Plan

Texte

Les poésies présentées dans ce numéro de notre revue sont tirées de l’opuscule d’Elena Salibra intitulé Il martirio di Ortigia, Introduction de Maria Cristina Cabani, Lecce, Piero Manni editore, 2010, coll. “Pretesti” (dir. Anna Grazia D’Oria), n° 390.

rotte

come le mie tenerezze

                              rabat

un cielo spezzato
mi colora d’azzurro le rientranze
del terrazzo sopra il riad

come le mie tenerezze speziate
d’altri sapori tornano a galla
nella vasca colma.
e se t’aggrappi alla corda che pende
dalla stella fissa la stessa
di quando t’acconciavo parole
spostando quel tanto di senso
che ci divideva da noi
era il deserto allora a insabbiarci
la pelle come una cipria. oggi è
l’avvampo d’un tramonto a traboccare
davanti ai portoni
della casba. così le mosche immobili
(ma sono d’ottone)

 

 

tandis que mes tendresses

                              rabat

un ciel déchiré
colore pour moi d’azur les rebords
de la terrasse au-dessus du riad

tandis que mes tendresses épicées
d’autres saveurs remontent à la surface
dans le bassin comble.
et si tu t’agrippes à la corde qui pend
de l’étoile fixe la même
que quand je t’accommodais les mots
en déplaçant le peu de sens
qui nous séparait de nous
c’était le désert qui nous ensablait alors
la peau comme de la poudre. aujourd’hui c’est
l’érubescence du soleil couchant qui déborde
devant les portes
de la casbah. comme les mouches immobiles
(mais elles sont en cuivre)

dopo i giorni di tobia

da un amore

ma non viene da te quel consumarsi
d’occhi nel desiderio del mattino
quando a impeciare
il tuo marsupio d’anni è la colla

d’un calore. se mi perdi sai trovarmi
in una cuccia di foglie e aria. Qui
col tetto laterale hai murato
le rimanenze d’acqua.

non gabbia pare – forse
è mare senza orizzonte in fondo –
simmetriche la porta la finestra
e l’ascensore che ha l’ansia di
salire dove scende il malumore
di tanti te specchiati da un amore

 

 

par un amour

mais il ne vient pas de toi ce regard
qui s’abîme dans le désir matinal
lorsque ce qui englue
la poche de tes années c’est la colle

d’une chaleur. si tu me perds tu sais me retrouver
dans un nid d’air et de feuilles. ici
tu as muré le réservoir d’eau
avec le toit latéral.

ça ne semble pas une cage – peut-être
est-ce la mer sans horizon au fond –
on a disposé de façon symétrique la porte et la fenêtre

et l’ascenseur qui redoute de
monter là où descend la contrariété
de tous ces toi réfléchis par un amour

 

 

 

 

e non ti chiedo venia

                              istanbul

ho amato il tuo volo sul galata bridge

[mi piacerebbe dirti e non sarei
sincera
] cefalo saltato all’amo
tra le cuspidi rosa del palazzo.

non ero certa di te.

(il flash t’oscurava il volto)
ma ti riconoscevo nello specchio
opaco sul fondo dell’harem.

tutto sommato mi piacevi
così come un oggetto
senza trasparenza.

ora intanata
sotto la volta della basilica
con un piede nell’aldilà t’aspetto

china sul tappeto rosso
               [e non ti chiedo venia]

 

 

et je n’implore point ton pardon

                              istambul

j’ai aimé ton vol au-dessus du galata bridge

[je voudrais te dire et je ne serais
pas sincère
] mulet pris à l’hameçon
parmi les coupoles rose du palais.

je n’étais pas sûre de toi.

