L’innovation technologique au cœur des mues de la création littéraire

Bouleverser la littérarité et dépasser les supports ?

  • Technological innovation at the core of literary creation: transforming literature and going beyond media?

DOI : 10.35562/marge.695

Résumés

La littérature fait aujourd’hui face à l’une des révolutions les plus importantes de son histoire, celle du numérique. La transition vers ce support n’est pas sans conséquence pour le milieu littéraire et impacte significativement tous ses acteurs, en particulier les écrivains. Dans quelles mesures l’innovation technologique impacte-t-elle la création littéraire ? Favoriserait-elle et contribuerait-elle à l’esquisse d’une poétique de l’ultracontemporain transcendant les supports ? C’est à ces questions que s’attachera notre article. Dans un premier temps, nous montrerons que l’innovation technologique, donnant lieu à des écritures spécifiques, affecte les œuvres en les homogénéisant et en les différenciant. Après quoi nous plaiderons en faveur d’une littérarité élargie et soulignerons l’importance du dépassement du support. Pour ce faire, notre réflexion s’appuiera sur un ensemble de théories actuelles à la fois en littérature et en sciences de l’information et de la communication.

Abstract: Literature is currently facing one of the most important transformations it has ever seen: the digital revolution. The transition to this medium has a significant impact on the literary field and has consequences for all of its actors, including writers. The aim of our paper is to examine how technological innovation can affect literary creation and the production of an ultra-contemporary poetics that transcends all media. Our first point will be to demonstrate how a technological innovation allows the homogenisation and differentiation of works as it gives rise to specific writings. We will then argue for a broader view of literacy, and stress the importance of going beyond the medium. To do so, the analysis will be based on current theories from the fields of literature, and information and communication sciences.

Plan

Texte

La littérature fait aujourd’hui face à l’une des révolutions les plus importantes de son histoire, celle du numérique1. La transition vers ce support n’est pas sans conséquence pour le milieu littéraire et touche significativement tous ses acteurs, en particulier les écrivains. En effet, les auteurs tendent de plus en plus à s’emparer du web et des technologies tant à des fins littéraires que communicationnelles. Dans quelles mesures l’innovation technologique impacte-t-elle la création littéraire ? Favoriserait-elle et contribuerait-elle à l’esquisse d’une poétique de l’ultracontemporain transcendant les supports ? Dans un premier temps, nous montrerons que l’innovation technologique, donnant lieu à des écritures spécifiques, affecte les œuvres en les homogénéisant et en les différenciant. Dans un second temps, nous verrons que l’innovation technologique élargit la notion de littérarité. Enfin nous observerons que la question des supports tend à être dépassée, le web favorisant les coopérations entre ses différents acteurs pour permettre l’émergence d’œuvres transmédias et surmonter les difficultés techniques qu’elles posent. Pour ce faire, notre réflexion s’appuiera sur un ensemble de théories actuelles à la fois en littérature et en sciences de l’information et de la communication. Elle sera enrichie d’exemples principalement centrés sur deux auteurs, tous deux très investis et actifs de longue date sur le web, à savoir Pierre Ménard, fondateur du site Liminaire2, et François Bon, auteur polygraphe et pionnier du web qui depuis 1997 s’attèle à la construction de sa plateforme d’écriture Le Tiers Livre3.

L’innovation technologique affecte les œuvres

Qu’ils s’attèlent spécifiquement à la conception d’œuvres numériques ou non, les écrivains utilisent de plus en plus les innovations technologiques au cours de leur processus créatif. Comme l’a montré une étude conduite par Cécile Méadel et Nathalie Sonnac, l’outil informatique intervient à « des stades plus ou moins avancés à des échelles plus ou moins grandes4 » tandis que les appareils mobiles offrent des possibilités élargies, que ce soit dans le cadre d’une prise de note ou pour le travail du texte en lui-même qui peut se faire de manière connectée et collective. L’écriture peut alors se pratiquer à tout instant. Le texte n’étant plus nécessairement destiné à l’objet livre, ordinateurs, tablettes et smartphones lui ouvrent d’autres perspectives et permettent des écritures spécifiques qui requièrent des compétences techniques. C’est le cas par exemple de l’écriture multimédia qui semble susciter un intérêt toujours plus vif.

L’innovation technologique induit des écritures spécifiques : l’exemple de l’écriture multimédia

