Les plateformes d’écriture et de publication ou la dilatation contrôlée de territoires numériques

DOI : 10.35562/balisages.612

Résumés

Les plateformes d’écriture et de publication, loin d’être uniquement des entreprises de l’e-commerce, s’avèrent être de riches territoires numériques accueillant, sous couvert d'une démarche participative, tous types d’auteurs et de lecteurs où chacun a la possibilité de s’exprimer, d’écrire et d’éditer son manuscrit en toute autonomie. Alimentées par des textes qui arrivent en flux constant, les plateformes sont des territoires qui ne cessent de se dilater et d’accroître leur reconnaissance auprès d’un large public. Pourtant, bien que ces terres d’accueil aient un aménagement où rien n’est laissé au hasard, elles ne sont pas exemptes de défauts du fait d’un apparent manque de surveillance interne qui les rend vulnérables. En nous fondant sur une étude universitaire menée sur la plateforme d’auto-édition Kindle Direct Publishing, nous montrerons dans cet article qu’Amazon, loin de se cantonner à la fonction de site marchand, a notamment intégré dans son espace numérique un territoire numérique où circulent quantité de textes inédits appréciés par les lecteurs attirés par une littérature de divertissement.

Writing and publishing fora, not only being e-trade companies hidden behind a participatory approach, appear to be abundant digital territories welcoming all types of authors and readers; each of the latter has the opportunity to speak out, write or publish his opus in total autonomy. Fed by texts constantly coming in, those platforms never cease to grow towards a constantly larger public. However well organised they seem though, the e-platforms are not flaw-free due to a lack of internal monitoring that makes them vulnerable. Based upon an academic study on the Kindle Direct Publishing auto-edition platform, we will demonstrate in our article that Amazon has drifted from its core marketing role to including a digital space where quantity of unpublished texts are available, highly appreciated by readers attracted to entertainment literature.

Index

Mots-clés

Amazon, Kindle Direct Publishing, Wattpad, plateformes numériques, territoires numériques

Keywords

Amazon, Digital platform, Digital territories, Kindle Direct Publishing, Wattpad

Plan

Texte

Révolution numérique, transformation numérique et transition numérique se font écho parmi les appellations de nouveaux concepts inlassablement renouvelés. À partir d’un même thème, ces variations lexicales soulignent combien le numérique transforme les sociétés et leurs fondements dans une tendance amorcée dès les premières décennies du XXIe siècle.

Cette véritable submersion numérique a fait naître en même temps dans ses remous l’expression ambiguë de « territoires numériques ». Selon Pierre Musso [2008], cet oxymore renvoie à deux définitions. Une première désigne un « territoire physique qui est en train d'être – et devrait être – […] transformé en bits d'information », tandis qu’une deuxième indique une « superposition de réseaux techniques sur le territoire où coexisteraient et s'articuleraient deux mondes, l'un physique et l'autre numérique ». C’est cette dernière approche qui mérite tout particulièrement d'être retenue ici.

De cet univers dématérialisé, inédit et peu anticipé, ont fini par surgir des territoires numériques et autres plateformes culturelles où des espaces scripturaux et éditoriaux se superposent désormais au monde de l'édition traditionnel en offrant aux auteurs tous les outils pour écrire et se publier en toute autonomie. Par exemple, Wattpad [Candel, 2007 ; Luthers, 2018], Librinova [Bosser, 2019], Kindle Direct Publishing [Bosser, 2019 ; Parmentier, 2020] ou encore Babelio, consacré davantage aux critiques littéraires [Deley, 2019] se comptent parmi ces espaces d'écriture et de publication, sans passer par un professionnel de l'imprimé. Tous, sous couvert d’une démarche participative, proposent à une nuée d‘auteurs et de lecteurs, souvent des amateurs [Flichy, 2010], de multiples services pour lire, écrire, commenter mais aussi s’éditorialiser [Vitali Rosati, 2013].

La plateforme Kindle Direct Publishing (KDP) d’Amazon a séduit bien des auteurs en accueillant chaque année plusieurs milliers d’ouvrages. Loin de rester indifférents, des lecteurs sont pour leur part attirés par des textes qu’ils peuvent lire et commenter à foison tout en les évaluant avec une note ou des étoiles de satisfaction. Dans l’hypothèse où KDP d’Amazon, au-delà d’être un géant mondial de l’e-commerce, est un territoire numérique, cette plateforme ne serait-elle pas un espace culturel de production et de diffusion de textes inédits et divertissants qui séduisent une partie du lectorat à la recherche d'une littérature grand public ?

Une récente étude aide à mieux appréhender cette question, il s’agit d’une enquête quantitative réalisée dans le cadre d’une thèse de doctorat [Parmentier, 2020]. Dans ce cadre, un questionnaire a été envoyé par courrier électronique à 200 auteurs francophones auto-édités sur Amazon. Des données ont ainsi été recueillies auprès de 50 d’entre eux qui se sont investis sur KDP. La grille du questionnaire composé de 59 questions reposait sur cinq axes principaux, avec des questions se rapportant aux attentes des auteurs envers l’auto-édition, sur leur investissement sur la plateforme KDP, sur les bénéfices de l’auto-édition pour leur publication, mais aussi des questions se rapportant à leur situation d’écrivain et leurs parcours. Les données issues de ce travail de recherche apportent de nécessaires informations pour se focaliser dans cet article sur la plateforme d’auto-édition KDP ainsi que sur les comportements des auteurs auto-édités qui y ont recours. Il semble dès lors opportun de s’interroger pour savoir si KDP est constitutif ou non d’un quelconque espace rassemblant une population soumise à des règles.

