Genre et transgression du genre dans le récit de la Guerre des jeunes filles chez Cosmas de Prague

  • Gender and gender transgression in Cosmas of Prague's narrative of the Maiden War

DOI : 10.35562/frontieres.839

p. 53-61

Résumés

L’épisode de la Guerre des jeunes filles (en Tchèque Dívčí válka) est sans doute l’un des récits les plus connus parmi les légendes portant sur le passé mythique de l’état tchèque : ce conflit fictif entre jeunes femmes et hommes qui serait survenu durant le règne de Přemysl, fondateur légendaire de la dynastie des Přemyslides qui régna sur la Bohême de la fin du ixe siècle jusqu’en 1306, a ainsi eu un grand retentissement dans la culture de ce pays. La première mention de la Guerre des jeunes filles apparaît dans le neuvième chapitre du premier livre de la Chronique des Tchèques, œuvre rédigée en latin en 1125 par Cosmas de Prague, doyen du chapitre cathédral de Prague, et plus ancienne chronique de ce pays : dans son bref récit de cet évènement, le chroniqueur critique les mœurs des jeunes filles au temps des anciens Tchèques et leur fait porter la responsabilité du conflit. Nous allons donc démontrer en quoi les mœurs attribuées aux femmes tchèques avant la christianisation et leur prétendu conflit contre les jeunes hommes constituent un cas évident de transgression aux yeux du chroniqueur.

The episode of the Maiden’s War (in Czech Dívčí válka) is undoubtedly one of the most famous legends concerning the mythical past of the Czech state: this fictive conflict between maidens and men, which is said to have happened during the reign of Přemysl, the legendary ancestor of the Přemyslid dynasty which ruled over Bohemia from the end of the 9th century until 1306, had a great influence on the culture of this country. The first mention of the Maiden’s war appears in the ninth chapter of the first book of the Chronicle of the Czechs, a work which was written in Latin in 1125 by Cosmas of Prague, dean of the cathedral chapter of Prague, and which is also the oldest chronicle of this country: in his short narration of this event, the chronicler criticizes the customs of the maidens in the ancient (i.e. pagan) times and accuses them of being responsible for the conflict. We will thus show how the customs ascribed to maidens before Christianization and their fictive conflict with the young men constitute an obvious case of transgression in the eyes of Cosmas of Prague.

Index

Index géographique

Bohême

Index chronologique

Moyen Âge

Index thématique

genre, transgression, chronique

Plan

Texte

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Introduction

L’épisode de la Guerre des jeunes filles (en Tchèque Dívčí válka) est sans doute l’un des récits les plus connus parmi les légendes portant sur le passé mythique de l’état tchèque : ce conflit fictif entre jeunes femmes et hommes prétendument survenu durant le règne de Přemysl, fondateur légendaire de la dynastie des Přemyslides, qui régna sur la Bohême de la fin du ixe siècle jusqu’en 1306, eut en effet un grand écho dans la culture de ce pays, en particulier depuis le xixe siècle1. Cet épisode a ainsi donné naissance à de nombreux romans, poèmes, pièces de théâtre, mais aussi opéras et films ; le souvenir de cette légende est également préservé dans les noms de certains éléments du paysage de la région praguoise, comme la colline de Děvin ou la réserve naturelle de Divoká Šárka, mais aussi dans la relative popularité des prénoms féminins Šárka et Vlasta, portés par deux des protagonistes. La renommée de cette légende a d’ailleurs franchi les frontières de la République tchèque, comme prouve l’existence du film américano-tchèque The Pagan Queen (2009) ou encore celle du manga japonais 乙女戦争 (Otome sensou, la guerre des jeunes filles), qui se déroule à l’époque hussite, mais dont deux des principaux personnages féminins se nomment Šárka et Vlasta.

Ce foisonnement de références culturelles prend sa source dans plusieurs versions transmises par les chroniques médiévales : l’un des récits les plus détaillés de cet épisode figure ainsi dans la Chronique de Dalimil, plus ancienne chronique en langue tchèque rédigée au xive siècle2, où il n’occupe pas moins de sept chapitres sur les cent six de l’œuvre3. Cette chronique n’est cependant pas le plus ancien témoignage écrit de la Guerre des jeunes filles, qui apparaît pour la première fois dans le neuvième chapitre du premier livre de la Chronique des Tchèques, œuvre rédigée en latin en 1125 par Cosmas de Prague, doyen du chapitre cathédral de Prague, et plus ancienne chronique de ce pays.

Dans son bref récit de la Guerre des jeunes filles, le chroniqueur critique les mœurs des jeunes filles au temps des anciens Tchèques et leur fait porter la responsabilité du conflit. Après une brève présentation de cet épisode, nous allons donc nous efforcer de démontrer en quoi les mœurs attribuées aux jeunes femmes tchèques avant la christianisation et leur conflit contre les jeunes hommes constituent un cas évident de transgression aux yeux du chroniqueur et nous présenterons brièvement la place que celui-ci attribue aux femmes dans la société.

