Canal Psy https://publications-prairial.fr/canalpsy Créée en 1993, la revue Canal Psy propose tous les trois mois un dossier de fond sur une thématique relative aux champs et aux pratiques de la psychologie, une bibliographie, des rubriques, des interviews, des pages culturelles, des fiches méthodologiques, des recherches en cours ... le tout dans un soucis de transmission et d’ouverture aux disciplines de sciences humaines. fr Clémentine Mélois, Alors c’est bien https://publications-prairial.fr/canalpsy/index.php?id=3563 La joie, ça éclate, c’est fait pour ça, la joie, se diffuser, se répandre. La joie, et la tendresse aussi. Et la tristesse quand elle vient mâtiner les deux autres, et réciproquement. En un mot, cela s’appelle la vie. Alors c’est bien est de ces livres qui vous mettent en joie et vous bercent le cœur dans la créativité d’une écriture qui fait entendre les mots, le plus souvent des mots simples, alors qu’on finit souvent par ne plus les entendre. Clémentine revient sur son enfance, son adolescence, sur leurs lieux, déploie la mythologie familiale, une mythologie heureuse et fantaisiste, dans l’accompagnement de la maladie, de la fin de vie, de la mort de son père. Et si les larmes sont là par moment ce sont au fond des larmes de consolation, des larmes de tristesse de la perte (ne plus revoir ce père aimé, et parfois agaçant quand il termine, et salope, ce que vous aviez commencé), des larmes de reconnaissance aussi pour cette belle vie partagée, pour cette belle vie permise aussi dans la liberté. « Alors c’est bien » ce sont les derniers mots du père. Quel cadeau à sa fille qui se tient sans crainte auprès de lui. Dans cette famille créative, un peu bohème, foutraque serait sans doute plus juste, dans cette famille enrichie des amis, l’enterrement du père a été préparé avec lui, on a trié avec lui dans ses œuvres, on a fait une expo dans le capharnaüm enfin ordonné de son atelier, on a créé aussi la plaque pour sa tombe avec ce métal émaillé qui faisait ses créations. Et l’e lun., 24 nov. 2025 00:00:00 +0100 https://publications-prairial.fr/canalpsy/index.php?id=3563 Un formateur curieux, attentif et généreux https://publications-prairial.fr/canalpsy/index.php?id=3632 Le Pr Jean-Marie BESSE nous a quittés brutalement le lundi 9 décembre 2024 et, si j’écris ce texte, c’est pour rendre hommage à la manière dont, pendant les quinze années durant lesquelles il a dirigé le Centre de formation au DEPS (Diplôme d’État de psychologie scolaire) de Lyon, il a œuvré pour le développement de la psychologie à l’école, avec la conviction « qu’exercer comme psychologue en milieu scolaire est une authentique pratique de psychologue, référencée au code de déontologie des psychologues, et qui tient sa spécificité de ce que cette pratique s’organise au sein de l’institution scolaire et en lien institutionnel avec les orientations du ministère de l’Éducation nationale » (Besse, 2017, p. 10). Mais j’écris aussi pour le remercier de la manière dont il m’a permis, au fil du temps, d’apprendre et de progresser, intellectuellement et professionnellement, et pour rendre hommage au formidable formateur qu’il était. La première fois que j’ai rencontré Jean-Marie, c’était en 2009, justement pour l’entretien de recrutement en vue de la formation au DEPS. Il m’avait appelée à la maison, un ou deux jours plus tôt, pour modifier le lieu de notre rendez-vous. Plutôt que sur le campus, c’est donc à l’INSPE, encore IUFM à l’époque, que, déjà favorablement étonnée par sa simplicité d’abord au téléphone, j’ai, lors de cet entretien qu’il menait en binôme, été impressionnée par son écoute, sa bienveillance, son humour et sa finesse d’analyse, qualités qui ne sont jamais démenti jeu., 20 nov. 2025 00:00:00 +0100 https://publications-prairial.fr/canalpsy/index.php?id=3632 Avant-propos https://publications-prairial.fr/canalpsy/index.php?id=3651 Jean-Marie Besse, professeur de psychologie à l’Université Lumière Lyon 2, a profondément marqué l’institut de psychologie ainsi que la psychologie de l’éducation. Dans cet avant-propos, je voudrais souligner l’une des facettes de sa carrière, à savoir sa fonction de directeur du centre de formation au diplôme d’État de psychologie scolaire (DEPS), occupée pendant 15 années et dont j’ai l’honneur de porter et de cultiver l’héritage aujourd’hui, depuis plus de 10 