Dans cette perspective, il conviendra dans un premier temps de montrer en quoi le territoire numérique KDP dispose d’un aménagement sciemment orienté vers les différents services éditoriaux. Il s’agira ensuite d’identifier les savoirs constitutifs émanant de ce territoire qui génère également des nouvelles pratiques, des comportements, voire une gouvernance à la population nomade de son territoire virtuel. Enfin, sera analysée la question du contrôle de contenu sur cet espace dont le principe d’ouverture à tous les internautes va à l’encontre de toute logique de surveillance.

Kindle Direct Publishing : l’aménagement d’un territoire numérique

Il est difficile de parler a priori de territoire pour caractériser la plateforme KDP, car elle est volontairement présentée comme un espace sans limites ni contrôle d’accès. Sous un jour accessible au plus grand nombre d’auteurs et de lecteurs, KDP ne peut qu’apparaître comme une terre d’accueil pour tous. Pourtant, une observation plus fine montre que le géant du net, derrière cet affable vernis, a mis en œuvre « des stratégies spatialisées voire territorialisées » [Douzet & Limonier, 2014, p. 173] pour construire cette plateforme.

Tentatives d’approches d’un territoire numérique

La formule de territoire numérique est généralement employée à propos d’une extension des territoires physiques qui seraient « numériquement accompagnés » [Pagès, 2012]. L’exemple le plus courant est celui des projets d’aménagement du territoire [Le Béchec & Boullier, 2014] mis en place par les politiques territoriales afin de moderniser leurs espaces et d’offrir des services innovants aux habitants. Dernièrement, en France, pour faire face à la pandémie de la Covid-19, le ministère de l’Éducation nationale a recouru à cette expression pour présenter le projet de « Territoires numériques éducatifs »1 expérimenté dans l’Aisne et le Val-d’Oise, avec pour objectif de poursuivre la continuité pédagogique grâce à l’outil numérique. Dans ce cas, un monde matériel, celui de l’enseignement avec ses établissements scolaires, quitte le monde physique. Cette démarche n’est pourtant pas à sens unique, elle se manifeste parfois en sens inverse. Ainsi, l’observation des terres de l'espace numérique montre qu’il existe des territoires numériques qui, sans être un prolongement d’un territoire physique, ont réussi à s’imposer tout en proposant des services innovants. Dans ce vaste environnement qualifié de terrestre ont en effet émergé des « étendues de terrain relativement plane, situées en hauteur par rapport au terrain environnant »2 que l’on appelle les plateformes. Appartenant le plus souvent aux géants du net, les plateformes numériques sont des entreprises qui, sans coup férir, ont conquis et structuré l’espace numérique grâce à leur renommée et à leur force de pénétration, qui, une fois réunies, deviennent une force de dissuasion pour convaincre l’usager de ne pas se détourner d’elles.

Définies par le Conseil national du numérique comme « un service occupant une fonction d’intermédiaire dans l’accès aux informations, contenus, services ou biens, le plus souvent édités ou fournis par des tiers »3, les plateformes numériques, présentes dans beaucoup de filières, sont conçues comme de véritables territoires numériques. Essentiellement constituées par l'expérience personnelle des internautes, les plateformes ainsi que les territoires numériques sont des terres d’accueil et de partage illimité. À l’instar d’espèces vivantes, ces entités sont mouvantes et en constante évolution, puisqu’un flux continu les alimente dans une logique de liberté et de facilité grâce aux différents services offerts à l'ensemble d'une communauté sous un format dématérialisé régulé.

KDP, sans être une extension physique d’une maison d’édition traditionnelle, répond à cette définition pour être une plateforme numérique internationale à la disposition de tout auteur indépendant souhaitant prendre en main toutes les étapes de la publication de son manuscrit. Créée au début des années 2000 sur l’initiative de Jeff Besos qui s’est intéressé au monde du livre dès la création d’Amazon, KDP est construite comme un territoire numérique qui accueille toujours avec le sourire (rappelons que le logo d’Amazon est une flèche qui pointe vers le haut en forme de sourire) et offre aux auteurs des services éditoriaux innovants proches de la gratuité, tout en étant d’une rapidité jusqu’ici jamais égalée. Avec un slogan accrocheur sur la page d’accueil : « Publiez, sans frais, des ebooks et livres brochés en autoédition via Kindle Direct Publishing et touchez des millions de lecteurs sur Amazon », ainsi qu’une vidéo très simple d’une durée de moins de 2 minutes présentant un bonhomme qui s'édite en toute simplicité, les internautes ont trouvé en KDP une terre d’accueil à portée de main.

