Revue Iris, no 43, 2023 :
Le corps augmenté : entre imaginaires
et réalités [Appel clos]

Appel réservé aux docteur·es

La revue Iris (https://publications-prairial.fr/iris/index.php?id=849), revue internationale à comité de lecture (RICL), lance un appel à contributions sur la thématique du corps augmenté. Les articles attendus porteront sur les différentes figures du corps augmenté, considérées et analysées, entre autres, au prisme de l’imaginaire.

Argumentaire

Le corps est notre principale maison. Parmi les premières habitations, à l’aube de l’humanité, on recense les tentes. Ces dernières ne sont jamais que des extensions du vêtement, comme le rappelait en 2011 l’architecte Paul Andreu (1938-2018)1. La maison puis la ville sont des prolongements du corps. C’est ce qu’expriment la fameuse ville anthropomorphe de Vitruve puis les jardins et les édifices à forme corporelle humaine de la Renaissance2. Dans « Le corps utopique », Michel Foucault fait du corps le point de départ de toute utopie. À l’horizon de cette utopie corporelle, il y a le germe de toute unité et de toute société, le couple saisi dans l’étreinte décrit par Foucault à la fin de son étude sur le corps utopique. Cultiver son jardin, c’est d’abord cultiver son corps, veiller à son bien-être et faire preuve d’un « souci de soi », comme l’écrivait cet historien de la culture et philosophe. Bonifier le corps peut en tout premier lieu être perçu comme une source de bonheur qui est au fondement des utopies. Et sans liberté des corps, pas de libéralisme comme le suppose l’acte Habeas corpus voté une dizaine d’années avant la révolution d’Angleterre au xviie siècle. L’augmentation du corps fait signe : le corps est langage et le langage prolonge le corps du sujet parlant. Elle peut être vécue dans l’imaginaire, depuis le sentiment de plénitude poétique jusqu’à l’extase mystique. En lien direct avec la question de l’identité, notamment en lien avec la thématique du corps caméléon, elle peut aussi être vécue concrètement, à travers cette projection sensorielle, intellectuelle et physique qu’est le langage, à travers les métamorphoses physiques et les transformations du rapport corporel à l’espace-temps.

Par réalité du corps augmentée on pense tout de suite aux prothèses, aux greffes, aux puces, à l’appareillage médical déjà existant et à ceux que les projections futuristes nous permettent d’imaginer. Plusieurs types d’augmentation de la réalité corporelle viennent à l’esprit :

  • l’augmentation par ajout (de compléments corporels, accessoires ou implants) et la modification de l’apparence corporelle : maquillage, chirurgie esthétique, tatouages, accessoires de mode et autres modifications de l’apparence corporelle ;

  • l’accroissement des facultés physiques et mentales par l’intervention de la chimie (potions, injections, etc.) : dopage, drogues, etc. ;

  • l’augmentation par mutation génétique dans la perspective du post-humain (voir Superman) ;

  • l’augmentation par appareillage, greffe bionique ou non (l’appareillage bionique imite des propriétés naturelles comme les nageoires ou les ailes mais fait intervenir l’électricité), voir l’armure des chevaliers du Moyen Âge ou des temps modernes (Comics de Marvel et autres avengers : Tonu Stark) ;

  • l’augmentation par clonage (voir Cloud Atlas) : augmentation par le nombre.

La thématique du corps augmenté permet aussi d’aborder des sujets connexes comme par exemple :

  • le sport : augmentation naturelle des capacités physiques (dopages) : augmentation par la chimie, les médicaments (voir films d’arts martiaux Ip man) ;

  • l’intelligence artificielle (voir le film sur Hawking, Une merveilleuse histoire du temps) ;

  • le transgenre qui suppose ajouts ou au contraire retranchements ;

  • le corps énergétique, avec l’utilisation du Qi dans des fictions pour la jeunesse telle que Dragon Ball Zed.

Le sujet du corps augmenté peut être abordé au prisme de différentes disciplines et méthodologies, entre autres :

  • la littérature (notamment la littérature de science-fiction, la BD, la littérature romanesque d’anticipation, les utopies) ;

  • la médecine et l’histoire de la médecine ;

  • le droit et l’histoire du droit ;

  • la sociologie ;

  • l’histoire (histoire du corps, notamment) ;

  • la philosophie ;

  • l’anthropologie ;

  • l’art et l’histoire et l’analyse des pratiques artistiques ;

  • l’analyse de l’image, fixe ou mobile (photo, films, séries et même jeux vidéo).

On veillera toutefois à articuler les réflexions et analyses proposées à la thématique de l’imaginaire, qui constitue la ligne éditoriale de la revue.

Format de l’article : 45 000 caractères espaces comprises, résumés et mots clés compris.

Normes de la revue disponibles sur https://publications-prairial.fr/iris/index.php?id=849

Calendrier

Les articles seront à remettre pour le 30 décembre 2022, dernier délai, aux responsables du numéro, Christine Orobitg et Monica Cardenas-Moreno, aux adresses suivantes :

christine.orobitg@univ-amu.fr

monica.cardenas-moreno@univ-reunion.fr

Ils seront ensuite soumis à une évaluation en double aveugle, avant une éventuelle publication en ligne, en accès libre, dans le numéro 43 d’Iris.