La Guerre des jeunes filles dans la Chronique des Tchèques : cause, déroulement et conséquences

Ainsi que nous l’avons indiqué plus haut, le récit de la Guerre des jeunes filles dans la Chronique des Tchèques de Cosmas de Prague se trouve dans le neuvième chapitre du premier livre et il est relativement court (environ une page dans les éditions modernes) : comme l’ensemble des chapitres 1 à 13, ce chapitre est consacré au passé païen des Tchèques. Les chapitres 1 et 2 comportent une description de la Bohême et un récit de l’arrivée des anciens Tchèques sous la conduite de Boemus (Čech en Tchèque) alors que le chapitre suivant décrit les mœurs des anciens Tchèques : Cosmas rapporte qu’initialement, ceux‑ci avaient un mode de vie très simple et frugal dans lequel les biens étaient mis en commun et les conflits rares, mais il ajoute ensuite qu’avec l’avènement de la prospérité, les conflits liés aux questions de propriété augmentèrent au point que les anciens Tchèques durent avoir recours à des juges, dont l’un des plus estimés était un homme nommé Krok (ch. 3). Après sa mort, la plus jeune de ses trois filles, la prophétesse Libuše, devint juge, mais bientôt les hommes commencèrent à dire qu’ils ne voulaient plus d’une femme comme juge et qu’ils souhaitaient être dirigés par un homme (ch. 4). Libuše les met en garde contre le risque que le chef choisi se comporte de façon tyrannique, mais devant l’insistance des hommes, elle désigne le laboureur Přemysl comme le futur souverain (ch. 5) : deux messagers vont donc chercher ce dernier (ch. 6) qui les accompagne (ch. 7) et épouse Libuše (ch. 8). Přemysl donne des lois au peuple, gouverne avec Libuše (ch. 8) et ils fondent la ville de Prague (ch. 9) ; la Guerre des Jeunes Filles survient peu après cet évènement et s’achève par la défaite des jeunes filles. Le chapitre 9 s’achève par la mention des décès de Libuše puis de Přemysl ainsi que par l’énumération de leurs sept successeurs païens (Nezamyzl, Mnata, Vojen, Vnislav, Křesomysl, Neklan et Gostivit) jusqu’à Gostivit, père de Bořivoj. Le récit se poursuit par la relation de la guerre entre les Tchèques dirigés par Neklan et les Lucanes dirigés par Vlastislav : Neklan fut tué, mais les Tchèques furent victorieux (ch. 10‑13). Après ces évènements légendaires ou semi-légendaires, la chronique rapporte au début du chapitre suivant le baptême du duc Bořivoj I en 8944, ce qui marque symboliquement la christianisation du pays et clôt l’évocation du passé païen de la Bohême.

Dans le chapitre 9, l’épisode de la Guerre des jeunes filles est placé juste après la relation de la fondation de Prague par la prophétesse Libuše et son mari le duc Přemysl. Il débute par une évocation des mœurs des jeunes filles tchèques à cette époque : selon Cosmas, les jeunes filles, à la manière des Amazones, maniaient les armes, chassaient et choisissaient elles-mêmes les hommes qui leur plaisaient. Le chroniqueur ajoute que ces mœurs très libres firent naître chez les jeunes filles une grande audace et que celles‑ci bâtirent un lieu fortifié sur la falaise de Děvin (dans la banlieue sud de Prague, sur la rive gauche de la Vltava) un relief qui doit son nom au mot signifiant « vierge »5.

Unde in tantum femina excrevit audacia ut in quadam rupe non longe a praedicta urbe, oppidum natura loci firmum construerent, cui a virginali vocabulo inditum est nomen Devin.6

Selon Cosmas, l’initiative des jeunes filles aurait entraîné la colère des jeunes hommes, qui auraient à leur tour édifié un lieu fortifié à Vyšehrad7, sur la rive droite de la Vltava, à environ cinq kilomètres de Děvin (Cosmas dit que les deux lieux sont à portée de cor) :

Quod videntes iuvenes contra eas nimio zelo indignantes multo plures insimul conglobati non longius quam unius bucine in altera rupe inter arbusta edificant urbem, quam moderni nuncupant Wissegrad, tunc autem ab arbustis traxerat nomen Hvrasten.8

La description du conflit en lui‑même est particulièrement brève puisqu’elle se compose d’une seule phrase dans laquelle le chroniqueur nous informe que les filles eurent plusieurs fois le dessus grâce à leur plus grande habileté à piéger les garçons alors que ceux‑ci l’emportèrent à plusieurs reprises en raison de leur plus grande force physique. La construction du texte de Cosmas suggère également que cette alternance de victoires et de défaites est à l’origine de celle des périodes de conflit et de trêve :