Figure 1. Logo Kindle Direct Publishing

Figure 1. Logo Kindle Direct Publishing

Source : < https://kitaabonline.files.wordpress.com/2015/11/kdp-amazon.jpg >.

La population de KDP

Tous les éléments constituant l’aménagement d’un territoire sont présents sur KDP. Tout d’abord, cette plateforme est peuplée d’habitants. Appelés les « Indés », du fait de leur indépendance éditoriale, les auteurs qui pénètrent ce territoire en créant leur compte sur KDP ont un profil particulier. Il serait erroné de croire que tous les auteurs qu’intéresse cette plateforme sont des exclus du système éditorial se rabattant ensuite sur l’auto-édition après de multiples refus de « la galaxie Gutenberg ». L’étude menée auprès de 50 auteurs auto-édités sur KDP montre que ce sont pour la plupart des personnes qui, ayant entre 30 et 50 ans, sont le plus souvent hautement diplômées et bénéficient d’une situation professionnelle bien établie. Passionnés par l’écriture et la lecture qu’ils pratiquent depuis longtemps, ces individus sont 42 % à avoir commencé à écrire dès l'enfance et 26 % à l'adolescence [Parmentier, 2020, p. 147]. Ils ont rejoint l’auto-édition dans le but de se faire plaisir pour 77 % d’entre eux et ont trouvé en KDP une terre éditoriale pour mener jusqu’au bout leur projet de publication. Ils cultivent et enrichissent ce territoire en y déposant une diversité de manuscrits, rapidement accessibles aux possesseurs de Kindle, le lecteur d'Amazon. Auront aussi accès à ces textes tous ceux qui possèdent les applications Amazon pour Smartphone, tout comme ceux qui se connectent sur le cloud reader du géant de la vente en ligne. Parmi les habitants de ce territoire, il y a aussi les lecteurs qui y occupent une grande place. Attirés par une quantité de créations inédites, particulièrement des livres de romance, mais aussi des romans fantastiques et des thrillers [Parmentier, 2020, p. 153], les lecteurs jouent un rôle prépondérant sur KDP, car ils évaluent à leur guise des publications auto-éditées. Circule ainsi sur ce territoire une vaste population qui en forme une communauté supranationale, multilingue et multiculturelle, mais dont les rapports sont soumis au droit des États-Unis.

Le contrat fait loi sur KDP

Sur KDP, les auteurs disposent de plusieurs outils incontournables pour se guider. Cette disposition suggère que les rapports entre la plateforme et eux se situent au-dessus des droits nationaux. En terre « amazonienne », les liens sont en effet régis, non pas par un contrat d’édition qu’établit en France par exemple Le Code de la propriété intellectuelle en définissant les obligations de l'auteur et de l'éditeur, mais par un contrat de cession de licence de distribution4 qui dispose en dix points5 des droits et devoirs à respecter. Outre le contrat établi par Amazon, d’autres outils accompagnent les auteurs débutants. KDP Jumpstart, par exemple, est une rubrique qui donne des instructions simples pour mener pas à pas tout projet de publication.

Figure 2. Capture d’écran KDP Jumpstart

Figure 2. Capture d’écran KDP Jumpstart

Source : < https://kdp.amazon.com/fr_FR/help/topic/G202187740 >.

En dehors même du cadre juridique, un format technique s’impose habilement aux auteurs sous couvert de conseils. Pour plus de précisions, la rubrique d’aide constitue une véritable bible technique pour tous les auteurs, quel que soit leur degré d’expérience. Pour créer son compte et gérer l’ensemble des étapes de la publication du livre, un auteur dispose de toutes les informations sur cette rubrique. Chacun y trouve tous les détails allant de la préparation du manuscrit jusqu’aux conditions de vente, en passant par la mise en forme, la promotion ou les commandes. Rien n’est ainsi laissé au hasard sur KDP, puisque même les informations concernant les chiffres de ventes sont à la disposition des auteurs. Les créations littéraires que propose KDP ont une valeur marchande reconnue dans la loi du contrat, elles sont en conséquence soumises à la loi du marché.

L’incontournable loi du marché

Le rapport des ventes est un autre outil important à la disposition des auteurs. Véritable atout d’Amazon, cette rubrique leur propose huit types de rapport6, ils permettent d’accéder en temps réel à tous les éléments comptables sur leur publication. Cette fonctionnalité pourrait éventuellement être considérée comme une carte d'orientation pour les auteurs, car ils sont dès lors capables de suivre leurs activités dans l'immensité de ce territoire. Par ailleurs, ils disposent aussi d’un espace de communication appelé KDP Community qui est un forum fait de différentes thématiques où ils peuvent échanger sur des questions relatives à leur publication.

Enfin, le top 100 est le baromètre incontournable sur KDP qui régule les flux de circulation sur ce territoire. Emprunté au monde musical, ce classement de type « hit-parade » hiérarchisé de 1 à 100, s’apparente à un véritable indicateur pour un auteur ; cet instrument de bord permet de mesurer l'impact de son œuvre sur le marché. Cet outil est aussi utile pour les lecteurs, car ils peuvent s’y référer pour découvrir les livres les plus en vogue. Le fonctionnement du top 100 est simple : plus un auteur cumule d’étoiles et de bonnes notes, plus il est susceptible de faire des ventes et de se hisser dans le classement pour y atteindre un jour la première place.