Confronter texte, image et son demande à l’auteur un traitement de ces éléments qui sous-entend la maîtrise de logiciels adaptés comme Final Cut, utilisé par exemple par François Bon pour le montage et la mise en ligne de ses vidéos. Sur Le Tiers Livre, on peut observer que celles-ci prennent une place de plus en plus importante depuis quelques années. Certaines d’entre elles font office de complément ou offrent une alternative à la lecture des articles postés sur le site, tandis que d’autres se présentent comme des improvisations ou sont intégrées uniquement à la chaîne YouTube de François Bon. Cet attrait pour l’écriture multimédia s’accroît, voire tend à remplacer certaines pratiques. En 2019, Pierre Ménard, par exemple, s’est principalement attelé à deux grands projets multimédias. L’Abécédaire des prépositions (le film des films)5 d’une part, films mis en ligne deux fois par mois résultant d’un montage d’extraits des longs et courts métrages favoris de l’écrivain, travaillé autour d’un thème et accompagné d’un texte de création. Il s'agit d'une expérience qui entend célébrer l’acte créateur et approcher l’abécédaire sur un autre mode que celui expérimenté par Pierre Ménard en 2013 dans son Abécédaire des prépositions, un « éloge de l’abécédaire au pied de la lettre »6. D’autre part, Journal du regard. Au lieu de se souvenir7, une production hybride qui faisait évoluer sa pratique du journal en alliant texte et vidéo. Dans un premier temps, étaient publiés « chaque jour, un film d’une minute, chaque lundi, la compilation du journal vidéo de la semaine précédente, et le texte qui s’écrit en creux8 », avant que le projet n'adopte une périodicité mensuelle. Ce dernier, inspiré, voire déclenché, par une citation extraite des Fictions de Borges, s’offre sur le site en articulant une création en deux temps qui entremêle et détourne des techniques d’écriture traditionnelles (collage, contrainte) et numériques (écriture multimédia, sérielle et fragmentaire). Avec l'ajout de musiques de fond, d’une voix off, de sous-titres et de textes, de fondus, d’effets de bruitage, d'accélérations, de ralentissements, et de superpositions de l’image, ces productions soignées témoignent d’un savoir-faire technique qui dénote une écriture spécifique conjuguant plusieurs « gestes »9 d’écriture, pour reprendre l’expression de Vilém Flusser.

La technique : entre homogénéisation et différenciation des œuvres

Néanmoins, si les technologies permettent d’allier différents gestes d’écriture, elles homogénéisent également les créations. En effet, les évolutions sont rapides et les technologies deviennent rapidement obsolètes. Valérie Beaudoin identifie dans le sillage des observations de l’économiste Joseph A. Schumpeter sur la destruction créatrice de l’innovation différentes périodes et associations d’usages :

La période « page perso » (1996-2002) […] ; la période « blog » (2002-2006) […] ; la période « réseau social » (depuis 2006-2007) […] adossé[e] à des plates-formes plus pérennes de publication comme les blogs ou les sites de CMS […]10.

L’écrivain, s’il souhaite faire de l’espace numérique l'un de ses terrains d’expérimentation, n’a d’autre choix que de suivre les évolutions technologiques et les usages qu’elles sous-tendent pour conserver et augmenter son lectorat, mais aussi pour que ses créations s’inscrivent dans l’air du temps, ce qui l’amène régulièrement à ouvrir ou clore des sites web de sa conception ou à abandonner certaines plateformes pour en rejoindre d’autres, renouvelant ainsi toujours ses propres usages. Ainsi, les Fenêtres Open Space11 de Anne Savelli se sont refermées sur Blogspot pour devenir un site personnel, construit à l’aide de Joachim Séné et du logiciel SPIP, et non plus un blog.

De manière générale, le degré de maîtrise du code par l’auteur le conduit à adopter un dispositif plutôt qu’un autre et l’amène à plus ou moins moduler l’usage de la technologie au sein de son écriture. Ce sont ses choix d’ordres esthétique et technique qui lui permettent de se différencier. L’utilisation de CMS comme SPIP ou Wordpress contribue à l’homogénéisation des blogs ou sites d’auteurs et limite l’utilisateur, en particulier celui qui ne maîtrise pas les rudiments de la programmation. Par exemple, pour faciliter la prise en main et la construction de sites, ce type de plateformes met à la disposition des utilisateurs un certain nombre de thèmes parfois limités qui agissent notamment sur l’habillage du site ou sa typographie. Ces thèmes forment des « squelettes » qu’il convient ensuite de personnaliser. Or, cette différenciation que laisse entrevoir la personnalisation varie en fonction des compétences techniques de l’auteur-utilisateur. De fait, la maîtrise du code offre une plus grande latitude à celui qui la détient, lui permettant de se distinguer plus facilement en suscitant davantage d’interaction ou à travers des expérimentations qui lui sont propres, comme en témoigne le site de Joachim Séné, Fragments, chutes et conséquences12, dans lequel certaines productions de l’écrivain se « patine[nt] »13 sous les effets du temps, opacifiant le texte de sorte à le rendre illisible, questionnant à la fois la textualité et la pérennité des œuvres mises en ligne.

Mais peut-on accorder une valeur littéraire à ces productions ? L’innovation technologique semble ouvrir la voie à une littérarité plus ouverte.

L’innovation technologique élargit la littérarité

La littérarité, cette notion élaborée et définie par Roman Jakobson dans Questions de poétique en 1973 comme « ce qui fait d’une œuvre donnée une œuvre littéraire »14 a eu beau évoluer dans son sillage grâce aux contributions de nombreux chercheurs, ses attributs ne font pas l’unanimité dans la communauté scientifique. La littérature « traditionnelle » donne lieu à deux écoles : l’une centrant son approche autour de la forme, focalisant son attention sur le style, sur le soin apporté à la langue utilisée, recherchant les indices littéraires laissés au sein du texte ; l’autre s’attachant davantage au jugement de valeur de l’œuvre, à son plaisir de lecture, conférant à la littérarité un simple statut. En contexte numérique, la notion même de littérarité évolue. Rappelons en effet que l’une des caractéristiques des œuvres littéraires numériques est d’interroger leur propre littérarité15. Certaines d’entre elles, comme les hyperfictions, intègrent une forte intertextualité ou revendiquent leur filiation de manière plus ou moins ostentatoire, tout en proposant, tel que le souligne Astrid Ensslin, une « anti-linéarité narrative » et une « infinité rhizomatique »16. Néanmoins, parce qu’elle lie différents gestes d’écriture et tend à exploiter toutes les spécificités qu’offre le numérique, la littérarité, comme le fait remarquer Gilles Bonnet17 en s’appuyant sur l’exemple de la LittéraTube, n’est plus logocentrée. Elle tend à s’ouvrir et semble désormais davantage reposer sur des critères externes à l’œuvre.

