Carrément en unité prédicative à prédicat averbal partiel : portée anaphorique résomptive

  • French adverb carrément as a predicative unit with partial verbless predicate: Resumptive anaphoric scope

DOI : 10.35562/elad-silda.1647

Abstracts

Cet article examine le statut syntaxique du segment averbal carrément, souvent désigné comme « emploi absolu », mais peu décrit dans la littérature précédente (Rouanne, 2013 ; Álvarez-Prendes, 2021 ; Paillard, 2021). L’objectif est de fournir une analyse syntaxico-pragmatique de ce segment dans le cadre de la segmentation du discours (Lefeuvre, 2020). Carrément est présenté comme une unité prédicative partiellement autonome, dépendante du contexte pour une interprétation complète. S’appuyant sur un corpus de données orales spontanées (CFPP2000, ESLO2, CLAPI), l’étude met en lumière son statut syntaxique et sa structure référentielle en lien avec un noyau verbal ellipsé. Ce segment se manifeste sous différentes formes : adverbe intraprédicatif, unité périphérique ou unité prédicative. Selon son positionnement, il répond à des questions totales, confirme des demandes ou réagit à des assertions. L’analyse identifie une structure syntaxique récurrente : (c’est) carrément ça, (que) P, où la complétive qui suit reste en périphérie tout en enrichissant le sens de l’unité, permettant à carrément de fonctionner de manière autonome tout en le liant avec le prédicat.

This article examines the syntactic status of the verbless segment carrément (straightforwardly/completely), often referred to as “absolute use”, but which has been little described in the previous literature (Rouanne, 2013; Álvarez-Prendes, 2021; Paillard, 2021). The aim is to provide a syntactic-pragmatic analysis of this segment within the framework of discourse segmentation (Lefeuvre, 2020). Carrément is presented as a partially autonomous predicative unit, dependent on context for a complete interpretation. Drawing on a corpus of French spontaneous oral data (CFPP2000, ESLO2, CLAPI), the study highlights its syntactic status and referential structure related to an ellipsed verbal nucleus. This segment manifests in various forms: intrapredicative adverb, peripheral unit, or predicative unit. Depending on its positioning, it responds to yes/no questions, confirms requests, or reacts to assertions. The analysis identifies a recurrent syntactic structure: (c’est) carrément ça, (que) P (That’s straightforwardly/completely that P) where the following complement clause remains peripheral while enriching the meaning of the unit, allowing carrément to function autonomously while linking to the predicate.

Outline

Text

Introduction

Les adverbes se distinguent par leur invariabilité morphologique, leur facultativité et leur dépendance syntaxique (Riegel et al., 2012). Cependant, leur capacité à modifier divers éléments de la phrase, tels que les verbes et les adjectifs, introduit une ambiguïté. Certains adverbes, comme oui et non, fonctionnent comme des « mots-phrases », exprimant des actes illocutoires tels que l’acquiescement ou la dénégation (Riegel et al., 2021). L’adverbe carrément est notable pour son usage en tant qu’« emploi absolu », concept abordé par des études antérieures (Rouanne, 2013 ; Álvarez-Prendes1, 2021 ; Paillard, 2021). Cet emploi, relativement récent, est apparu au xxe siècle (Álvarez-Prendes, 2021) et n’est pas mentionné dans les travaux de Schlyter (2000) ou Guimier (1996). Lorsqu’il répond de manière autonome, carrément s’apparente aux « modaux » (Molinier et Levrier, 2000), qui expriment des jugements de certitude.

Molinier et Levrier (2000) notent qu’un énoncé avec un adverbe modal peut être reformulé par un adjectif dérivé, sous les formes Que P soit Adj. ou Il est Adj. que P. mais carrément ne suit pas cette logique comme dans l’exemple (1).