Figure 3. Capture d’écran Le top 100 d’Amazon

Figure 3. Capture d’écran Le top 100 d’Amazon

Source : < https://bit.ly/3ml1h4Z >.

À partir des arguments qui viennent d’être exposés, KDP d’Amazon semble s'ériger en véritable territoire numérique doté d’une population, de lois, d’une gouvernance et de flux d’échanges monétarisés. L’aménagement du territoire KDP étant ainsi clarifié, il est désormais possible de s’intéresser plus particulièrement aux savoirs constitutifs qui émanent de cet espace. Les habitants de cette plateforme développent en effet un écosystème complet dans lequel ils acquièrent et exploitent de multiples savoir-faire, mais aussi des connaissances techniques et des compétences communicationnelles susceptibles de révéler des talents créatifs.

La richesse « amazonienne » : savoirs, compétences et ressources

La plateforme d’Amazon est un riche territoire susceptible de fidéliser un grand nombre d’auteurs. D’après l’étude déjà citée, 56 % des sondés apprécient cette plateforme, et 54 % d’entre eux n’ont pas l’intention de changer d’espace pour se publier. Beaucoup soulignent même que KDP leur a apporté d’incontestables bienfaits, notamment en matière d’édition. Plusieurs insistent même sur le fait que KDP leur a permis de rencontrer du succès, de la reconnaissance, voire d’atteindre un certain degré d’expertise.

Savoir-faire et compétences techniques

En ayant trouvé à leur disposition tous les outils nécessaires pour mener à bien leur entreprise, les auteurs ont acquis sur KDP les diverses compétences éditoriales pour « faire livre ». À l’instar des professionnels de l’édition, les auteurs de KDP ont la possibilité de mettre en forme leur texte, de créer leur page de couverture, de rédiger leur résumé et d’indiquer eux-mêmes le prix du livre pour le rendre public sur la plateforme d’Amazon. Pour ce qui est de l’indispensable travail de correction, c’est en revanche à leur entourage que 34 % des auteurs interrogés s’en remettent pour franchir cette périlleuse étape. En même temps, les auteurs ont développé des compétences pour valoriser leur publication. Pour y parvenir, tous les sondés se sont largement impliqués dans la promotion de leur ouvrage, sachant que 22 % d’entre eux y consacrent plus de 8 heures par semaine [Parmentier, 2020, p. 170-171]. Chris Constantini [2018], un auteur auto-édité sur KDP, témoigne de l’enrichissement que lui a apporté le fait de réaliser lui-même la promotion de son ouvrage : « Grâce à l’autoédition, j’ai pu faire la promotion de mon roman en temps réel, toucher un public beaucoup plus large et voir la réaction de mes lecteurs [...] Avec l’édition traditionnelle, quelqu’un qui n’a pas aimé votre roman n’a aucun moyen de vous le dire. Avec KDP, il vous le dit et je trouve ça intéressant en tant qu’auteur ».

À force d’efforts, certains auteurs ont acquis un tel savoir-faire éditorial qu’ils sont devenus des experts en auto-édition, tels les époux Vandroux. Tous les deux ingénieurs établis à Grenoble, ils s’investissent depuis 2012 dans l'auto-édition tout en formant un véritable binôme professionnel aux tâches bien réparties : lui écrit tandis qu’elle corrige, met en forme et gère toute la communication. Ce couple est devenu une référence dans le domaine de l’auto-édition, et leur expertise leur a même permis d’éditer un manuel pour aider les auteurs à se publier sur KDP intitulé Grimpez vers le top 100.

Au-delà d’ouvrir l’accès à de nombreuses compétences, KDP est aussi un outil de communication entre les auteurs et les lecteurs.

Une mise en sociabilité pour s’améliorer

L’un des avantages stratégiques de KDP, mais aussi d’autres plateformes d’écriture et de publication comme Wattpad, est de mettre en relation directement les auteurs et leurs lecteurs. De cette mise en relation naissent des flux d’informations qui constituent un enrichissement constant pour les auteurs. Autrefois, ces derniers avaient tendance à s’isoler pour écrire, mais aujourd’hui avec les espaces du net, ils sont en contact permanent avec leurs lecteurs. KDP est un territoire où les lecteurs occupent une place importante incontestable. Outre la possibilité d’acheter des livres en version papier ou en numérique afin de les lire sur leur liseuse Kindle d’Amazon, les lecteurs ont aussi la faculté de donner leurs avis sur une publication, de la commenter et de lui attribuer une note ou des étoiles de satisfaction. Grâce à un espace dédié aux commentaires, les lecteurs peuvent aussi souligner les défauts d’un livre en relevant par exemple les fautes d’orthographe ou de syntaxe comme en témoignage Jacques Vandroux qui a bénéficié à ses débuts des conseils de lecteurs : « J'ai eu droit à des commentaires critiques sur les fautes d'orthographe. Nous avons consacré beaucoup d'énergie à tout corriger » [Peras, 2016].