Des critères externes à l’œuvre plus marqués

Dans la mesure où l’espace numérique modifie considérablement l’auctorialité telle que nous la connaissons, et par conséquent l’autorité qui en découle, il nous semble que l’affirmation de la légitimité de l’écrivain pourrait constituer un premier gage de littérarité. En effet, si l’édition traditionnelle permet une première sélection de l’information avant sa publication ainsi qu’une identification claire et rapide de l’auteur, qui fait alors son entrée dans un champ bien établi et institutionnalisé, il n’en va pas de même en contexte numérique puisque cet environnement « n’est plus réservé à des professionnels (journalistes, auteurs, éditeurs, […]), il s’est aussi ouvert à des amateurs18 ». Ainsi, force est de constater que si tout un chacun est désormais en mesure de se saisir de cet espace pour y publier de l’information ou diffuser ses écrits à l’aide de nouveaux modes d’autopublication à l’image des plateformes en ligne ou des blogs, la légitimité de ces contenus ne va pas de soi. Elle devient alors pour l’écrivain l’objet d’une conquête permanente.

La légitimité auctoriale comme critère de littérarité

Puisque d’une part l’écrivain se voit contraint de multiplier les stratégies pour se démarquer du blogueur et affirmer son statut d’auteur, d’autre part plusieurs formes de légitimité semblent coexister et s’interconnecter dans cet espace spécifique.

Se saisir de la toile suppose l’adhésion aux codes qui la régissent. La compréhension des algorithmes qui y font figure d’autorité peut permettre à l’écrivain de travailler sa présence en ligne, sa notoriété ainsi que sa popularité sur le web, en vue de gagner plus ou moins rapidement une certaine reconnaissance. Le concept de l’autoritativité, cette « attitude consistant à s’auto-éditer ou à publier sur le WWW, sans passer par l’assentiment d’une institution de référence référée à l’ordre imprimé19 » pensée par Evelyne Broudoux, entre ici en première ligne dans la construction de « l’hyper-auctorialité » telle que la conçoit Emmanuelle Pelard20. L’objectif étant pour l’auteur d’accroître sa visibilité, la quantification des commentaires et publications des abonnés et followers donne à voir sa popularité sur le web : plus le nombre est élevé et plus celui-ci semble exister en ligne, ce qui permettra ensuite à l’écrivain de disposer d’un meilleur référencement sur les moteurs de recherches ou les plateformes en ligne grâce au traitement des données et mots-clés par les algorithmes. Cette première phase peut conduire l’écrivain vers des communautés de pairs ou de lecteurs partageant des intérêts communs susceptibles d’interagir, de collaborer avec lui, et donc de se voir intégrer et reconnu à une échelle plus ou moins grande.

Dans un second temps, la quête de légitimation de l’auteur se poursuit en s’inscrivant dans un processus long et ardu qui consiste à se positionner au sein de la littérature numérique, alors que l’existence même de ce champ fait l’objet de débats au sein de la communauté scientifique, dans la mesure où envisager la littérature numérique en prolongement ou en rupture de la littérature traditionnelle serait avant tout une question de regard, comme l’a par exemple démontré Marcello Vitali-Rosati21. Certains, à l’image de Serge Bouchardon22, Evelyne Broudoux23 et Talan Memmott24, arguent en faveur de l’émergence d’un champ littéraire numérique, un champ « expérimental » qui serait encore en cours de constitution et qui tendrait « à s’autonomiser […] avec des institutions et des réseaux de légitimation qui lui sont spécifiques. »25, tandis que d’autres voient dans la littérature numérique une extension du champ littéraire. Pour notre part, nous rejoignons la vision de Gilles Bonnet26 qui, contrairement aux travaux de Bouchardon, inclut pleinement les sites et blogs d’auteurs à sa conception de la littérature numérique. Dans son article, « La légitimité de la poésie numérique en France »27, Gwendolyn Kergourlay distingue trois modèles de légitimité que l’écrivain peut à notre sens moduler pour s’affirmer.

Premièrement, la légitimité traditionnelle qui « s’inscrit dans le temps et définit les critères de référence du domaine28. » Celle-ci repose à la fois sur l’institution scolaire et sur des initiatives pérennes tentant de recenser la multiplicité des œuvres numériques à l’image d’anthologies et répertoires mis en œuvre par des universitaires et auteurs comme l’organisation internationale ELO, Electronic Literature Organisation, lancée dès l’aube des années 2000. Nous pouvons citer le Répertoire des arts et des littératures hypermédiatiques29 développé par le Laboratoire NT2 depuis 2004, le projet de répertoire des écrivains numériques lancé par la Chaire de recherche du Canada sur les écritures numériques, ou encore celui du répertoire européen, la ELMCIP Knowledge Base30. Par ailleurs, la littérature numérique s’enseigne de plus en plus, notamment à l’université, signe de son institutionnalisation croissante.