Et quia sepe virgines sollertiores ad decipiendos iuvenes fiebant, sepe autem iuvenes virginibus fortiores existebant, modo bellum, modo pax inter eos agebatur.9

Le chroniqueur nous informe ensuite que durant l’une de ces périodes de trêve, les jeunes filles et les jeunes hommes se réunirent pour trois jours de festivités, mais que les jeunes hommes en profitèrent pour capturer les jeunes filles ; Cosmas conclut ensuite cet épisode en affirmant que depuis la mort de Libuše, toutes les femmes du pays sont soumises aux hommes :

Et dum interposita pace potiuntur, placuit utrisque partibus, ut componerent cibis et potibus symbolum et per tres dies sine armis sollempnem insimul agerent ludum in constituto loco. Quid plura ? Non aliter iuvenes cum puellis ineunt convivia, ac si lupi rapaces querentes edulia, ut intraret ovilia. Primam diem epulis et nimiis potibus hilarem ducunt. Dumque volunt sedare sitim, sitis altera crevit, letitiamque suam iuvenes vix noctis ad horam differunt. Nox erat et celo fulgebat luna sereno, inflans tunc lituum, dedit unus eis ita signum dicens : « lusistis satis, edistis satis atque bibistis ; surgite, vos rauco clamat Venus aurea sistro.
Moxque singuli singulas rapuere puellas. Mane autem facto iam pacis inito pacto, sublatis Cerere et Bacho ex earum oppido, muros Lemniaco vacuos indulgent Vulcano. Et ex illa tempestate, post obitum principis Lubosse sunt mulieres nostrates virorum sub potestate.10

Les mœurs des anciennes Tchèques et la Guerre des jeunes filles : un cas évident de transgression pour le chroniqueur

Ainsi que nous l’avons souligné dans notre présentation du récit de la Guerre des jeunes filles par Cosmas de Prague, le chroniqueur attribue la responsabilité du conflit à l’audace des jeunes filles et estime que ce trait de caractère résulte de la manière très libre dont elles vivaient. Afin de mieux comprendre ce que Cosmas reproche à la façon dont étaient élevées les jeunes filles tchèques au temps du paganisme, nous reproduisons ci‑dessous la courte description que le chroniqueur fait de leurs mœurs :

Et quia ea tempestate virgines huius terrae sine iugo pubescentens veluti Amazones militaria arma affectantes et sibi ductrices facientes pari modo uti tirones militabant, venationibus per silvas viriliter insistebant, non eas viri, sed ipsemet sibi viros, quos et quando voluerunt, accipiebant et, sicut gens Scitica Plauci sive Picenatici, vir et femina in habitu nullum discrimen habebant.11

L’analyse de cette présentation des mœurs des jeunes filles tchèques au temps de Libuše et de Přemysl dans l’œuvre de Cosmas permet tout d’abord de remarquer que ce dernier utilise différents mécanismes pour caractériser ces mœurs. Le premier d’entre eux est l’usage d’analogies avec d’autres peuples, que leur existence soit attestée historiquement ou non : après avoir affirmé que les jeunes filles grandissaient « sans joug » (sine jugo)12, le chroniqueur rapporte ainsi qu’à l’instar des Amazones, elles portaient les armes et se choisissaient des cheffes, puis, à la fin de la phrase, il ajoute que comme chez les « tribus scythes des Plauci13 ou des Petchenègues14 », les femmes ne se distinguaient aucunement des hommes par les vêtements15.

La comparaison entre les jeunes filles tchèques au temps de Libuše et de Přemysl et les Amazones s’avère assez logique en raison du thème traité et de la grande érudition de Cosmas, qui cite souvent les auteurs classiques16 et n’hésite pas à comparer les souverains tchèques aux héros de l’Antiquité (le duc Břetislav Ier est ainsi qualifié de « nouvel Achille » et de « nouveau Diomède »17) : l’analyse des différents éléments du récit de la Guerre des jeunes filles suggère d’ailleurs que le chroniqueur s’est inspiré du mythe des Amazones18. Le choix de cette comparaison a sans doute également été dicté par le fait que les Amazones sont finalement vaincues par des héros masculins : on peut donc supposer que l’auteur considère logique que les jeunes filles, qui ont suivi l’exemple des Amazones, finissent par être défaites par les hommes même si à la différence des récits antiques et des versions postérieures de la Guerre des jeunes filles, ces dernières sont prises de force et non tuées. Ainsi que le souligne notamment Patrick Geary, la fin de cet épisode n’est pas sans évoquer le récit de l’enlèvement des Sabines19, ce qui constituerait donc un second cas d’utilisation d’un élément narratif antique dans la construction du récit de la Guerre des jeunes filles20.