(le flash offusquait ton visage)
mais je te reconnaissais dans le miroir
opaque au fond du harem

tout compte fait c’est comme ça
que tu me plaisais comme un objet
sans transparence.

et maintenant tapie
sous la voûte de la basilique
un pied dans l’au-delà je t’attends

penchée sur le tapis rouge
               [et je n’implore point ton pardon]

storielle

s uno

mi solfeggiavi un ticchettio di tacchi
nell’orecchio come uno stillicidio
– di rimando un brillio d’occhi sullo sfondo –

ti minacciai guardandoti in tralice.
ora il video mi rimbalza parole
d’amore. ma non è più tempo.
scavalchi il muricciolo verso l’albero
del pero là sopra il ballatoio.
ti inghiotte lo stanzino dove ci
pioveva dentro. ma tu hai tappato con la resina anche i buchi
del cuore

 

 

h un

tu me solfiais à l’oreille un tintement
de talons semblable à un suintement
– pour toute réponse un scintillement d’yeux en arrière plan –

je te menaçai en te regardant de travers.
maintenant l’écran me répercute des mots
d’amour. mais il n’est plus temps.
tu enjambes le mur bas en direction de l’arbre
chargé de poires là au-dessus du péristyle.
tu es happé par le cagibi où il
y pleuvait. mais tu as bouché
avec de la résine jusqu’aux cavités
de mon cœur

 

 

 

 

s due

lasciai sul kleenex il disegno delle labbra
quando zanzara-tigre mi ronzavi
intorno. poi il contorno rimase

vuoto come la traccia d’un piacere
acceso.
non era l’anno
dell’oblio e tu mi pungevi d’una perfetta
pena. eppure ancora non pareva
pigra la mia resa.

 

 

h deux

j’ai laissé sur le kleenex la forme de mes lèvres
tandis que tel un moustique tigre tu vrombissais
autour de moi. puis le contour est resté

vide comme la trace d’un plaisir
embrasé.
ce n’était point l’année
de l’oubli et tu me piquais d’une parfaite
peine. et pourtant ma capitulation
ne semblait point encore indolente.

 

 

 

 

s quattro

                              dopo il dieci d’agosto

mi è nemico il vento in questa sera
di fine estate se il fuoco agostano
prima di mezzanotte scoppia
sopra il porto piccolo.

nell’isola non ci sono più case.
le affiches a cinque stelle oggi m’accecano
i sogni. forse quel fondale
dove i ricci femmina s’arrossavano
alla luna sarà un angolo
di buio nel comodino.

qui la morte lottizzata
come la vita si misura a cumuli
di terra e marmo.

dalla finestra a mare con le gocce
della flebo mi provo a decifrare
il tuo dormiveglia.
               ora il respiro
s’allenta come una rete smessa.

sei in attesa di infilare la porta stretta

 

 

h quatre

                              après le dix août

le vent m’est hostile en cette soirée
de fin d’été si avant minuit
les feux d’août explosent
au dessus du petit port.

dans l’île il n’y a plus de maisons.
les affiches à cinq étoiles aveuglent aujourd’hui
mes rêves. peut-être ce fond marin
où s’ensanglantaient les oursins femelles
illuminé par la lune sera-t-il un point
d’obscurité dans l’écoinçon.

ici la mort parcellisée
tout comme la vie se mesure en amas
de terre et de marbre.

de la fenêtre qui donne sur la mer à travers le goutte-à-goutte
de la perfusion je m’efforce de déchiffrer
ton demi-sommeil.
               voici que ta respiration
se relâche comme les mailles d’un vieux sommier

tu t’apprêtes à passer la porte étroite

 

 

 

 

s sette

la stella del fondale che ha posato
il pescatore sul bordo della barca
chiede la giusta posizione come

ogni cosa nel suo luogo.
e la tua ombra che a me s’accompagna
cerca una nicchia lì dalla prua.

ma non so se la mano che mi tocca
la spalla è la stessa che un tempo
m’aggrinzava la pelle quando lo spazio

tra noi forse non era ancora il nostro

 

 

h sept

l’étoile des profondeurs que le pêcheur
a posée sur le rebord de la barque
doit être mise dans la bonne position comme

toute chose à sa place.
et ton ombre qui m’accompagne
cherche un refuge là à la proue.

mais je ne sais si la main qui touche
mon épaule est la même qui autrefois
faisait se froisser ma peau lorsque l’espace

qui nous séparait ne nous appartenait pas encore.

Citer cet article

Référence électronique

« Textes et traduction », Cahiers du Celec [En ligne], Hors série 1 | 2013, mis en ligne le 27 mars 2023, consulté le 20 juillet 2025. URL : https://publications-prairial.fr/celec/index.php?id=467

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