Deuxièmement, la légitimité rationnelle qui « repose sur la crédibilité scientifique ou professionnelle accordée à ses détenteurs31 ». Nombre d’éditeurs numériques francophones participent à ce modèle de légitimité, comme en atteste la tentative d’inventorisation menée depuis 2011 par Lorenzo Soccavo sur son blog-carnet, Prospective du Livre32, et tenue à jour jusqu’à fin 2019. De même, les revues sont d’autres garantes de cette légitimité. Certaines établies de longue date comme Alire, Remue.net ou bleuOrange33 entendent soutenir, encourager et faire découvrir des œuvres littéraires usant des technologies. La littérature numérique dispose aussi de prix d’envergure internationale décernés chaque année, comme le New Media Writing Prize qui couronne une œuvre recourant à une variété de formats, de plateformes et de médias, ou encore les trois ELO Prizes qui récompensent respectivement la meilleure œuvre de littérature numérique de l’année, quel que soit son genre ou sa longueur, le meilleur ouvrage critique de l’année, ainsi qu’un artiste ou un chercheur pour l’ardeur de son implication au sein du champ et sa capacité à inspirer les autres acteurs qui en font partie. Par ailleurs, certaines plateformes de lecture en streaming comme Youboox récompensent un livre numérique par an. Des manifestations littéraires, notamment des festivals, s’organisent régulièrement, comme en témoigne le festival E-Poetry ou le festival Sans décoder. Enfin les productions peuvent être amenées à recevoir le soutien de certaines instances. C’est le cas par exemple du projet Les Lignes de désir mené par Pierre Ménard34 qui a notamment bénéficié du soutien du DICRéAM (Dispositif pour la création artistique multimédia) en 2015. Être recensé, publié, valorisé ou récompensé par l’une de ces institutions constitue pour l’écrivain une marque de légitimité qui accroit son capital symbolique et renforce son inscription au sein de la littérature numérique, lui permettant ainsi de se démarquer du blogueur d’une manière plus traditionnelle.

Enfin, la « légitimité distinctive est celle construite par les individus à travers une singularité, une originalité dans le champ qui leur donne un statut de personnalité artistique de premier plan35 ». Travailler ce dernier modèle de légitimité revient pour l’auteur à penser sa « façon de prendre la parole, d’annoncer un discours, d’assumer un texte36 », et par conséquent à façonner cette « manière singulière d’occuper une position dans le champ littéraire37 », c’est-à-dire sa posture littéraire. L’espace du site se prête particulièrement bien à cet exercice dans la mesure où il croise à la fois des données discursives et des conduites. Selon nous, la notion de posture en régime numérique tend à se reconfigurer pour permettre à l’écrivain de rejouer certaines postures ou d’en arborer plusieurs simultanément, pouvant donner lieu à la création d’une figure spécifique et composite38. Aussi, elle permet à l’auteur d’afficher sa singularité tout en intégrant une part davantage tournée vers le collectif. Le travail et la gestion d’une posture permettent à l’auteur de se distinguer radicalement du blogueur en constituant une figure auctoriale qui s’appuie sur le partage et le prolongement d’un imaginaire avec le lecteur, permis par l’expérience du numérique.

Une littérarité suggérée et connotée

Dans l’espace du site, comme l’ont notamment démontré Étienne Candel et Gustavo Gomez-Mejia, dans leur article « Écrire l’auteur : la pratique éditoriale comme construction socioculturelle de la littérarité des textes sur le web », la littérarité peut être également connotée39. Tout un jeu reposant sur une culture en partage, celle du codex, s’opère pour suggérer au lecteur que sa lecture est bien littéraire. Par exemple, par l’emploi de polices spécifiques comme le Garamond, utilisé par François Bon sur Le Tiers Livre, qui renvoie directement à l’imprimé et s’inspire des poinçons élaborés par Claude Garamont, imprimeur du xvie siècle. Le découpage de la page d’accueil du Tiers Livre et la disposition de ses rubriques renforcent cette référence à la culture de l’imprimé en évoquant certains quotidiens ou certaines revues.

L’implication du lecteur dans les créations littéraires en ligne se veut forte. Le lecteur fournit un effort de lecture constant, voire s’attèle à construire son propre parcours d’exploration au sein des rubriques et des textes proposés, tandis que certaines œuvres, comme les œuvres interactives, rendent possible une immersion plus profonde reposant sur l’action du lecteur, au moyen de clics par exemple. Par ailleurs, la littérarité peut être renforcée dans la diffusion des œuvres dans la mesure où celles-ci sont souvent relayées ou commentées par des pairs issus d’une même communauté, notamment sur les réseaux sociaux. Cette forme de validation tend donc à accroître leur dimension littéraire. Enfin, les publications papier sont un autre moyen de « […] valide[r] et [de] conforte[r] la littérarité.40 », comme l’indique Florence Pellegrini, puisqu’elle confirme l’œuvre en l’inscrivant dans la culture littéraire traditionnelle.

Le changement de support ne vient donc pas ébranler la littérarité des œuvres au contraire, il semble la renforcer lui donnant l’opportunité de s’ouvrir davantage pour mieux prendre en compte les spécificités des technologies qui viennent l’enrichir.

