Des portraits de revues tirés par…

DOI : 10.35562/canalpsy.2562

p. 6-8

Plan

Notes de la rédaction

Les enseignants qui ont répondu à l’appel de C. Durif-Bruckert, P. Mercader et J.-M. Talpin et présenté leur(s) revue(s) préférée(s) sont tous des maîtres de conférences à l’Université Lumière Lyon 2 à l’exception de Serge Portalier, Annik Houel, professeurs de Psychologie, et Maurice Berger, Louis Ploton, professeurs associés.

Texte

Jacques Aupetit

Psychologie française (Dunod éditeur)

Publication de la Société Française de Psychologie. Elle publie des comptes rendus de recherches originales, des articles de réflexion théoriques ou intéressant la pratique de la psychologie, des bilans de grands thèmes de la recherche ou de la pratique psychologiques, des comptes rendus de manifestations scientifiques ou d’activités intéressant les psychologues, des nouvelles concernant le monde de la psychologie. Surtout orienté recherche avec approche scientifique.

Pratiques psychologiques (PUF)

Nouvelle revue de la Société Française de Psychologie, orientée pratique psychologique. Elle propose aux professionnels des différents champs de la psychologie une réflexion sur les pratiques quotidiennes et les méthodologies ; une élaboration sur l’expérience professionnelle, la promotion de la recherche appliquée.

Maurice Berger

Psychiatrie de l’enfant (PUF)

Revue semestrielle, elle présente souvent des articles de fond qui sont des articles de référence pour les sujets concernés. Le comité de lecture est exigeant, ce qui assure une certaine qualité aux articles.

Revue de neuropsychologie de l’enfant et de l’adolescent

Revue consacrée à des thèmes (adoption, autisme, etc.). Elle publie aussi les comptes rendus des congrès de la Société de Neuropsychiatrie de l’Enfant et de l’Adolescent. Les articles sont d’une qualité inégale, mais certains peuvent être très intéressants.

Christine Durif-Bruckert

Traverses (Éditions de Minuit)

Revue trimestrielle du Centre Georges Pompidou. Traverses se constitue comme une véritable revue thématique, situant de façon toujours très rigoureuse les sujets traités à la jonction de larges perspectives interprétatives (anthropologiques, historiques, biotechnologiques, architecturales) ainsi que du champ politique.

Globalement, cette revue apporte un faisceau d’éclairages sur des questions qui, par leur nature insaisissable, heurtent la pensée (la mort, le corps, le temps, la peur…), sur des phénomènes sociaux sous-estimés quant à la multiplicité de leurs significations (la mode, l’épidémie, la cérémonie…) ou encore sur des objets longtemps occultés, carrément oubliés des sciences sociales et humaines, dont certains semblent être même, tout au moins au premier abord, sans grand intérêt (le papier, le reste, les bêtes…).

Je reste particulièrement fidèle à certaines publications qui s’imposent comme des documents de travail stimulants. Je pense au numéro sur l’épidémie, construit autour de l’analyse « des formes épidémiques », qui prennent aujourd’hui dans la modernité des aspects singuliers, principalement dans le champ des échanges sociaux : sont abordés les formes inédites de la propagation de l’information, l’analyse des nouveaux médias, le fonctionnement des rumeurs. Ces nouvelles formes épidémiques sont encore analysées au travers des systèmes de santé, ainsi que du fanatisme politique ou religieux…

Je citerai encore tout particulièrement « Lieux et objets de la mort » (premier numéro), « Panoplies du corps », « Le secret », ou encore « Le jour, la nuit » qui contiennent quelques « articles-traces » que je consulte, relis, conseille régulièrement, articles signés entre autres de M. de Certeau, Louis Marin, M. Le Bot, G. Vigarello, M. C. Pouchelle

Traverses, qui de plus est généreusement illustrée, nous lègue (interruption en 1994) toute une réserve d’analyses singulières, quelquefois inédites, toujours exigeantes.