ans, en tant que directeur du Centre de formation des psychologues de l’éducation nationale (PsyEN) de Lyon. Le diplôme d’État de psychologie scolaire est le diplôme national qui habilitait, jusqu’en 2017, à devenir psychologue dans les écoles. Créé par un décret de 1989 et un arrêté ministériel du 16 janvier 1991, le DEPS répondait à une volonté politique de reconnaissance légale du titre de psychologue, formalisée par la loi du 25 juillet 1985 et mise en œuvre par les décrets de 1990. Cette formalisation suivait des années de débat quant au statut professionnel des «  psychologues scolaires  », qui jusqu’alors exerçaient sans cadre légal précis. Aussi, cette formation portait en elle cette exigence avec un volume d’enseignement d’environ 700 heures, composée de 300 h de cours théoriques, de 240 h de stages sur le terrain et de 160 h consacrées à la recherche. En pratique, cette formation était confiée à plusieurs universités françaises (Aix-en-Provence, Bordeaux, Grenoble, Lille, Paris, Lyon), chacune portant un cen mer., 19 nov. 2025 00:00:00 +0100 https://publications-prairial.fr/canalpsy/index.php?id=3651 Hommage à JMB https://publications-prairial.fr/canalpsy/index.php?id=3628 Il est bien dommage que pour rendre hommage à quelqu’un, on attende généralement qu’il ne soit plus présent… Et c’est aussi toujours quand il y a tant à dire qu’on en perd les mots… Pourtant, travailler sur le rapport à l’Écrit et le lire-écrire-parler et ainsi suivre les traces scientifiques de Jean-Marie Besse, a été mon sacerdoce pendant des années. Si aujourd’hui je ne sais par où commencer ni quoi vouloir transmettre de mon parcours aux côtés de Jean-Marie, c’est que j’en retiens tant de choses, principalement en termes de valeurs de travail et d’humanité partagées. Jean-Marie a réussi en toutes circonstances à s’entourer professionnellement, en accordant confiance et valeurs aux membres de son équipe, en les responsabilisant et en les impliquant, notamment autour de projets de recherche variés. Il a ainsi participé à façonner des personnalités curieuses, ouvertes et travailleuses, affirmées dans leurs pratiques, leurs idées et leurs points de vue, mais aussi bien peu enclines à la rédaction et à la production d’articles de recherche… Alors quel dernier tour de force scientifique que de nous réunir pour écrire pour lui (et en plus, sur lui, comble de l’ego du chercheur) ! Et cette fois-ci, sans faire appel à sa relecture et ses conseils (ce qui peut aussi signifier, en contexte d’écriture scientifique, déplacer une virgule dans un texte…) ; je n’aurais d’ailleurs pas pensé que cela me manquerait autant ni que cela pouvait être plus compliqué qu’écrire une thèse… Au moins ven., 24 oct. 2025 00:00:00 +0200 https://publications-prairial.fr/canalpsy/index.php?id=3628 Hommage à Jean-Marie Besse https://publications-prairial.fr/canalpsy/index.php?id=3619 En mars 1999, j’ai eu la chance d’être la toute première doctorante de Jean-Marie à soutenir sa thèse. À l’annonce de son décès en décembre dernier, sous le choc, j’ai pris conscience de l’ampleur de son influence sur l’ensemble de ma propre carrière universitaire, de même que sur mon rapport à l’apprentissage et au développement de l’enfant. Dans ce texte, je souhaite décrire son héritage en évoquant les différentes sphères de son influence sur ma trajectoire. Un « chic type » à qui je dois beaucoup C’est à la rentrée universitaire de 1987 que j’ai rencontré Jean-Marie pour la première fois. Mon père qui avait eu l’occasion de le côtoyer m’avait chargée d’aller le saluer en me disant « tu verras, c’est un chic type ! » et, en effet, j’ai pu le constater ! À l’époque, alors trentenaire, sa barbe légendaire était encore toute brune, mais déjà sa voix grave apaisait et son regard bienveillant sécurisait. Au début de mes études, j’ai choisi de suivre les cours de psychologie de l’éducation qu’il offrait et, constatant mon engagement, il m’a ouvert deux opportunités majeures : faire de la recherche avec lui et participer à un projet qui consistait à intégrer des étudiants dans les bibliothèques scolaires pour assumer un rôle de médiateur du livre auprès des élèves. La recherche sur l’entrée dans l’écrit Pour ce qui est de la recherche, j’ai commencé à réaliser des entretiens avec de jeunes enfants dans la lignée de ceux développés par Emilia Ferreiro (1988) que