La référence aux « tribus scythes des Plauci ou des Petchenègues » est intéressante à plus d’un titre. Si les auteurs de la plus récente édition de la Chronique des Tchèques considèrent que Cosmas s’est inspiré ici de l’œuvre de Réginon de Prüm21, qui mentionne le rôle des Petchenègues dans l’avancée des Hongrois vers l’Ouest22, il convient de souligner que cette œuvre, qui fut utilisée par l’ecclésiastique praguois pour composer sa chronique, ne fait aucune mention des Plauci ; en outre, la chronique de Réginon n’attribue pas explicitement une origine scythe aux Petchenègues, alors qu’elle le fait pour les Hongrois, et on remarque également que l’orthographe retenue pour le mot Petchenègues dans l’œuvre du chroniqueur praguois (Picenatici ou Pecenatici selon les manuscrits) diffère de celle présente dans l’œuvre de son prédécesseur (Pecinaci, Pecenaci, Petinati). L’identification de la source d’information du chroniqueur praguois sur les Plauci est également épineuse : en effet, bien que Cosmas ait séjourné en Hongrie, il paraît peu probable qu’il y ait puisé ses renseignements sur les Plauci car si elles mentionnent bien des conflits entre les peuplades nomades situées aux confins orientaux de ce pays et les souverains hongrois au xie siècle, les sources hongroises – souvent plus tardives – n’emploient pas le terme de Plauci, mais celui de Cumani (Coumans) et les formes utilisées pour le nom des Petchenègues diffèrent également de celle utilisée par le chroniqueur praguois. Le terme Plaucis apparaît en revanche dans l’œuvre du Gallus anonymus, qui rédigea la plus ancienne chronique polonaise entre 1112 et 111623, mais il semble que l’auteur y fasse en réalité référence aux Petchenègues. Bien qu’on ne puisse pas totalement exclure l’hypothèse que la chronique de Réginon de Prüm soit l’une des sources utilisées par Cosmas pour attribuer une origine scythe aux Polovtses et aux Petchenègues, la création de cette filiation peut également s’expliquer par les similitudes entre leur mode de vie et leur situation géographique et ceux des Scythes, dont Cosmas avait pu avoir connaissance soit par le texte de Réginon, qui a composé sa description des mœurs des Hongrois à partir des Abrégé des histoires philippiques de Justin et de l’Histoire des Lombards de Paul le Diacre24, soit par la consultation directe des auteurs classiques.

De fait, on ne remarque dans le neuvième chapitre du premier livre du chroniqueur aucune trace indiscutable d’usage du récit de Réginon : la remarque de Cosmas sur l’habillement des Scythes est ainsi assez éloignée des informations de Justin, qui mentionne simplement que les Scythes ne connaissaient pas l’usage de la laine et se vêtaient de peaux de bêtes féroces et de rongeurs25. Il n’est donc pas exclu que le chroniqueur praguois ait utilisé une autre source dans ce passage26, mais il convient de souligner que les informations de Justin sur les habitudes vestimentaires des Scythes, reprises par Réginon, figurent dans la description des mœurs des anciens Tchèques à l’époque de Krok27. La mention du fait que les jeunes filles chassaient pourrait avoir été inspirée par la présence dans le texte de Réginon de Prüm de l’expression « venationium et piscationum exercitiis inserviunt »28, qui est un ajout du chroniqueur lotharingien à la description des Scythes par Justin, mais Réginon n’indique pas spécifiquement que les femmes et les jeunes filles scythes participaient à la chasse. En outre, l’affirmation par Réginon du fait que chez les Hongrois et les autres peuples « scythes », les femmes étaient aussi cruelles que les hommes29 provient de la modification d’informations fournies par Justin30 : les transformations opérées dans ce passage, qui concerne d’ailleurs non pas les Scythes, mais les Parthes, en modifient profondément le sens.

Quelle qu’en soit l’origine, la référence aux Polovtses et aux Petchenègues, deux peuplades nomades qui effectuèrent de fréquents raids contre la Rus’ kiévienne, la Pologne et la Hongrie durant la seconde moitié du xie siècle, et même pendant le premier quart du xiie siècle, date de rédaction de la Chronique de Cosmas, ainsi que l’attribution d’une origine scythe à ces peuples permet au chroniqueur d’assimiler les jeunes filles tchèques à des peuples perçus comme peu civilisés31 et de présenter les sociétés où les filles sont éduquées comme les garçons et sont leurs égales comme étant barbares et arriérées. En outre, il convient de souligner que plusieurs auteurs classiques, dont Justin, mentionnent l’existence d’une parenté entre Amazones et Scythes, ce qui contribue à créer un amalgame entre eux et permet à Cosmas de présenter l’ensemble des mœurs des jeunes filles tchèques présentant des similitudes avec celles de ces deux peuples comme des coutumes barbares ; l’usage d’extraits de la description des mœurs des Scythes dans l’Abrégé des histoires par Cosmas dans sa description des mœurs des anciens Tchèques à l’époque de Krok permet d’ailleurs d’étendre cet amalgame à l’ensemble de la société tchèque avant l’avènement du pouvoir ducal, lui‑même suivi par la christianisation. L’association des Amazones et d’autres peuplades barbares légendaires aux pays slaves dans le cadre de mentions de femmes guerrières n’est toutefois pas spécifique à Cosmas, puisqu’elle apparaît dans d’autres sources, comme le récit de voyage dans les pays slaves du marchand andalou du xe siècle Ibrahim Ibn Jakub, qui figure dans l’œuvre du célèbre géographe Al‑Bakri32.

