La revue Iris (https://publications-prairial.fr/iris/index.php?id=849), revue internationale à comité de lecture (RICL), lance un appel à contributions sur la thématique du corps augmenté. Les articles attendus porteront sur les différentes figures du corps augmenté, considérées et analysées, entre autres, au prisme de l’imaginaire.
Argumentaire
Le corps est notre principale maison. Parmi les premières habitations, à l’aube de l’humanité, on recense les tentes. Ces dernières ne sont jamais que des extensions du vêtement, comme le rappelait en 2011 l’architecte Paul Andreu (1938-2018)1. La maison puis la ville sont des prolongements du corps. C’est ce qu’expriment la fameuse ville anthropomorphe de Vitruve puis les jardins et les édifices à forme corporelle humaine de la Renaissance2. Dans « Le corps utopique », Michel Foucault fait du corps le point de départ de toute utopie. À l’horizon de cette utopie corporelle, il y a le germe de toute unité et de toute société, le couple saisi dans l’étreinte décrit par Foucault à la fin de son étude sur le corps utopique. Cultiver son jardin, c’est d’abord cultiver son corps, veiller à son bien-être et faire preuve d’un « souci de soi », comme l’écrivait cet historien de la culture et philosophe. Bonifier le corps peut en tout premier lieu être perçu comme une source de bonheur qui est au fondement des utopies. Et sans liberté des corps, pas de libéralisme comme le suppose l’acte Habeas corpus voté une dizaine d’années avant la révolution d’Angleterre au xviie siècle. L’augmentation du corps fait signe : le corps est langage et le langage prolonge le corps du sujet parlant. Elle peut être vécue dans l’imaginaire, depuis le sentiment de plénitude poétique jusqu’à l’extase mystique. En lien direct avec la question de l’identité, notamment en lien avec la thématique du corps caméléon, elle peut aussi être vécue concrètement, à travers cette projection sensorielle, intellectuelle et physique qu’est le langage, à travers les métamorphoses physiques et les transformations du rapport corporel à l’espace-temps.
Par réalité du corps augmentée on pense tout de suite aux prothèses, aux greffes, aux puces, à l’appareillage médical déjà existant et à ceux que les projections futuristes nous permettent d’imaginer. Plusieurs types d’augmentation de la réalité corporelle viennent à l’esprit :
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l’augmentation par ajout (de compléments corporels, accessoires ou implants) et la modification de l’apparence corporelle : maquillage, chirurgie esthétique, tatouages, accessoires de mode et autres modifications de l’apparence corporelle ;
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l’accroissement des facultés physiques et mentales par l’intervention de la chimie (potions, injections, etc.) : dopage, drogues, etc. ;
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l’augmentation par mutation génétique dans la perspective du post-humain (voir Superman) ;
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l’augmentation par appareillage, greffe bionique ou non (l’appareillage bionique imite des propriétés naturelles comme les nageoires ou les ailes mais fait intervenir l’électricité), voir l’armure des chevaliers du Moyen Âge ou des temps modernes (Comics de Marvel et autres avengers : Tonu Stark) ;
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l’augmentation par clonage (voir Cloud Atlas) : augmentation par le nombre.
La thématique du corps augmenté permet aussi d’aborder des sujets connexes comme par exemple :
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le sport : augmentation naturelle des capacités physiques (dopages) : augmentation par la chimie, les médicaments (voir films d’arts martiaux Ip man) ;
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l’intelligence artificielle (voir le film sur Hawking, Une merveilleuse histoire du temps) ;
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le transgenre qui suppose ajouts ou au contraire retranchements ;
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le corps énergétique, avec l’utilisation du Qi dans des fictions pour la jeunesse telle que Dragon Ball Zed.
Le sujet du corps augmenté peut être abordé au prisme de différentes disciplines et méthodologies, entre autres :
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la littérature (notamment la littérature de science-fiction, la BD, la littérature romanesque d’anticipation, les utopies) ;
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la médecine et l’histoire de la médecine ;
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le droit et l’histoire du droit ;
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la sociologie ;
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l’histoire (histoire du corps, notamment) ;
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la philosophie ;
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l’anthropologie ;
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l’art et l’histoire et l’analyse des pratiques artistiques ;
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l’analyse de l’image, fixe ou mobile (photo, films, séries et même jeux vidéo).
On veillera toutefois à articuler les réflexions et analyses proposées à la thématique de l’imaginaire, qui constitue la ligne éditoriale de la revue.
Format de l’article : 45 000 caractères espaces comprises, résumés et mots clés compris.
Normes de la revue disponibles sur https://publications-prairial.fr/iris/index.php?id=849
Calendrier
Les articles seront à remettre pour le 30 décembre 2022, dernier délai, aux responsables du numéro, Christine Orobitg et Monica Cardenas-Moreno, aux adresses suivantes :
monica.cardenas-moreno@univ-reunion.fr
Ils seront ensuite soumis à une évaluation en double aveugle, avant une éventuelle publication en ligne, en accès libre, dans le numéro 43 d’Iris.