Au-delà des supports, le numérique favorise l’émergence d’une poétique de l’ultracontemporain

Alors que certains semblent déplorer un appauvrissement et une homogénéisation des œuvres numériques, résultant de l’utilisation accrue des mêmes dispositifs et logiciels, force est de constater que les technologies et la toile ont également un impact significatif sur la manière de concevoir et de penser la création littéraire dans son ensemble, contribuant ainsi à esquisser une poétique de l’ultracontemporain au-delà des supports. L’esthétique construite par les écritures numériques est fortement influencée par la culture qui régit l’environnement dans lequel elles se développent. Reproduction, réappropriation, assemblage, détournement, reprise, bricolage… Comme l’ont notamment montré les travaux de Kenneth Goldsmith ou ceux de Marjorie Perloff avec leurs concepts d’« uncreative writing41 » et d’« unoriginal genius42 », l’auteur numérique semble davantage adopter une démarche de gestion et de manipulation en s’employant à la réinvention, à la restructuration et au recyclage de matériaux issus de la toile, poussant à l’extrême certaines techniques, à l’image du collage, plutôt qu’à faire montre d’originalité. Grâce à des logiciels ou applications tels que Airtable, utilisée par exemple par Pierre Ménard, l’« écranvain43 » peut constituer et travailler des bases de données qu’il pourra à sa guise modeler pour générer une œuvre. Des plateformes de microblogging à l’image de Tumblr peuvent aussi être employées à la manière de carnets de tendances ou d’inspirations servant de matière première dans le cadre d’un projet ou de déclencheur à l’écriture. Outre la twittérature, Twitter peut également faire émerger des œuvres conceptuelles destinées à l’imprimé, comme Retweeted de Karri Kokko qui se donne pour ambition de reproduire les tweets figurant sur le compte44 de l’artiste. Le numérique offre de même des possibilités en matière de remédiation qui peuvent s’effectuer dans les deux sens : certaines œuvres de François Bon conçues en premier lieu pour le web puis publiées en papier, et inversement, en témoignent.

Les possibles de l’hypermédia contribuent à dépasser la question du support. En effet, la culture numérique faisant de la participation une de ses valeurs phares, l’une des particularités du web est de créer une dynamique d’échange et de coopération qui permet aux écrivains de se lancer dans des projets ambitieux et collaboratifs d’une part, et de surmonter des difficultés d’autre part.

Les œuvres transmédias

Depuis la fin des années 2010, un intérêt croissant pour l’élaboration d’œuvres transmédias – c’est-à-dire des œuvres qui permettent la découverte d’un univers diégétique de manière progressive à partir d’une œuvre centrale et à l’aide d’œuvres dérivées semi-autonomes mobilisant des expériences distinctes sur le plan esthétique relevant de différents arts, médias et/ou supports – semble se développer au sein des communautés d’auteurs numériques et se concrétiser peu à peu. Ce type de créations entend susciter l’interaction entre nouveaux et anciens médias de façons plus complexes45. En 2012, Cécile Portier emboîtait le pas avec sa fiction transmédia interactive, Étant donnée46, qui proposait, entre autres, vidéos, site web, jeux numériques, installations et performances en vue d’entreprendre une réflexion autour des traces numériques. En 2016, avec Chant acier, François Bon47 concevait quant à lui, en s’appuyant sur une idée originale de Jean-Yves Yagound, un projet consacré à l’usine proposant à la fois un webdocumentaire, un livre numérique gratuit ainsi qu’une série d’entretiens réunissant artistes et témoins.

Ces créations déplacent l’inventivité du texte vers sa mise en scène. Il ne s’agit plus nécessairement de faire montre d’originalité au sein de celui-ci comme les œuvres traditionnelles peuvent le faire, mais plutôt de proposer une expérience globale et inédite permettant au lecteur/spectateur d’éprouver la présence de l’auteur sur l’ensemble du web et au-delà de celui-ci de manière hybride. Pour déployer au mieux la narration et l’adapter de sorte à la rendre à la fois interactive et attractive, l’élaboration de l’œuvre doit être pensée de A à Z en tenant compte des spécificités de chaque support mobilisé. Par conséquent, les œuvres transmédias renouvèlent le rôle de l’écrivain qui, à la manière d’un show runner ou d’un réalisateur, s’engage dans toutes les strates du projet et peut déléguer à des tiers certaines tâches, alors effectuées sous sa supervision. Comme l'ont montré Dominique Bourgeon-Renault, Christine Petr et Élodie Jarrier au cours de leur intervention « Le “transmédia” au service de la médiation dans le domaine des arts et de la culture », lors de la Conférence internationale du management des arts et de la culture de 201548, la théâtralisation, la scénarisation et la spectacularisation constituent un enjeu important pour permettre aux publics visés d’accéder à l’œuvre et d’y entrer. Le projet transmédia complexe que menait Pierre Ménard, Les Lignes de désir, semble bien prendre en compte cette dimension. Ce récit interactif sous forme de « narration combinatoire49 » entendait proposer une réflexion sur les différents systèmes d’éditorialisation, avec pour objectif le développement d’une application mobile dont le prototype permettait aux utilisateurs/lecteurs/co-auteurs d’écouter l’histoire, et de générer leur propre récit à partir de leur expérience de déambulation sur l’île Saint-Louis sous la forme d’un livre numérique ou audio. À cela s’ajoutaient d’autres manières d’aborder cette œuvre. En fonction du temps passé sur place, de ses arrêts, de la vitesse de sa marche, ou du sens de sa circulation, le lecteur ne se voyait pas proposer les mêmes fragments et pouvait dans certains cas débloquer des suppléments. Une version numérique et aléatoire du texte devait être diffusée par Publie.net et disponible en impression à la demande. Un livre d’artiste sous la forme de cartes à jouer tiré à un nombre d’exemplaires limité devait constituer un autre point d’accès, tout comme les installations sonores, les visites guidées, et un dispositif interactif disponible sur le site web consacré. Ces portes d’entrée multiples sur l’œuvre tentent de sublimer au mieux le texte composé et proposent des parcours immersifs mobilisant plus ou moins certains sens du lecteur/spectateur dans le but de :