La remarque sur les habitudes vestimentaires des anciennes Tchèques, qui seraient identiques à celles des hommes, met également en lumière la seconde des trois stratégies utilisées par Cosmas, à savoir insister sur le fait que les mœurs et – dans une certaine mesure – l’apparence des jeunes filles ressemblent à celles des hommes. Avant cette remarque, le chroniqueur rapporte également que les jeunes filles guerroyaient comme de jeunes soldats (pari modo uti tirones militabant) et affirme en outre qu’elles chassaient « d’une manière masculine » (viriliter).

La troisième stratégie utilisée par Cosmas consiste à montrer clairement en quoi le comportement des jeunes filles va à l’encontre de l’ordre normal des choses : ce dessein est illustré par la mention du fait que les jeunes filles choisissaient les époux qu’elles voulaient quand elles le voulaient, et non pas l’inverse, ce qui est naturellement en contradiction avec la fin du récit de la Guerre des jeunes filles, où Cosmas précise que les femmes tchèques sont soumises aux hommes depuis le trépas de Libuše. L’érudit chroniqueur praguois présente d’ailleurs les mœurs nuptiales des jeunes filles tchèques au moyen d’un chiasme (non eas viri, sed ipsemet sibi viros […] accipiebant), et cette figure de style lui permet de mettre en relief l’opposition entre leur comportement et celui qui est selon lui la norme.

Les mœurs des jeunes filles tchèques au temps de Libuše et de Přemysl constituent donc un cas évident de transgression selon Cosmas, qui affirme qu’elles exerçaient des activités masculines, comme la chasse et la guerre, s’habillaient comme les hommes, se dotaient de leurs propres cheffes et choisissaient elles-mêmes leurs conjoints. La transgression est donc double, puisque les jeunes filles adoptent des comportements jugés masculins et rejettent toute idée de soumission aux hommes.

Ce jugement est également présent dans la phrase expliquant les causes de la Guerre des jeunes filles, puisque Cosmas affirme qu’en raison de leurs mœurs, les jeunes filles développèrent une telle audace qu’elles se construisirent un lieu fortifié, ce qui conduisit les garçons à faire la même chose. La construction d’un site militaire suggérant une volonté d’exercer le contrôle sur un territoire donné, le geste des jeunes filles semble perçu comme une tentative de reprendre, au moins partiellement, le pouvoir exercé par Libuše et ses sœurs, filles du juge Krok33. Le chroniqueur considère clairement comme une transgression le fait que les femmes gouvernent, puisqu’il souligne à la fin du récit que depuis la mort de Libuše, les femmes tchèques sont soumises aux hommes. Le décès de la légendaire prophétesse et la fin de la Guerre des jeunes filles marquent donc la fin des tentatives des femmes pour exercer le pouvoir en Bohême et consacre l’avènement du patriarcat en même temps que celui de la dynastie des Přemyslides, qui est ainsi présentée comme responsable de l’instauration d’un système politique plus stable34, ce qui légitime par là même son accession au pouvoir35.

La place des hommes et des femmes dans la société selon Cosmas de Prague

Ainsi que nous l’avons dit, Cosmas considère que les femmes doivent être soumises aux hommes ; le récit de la Guerre des jeunes filles s’achève par l’affirmation du fait que depuis la mort de Libuše, les femmes sont « sous le pouvoir des hommes » (sunt mulieres nostrates virorum sub potestate). L’emploi du mot potestas se retrouve notamment dans la première lettre de saint Paul aux Corinthiens36 ; soulignons également que dans la première lettre aux Corinthiens, la femme est décrite comme « liée par la loi tant que vit son mari »37 alors que Cosmas décrit les anciennes Tchèques comme grandissant « sine jugo » et s’unissant aux hommes qu’elles souhaitent, quand elles le souhaitent. Il est donc possible que le terme de jugum désigne ici le sacrement du mariage38, par lequel les femmes sont liées à leurs époux, mais il convient de souligner que la mort de Libuše est placée bien avant le baptême de Bořivoj – le règne de sept souverains sépare ces deux évènements –, qui marque le début de la christianisation de la Bohême.