Jean-Marie adaptai mer., 22 oct. 2025 00:00:00 +0200 https://publications-prairial.fr/canalpsy/index.php?id=3619 La démarche de recherche-action, fruit de ma rencontre avec Jean-Marie Besse https://publications-prairial.fr/canalpsy/index.php?id=3621 Ma première rencontre avec Jean-Marie Besse se passe en soirée, au 18 quai Claude Bernard. Nous sommes en septembre 1979. Je suis une jeune institutrice débutante, en cours de formation pour l’enseignement spécialisé, et je me suis inscrite, un peu par hasard, dans le cursus de psychologie pour les étudiants travailleurs proposés par Lyon 2. Jean-Marie est un jeune enseignant vacataire. Lui-même a été instituteur. Les cours ont lieu de 18 h à 22 h et les TD sont composés d’étudiants très motivés et avec une expérience professionnelle. Dans ce contexte post-soixante-huitard (dans le bon sens du terme), les enseignements reposent sur des travaux de groupe qui permettent de valider plusieurs UV ou Unités de Valeur, les ECTS de l’époque. Jean Marie guide nos travaux avec beaucoup de bienveillance et enrichit nos réflexions, il porte le principe de l’éducabilité pour tous et nous stimule dans notre cursus. Je ne le savais pas encore, mais ce sera le début d’une collaboration plus ou moins proche qui aura duré 45 ans ! Les années 1980 sont celles de l’émancipation éducative. Avec les travaux de Ardoino (1983) et Le Boterf (1983), les praticiens deviennent des chercheurs sur leurs pratiques, accompagnés par un universitaire qui apporte son réseau, la méthodologie, et les outils pour une véritable démocratisation des savoirs (Thollon Behar, 2008). Dans le même temps, les travaux du CRESAS sur la petite enfance (Bréauté & Rayna 1997) s’appuient sur la démarche de recherche-action : le mer., 22 oct. 2025 00:00:00 +0200 https://publications-prairial.fr/canalpsy/index.php?id=3621 Les rencontres du jeune enfant avec le livre comme axe de prévention de l’illettrisme https://publications-prairial.fr/canalpsy/index.php?id=3622 Une rencontre déterminante Malgré mes tentatives pour me remettre en mémoire ma toute première rencontre avec Jean-Marie Besse, je ne parviens pas à en retracer les contours nets. Cela s’opère durant les premières années de mon cursus de psychologie. Peut-être est-ce le souvenir de ce cours en amphi. Je me rappelle y avoir pris la parole, pratique peu conventionnelle pourtant, mais permise dans ses enseignements par une posture, toute à la fois charismatique et accueillante de l’autre, de sa pensée, de ses questionnements. Je me rappelle même avoir fauté dans la syntaxe de mon discours. La drôlerie avec laquelle il a su reprendre cette approximation langagière me revient souvent en tête. Il avait su dire sans juger, sans que l’étudiante encore frêle s’en sente dévalorisée. Et je crois qu’une de ses grandes qualités réside exactement à cet endroit d’ouverture et de place laissée à l’autre, quand bien même cet autre est encore tout jeune dans sa pratique et ses réflexions. Mais peut-être cette rencontre a eu lieu plutôt dans le cadre d’un TD, en troisième année, de ce qui était alors nommé TER éducation-formation. Je revois la salle avec Jean-Marie tantôt assis derrière le bureau, tantôt en mouvement. Je me rappelle son timbre de voix, grave et puissant. Le cadre plus intimiste de ces cours a permis de percevoir la richesse de ses enseignements. La psychologie du développement et l’axe particulier de l’entrée dans l’écrit sont une découverte pour moi… cela s’est décidé là : je mer., 22 oct. 2025 00:00:00 +0200 https://publications-prairial.fr/canalpsy/index.php?id=3622 Édito https://publications-prairial.fr/canalpsy/index.php?id=3625 Jean-Marie Besse, l’héritage d’un homme de transmission C’est un homme dont les pas ont longtemps résonné dans les couloirs feutrés de Lyon 2, à l’Institut de Psychologie dont il fut le Directeur, un chercheur à la voix grave et posée, une figure discrète et pourtant centrale dans le champ de la psychologie du développement, un pédagogue engagé, un passeur d’idées, un tuteur de trajectoires... Jean-Marie Besse nous a quittés, mais son empreinte demeure vive et profonde. Ce numéro de Canal Psy lui rend hommage en accueillant les témoignages de celles qui furent ses étudiantes, ses collaboratrices, ses héritières intellectuelles, et parfois tout cela à la fois. Dans ces pages se dessine un portrait