Figure 4. Capture d’écran Les commentaires clients sur KDP

Figure 4. Capture d’écran Les commentaires clients sur KDP

Source : < https://kdp.amazon.com/fr_FR/help/topic/G202101910 >.

Les commentaires des lecteurs ne se résument pas à de simples conseils d’écriture ; il peut aussi s’agir d’encouragements pour soutenir les auteurs dans leur aventure. 26 % des sondés ont en effet indiqué que les commentaires des lecteurs leur apportaient de la confiance en eux-mêmes [Parmentier, 2020, p. 174]. Quand bien même de tels commentaires ne suggèrent aucune amélioration dans l’écriture, ces messages ont pour vertu de rassurer les auteurs dans leur projet éditorial. En disposant sur KDP de différents outils pour entrer en contact avec les auteurs ou pour commenter leur publication, les lecteurs jouent désormais un rôle inédit dans la chaîne éditoriale.

Un processus de publication et de valorisation a posteriori

La grande originalité de KDP, ou d’autres espaces de publication, est d’être un dispositif ouvert, sans barrière d’accès, et où le contrôle d’une publication se fait a posteriori [Cardon, Levrel, 2009] par les lecteurs. En évaluant les parutions par des notes ou des étoiles, les lecteurs participent en effet au processus de mise en visibilité d’un livre. Ce mode d’approbation d’une publication, original et dépendant du seul consentement des lecteurs, bouleverse l’ordre établi depuis plus d’un siècle au sein de la chaîne du livre. Ce ne sont plus les professionnels de l’imprimé qui expertisent la qualité littéraire d’un texte, mais les lecteurs qui semblent plus à même de juger le contenu d’un livre et d’identifier leurs besoins de lecture. Ce partage de la scène éditoriale entre les lecteurs et les auteurs génère des interférences en mettant sur le marché une littérature 2.0, facile d’accès, légère et divertissante, à bas prix et auparavant peu de visible en librairie. Autrefois, les professionnels du livre faisaient peu cas des lecteurs et leur imposaient leurs propres choix de lecture. Dorénavant, sous forme d’une revanche numérique, ces mêmes lecteurs, en choisissant en ligne des auteurs, ont remis au goût du jour des genres littéraires considérés comme populaires et délaissés par les éditeurs. Les livres de romance comme ceux de la saga After d’Anna Todd écrite sur Wattpad, vendue aujourd’hui dans 26 pays, ou encore les livres feel good comme celui d’Agnès Martin Lugand Les gens heureux lisent et boivent du café, auto-édité sur KDP, vendu à plus de 400 000 exemplaires avec les droits étrangers achetés dans 18 pays, sont des genres littéraires qui ont trouvé leur place sur le net. En attribuant un rôle prépondérant aux lecteurs, cette entreprise du numérique a bouleversé les rapports entre les acteurs du monde du livre tout en créant de nouvelles pratiques éditoriales.

Des comportements différents

Au-delà des savoirs, des connaissances et des compétences, KDP génère aussi de nouveaux comportements culturels. Auparavant, il était presque impossible pour un auteur de se passer d’un professionnel du livre, seul détenteur d’un savoir-faire : il engageait son nom, sa marque, son crédit et son argent dans le soutien d'une œuvre. Désormais, un auteur peut se passer de tout intermédiaire physique. Grâce à la technicité éditoriale acquise sur KDP, les auteurs auto-édités peuvent en effet se sentir plus légitimes en faisant livre par eux-mêmes. Mieux expérimentés et donc plus professionnels, ils sont maintenant en mesure de négocier avec les éditeurs qui viennent les solliciter : « Désormais, quand on me refuse un manuscrit, je peux m’auto-éditer. Ça a inversé le rapport de force puisque je me sens plus forte, je négocie certains points avec les éditeurs et si je suis mécontente, je peux refuser, je n’ai plus à mendier aux portes des éditeurs » [Orisini, 2018] témoigne Alice Quinn, auteure auto-éditée sur KDP avec son roman Une place en enfer, aujourd’hui reconnu par le grand public.

Il est à noter un changement d’attitude du côté des professionnels de l’imprimé à l’égard de l’auto-édition. Auparavant, les éditeurs ne prêtaient guère d’attention aux auteurs amateurs et leur gardaient le plus souvent porte close ; aujourd’hui, ils cherchent au contraire à tirer parti des plateformes. Ces professionnels ont adopté une attitude différente vis-à-vis des publications auto-éditées qui font le buzz sur les espaces du net. Les éditeurs traditionnels ont trouvé en KDP un espace de veille où puiser des auteurs à succès afin de les publier sous leur enseigne : « En 2018, parmi les quatre-vingt-dix nouveautés du catalogue d’Hachette Jeunesse, dix étaient issues du partenariat avec Wattpad » [Deseilligny, 2021, p. 52]. La récupération que font des éditeurs de publications auto-éditées montre que KDP n’est pas un territoire clos sur lui-même. Au contraire, deux systèmes, a priori concurrentiels, peuvent se superposer et coexister comme le suggère la définition de Pierre Musso citée en introduction. Des passerelles se révèlent possibles entre territoire numérique et territoire physique, puisque des auteurs issus de l’auto-édition n'hésitent plus à migrer vers les terres aux mains des professionnels de l’imprimé.