L’analyse de l’œuvre de Cosmas démontre qu’il justifie cette subordination des femmes en soulignant leur infériorité dans plusieurs domaines. L’épisode de la Guerre des jeunes filles met ainsi en évidence leur moins grande puissance physique, puisque les garçons sont qualifiés de« plus forts » (fortiores) et que le récit de la fin du conflit contient un nouvel emploi de la force contre les jeunes filles. Le chroniqueur praguois considère également que les femmes sont inférieures aux hommes sur le plan intellectuel, puisque l’homme ayant perdu un procès jugé par Libuše39 affirme, parmi d’autres reproches, que les femmes ont les cheveux longs mais l’intelligence courte : « Certum est enim, longos esse crines omnibus set breves sensus mulieribus »40. Le chroniqueur attribue cependant aux jeunes filles une certaine habileté à piéger les garçons41 dans le récit du déroulement de la Guerre des jeunes filles, ce qui suppose une certaine vivacité d’esprit.

Cosmas souligne également le fait que les femmes doivent être soumises aux hommes en louant l’attitude de Libuše après que l’un de ses sujets lui a dit qu’il ne voulait pas obéir à une femme : il rapporte ainsi qu’elle cacha sa peine avec une « pudeur féminine » (pudore femina), puis répondit en mettant en garde ses sujets contre le fait qu’un souverain masculin serait certainement plus brutal voire tyrannique avant d’ajouter qu’elle suivra toutefois la volonté de ses sujets et prendra pour mari celui qu’ils éliront comme duc42. Ainsi que nous l’avons mentionné, le chroniqueur ajoute ensuite que c’est Libuše qui révéla à son peuple l’identité du futur duc, à savoir le laboureur Přemysl, lequel accéda effectivement au pouvoir à sa requête43. Bien que le personnage de Libuše soit présenté tour à tour de manière positive et négative par Cosmas, et que le chercheur américain Patrick J. Geary qualifie d’ailleurs cette attitude d’ambiguë44, il convient de souligner que le chroniqueur suit un fil conducteur assez clair, puisqu’il stigmatise – par l’intermédiaire d’un protagoniste du récit – Libuše dans les situations où elle prétend exercer le pouvoir sur les hommes et la complimente lorsqu’elle se comporte conformément aux qualités qui doivent être selon lui celles d’une femme (modestie, douceur). Cette attitude du chroniqueur est à rapprocher de celle qu’il adopte vis-à-vis du personnage de Mathilde de Toscane, dont il mentionne le rôle dans la résolution du conflit entre l’évêque de Prague, Gerhard/Jaromír, et son frère, le duc – et futur roi – de Bohême Vratislav en 107445, mais rapporte également que son futur mari Welf de Bavière l’a accusée de lui avoir jeté un maléfice qui l’empêcha de consommer sa nuit de noces46 : ainsi que le soulignent plusieurs chercheurs, cette représentation de Mathilde comme femme exerçant le pouvoir, mais aussi pourvue de pouvoirs magiques, présente certaines analogies avec la description de Libuše47.

Conclusion

L’analyse du récit de la Guerre des jeunes filles dans la Chronique des Tchèques de Cosmas de Prague démontre que le chroniqueur fait porter la responsabilité du conflit aux jeunes filles, dont il dit qu’elles ont eu l’audace de vouloir ériger un lieu fortifié ; selon lui, cette audace vient des mœurs très libres des anciennes Tchèques, qui portaient les armes, chassaient et n’étaient pas soumises aux hommes. Pour le chroniqueur, le fait que les femmes se comportent comme des hommes et surtout leurs tentatives d’établir une domination sur ces derniers constituent clairement un cas de transgression, puisque Cosmas considère que seuls les hommes doivent exercer le pouvoir et manier les armes, les femmes devant se montrer quant à elles soumises et obéissantes. Cette vision de la société et du rôle dévolu aux hommes et aux femmes se reflète largement dans l’œuvre de Cosmas, puisque les personnages féminins qui obéissent à ce modèle, comme Mlada/Marie, sœur du duc Boleslav II et première abbesse du monastère Saint-Georges de Prague48 ou encore la propre femme de Cosmas, Božetěcha49, sont présentés sous un jour favorable, alors que ceux qui n’entrent pas dans ce cadre sont dépeints de manière négative. L’usage de ce critère entraîne d’ailleurs parfois des situations complexes, puisque Libuše est tantôt louée, tantôt critiquée selon que ses actions correspondent ou non au rôle de la femme tel que le définit le chroniqueur.