Bibliographie

Ben Farhat Arselène & Trabelsi Mustapha, La Question de l’hybride, Faculté des Lettres et Sciences Humaines de Sfax, Nouha Éditions, Collection de l’URLDC, 2014.

Berthelot Francis, Le corps du héros. Pour une sémiologie de l’incarnation romanesque, Paris, Nathan, 1997.

Breton le David, La Sociologie du corps, Paris, PUF, 1992.

Breton le David, Anthropologie du corps et de la modernité, Paris, PUF, 2013.

Butler Judith, Trouble dans le genre, trad. Cynthia Kraus, Paris, Éditions La Découverte, 2005.

Cárdenas Moreno Mónica, Construction et déconstruction des identités : entre le corporel et le symbolique, Université de La Réunion, 2020, Travaux & Documents, p. 1247-1194.

Cauquelin Anne, Fréquenter les incorporels : contribution à une théorie de l’art contemporain. Paris, PUF, 2006.

Chollet Mona, Beauté fatale. Les nouveaux visages de l’aliénation féminine, Paris, La Découverte, 2012.

Corbin Alain, Courtine Jean-Jacques & Vigarello Georges (dir.), Histoire du corps, Paris, Seuil, 2005, Tome 1, 2 et 3.

Dardigna Anne-Marie, Les châteaux d’Eros ou l’infortune du sexe des femmes, Paris, François Maspero, « PCM », 1980.

Doudet Estelle, « Présence du corps absent : Théâtre et disparition du prince au xve siècle », Cahiers de recherches médiévales et humanistes, 32, 2016, p. 19‑36.

Dumoulie Camille & Riaudel Michel (dir.), Le corps et ses traductions, Paris, Éditions Desjonquères, 2008.

Fintz Claude, Le corps comme lieu de métissages, Paris, L’Harmattan, 2003.

Fontanille Jacques, Corps et sens, Paris, PUF, 2011.

Foucault Michel, Histoire de la sexualité (1. La Volonté de savoir [1976], 2. L’Usage des plaisirs [1984], 3. Le Souci de soi [1984], 4. Les Aveux de la chair [2018, posthume]), Paris, Gallimard.

François Anne Isabelle, « Sexualité », dans Besson Anne, Dictionnaire de la fantasy, Paris, Vendémiaire, 2018, p. 363-364.

Garelli Marie-Hélène & Visa-Ondarçuhu Valérie (dir.), Corps en jeu. De l’Antiquité à nos jours, Rennes : Presses universitaires de Rennes, coll. « Histoire », 2010, 378 p.

Guelton Bernard, Images et récits, la fiction à l’épreuve de l’intermédialité, L’Harmattan, 2013.

Kaptan-Belkora Miyna & Cheikh Moussa Ijjou (dir.), Les représentations du corps mises en mots, mises en images, Faculté des Lettres et Sciences Humaines de Rabat, Colloques et Séminaires, no 174, 2014.

Lévine Eva & Touboul Patricia, Le corps, Flammarion, Paris, 2015.

Lojkine Stéphane, Image et subversion, Éditions Jacqueline Chambon, 2005.

Marzano Michela, Philosophie du corps, Paris, PUF, 2016.

Mathet Marie-Thérèse (éd.), Brutalité et représentation, L’Harmattan, coll. « Champs visuels », 2006.

Moser-Verrey Monique, Desjardins Lucie & Turbide Chantal, Le corps romanesque, Images et usages topiques sous l’Ancien Régime, coll. « La République des Lettres », Presses de l’Université Laval, 2009.

Khouri Naja Carine, « Représentations du corps dans l’art : enjeux identitaires », Le Carnet PSY, 2016/7 (no 201), p. 28-36.

Reichler Claude, Le corps et ses fictions, Paris, Les Éditions de Minuit, 1983.

Rubin Gayle, « Penser le sexe : Pour une théorie radicale de la politique de la sexualité », traduction de Flora Bolter, in Surveiller et jouir : Anthropologie politique du sexe, textes rassemblés et édités par Rostom Mesli, traductions de Flora Bolter, Christophe Broqua, Nicole-Claude Mathieu et Rostom Mesli, EPEL, 2010.

Rykner Arnaud & Buignet Christine, Entre code et corps. Tableau vivant et photographie mise en scène, Presse de l’Université de Pau et des Pays de l’Adour, 2012.

Spurlin William J., Tomiche Anne & Zoberman Pierre, Écritures du corps. Nouvelles perspectives, Paris, Classiques Garnier, « Rencontres », 2013.

Toublet Cécile, Le corps comme signe, Corps sanglants, souffrants et macabres xvie-xviie siècles, sous la direction de Charlotte Bouteille-Meister et Kjerstin Aukrust, Paris, Presses Sorbonne Nouvelle, 2010, 376 p.

Vigarello Georges, Histoire de la beauté, l’art d’embellir de la Renaissance à nos jours, Seuil, 2004.

Notes

1 Lors d’un cours dispensé à l’ESPE dans le cadre d’une initiation à l’histoire des arts. Retour au texte

2 Fernand Hallyn, Romanica Gandensia: Dante pèlerin de la sainte face. XI, p. 159. Retour au texte

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