faire bouger les lignes de notre perception du monde, son écriture et sa lecture. Peut-être pas changer le monde, mais nous indiquer la voie pour passer d’un monde à l’autre, voyager dans les interstices du réel comme nos avatars qui font partie de notre identité (notre identité numérique) sans l’englober totalement, un reflet de nos visages, de notre identité débridée, versatile, dans un réel hybride50

Le web un espace propice à la coopération

Comme le rappelle Pierre Ménard :

Un livre numérique s’écrit à plusieurs. L’individualité de celui qui crée se trouve renforcée par le projet collectif dans lequel il s’inscrit, s’intègre, trouve sa place, et c’est par cette association, cette collaboration, ce partage, que l’écrivain trouve l’opportunité de se dépasser et de créer une œuvre que seul il n’aurait pas eu les moyens (économiques, techniques, structurels) de concevoir […].51

L’espace numérique favorise les collaborations. Les projets transmédias, comme nous l’avons vu, sont complexes puisqu'ils posent des questions d'ordre techniques importantes. Par conséquent, ils intègrent une dimension participative et collaborative forte, permettant de dépasser les difficultés rencontrées, par exemple en bénéficiant de l’expertise de spécialistes. Dans le cadre des Lignes de désir, Pierre Ménard s’est entouré de Ulrich Fischer, expert en médias interactifs et concepteur du dispositif Walking the Edit permettant de « composer un film en marchant52 » au moyen d’une application mobile. Grâce à son accompagnement et ses conseils, Ulrich Fischer a notamment aidé l’écrivain à trouver l’outil de base de données le plus adapté au projet, ainsi que les services web et applications les plus adéquats pour prototyper les usages et concevoir une première mouture pour tester l’application.

Un autre exemple illustre bien cette tendance : le projet de Cécile Portier, Étant donnée. En effet, les différentes strates du projet ont intégré des coopérations multiples. Sur le plan technique, l’écrivain s’est vue assistée par un développeur, Julien Kirch, une graphiste, Laure Chapalain, et un vidéaste et plasticien, Stéphane Gantelet. Le projet se dotait d’une dimension collaborative sur le plan de l’écriture englobant des contributions de Pierre Ménard, Juliette Mézenc, Pascale Petit, Anne Savelli, Philippe Aigrain, Sereine Berlottier, Lucien Suel, Arnaud Maïsetti, Joachim Séné, Brigitte Célérier, Guillaume Vissac, Joëlle Gonthier, et Alexandra Saemmer. Certains artistes ont également réalisé une création plastique dans le cadre de cette fiction. Enfin, une cagnotte sur la plateforme de financement collaboratif KissKissBankBank a été mise en place, permettant de générer des fonds pour la réalisation intégrale de ce projet.

Espace ouvert et coopératif, le web offre comme nous l’avons vu à travers quelques exemples des possibilités multiples qui contribuent à dépasser la question des supports.

Conclusion

L’innovation technologique impacte la manière de penser et de concevoir les œuvres. Elle donne lieu à de nouvelles écritures adaptées à de nouveaux objets qui permettent d’accéder à l’espace numérique, quel que soit l’endroit où l’on se trouve. Sur le web, la technique contribue à la fois à homogénéiser et différencier les productions de l’écrivain, tandis que les évolutions dessinent des périodes qui amènent l’auteur à privilégier certaines plateformes plutôt que d’autres pour conserver son lectorat. Le changement de support invite à s’interroger sur la littérarité inhérente aux créations disponibles en ligne et semble d’ailleurs ouvrir et élargir cette notion, appelée en effet à se réinventer en contexte numérique, ne reposant plus seulement sur des critères intrinsèques à l’œuvre comme cela a longtemps était le cas en littérature53. Cette littérarité, impactée par les technologies, nous apparaît comme plus poreuse, davantage suggérée et portée sur des critères externes à l’œuvre, à l’image de la légitimité et la posture de l’auteur, pour ne citer que cet exemple. La culture numérique déplace l’inventivité des œuvres qui ne misent plus nécessairement sur l’originalité et semblent chercher à transcender les supports. Ces dernières années, les auteurs numériques manifestent un intérêt certain pour la conception d’œuvres transmédias dont l’élaboration complexe demande à être pensée à plusieurs, de manière coopérative, pour dépasser les difficultés multiples, notamment techniques, liées à ces productions. Le web démultiplie donc les possibles pour la création littéraire dans son ensemble.

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Vitali-Rosati Marcello, « “Littérature numérique” : changements et continuité », TicArtToc, no 7, 2016, p. 32‑35.