Au‑delà du cas de Cosmas, il convient de signaler que la vision des femmes du Maître Vincent dit Kadłubek, évêque de Cracovie de 1208 à 1218 et auteur d’une chronique latine qui eut une grande influence sur l’historiographie médiévale polonaise des xiiie et xive siècles, présente de nombreuses analogies avec celle son homologue praguois. Ainsi, certaines épouses de souverains accusées de pousser leurs maris à adopter un comportement inique, voire néfaste pour la Pologne, y sont l’objet de comparaisons peu flatteuses (une d’entre elles est notamment assimilée à Médée), ce qui conduit le chercheur polonais Edward Skibiński, grand spécialiste de la chronique de Kadłubek, affirmer qu’« une femme ne reçoit pas l’approbation si elle essaie d’influencer les décisions politiques de son mari50 ». Parmi les personnages féminins figurant dans cette œuvre, celui de Wanda n’est pas sans rappeler la figure de Libuše et les jeunes filles guerrières tchèques, puisque selon l’érudit chroniqueur cracovien, elle était la fille du souverain légendaire Krak, régna sur les Polonais après le décès de son père et combattit à la tête de ses sujets contre un souverain germanique qui s’était était épris d’elle, mais à la différence de Libuše, Wanda resta vierge toute sa vie et exerça le pouvoir jusqu’à sa mort sans descendance, ce qui affaiblit le royaume51. Tout comme son prédécesseur praguois, l’érudit évêque cracovien affirme toutefois, et de manière encore plus claire que ce dernier, qu’il est contraire aux bonnes mœurs qu’une femme gouverne52. Pour Cosmas et Kadłubek, l’existence d’une société où les femmes ne sont pas soumises aux hommes et peuvent même exercer le pouvoir constitue une anomalie et la présence de telles époques dans l’histoire de leur nation respective est liée à l’incapacité des hommes à exercer ce pouvoir pour différentes raisons, comme l’absence d’héritier mâle légitime (chez Cosmas, Krok n’a pas de fils alors que chez Kadłubek, l’un des fils de Krak tue l’autre et est banni) : l’existence de ces périodes d’interruption du gouvernement des hommes, qui représente la normalité, renvoie ainsi à l’imperfection des sociétés païennes et des souverains qui ont précédé les dynasties actuellement en place.

Bibliographie

Sources anciennes

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Wolwerton L. 2015, Cosmas of Prague: Narrative, Clacissism, Politics, Washington.

Notes

1 Boutan 2015 ; Adde-Vomáčka 2016, p. 80-81. Retour au texte

2 Adde-Vomáčka 2016. Retour au texte

3 Thomas 1998, p. 56-62, Klassen 1999, p. 27-28 ; Adde-Vomáčka 2016, p. 54 et p. 192‑193. Retour au texte

4 Cosmas, Chronique, I, 14 : il n’est d’ailleurs pas anodin de constater que cette date est la première figurant dans l’œuvre de Cosmas. Retour au texte

5 En tchèque contemporain, le nom « vierge » se dit « panna » ; en revanche le mot « děva », désormais peu usité, signifie « jeune fille » et doit être rapproché du mot vieux-slave « дѣва (děva) », qui signifie « vierge ». Retour au texte

6 Cosmas, Chronique, p. 38. Retour au texte

7 On pourrait traduire ce toponyme par « Château-en-hauteur ». Retour au texte

8 Cosmas, Chronique, p. 38. Retour au texte

9 Cosmas, Chronique, p. 38. Retour au texte

10 Cosmas, Chronique, p. 38 et 40. Retour au texte

11 Cosmas, Chronique, p. 38. Retour au texte

12 La traduction anglaise la plus récente propose « unbridled », « sans bride » : Cosmas, Chronique, p. 39. Retour au texte

13 Ainsi que le souligne la traduction anglaise la plus récente, ce terme fait certainement référence aux Polovtses : Cosmas, Chronique, p. 39, note 101. Également appelés Coumans, les Polovtses sont un peuple nomade d’origine turque d’abord établi entre Oural et Volga qui combattit notamment contre les Hongrois avant de s’allier à eux. Retour au texte

14 Comme les Polovtses, les Petchénègues sont un peuple nomade d’origine turque d’abord établi entre Oural et Volga qui combattit notamment contre les Hongrois avant de s’allier à eux. Retour au texte

15 Le mot habitus est polysémique et peut se traduire notamment par « mœurs », « manière d’être » ou « vêtement ». Dans le cas présent, le terme « vêtement » nous paraît correspondre davantage au contexte du passage et les quatre traductions de la chronique consultées (deux en langue anglaise, une en langue polonaise et une langue tchèque) traduisent habitus par « vêtement » ; l’auteur souhaite en cette occasion remercier le professeur Ryszard Grzesik, directeur du département d’histoire de l’Institut de slavistique de l’Académie polonaise des sciences, pour son aide dans la consultation des traductions. Retour au texte