Terrain (ministère de la Culture et de la Francophonie)

Revue semestrielle du patrimoine ethnologique. Tout d’abord centrée sur les approches régionalistes, elle s’est considérablement élargie aux travaux d’ethnologie européenne. Par ailleurs, la particularité de Terrain, c’est de prévoir pour chaque numéro un espace d’informations et de propositions, sorte de « tribune » permettant d’organiser la circulation des grands évènements du monde ethnologique. Parmi ceux-ci, retenons la description des dernières réalisations (muséographiques, audiovisuelles), la présentation des études récentes. Cet espace permet encore l’actualisation des sommaires des revues d’ethnologie les plus notoires (Ethnologie française, L’Homme, Techniques et culture, Anthropologie et sociétés…), la mise à jour des catalogues édités par la maison des Sciences de l’Homme, et autres ouvrages. Enfin, elle signale formations, appel d’offres, colloques de la mission du patrimoine. Bref, une revue solide sur le plan scientifique, et utile quant à l’organisation du travail de recherche et l’amélioration des échanges entre chercheurs.

Jean-Pierre Durif-Varembont

L’école des parents et des éducateurs

Mensuel grand public, qui ne fait pas dans la vulgarisation facile mais fait appel à des spécialistes pour des articles concernant les problèmes de l’enfant, de la famille, de l’école ou de la société. Illustrations et références bibliographiques. De lecture aisée, ils sont une bonne invitation et presque tous les thèmes concernant les étudiants en psycho. y ont été abordés.

Le groupe familial

Revue trimestrielle, thématique, faite par la Fédération Nouvelle des Écoles des Parents et dirigée par son équipe de recherche. Elle s’adresse à des professionnels. Articles de fond de chercheurs et de praticiens sur les questions de société et l’évolution de la famille. Références bibliographiques importantes pour chaque dossier thématique.

Autrement

Revue qui mêle autour d’un thème, des articles d’analyse assez poussée, des interviews de chercheurs ou de personnalités, des témoignages, des poèmes.

Deux séries principales : série « mutations » qui concerne les problèmes de société et de la famille (frères et sœurs, violences, l’adoption…), série « morales » où sont abordées les grandes questions de l’humanité (le pardon, le courage, la tolérance…).

Michèle Grosjean

Travail humain

« La » grande revue scientifique française de psychologie du travail et d’ergonomie. Les articles sont de trois types : articles théoriques, revue et bilan critique des conceptions en cours, recherches empiriques, et analyse critique d’ouvrages ou d’articles. Cette revue de grande tenue est très spécialisée. Elle fait le point sur l’état actuel de la recherche dans le domaine. C’est la seule revue de ce type en langue française.

Sociologie du travail

Revue scientifique de haut niveau, qui publie à la fois des recherches empiriques et se fait l’écho des débats théoriques qui agitent la communauté scientifique. Cette revue aborde des questions du travail d’un point de vue social tout à fait différent de Travail humain. Mais pour des psycho-sociologues du travail praticiens ou en formation, le regard sociologique est incontournable. En ce sens je recommande à tous mes étudiants de consulter systématiquement cette revue tous les mois. Citons très récemment un numéro spécial hors-série « Les énigmes du Travail » (XXXVI Hors-série 1994) que tout étudiant aurait grand bénéfice à lire dans son entier.

Psychologie du travail et des organisations

Revue internationale de langue française qui en est à son n° 2 et dont le comité de rédaction est constitué de psychologues du travail canadiens, français, suisses. Cette revue est liée à l’AIPTLF (Association Internationale des Psychologues du Travail de Langue Française). Le dernier numéro est consacré à l’évaluation psychologique.

Pratiques psychologiques (PUF)

Revue lancée par la Société Française de Psychologie à l’intention des psychologues praticiens. Les thèmes des premiers numéros laissent apparaitre un grand intérêt pour le domaine de la psychologie du travail.

Annik Houel

Nouvelles questions féministes

Revue qui existe depuis la résurgence du Mouvement des Femmes dans les années 75. Allie la rigueur scientifique et la critique féministe. Sa plus grande qualité : beaucoup d’articles (en français) de collègues étrangères. Approche surtout sociologique avec des thèmes très actuels, sujets à débat : la parité, les femmes et la guerre du Golfe ou plus classiques : le travail, la santé des femmes…

Revue internationale de psychologie sociale (PUG)

Bisannuelle. Existe depuis 1988, revue de très haut niveau méthodologique qui donne une très bonne idée des tendances en vogue en psychologie sociale mais aussi en psychologie, en tout cas au niveau universitaire. Mais du coup, les sujets restent un peu loin du terrain…

Denis Mellier

Bulletin de psychologie (Groupe étud. Psychol., Université de Paris)

Le Bulletin de psychologie est une revue de référence. Bientôt 50 ans ! Son histoire se confond avec celle du développement de la psychologie en France. Revue universitaire de qualité, son bureau est à la Sorbonne et elle est publiée en toute indépendance par rapport aux maisons d’éditions. De présentation quasi inchangée depuis des années, c’est une revue bimensuelle. Les articles sont souvent réunis par thème ou autour d’une équipe de recherche (quelques comptes rendus de soutenance de thèse et des analyses d’ouvrages et de revues).

