.gras@univ-amu.fr

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