Notes

1 Nous renvoyons aux travaux de Roger Chartier sur cette question. Retour au texte

2 Pierre Ménard, Liminaire [en ligne], depuis 2004, URL : http://www.liminaire.fr/. Retour au texte

3 François Bon, Le Tiers Livre. Web & littérature [en ligne], depuis 1997, URL : https://www.tierslivre.net/. Retour au texte

4 Cécile Méadel et Nathalie Sonnac (dir.), L’auteur au temps du numérique, Paris, Éditions des archives contemporaines, 2012, p. 14, URL : https://hal.science/hal-02433602. Retour au texte

5 Pierre Ménard, Abécédaire des prépositions (le film des films). Assemblage de Pierre Ménard, Liminaire [en ligne], 11 janvier 2019, URL : http://www.liminaire.fr/liminaire/article/abecedaire-des-prepositions-le-film-des-films. Retour au texte

6 Pierre Ménard, Abécédaire des prépositions. Éloge de l'abécédaire au pied de la lettre, Liminaire [en ligne], 19 août 2013, URL : http://www.liminaire.fr/entre-les-lignes/article/abecedaire-des-prepositions. Retour au texte

7 Pierre Ménard, Journal du regard. Au lieu de se souvenir, Liminaire [en ligne], depuis 2019, URL : http://liminaire.fr/mot/journal-du-regard. Retour au texte

8 Pierre Ménard, « Journal du regard (semaine 11). Au lieu de se souvenir », Liminaire [en ligne], 18 mars 2019, URL : http://liminaire.fr/journal/article/journal-du-regard-semaine-11. Retour au texte

9 Vilém Flusser, Gestures, Minneapolis, University of Minnesota Press, 2014. Retour au texte

10 Valérie Beaudouin, « Trajectoires et réseau des écrivains sur le web. Construction de la notoriété et du marché », Réseaux, vol. 5, no 175, 2012, p. 115, DOI : https://doi.org/10.3917/res.175.0107. Retour au texte

11 Anne Savelli, Fenêtre Open Space [en ligne], depuis 2007, URL : https://annesavelli.fr/. Retour au texte

12 Joachim Séné, Fragments, chutes et conséquences. Archives [en ligne], 2009-2021, URL : https://jsene.net/fragments-chutes-et-consequences/. Retour au texte

13 Joachim Séné, « Vernis », Fragments, chutes et conséquences. Archives [en ligne], URL : https://jsene.net/fragments-chutes-et-consequences/spip.php?mot349. Retour au texte

14 Roman Jakobson, Questions de poétiques, Éd. du Seuil, coll. « Poétique », 1973, p. 15. Retour au texte

15 Nous renvoyons sur ces questions aux travaux de Serge Bouchardon, en particulier à son ouvrage Littérature numérique : le récit interactif, Paris, Hermes Science, coll. « Ingénierie représentationnelle et constructions de sens », 2009. Retour au texte

16 Nous traduisons les expressions « narrative antilinearity » et « rhizomatic infinity », Astrid Ensslin, Canonizing Hypertext. Explorations and Constructions, Londres, Continuum International Publishing Group, coll. « Continuum Literary Studies », 2007, p. 63. Retour au texte

17 Gilles Bonnet, Pour une poétique du numérique. Littérature et internet, Paris, Hermann, coll. « Savoir lettres », 2017. Retour au texte

18 Dominique Cardon, Culture numérique, Paris, Presses de Sciences Po, coll. « Les petites humanités », 2019, p. 142. Retour au texte

19 Évelyne Broudoux, « Outils, pratiques autoritatives du texte, constitution du champ de la littérature numérique » [en ligne], thèse de doctorat, sous la direction de J.‑P. Balpe, université Paris-VIII-Vincennes–Saint-Denis, 2003, p. 183, URL : https://theses.hal.science/tel-00006760. Retour au texte

20 Emmanuelle Pelard, « Habiter l’espace numérique “en lisant, en écrivant” : faire œuvre à travers les pratiques littéraires en réseau », À l’épreuve [en ligne], no 5, 2018, URL : https://alepreuve.org/content/habiter-lespace-numerique-en-lisant-en-ecrivant-faire-oeuvre-travers-les-pratiques. Retour au texte

21 Marcello Vitali-Rosati, « “Littérature numérique” : changements et continuité », TicArtToc, no 7, 2016, p. 32‑35. Retour au texte

22 Serge Bouchardon, op. cit. ; et Serge Bouchardon, « Littérature numérique : une littérature communicante ? », Médiation et information, no 33, 2011. Retour au texte

23 Évelyne Broudoux, op. cit. Retour au texte

24 Talan Memmott, « Digital Rhetoric and Poetics. Signifying Strategies in Electronic Literature », thèse de doctorat, Suède, Malmö University, 2012, URL : https://mau.diva-portal.org/smash/record.jsf?pid=diva2%3A1404342&dswid=2819. Retour au texte

25 Serge Bouchardon, Littérature numérique : le récit interactif, op. cit., p. 386. Retour au texte

26 Gilles Bonnet, op. cit. Retour au texte

27 Gwendolyn Kergourlay, « La légitimité de la poésie numérique en France : une autorité en construction », Communication et langages, vol. 2, no 192, 2017, p. 103‑115. Retour au texte

28 Ibid., p. 106. Retour au texte

29 Accessible à l'adresse suivante : https://nt2.uqam.ca/fr/search/site/?f%5B0%5D=type%3Arepertoire&retain-filters=1. Retour au texte

30 Disponible à l'adresse suivante : https://elmcip.net/knowledgebase?page=1. Retour au texte

31 Gwendolyn Kergourlay, op. cit., p. 107. Retour au texte

32 Lorenzo Soccavo, « Acteurs de l’édition numérique francophone 2019 », Prospective du Livre [en ligne], 13 juin 2014, URL : https://prospectivedulivre.blogspot.com/2011/04/plus-de-30-editeurs-pure-players.html. Retour au texte