De cette faculté de migrer d’un territoire à l’autre naissent des nouveaux auteurs que l’on appelle « les auteurs hybrides » : ils ont un pied dans deux territoires. Ce sont en effet des auteurs dont les publications numériques sont publiées sur une plateforme, mais qu’un éditeur propose aussi en version papier. Amazon apparaît ainsi comme un passeur de frontière pour les auteurs à succès repérés grâce à KDP. Les auteurs amateurs, loin de rester cantonner Aux frontières du champ littéraire [Poliak, 2006], arrivent à être présents sur deux territoires supposés peu conciliables : celui des éditeurs dans lequel les livres sont lus, triés et sélectionnés avant d’être édités, et celui aux mains du géant du net qui sans aucune relecture met sur le marché des livres sans correction.

KDP est un territoire numérique d’une grande richesse pour les auteurs sans grande expérience. De cet espace émanent ainsi différents savoirs techniques pour faire livre permettant d’acquérir des compétences éditoriales individuelles. La mise en sociabilité possible entre auteurs et lecteurs sur KDP, faisant office de comité de lecture, est aussi une source d’enrichissement pour les auteurs qui, loin d’être isolés, sont guidés dans leur travail littéraire. Ce territoire novateur, ouvert et dynamique générant de nouveaux comportements tant chez les auteurs que chez les éditeurs, n’est pourtant pas exempt de critiques. Ainsi, après avoir identifié les savoirs constitutifs émanant de ce territoire, son système de surveillance mérite dès à présent d’être analysé.

La surveillance et la régulation : le dilemme amazonien ?

L’un des attraits de KDP est de se présenter comme dépourvu de contrôle ; ce modèle organisationnel sans surveillance régulière génère cependant de nombreuses failles.

Des fraudes difficilement maîtrisables

« La contrefaçon, l’usurpation d’identité de l’auteur, le clonage de titres, le piratage d’ebooks, le plagiat par copier-coller… » [Gary, 2019] sont légion sur KDP. De nombreux auteurs ont été victimes d’usurpation d’identité, tel Patrick Reams, auteur américain dont l’identité a été usurpée sur KDP en 2018. Figurent aussi sur la liste des victimes Milly Johnson, Miranda Dickinson et Melissa Hill : elles aussi ont vu leur nom inscrit sur des livres vendus par des tiers chez Amazon [Gary, 2017] alors qu’elles ne les avaient pas écrits.

Par ailleurs, des auteurs traditionnels ont même vu leurs œuvres plagiées. Le cas de Nora Roberts est bien connu, puisque cette auteure de best-sellers a attaqué en justice en 2019 une auteure sur KDP pour plagiat.

La vente de faux livres est une autre arnaque courante ; l’escroquerie consiste à récupérer les données de lecteurs pour les pirater dès qu’ils s’apprêtent à acheter un livre qui n’en est pas un. Dans une autre catégorie d’actions frauduleuses, il y a le cas de faux commentaires publiés pour booster les ventes de publications. Un sondé a ainsi dénoncé les subterfuges de certains auto-édités pour maximiser leurs chances de pénétrer dans le top 100 :

Je suis plutôt satisfait de la plateforme KDP d’Amazon, écrit-il, mais je déplore des pratiques assez malhonnêtes de la part de certains romanciers auto-édités avec un nombre hallucinant de commentaires élogieux et des notes à cinq étoiles. Apparemment, il y a pas mal de magouilles et de commentaires bidons, et c’est bien dommage, car le système fonctionne sur la confiance : la confiance du lecteur envers ces commentaires. Si une poignée de romanciers magouilleurs arnaquent le lecteur, au final, c’est toute la fiabilité du système qui est remise en cause, et tous les auteurs qui sont pénalisés, même les auteurs honnêtes. [Parmentier, 2020, p. 173]

Amazon, malgré des actions contre ces types de malversations [Sepausy, 2017], semble pris dans un véritable dilemme qui nuit à son modèle de publication accessible à tous. Comment en effet revendiquer une ouverture de l’espace de publication pour tous les auteurs, si la plateforme elle-même échoue à ce niveau et doit régulièrement intervenir pour tenter de réguler un terrain que minent différentes escroqueries ? Il en est de même avec le top 100 ; lui aussi semble sujet à des dysfonctionnements susceptibles de mettre en cause sa légitimité.

