Philippe Jouët, Dictionnaire de la mythologie et de la religion celtiques

Fouesnant, Éditions Yoran Embanner, 2012, 1040 p.

p. 195-196

Référence(s) :

Philippe Jouët, Dictionnaire de la mythologie et de la religion celtiques, Fouesnant, Éditions Yoran Embanner, 2012, 1040 p.

Texte

On dispose enfin, grâce à cet ouvrage imposant (1040 pages) et bien présenté, d’un excellent dictionnaire, totalement digne de ce nom, qui couvre le domaine de la mythologie mais aussi des conceptions religieuses des Celtes insulaires et continentaux. Il remplace avantageusement le récent Dictionnaire de mythologie celtique dû à Jean-Paul Persigout (Éditions Imago, 2009) de conception approximative et fort peu scientifique. Avec ses 4000 entrées, le dictionnaire de Philippe Jouët englobe l’univers celte dans son ensemble (Europe centrale, Îles Britanniques, Gaule) depuis la protohistoire (grâce à l’archéologie) jusqu’aux périodes les plus récentes (Moyen Âge arthurien et régions celtiques actuelles : Irlande, Écosse, Pays de Galles, Cornouailles, Bretagne, grâce aux textes et contes mythologiques). De conception intelligente et honnête, ce dictionnaire ne se contente pas d’aligner les significations de noms ou notions à caractère mythique ou religieux, il donne aussi les sources de ses informations en s’appuyant sur des textes antiques mais aussi des documents irlandais, gallois et bretons qui datent pour l’essentiel du Moyen Âge. Il fait appel aux travaux des meilleurs spécialistes pour donner des clés de compréhension de cette mythologie. Les notices puisent dans les ressources de la mythologie comparée (d’inspiration dumézilienne) pour apporter les éléments d’interprétation d’une mythologie conçue comme un système organisé, bien que ses lois ne relèvent évidemment pas de la logique rationnelle. En ouverture au dictionnaire, une « introduction à l’étude de la religion celtique » (p. 9-54) présente un exposé synthétique sur quelques questions fondamentales : les sources de cette mythologie, l’héritage indoeuropéen dans le monde celte, la présence des structures trifonctionnelles, les rapports du mythe et de l’histoire, du mythe et de la cosmologie, l’organisation générale du panthéon celtique, la question des langues, l’évolution historique du système mythologique, le rôle de la christianisation, les apports de l’archéologie à la mythologie, etc. L’exposé est plus pragmatique qu’exhaustif mais il donne la mesure des difficultés auxquelles on s’expose dès que l’on touche à cette matière labyrinthique. La nomenclature comporte aussi bien des noms mythiques de personnes (Arthur, Dagda, Kulhwch, Owein) ou de lieux (Avalon, Caer Sidi), des titres de récits mythologiques et la notice inclut dans ce cas un résumé succinct du texte (Compert Conchulainn, Gereint vab Erin, Immram Maile Duin), des notions ou termes d’application religieuse (ex‑voto, fins dernières, lien) des symboles (les couleurs, les nombres, les animaux, les objets, les points cardinaux). Un système d’abréviations permet d’alléger les notices tout en orientant le lecteur vers la bibliographie essentielle pour l’approfondissement des idées, commentaires ou textes mythologiques présentés. Parmi les vétilles, on relèvera une inexactitude : « La naissance du Purgatoire » de J. Le Goff (et non « L’invention ») pour le sigle IP. Les deux sigles MChs et CSEM concernent le même ouvrage. Il est préférable de donner la référence aux ouvrages imprimés (lorsqu’ils existent) plutôt qu’aux thèses qui les ont précédés : LFIOS (Crozon, 2003) et LRMOC (Genève, 1991). Corriger la pagination pour l’Histoire de Tuan Mac Cairill : TMI, 145-156. Quelques remarques : La truie de Glasteing (p. 307) possède une homologue romaine très remarquable avec la truie aux trente gorets dont parle Virgile (J. Carcopino, Virgile et les origines d’Ostie, Paris, PUF, 1968, 2e éd., p. 595-617). S’agit-il de deux motifs homologues dans des traditions indoeuropéennes parallèles ou les clercs bretons ont-ils démarqué Virgile ? Au total, on dispose désormais d’un ouvrage nécessaire et pratique qui réserve aux amateurs d’imaginaire celtique d’étonnantes découvertes.

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Référence papier

Philippe Walter, « Philippe Jouët, Dictionnaire de la mythologie et de la religion celtiques », IRIS, 34 | 2013, 195-196.

Référence électronique

Philippe Walter, « Philippe Jouët, Dictionnaire de la mythologie et de la religion celtiques », IRIS [En ligne], 34 | 2013, mis en ligne le 31 janvier 2021, consulté le 29 mars 2024. URL : https://publications-prairial.fr/iris/index.php?id=1872

Auteur

Philippe Walter

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