Musique et son, séries TV, genres de l’imaginaire : ces trois objets constituent des axes dynamiques et actuels de la recherche en cultures médiatiques, qui les a fréquemment croisés en duo plutôt qu’en trio.
Ainsi, depuis la fin des années 2000, de nombreux travaux ont été consacrés à l’étude des musiques de séries télévisées, qu’elles soient originales ou préexistantes, instrumentales ou chantées, diégétiques ou non diégétiques (Burlingame, 1996 ; Rodman, 2010 ; Deaville, 2011 ; Donnelly et Hayward, 2013 ; Halfyard, 2014). Pleinement inscrites dans le domaine musicologique, ces recherches peinent néanmoins à trouver une place dans le champ universitaire francophone – le colloque pionnier Musiques de séries télévisées, tenu à Nantes en 2013, n’ayant pas été suivi d’un mouvement d’ampleur. De leur côté, les television et series studies connaissent un essor important dans la recherche en français, développant des perspectives théoriques fondées sur une narratologie renouvelée : les questions esthétiques ou de réception (Benassi, 2000 et 2020 ; Sépulchre 2017 ; Goudmand 2018 ; Favard 2019) y côtoient des travaux sur les séries à succès (Star Trek, Game of Thrones), notamment dans les fan studies (Bourdaa 2015), ainsi que certaines réflexions spécifiquement consacrées aux séries des genres dits de l’imaginaire (fantasy et science-fiction en premier lieu), dont l’importance médiatique actuelle est indéniable, et qui impliquent des modes spécifiques de construction des récits et des univers (Favard 2018 ; Machinal 2020 ; Breton 2023). Les ressorts sonores et musicaux de ces genres ont fait l’objet de nombreux travaux, souvent centrés sur la science-fiction et le cinéma (Hayward 2004 ; Whittington 2007 ; Bartkowiak 2010 ; Reddell 2018), mais il reste à explorer davantage comment des logiques génériques particulières (celles de la fantasy, du fantastique et de la SF) impliquent certains usages propres du sonore et de son rapport à l’image.
C’est pour s’emparer de ces perspectives, dans la continuité d’un colloque récent (Favard, Michot, Huz 2023) que les revues Émergences. Son, musique et médias audiovisuels, ReS Futurae et TV/Series feront paraître à l’automne 2026 des numéros distincts, coordonnés autour d’un même enjeu et participant d’un même projet : penser ensemble musique et son, séries télévisées et genres de l’imaginaire, en les croisant à partir des problématiques, théories et méthodes que chacun a fait naître dans son champ respectif. Il s’agira ainsi de repenser la poétique sonore des séries de l’imaginaire à travers des approches interdisciplinaires mêlant musicologie, études cinématographiques et recherches sur les cultures médiatiques. Échanges méthodologiques et expérimentations critiques permettront ainsi de faire émerger de nouvelles approches de l’analyse du son et de la musique dans les séries de l’imaginaire, au sens large.
Cet appel invite aussi les auteur·rices à se saisir du corpus proposé pour l’élargir à d’autres réflexions et des objets connexes. Ainsi, l’ensemble des fictions sérielles impliquant le son, comme les jeux vidéo, les podcasts, les fictions audio immersives, etc., pourront offrir des contrepoints à l’étude des séries TV. Le cinéma, dans la mesure où il façonne les imaginaires génériques et sérialise certains traits ou attentes sonores, est susceptible de fournir des éclairages complémentaires. Les contributions pourront également se saisir d’aires culturelles encore trop peu explorées, telles que la Chine, l’Inde ou le Moyen-Orient. Il sera aussi possible d’ouvrir la réflexion aux rapports que fantasy, SF et fantastique entretiennent avec des espèces génériques proches (l’horreur, la fiction climatique, le genre superhéroïque, etc.). Le regard musicologique pourra renseigner plus précisément des démarches compositrices singulières, des filiations entre créateur·ices, ou des inventions organologiques.
Les propositions, à envoyer pour le 1er septembre 2025, se composeront d’un titre, d’un résumé (2000 à 4000 signes, espaces comprises), d’une éventuelle bibliographie, et d’une notice biographique (750 signes maximum). Les comités de lecture seront particulièrement attentifs aux propositions problématisées dans lesquelles un plan prévisionnel apparaît. Les propositions recueillies par les responsables du numéro (florent.favard@univ-lorraine.fr, ahuz@parisnanterre.fr, jeremy.michot@univ-tours.fr) seront anonymisées et transmises au comité éditorial pour évaluation. Les articles seront à transmettre pour le 10 décembre 2025.