Malaise au sein du top 100

Une analyse méticuleuse du top 1007 révèle plusieurs incohérences à l’égard du classement. Le premier constat montre que des auteurs auto-édités, bien que classés dans le top 100, n’avaient ni notes, ni étoiles. Cette situation va à l’encontre de toute logique de classement ; elle ne peut qu’interroger. Comment se fait-il que des auteurs sans aucune notation soient positionnés dans le top 100, alors que le but de ce classement est de recenser les auteurs qui ont obtenu un maximum d’étoiles avec ou sans notation ? Une autre incohérence est apparue dans un second temps. Paradoxalement, des auteurs ont en effet reçu des commentaires négatifs, ainsi que des mauvaises notes, mais ils se trouvent classés [Parmentier, 2020, p. 206], et, parfois mieux que certains auteurs aux notes pourtant supérieures. Cette surprenante contradiction provoque des doutes sur la fiabilité de ce top 100, et plus particulièrement sur la logique algorithmique employée [Le Béchec & Alloing, 2018] pour baliser ce territoire. Qui contrôle ce classement ? Quelles valeurs sont liées aux choix algorithmiques ? Au fond, rien n’est connu sur la gouvernance des algorithmes, ni sur la gestion des données circulant sur ce territoire et susceptibles d’être vendues à tout moment et sans préavis à d’autres plateformes [Tassart, 2020]. Les dysfonctionnements ainsi constatés remettent en cause l’intégrité du top 100. Par ailleurs, d’autres critiques sur la qualité des publications viennent fragiliser à leur tour le territoire numérique d’Amazon.

Une qualité littéraire critiquée

Les publications sur les espaces du net auto-éditées sans aide et, par conséquent, sans intermédiaire professionnel sont souvent sources de critiques [Daniel, 2015]. Bien que tous les outils soient mis à la disposition des auteurs pour qu’ils puissent atteindre un niveau de qualité au moins équivalent à celui des éditeurs, la pauvreté des textes est régulièrement mise en avant : histoire banale, fautes d’orthographe, de grammaire et de syntaxe, écriture proche de l’oralité, absence de ponctuation, thèmes stéréotypes et très balisés. Par ailleurs, plusieurs témoignages d’auteurs remettent en cause l’influence des lecteurs dont les commentaires viennent perturber leur travail d’écriture. Marion Roudaut, auteure auto-éditée de fantaisie, témoigne de son expérience sur Wattpad :

J’ai pris du recul sur l’ensemble de mes livres et […] j’ai compris qu’on ne pouvait pas écrire, corriger et publier un chapitre excellent en deux semaines, et penser qu’on ne le retouchera pas. C’est impossible. Mes tomes étaient peut-être sympas, fun, divertissants, mais ils n’allaient pas au fond des choses. […] La ferveur de mes nombreux lecteurs exerçait une sorte de pression que j’ai mise trois ans à percevoir. J’écrivais de manière quasi compulsive, mécanique, avec en tête l’impatience de pouvoir livrer mon travail et de lire la satisfaction procurée à mes lecteurs. [Gary, 2016]

Pour Thierry Crouzet, s’impose un constat voisin. Cet auteur passionné de technologies numériques a désormais une vision beaucoup moins positive des espaces numériques ouverts à tous [Alix, 2018]. De tels témoignages viennent confirmer l’idée selon laquelle la littérature issue des plateformes manquerait de profondeur, ce qui dévaloriserait incontestablement les territoires numériques à vocation littéraire. Si la qualité des publications est régulièrement critiquée au point de remettre en cause la pertinence des activités éditoriales sur KDP, la gouvernance d’Amazon, particulièrement visible dans le contrat de cession de licence, vient à son tour démanteler toute idée de territoire collectif.

Un territoire commun questionné

Si chaque auteur est libre de publier ses écrits sur les espaces du net, puis de les corriger à l’infini, KDP n’est pourtant pas vraiment un territoire libre et ouvert à tous comme le laisse entendre Amazon. La lecture des pages du contrat de licence de distribution révèle que l’esprit collectif et l’indépendance, tant revendiqués par le géant de Seattle, ne sont pas vraiment une priorité. La firme américaine, loin de favoriser un projet commun, s’impose comme un acteur hégémonique qui, à tout moment, peut modifier comme bon lui semble les règles communes du territoire. Si ce document insiste en effet sur l’investissement massif que doit être celui de l'auteur à toutes les étapes de la publication, la multinationale, quant à elle, n'a aucune obligation et « se réserve de nombreux droits »8 comme celui notamment de modifier comme bon lui semble le « contrat » : « Nous nous réservons le droit de modifier les stipulations du présent contrat à tout moment à notre seule discrétion »9. On voit là que le projet de créer un territoire commun où chacun a la parole, la possibilité d’écrire, de se publier, de commenter et de prescrire est à relativiser quand la gouvernance du territoire se trouve in fine entre les mains d’un seul acteur omnipotent.