La consultation de cette revue sur plusieurs années permet d’avoir un panorama complet des différents courants, surtout francophones, de la recherche en psychologie : citons surtout des numéros spéciaux régulièrement centrés sur une orientation de la psychologie (clinique, sociale, de l’enfant, la psycholinguistique, du travail, projective), des numéros thématiques (sur le jugement, l’intelligence, la mémoire, la mentalisation, le délire, le suicide, l’expertise, l’éducation, l’art, le groupe, la culture), certains autour d’auteurs sur l’histoire de la psychologie ou la profession de psychologue. À partir d’un problème donné et si l’on se donne le temps de chercher on est sûr de trouver un article assez pointu sur le sujet, que cela soit d’un auteur connu ou d’un autre jusqu’alors inconnu.

Fondée sur une certaine idée de l’unité de la psychologie, cette revue est peut-être moins citée que d’autres. De plus, une modernisation serait certainement utile pour qu’elle soit plus attrayante et maniable. Pendant combien de temps pourra-t-elle durer ?

Vous l’avez compris, le Bulletin de psychologie peut être sur le long terme une mine de richesses, mais sa présentation est plutôt austère, ses articles sont spécialisés.

Devenir

Devenir est une revue centrée sur le bébé. Elle est relativement récente (1989-1990). Son origine remonte au 4e congrès de « psychiatrie du nourrisson » organisé par la WAIPAD (Association Mondiale de la Psychiatrie du Nourrisson et des Disciplines Alliées). Il s’agissait sous l’impulsion de Serge Lebovici de se doter en Europe d’une revue francophone équivalente à celle existant outre-Atlantique. De ce fait son comité scientifique est très large et ses articles sont un peu à l’image des communications des congrès (qui se déroulent tous les trois ans) : ils sont souvent courts, répartis entre les deux rubriques « clinique » et « recherche », ils laissent une place à la dimension culturelle, ethnologique et cognitive, de même que l’approche peut être médicale, psychiatrique ou plus psychanalytique. Sa parution s’est appuyée au début sur un réseau de recherche à l’INSERM centré sur les interactions précoces, le docteur Antoine Guedeney assure la rédaction en chef. Cette revue est trimestrielle et de présentation agréable mais peu volumineuse.

Elle est une référence indépassable pour ceux qui mènent une recherche sur le terrain de la petite enfance comme cela a été mon cas. On trouve aussi bien des articles sur les thérapies mère-enfant que sur le deuil d’un enfant au Mali ou au Moyen-Âge ou l’activité d’un bébé à la crèche.

Cette revue trouve sa limite dans son optique thématique, il faut parfois se reporter ensuite à d’autres revues plus spécialisées pour approfondir un article.

Revue très accessible, Devenir ne semble pas avoir encore le succès qu’elle pourrait avoir en direction de son public. Est-ce dû à son prix ? Ses numéros ne sont-ils pas assez construits selon un thème ? Elle me paraît cependant très utile pour tous ceux qui interviennent dans la petite enfance.

Patricia Mercader

Communications (Seuil)

Revue créée en 1961, avec entre autres Roland Barthes, Edgar Morin, et à laquelle ont pu collaborer des auteurs comme Umberto Eco, Julia Kristeva, Pierre Legendre, Serge Moscovici, Emmanuel Le Roy-Ladurie, pour n’en citer que quelques-uns parmi les plus connus.

L’approche de Communications est transdisciplinaire : on y trouve des confrontations fécondes entre sociologie, linguistique, sémiologie et psychologie.

Certains de ses numéros sont consacrés à des analyses de discours sociaux, particulièrement inspirantes sur le plan de la méthode : n° 23 sur « Le cinéma », n° 24 sur la bande dessinée, n° 39 sur le conte, n° 51 sur la télévision. D’autres sont thématiques, et abordent des questions fondamentales : ceux qui m’ont le plus apporté seraient le n° 26 « L’objet du droit », le n° 28 « Idéologies, discours, pouvoirs », l’excellent n° 35 « Sexualités occidentales », le n° 45 « Éléments pour une théorie de la nation », le n° 50 « L’argent », le n° 59 « Générations et filiations ».

