Texte

Agastya Maitravaruṇi est le nom d’un sage védique (ṛṣi), auquel est attribuée la rédaction d’un ensemble d’hymnes du Ṛgveda (I, 165‑191), dont certains contiennent des allusions au personnage. Frère aîné du sage Vasiṣṭḥa, il est issu de la semence de Mitra et de Varuṇa, qu’ils laissèrent tomber sur le sol, séduits par la vue de l’apsaras Urvaśī. D’après le commentateur Sāyaṇa, il serait né dans une jarre, dans laquelle avait été placée cette semence — d’où son nom de Kuṃbhasaṃbhava, « né dans une jarre », ou Kuṃbhayoni, « ayant une jarre comme matrice ». Dans le Mahābhārata (III, 94‑103), il est connu notamment pour trois exploits : il dévore l’Asura Vātāpi et arrache à son frère Ilvala des trésors pour les offrir à son épouse Lopāmudrā ; à la demande des dieux, il contraint l’orgueilleux mont Vindhya, qui bloquait la course du soleil afin d’obtenir de cet astre l’hommage d’une circumambulation, à se prosterner devant lui, perdant ainsi son altitude originelle ; il boit toute l’eau de l’océan, afin de découvrir les Kāleya, des Asura mangeurs d’ascètes qui y ont trouvé refuge, permettant ainsi aux dieux de les détruire. Agastya est un personnage essentiel du Rāmāyaṇa, qui relate également sa naissance (VII, 56‑57) ; protégeant la région méridionale contre les Asura qui l’infestent (on le voit mettre à mort Ilvala, en plus de Vātāpi), il habite un ermitage situé au sud du mont Vindhya, où il accueille Rāma et devient son ami et conseiller, lui révélant la généalogie de son ennemi Rāvaṇa (III, 11) et lui remettant les armes avec lesquelles il parviendra à le vaincre, notamment l’arc de Viṣṇu et le projectile Brahmadatta (III, 12). Après la victoire du héros, il l’accompagne, lui et son épouse Sītā, jusqu’à sa capitale Ayodhyā. Plusieurs Purāṇa dressent de lui le portrait d’un professeur qui dispense le savoir à différents disciples ; dans le Skandapurāṇa, en particulier, ses récits portant sur les lieux saints contribuent à la création d’une géographie sacrée de l’Inde. La littérature tamoule ancienne le désigne comme précepteur de la nation des Drāviḍa ; il aurait ainsi transmis le savoir brahmanique au Sud de la péninsule. Enfin, sa figure de maître ne se limite pas aux frontières du subcontinent : on la retrouve, par exemple, dans l’Agastyaparvan, un texte javanais composé autour de l’an 1000 de notre ère ; il existe d’ailleurs, dans les temples de Java, de nombreuses statues d’Agastya1.

Sage par excellence, précepteur idéal respecté dans toute l’Inde et dans les pays d’Asie qui ont subi l’influence indienne, Agastya donne son nom, en l’année 2025 de notre ère, à une revue électronique qui, franchissant les montagnes, entend offrir à ses lecteurs l’opportunité de se perfectionner dans la lecture des textes en langues indiennes.

Notes

1 Pour en savoir plus sur le personnage d’Agastya, voir : Nilakantha Sastri, K. A. (1936). Agastya. Tijdschrift voor Indische Taal‑, Land‑ en Volkenkunde, 76, p. 471‑545 ; ou Rahurkar, V. G. (1957). The Role of Agastya in the Vedic and Post-Vedic Literature. Poona Orientalist, 22, p. 40‑50. Retour au texte

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Référence électronique

Sylvain Brocquet, Julie Rocton, Carmen Spiers et Amandine Wattelier-Bricout, « Avant‑propos : Agastya », Agastya [En ligne], 1 | 2025, mis en ligne le 02 juin 2025, consulté le 26 juillet 2025. URL : https://publications-prairial.fr/agastya/index.php?id=284

Auteurs

Sylvain Brocquet

Aix-Marseille Université, CNRS, TDMAM, Aix-en-Provence, France
sylvain.brocquet[at]univ-amu.fr

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Chargée de recherches, Centre d’études sud‑asiatiques et himalayennes (CESAH), Aubervilliers, France
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