Conclusion

Loin d’être uniquement des entreprises de l’e-commerce, les plateformes d’écriture et de publication s’avèrent être de riches territoires numériques accueillant tous types d’auteurs et de lecteurs afin de construire un projet commun. Chacun y a la possibilité de s’exprimer, d’écrire et d’éditer son manuscrit en toute autonomie. En donnant un jour rénové à l’acte d’écrire et de se publier, Amazon, Wattpad, ou d’autres espaces ont pris possession des terres inexploitées par les éditeurs ; ces nouveaux acteurs de la littérature se sont imposés dans le domaine de la production auto-éditée tout en favorisant sa diffusion à grande échelle. Alimentées par des textes qui arrivent en flux constant, les plateformes sont des territoires qui ne cessent de se dilater et d’accroître leur reconnaissance auprès d’un large public. En plus de générer des connaissances et des savoir-faire éditoriaux permettant de faire livre, les plateformes ont aussi modifié les comportements des acteurs de la chaîne du livre, désormais contraints de s’adapter devant ces territoires émergeants. Dans leur élan, ces plateformes ont mis sur le marché une multitude de textes auto-édités appartenant à des genres littéraires souvent peu prisés par les professionnels de l’imprimé, mais largement appréciés des lecteurs. Par exemple, les jeunes semblent aimer tout particulièrement cette littérature composée de romance, de fantastique, de science-fiction ou encore des thrillers [Vincent Gérard & Vayssettes, 2018].

Pourtant, bien que ces territoires aient un aménagement où rien n’est laissé au hasard, ils ne sont pas exempts de défauts ; ceux-ci sont en général associés à une surveillance interne insuffisante qui les rend vulnérables. Les plateformes, notamment KDP, sont régulièrement en proie à de multiples attaques qui viennent polluer leur fonctionnement. Plusieurs aspects endogènes viennent à leur tour ternir l’image très démocratique qu’Amazon se force d’afficher et de cultiver. L’analyse du contrat de licence, le constat réalisé sur le fonctionnement douteux du top 100, la possibilité de créer de faux commentaires montrent que, malgré une construction méticuleuse et réglementée pour accueillir une diversité d’auteurs et de manuscrits, KDP n’est pas un territoire numérique suffisamment contrôlé. Aux yeux de certains, ce manque de régulation pourrait montrer KDP comme un territoire peu équitable où le meilleur comme le pire peuvent néanmoins se côtoyer. Plus habilement peut-être, en récusant toute fonction de censeur éditorial, KDP promeut son image d'espace de tous les possibles.

1 Voir le projet sur le site du ministère de l’Éducation nationale. < https://www.education.gouv.fr/les-territoires-numeriques-educatifs-306176 >.

2 D’après la définition du Larousse. < https://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/plateforme/61532 >.

3 D’après la définition du Conseil national du numérique. < https://cnnumerique.fr/ >.

4amzn.to/3a1Ig1P >.

5 Les 10 points sont les suivants : Acceptation du contrat, Modification du contrat, Durée et résiliation, Admission et inscription, Droits de

6 Tableau de bord des ventes, Historique, Mois en cours, Paiements, Précommandes, Promotions, Redevances des mois précédents et Campagnes

7 Analyse réalisée le lundi 16 octobre 2017 de 10 à 11 heures.

8 Expression citée neuf fois dans le contrat de cession de licence d’Amazon.

9 Extrait du contrat de cession de licence. < https://kdp.amazon.com/fr_FR/terms-and-conditions >.

Bibliographie

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Notes

1 Voir le projet sur le site du ministère de l’Éducation nationale. < https://www.education.gouv.fr/les-territoires-numeriques-educatifs-306176 >.

2 D’après la définition du Larousse. < https://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/plateforme/61532 >.

3 D’après la définition du Conseil national du numérique. < https://cnnumerique.fr/ >.

4amzn.to/3a1Ig1P >.

5 Les 10 points sont les suivants : Acceptation du contrat, Modification du contrat, Durée et résiliation, Admission et inscription, Droits de distribution des livres, Propriété et contrôle des biens d’Amazon, Confidentialité, Restrictions de responsabilité, Force majeure et Dispositions légales.

6 Tableau de bord des ventes, Historique, Mois en cours, Paiements, Précommandes, Promotions, Redevances des mois précédents et Campagnes publicitaire.

7 Analyse réalisée le lundi 16 octobre 2017 de 10 à 11 heures.

8 Expression citée neuf fois dans le contrat de cession de licence d’Amazon.

9 Extrait du contrat de cession de licence. < https://kdp.amazon.com/fr_FR/terms-and-conditions >.

Illustrations

Figure 1. Logo Kindle Direct Publishing
Figure 2. Capture d’écran KDP Jumpstart

Figure 2. Capture d’écran KDP Jumpstart

Figure 3. Capture d’écran Le top 100 d’Amazon

Figure 3. Capture d’écran Le top 100 d’Amazon

Source : < https://bit.ly/3ml1h4Z >.

Figure 4. Capture d’écran Les commentaires clients sur KDP

Figure 4. Capture d’écran Les commentaires clients sur KDP

Citer cet article

Référence électronique

Stéphanie Parmentier, « Les plateformes d’écriture et de publication ou la dilatation contrôlée de territoires numériques », Balisages [En ligne], 3 | 2021, mis en ligne le 15 novembre 2021, consulté le 28 mars 2024. URL : https://publications-prairial.fr/balisages/index.php?id=612

Auteur

Stéphanie Parmentier

Professeure documentaliste dans le secondaire au sein de l’Éducation nationale, docteure qualifiée en lettres modernes et chercheuse associée à l’IMSIC (AMU-UTLN)

Droits d'auteur

CC BY SA 4.0