Le rapide inventaire, tout à fait partial, montre l’ampleur de la réflexion à travers la diversité des thèmes. Bien que les numéros et les articles de cette revue soient en fait inégaux, j’apprécie surtout d’y trouver, à une fréquence suffisamment excitante, certains bijoux de brio et de rigueur.

Louis Ploton

Gérontologie

Fondée par le philosophe grenoblois Michel Philibert, Gérontologie est la seule revue généraliste (et pluridisciplinaire) concernant les pratiques gérontologiques et leur théorisation dans le champ de : la médecine, l’économie, la psychologie, les pratiques sociales…

Serge Portalier

Réadaptation, cognition…

Les étudiants peuvent aborder le sujet de leur recherche à partir de revues « grand public » : revue Réadaptation, Journal des psychologues, revue La Recherche, etc.

Puis approfondir en travaillant avec : Psychologie française, Bulletin de psychologie, Cahier de psychologie cognitive, et les différents serveurs à la bibliothèque de Bron.

Enfin rentrer dans le vif du sujet (en anglais…) avec : Cognition, Journal of speech and hearing research, Journal of visual impairment and blindness.

Sans négliger : les mémoires des anciens étudiants, les livres et revues spécialisées dans d’autres universités Lyon I (orthophonie, psychomotricité, kinésithérapie), Lyon III, etc.

Jean-Marc Talpin

L’esprit du temps (Éditions de Minuit)

Dirigée par Marie Moscovici et Jean-Michel Rey, L’esprit du temps commença en 1982 par un numéro intitulé « Lire Écrire ». Cette revue, maintenant disparue, eut souvent des thématiques qui lui permettaient de maintenir son ouverture à d’autres qu’à des psychanalystes : philosophes, écrivains, poètes, et non des moindres, tels E. Jabès, L. Marin, P. Zumthor

Sur des thématiques très précises, ce qui est une garantie quant à la rigueur des contributions, L’esprit du temps peut à l’occasion être conseillée aux étudiants. Mais il faut savoir que si elle donne beaucoup à penser, et parfois aussi à rêver, elle n’apporte guère d’articles pédagogiques : avis donc aux curieux et à ceux que l’on qualifie quelquefois, ce qui me semble fort restrictif, de littéraires.

Recherches

Fondée dans les années 60 dans la mouvance foucaldienne (M. Foucault), Recherches est une revue aujourd’hui disparue.

Organisée en numéros thématiques, elle questionnait le pouvoir, la norme, les répressions et les marges, les résistances. Les articles, souvent passionnants et fréquemment passionnés, sont le fait d’auteurs d’horizons très divers.

Les étudiants en psychologie peuvent plus spécifiquement se pencher sur les actes du colloque « Enfances aliénées » (depuis réédités ailleurs) avec des interventions de Lacan, Mannoni, Cooper…, sur le numéro « Asile » ou sur ceux dirigés par F. Deligny qui y reproduisait ses « Lignes d’erre ». Mais n’oublions pas tous ces dossiers qui questionnaient le sexuel du côté des « Masculinités », des « Folles femmes de leur corps » ou encore des « Fous d’enfance ».

Même si une telle approche ne correspond plus guère aux canons de la recherche actuelle, il est utile de se plonger dans Recherches (plurielles !) afin de ne pas oublier le risque et la subversion de penser. Sans doute ai-je commencé là un éloge des mauvaises lectures, celles qu’en ce moment nous semblons quelque peu négliger, voire oublier.

Citer cet article

Référence papier

Jacques Aupetit, Maurice Berger, Christine Durif-Bruckert, Jean-Pierre Durif-Varembont, Michèle Grosjean, Annik Houel, Denis Mellier, Patricia Mercader, Louis Ploton, Serge Portalier et Jean-Marc Talpin, « Des portraits de revues tirés par… », Canal Psy, 22 | 1996, 6-8.

Référence électronique

Jacques Aupetit, Maurice Berger, Christine Durif-Bruckert, Jean-Pierre Durif-Varembont, Michèle Grosjean, Annik Houel, Denis Mellier, Patricia Mercader, Louis Ploton, Serge Portalier et Jean-Marc Talpin, « Des portraits de revues tirés par… », Canal Psy [En ligne], 22 | 1996, mis en ligne le 27 août 2021, consulté le 16 avril 2024. URL : https://publications-prairial.fr/canalpsy/index.php?id=2562

Auteurs

Jacques Aupetit

Maurice Berger

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