16 Švanda 2009. Retour au texte

17 Cosmas, Chronique, II, 1. Retour au texte

18 Geary 2006, p. 34 ; Wolwerton 2015, p. 128-135. Retour au texte

19 Geary 2006, p. 40. Retour au texte

20 On remarque également dans la fin de ce récit la présence d’un vers d’Horace (Épodes, XV, 1) ; par ailleurs, l’expression nullum discriminem habebant, situé à la fin de la phrase de Cosmas sur les mœurs des anciennes Tchèques, figure chez Ovide (Métamorphoses, I, 291). Retour au texte

21 Cosmas, Chronique, p. 39, note 101. Retour au texte

22 Réginon de Prüm, Chronique, année 889. Retour au texte

23 Gallus, Chronique, II, 19. Retour au texte

24 Un passage de Paul le Diacre (Histoire des Lombards I, 1) utilisé par Réginon dans sa localisation de la Scythie figure dans la description géographique situé dans le premier chapitre de la chronique de Cosmas. Retour au texte

25 Justin, II, 2 : « Lanae his usus ac vestium ignotus et quamquam continuis frigoribus urantur, pellibus tamen ferinis ac murinis utuntur. » Retour au texte

26 Il est possible que cette source soit les Tristia d’Ovide ; en effet, Cosmas fait plusieurs emprunts à cet auteur et l’expression nullum discriminem habebant, qui clôt l’analogie de Cosmas sur les mœurs vestimentaires des anciens Tchèques et ceux des nomades de la steppe eurasiatique, figure dans les Métamorphoses (I, 291). En outre, les deux descriptions des vêtements des Gètes et des Sarmates par Ovide sont plus détaillées que celles de Justin ; les deux passages des Tristia mentionnent ainsi que ces peuples utilisaient des manteaux ainsi que des braies en peaux et que seuls leurs visages étaient visibles (Tristes, III, 10 : « Pellibus et sutis arcent mala frigora bracis, oraque de toto corpore sola patent » ; Tristes, V, 7: « Pellibus et laxis arcent mala frigora bracis, oraque sunt longis horrida tecta comis »). Retour au texte

27 Cosmas, Chronique, I, 3. Retour au texte

28 Réginon de Prüm, Chronique, année 889. Retour au texte

29 Réginon de Prüm, Chronique, année 889 : « quippe eandem ferocitatem feminis quam viris adsignant. » Retour au texte

30 Justin, XLI, 3 : « quippe violentiam viris, mansuetudinem mulieribus adsignant. » Retour au texte

31 Goltz 2016, p. 132, n. 76. Retour au texte

32 Babij 2018, p. 151-152. Retour au texte

33 Cosmas, Chronique, I, 3-4. Retour au texte

34 Banaszkiewicz 1997. Retour au texte

35 Geary 2006, p. 41. Retour au texte

36 I Cor., 7, 4 : « Mulier sui corporis potestatem non habet, sed vir. Similiter autem et vir sui corporis potestatem non habet, sed mulier. » Retour au texte

37 I Cor. 7, 39 : « Mulier alligata est legi, quanto tempore vir eius vivit… » Retour au texte

38 Selon le dictionnaire Gaffiot, le mot jugum était aussi utilisé par certains auteurs classiques, comme Horace ou Plaute, pour désigner le mariage. Retour au texte

39 Cosmas, Chronique, I, 4. Retour au texte

40 Cosmas, Chronique, I, 4. Retour au texte

41 Cosmas, Chronique, I, 9 : « sollertiores ad decipiendos iuvenes ». Retour au texte

42 Cosmas, Chronique, I, 4. Retour au texte

43 Cosmas, Chronique, I, 5-8. Retour au texte

44 Geary 2006, p. 35 et 38. Retour au texte

45 Cosmas, Chronique, I, 31. Retour au texte

46 Cosmas, Chronique, II, 32. Retour au texte

47 Geary 2006, p. 40-41. Retour au texte

48 Cosmas, Chronique, I, 22 et 26. Retour au texte

49 Cosmas, Chronique, III, 43. Retour au texte

50 Skibiński 1995, p. 161. Retour au texte

51 Kadłubek, Chronique, I, 7. Retour au texte

52 Kadłubek, Chronique, I, 8 : « … namque bonis videatur moribus dissonum, feminam principibus imperare… » Retour au texte

Citer cet article

Référence papier

Adrien Quéret-Podesta, « Genre et transgression du genre dans le récit de la Guerre des jeunes filles chez Cosmas de Prague », Frontière·s, 5 | -1, 53-61.

Référence électronique

Adrien Quéret-Podesta, « Genre et transgression du genre dans le récit de la Guerre des jeunes filles chez Cosmas de Prague », Frontière·s [En ligne], 5 | 2021, mis en ligne le 15 décembre 2021, consulté le 29 mars 2024. URL : https://publications-prairial.fr/frontiere-s/index.php?id=839

Auteur

Adrien Quéret-Podesta

Adjoint, Académie polonaise des sciences, Institut d’études slaves, département d’histoire

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