33 Si la première se diffusait sur disquettes, puis sur CD, les deux dernières sont respectivement accessibles aux adresses suivantes : http://remue.net/la-revue, et https://revuebleuorange.org/. Retour au texte

34 Pierre Ménard, Les Lignes de désir [en ligne], depuis 2009, URL : https://lignesdesir.wordpress.com/. Retour au texte

35 Gwendolyn Kergourlay, op. cit., p. 107. Retour au texte

36 Jérôme Meizoz, Postures littéraires. Mises en scène modernes de l’auteur. Essai, Genève, Slatkine Érudition, 2007, p. 18. Retour au texte

37 Ibid., p. 18. Retour au texte

38 Notre thèse de doctorat s’attachera davantage à défendre et expliciter cette idée. Autour de cette question consulter également : Karen Cayrat, « Postures auctoriales au prisme du numérique », in Carole Bisenius-Penin et Jeanne E. Glesener (dir), Narrations auctoriales dans l'espace public. Comment penser et raconter l'auteur ?, Nancy, Presses universitaires de Nancy, Éditions universitaires de Lorraine, coll. « Questions de communication, série actes », no 41, 2021, p. 71-83. Retour au texte

39 Étienne Candel et Gustavo Gomez-Mejia, « Écrire l’auteur : la pratique éditoriale comme construction socioculturelle de la littérarité des textes sur le web », in Oriane Deseilligny et Sylvie Ducas (dir), L’auteur en réseau, les réseaux de l’auteur, Nanterre, Presses universitaires de Paris Ouest, coll. « Orbis litterarum », 2013, p. 49‑72. Retour au texte

40 Florence Pellegrini, « Du blog littéraire à la tribune : multimodalité énonciative dans Le Tiers Livre. Web magazine par François Bon », Studii de lingvistică, no 4, 2014, p. 177. Retour au texte

41 Kenneth Goldsmith, L’écriture sans écriture. Du langage à l’âge numérique, trad. F. Bon, Paris, Jean Boîte Éditions, coll. « Uncreative Writings », 2018. Retour au texte

42 Marjorie Perloff, Unoriginal Genius: Poetry by Other Means in the New Century, Chicago, University of Chicago Press, 2010. Retour au texte

43 Notion forgée par Gilles Bonnet pour nommer « l’auteur qui ne se contentera pas d’une représentation et d’une médiation de soi grâce aux technologies numériques, mais qui les investira comme véritable environnement doté de ses contraintes et potentialités spécifiques. » Gilles Bonnet, op. cit., p. 8. Retour au texte

44 Disponible à l'adresse suivante : https://twitter.com/karrikokko. Retour au texte

45 Henry Jenkins, La culture de la convergence. Des médias au transmédia, trad. C. Jaquet, Paris, Armand Colin / Ina, coll. « Médiacultures », 2013. Retour au texte

46 Voir https://nt2.uqam.ca/fr/repertoire/etant-donnee. Retour au texte

47 Le site du projet étant aujourd'hui inaccessible, voir https://www.francetvpro.fr/contenu-de-presse/69. Retour au texte

48 Disponible à l'adresse suivante : https://okina.univ-angers.fr/publications/ua15402. Retour au texte

49 Pierre Ménard, « Narration combinatoire : l’écriture en mouvement. Colloque international à l’Université du Québec à Montréal », Liminaire [en ligne], 26 mai 2017, URL : http://www.liminaire.fr/liminaire/article/narration-combinatoire-l-ecriture-en-mouvement. Retour au texte

50 Ibid. Retour au texte

51 Pierre Ménard, « Transmédia », Les Lignes de désir [en ligne], 30 mai 2016, URL : https://lignesdesir.wordpress.com/transmedia/. Retour au texte

52 Ulrich Fischer, « Présentation », Walking the Edit [en ligne], mars 2014, URL : https://walking-the-edit.net/fr/projet/presentation/. Retour au texte

53 Nous y reviendrons plus en détail dans notre thèse de doctorat. Retour au texte

Citer cet article

Référence électronique

Karen Cayrat, « L’innovation technologique au cœur des mues de la création littéraire », Nouveaux cahiers de Marge [En ligne], 7 | 2023, mis en ligne le 11 juillet 2023, consulté le 19 juillet 2025. URL : https://publications-prairial.fr/marge/index.php?id=695

Auteur

Karen Cayrat

Karen Cayrat est doctorante en sciences de l’information et de la communication et en langue et littérature françaises au Centre de recherche sur les médiations (Crem, université de Lorraine). Sa thèse s’intéresse notamment à la relation qu’entretiennent les pratiques et les postures de l’écrivain aujourd’hui. Karen Cayrat est également traductrice/interprète. Elle a pour combinaison linguistique le français, l’anglais, l’allemand et l’espagnol. Directrice de publication du webzine culturel et littéraire bimestriel Pro/p(r)ose Magazine (ISSN 2492‑4261) cofondé par ses soins en 2017, elle pratique l’écriture depuis de nombreuses années. Certains de ses textes et poèmes ont été publiés dans des revues nationales et internationales, au format papier et numérique. D’autres créations se dévoilent dans l’espace de son site-atelier, Dérivations.

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