pluriel et émouvant. Il n’a rien du panégyrique figé. Au contraire, il fait résonner les multiples facettes de l’homme, du chercheur, du formateur et de l’intellectuel engagé. Jean-Marie Besse, instituteur de formation, n’a jamais rompu avec son attachement aux enfants, à leur parole, à leur pouvoir d’agir, à leur développement dans toutes ses dimensions. Ce fil rouge traverse sa carrière, de ses travaux fondateurs sur l’appropriation de l’écrit jusqu’aux recherches plus récentes en lien avec les pratiques de médiation et la lutte contre l’illettrisme. Les contributions réunies dans ce numéro montrent comment Jean-Marie n’a cessé de conjuguer rigueur scientifique et engagement humain. Isabelle Montésinos-Gelet rappelle son rôle décisif dans l’adaptation francophone des travaux d’Emil mer., 22 oct. 2025 00:00:00 +0200 https://publications-prairial.fr/canalpsy/index.php?id=3625 Comment la recherche universitaire a pu contribuer à une politique nationale de lutte contre l’illettrisme https://publications-prairial.fr/canalpsy/index.php?id=3630 C’est parfois au départ plus ou moins brutal des personnes que l’on se rend compte de la place qu’elles ont pu tenir dans notre vie. Celui de Jean-Marie Besse a été un choc, pour beaucoup de ses proches, famille, amis, et anciens collègues, par son imprévisibilité et sa rapidité. Mais pour ma part, je n’ai pas découvert à ce moment-là tout ce qu’il avait pu m’apporter, je sais depuis longtemps que ce que nous avons partagé depuis 1988 a été à l’origine de la quasi-totalité de mon parcours professionnel et personnel. Ce texte vise à lui témoigner ma gratitude et à mettre en lumière la façon dont un chercheur universitaire peut contribuer à faire avancer non seulement la recherche elle-même, mais également une politique mise en œuvre depuis près de 30 ans dans notre pays. Il est ponctué de petits clin d’œil fait par Karen Petiot, une autre collaboratrice de Jean-Marie, docteure en psychologie cognitive et psychologue du développement. Une rencontre déterminante dans une insertion professionnelle peu évidente Après des études en psychologie et en linguistique à l’université Lyon 2, lors desquelles j’ai pu entendre Jean-Marie Besse dans des cours en amphi sur la psychologie du développement, sans me laisser d’ailleurs de souvenir impérissable, ce domaine n’étant pas celui qui m’intéressait le plus à l’époque, je suis partie à Aix-en-Provence poursuivre ma formation, avec une maîtrise et un DEA (soit pour aujourd’hui un master 1 et un master recherche) en psycholinguistique. Rentr mer., 22 oct. 2025 00:00:00 +0200 https://publications-prairial.fr/canalpsy/index.php?id=3630 Témoignage d’une praticienne en hommage à Jean-Marie Besse https://publications-prairial.fr/canalpsy/index.php?id=3634 C’est avec une très grande tristesse que j’appris la disparition brutale de Jean Marie en cette fin d’année 2024. Son engagement, sa bienveillance, sa plasticité intellectuelle ont accompagné mon parcours professionnel de formatrice puis de responsable de centre ressources illettrisme, dès que le terme « illettrismes » a rencontré mon chemin professionnel, et ce jusqu’à aujourd’hui. Après une formation initiale et 10 ans d’expérience en éducation spécialisée, je démarrai, en 1994, une nouvelle étape professionnelle, avec pour seuls bagages, mon diplôme initial (de monitrice éducatrice), une formation à la démarche ACTIVOLOG (démarche de remédiation cognitive), une appétence aux écrits personnels et aux récits autobiographiques. Je devins formatrice auprès de personnes peu à l’aise avec la langue écrite, orale, les mathématiques. L’association dans laquelle je travaillais alors visait l’inclusion sociale et/ou professionnelle de femmes et d’hommes analphabètes, allophones scolarisés antérieurement ou francophones, scolarisés antérieurement en langue française, par un accompagnement vers une meilleure maîtrise des compétences de base. En animant des groupes de formation plus ou moins homogènes, je me suis très vite questionnée sur les différents profils linguistiques et sociaux des personnes auprès desquelles je menais des ateliers. Je me suis particulièrement interrogée sur les parcours, sur les profils de personnes ayant été scolarisées en France antérieurement. À cette époqu mer., 22 oct. 2025 00:00:00 +0200 https://publications-prairial.fr/canalpsy/index.php?id=3634