(1)
ENQ: 0:02:36 ► et vous êtes contents du déménagement [pause] ou vous préfériez le troizièmea
Spk1b: 0:02:40 ► moi euh carrément je suis content du déménagement (CFPP2000_3e-2-partie 1-v2)
(1a) *Que je sois content du déménagement est carré
(1b) *Il est carré que je suis content du déménagement
a. Dans cet article, l’auteur fait le choix de conserver l’orthographe du texte d’origine pour tous les exemples cités.
b. L’auteur a modifié la désignation du locuteur interviewé en la remplaçant par la forme neutre « Spk », mais uniquement pour les exemples tirés du corpus CFPP2000. Dans la transcription d’origine, les noms des locuteurs sont déjà anonymisés, prenant la forme de noms vraisemblables, tels que « Michel Chevrier ». Afin d’éviter toute confusion concernant l’anonymisation dans CFPP2000, l’auteur a choisi d’attribuer une nouvelle désignation plus neutre pour les locuteurs. En ce qui concerne les tours de parole de l’enquêteur, l’auteur a simplement conservé la forme « ENQ », qui indique clairement son rôle.

Carrément renvoie à un énoncé précédent tout en servant de réponse autonome à une question. Borillo (1976 : 78) note que certains adverbes modaux peuvent prendre une complétive que P avec une rupture d’intonation et une modalité exclamative (ex. : Évidemment, que P !). Cela témoigne de sa dépendance d’un énoncé préalable dans un dialogue.

Sur le plan sémantico-pragmatique, les études précédentes classifient carrément comme un « marqueur d’attitude énonciative » (Rouanne, 2013) ou un « marqueur discursif “commitment” » (Paillard, 2021), soulignant un point de vue plus radical dans le discours. Cependant, ces descriptions sont moins applicables à des usages assertifs observés dans des conversations orales comme dans l’exemple (2), ce qui limite leur pertinence.

(2)
ENQ : 0:06:38 ► ici ça peut être un quartier encore et il y a un mélange
Spk1: 0:06:43 ► carrément (CFPP2000_3e-2-partie 1-v2)

Notre étude repose sur des corpus oraux de conversations spontanées, analysant la construction syntaxique et référentielle de carrément en tenant compte de l’organisation structurale des conversations (Kerbrat-Orecchioni, 1980). Nous examinerons le lien entre cette unité isolée et les autres énoncés, suivant le cadre théorique des unités phrastiques en discours (Lefeuvre, 2014). Après avoir présenté notre cadre théorique sur les unités prédicatives averbales et leur autonomie, nous détaillerons les corpus et la distribution de carrément, puis analyserons son usage au cas par cas.

1. Cadre théorique

1.1. Segmentation du discours et unités du discours

Notre étude s’inscrit dans le cadre théorique des unités du discours de Lefeuvre (2021 et à paraître), en s’appuyant sur les analyses de Le Goffic (1993), Lefeuvre (1999), et Tanguy (2009) concernant la phrase averbale. La phrase est définie comme un segment syntaxique autonome, comprenant un prédicat et une modalité d’énonciation (assertion, interrogation, injonction)2, formant ainsi une unité de discours prédicative.

Le prédicat peut être verbal ou averbal. Contrairement au prédicat et à la modalité d’énonciation, le sujet n’est pas indispensable et peut être explicite ou implicite (Lefeuvre, 1999 : 28-29). Lefeuvre (2021 et à paraître) identifie également des unités de discours non prédicatives (périphériques) qui se greffent aux unités de discours prédicatives, telles que les « circonstants de phrase (extraprédicatifs) ». D’après l’autrice, les marqueurs discursifs jouent un rôle dans la segmentation du discours en apparaissant aux frontières de l’unité prédicative.

1.2. Unité prédicative averbale partiellement autonome 

Dans cette étude, nous considérons que l’énoncé avec carrément fait partie d’une « unité de discours prédicative averbale partiellement autonome » (Lefeuvre, 2016a et à paraître). Un segment sans verbe peut constituer une base prédicative et fonctionner de manière autonome (Tanguy, 2009 : 5), comme dans notre cas.

(3)
BD 343MER: (…)a bah elle sera contente c’est bien 0:23:14 ►
BD 343FEM: 0:23:15 ► carrément (ESLO2_REPAS_1330)
a. Les points de suspension entre parenthèses – « (…) » – ne figurent pas dans la transcription originale : ils ont été ajoutés par des soins de l’auteur afin d’indiquer l’abrègement de certains passages trop longs, sans toutefois retrancher d’éléments essentiels à la compréhension de la séquence carrément.

Dans cet exemple, carrément est un prédicat averbal partiel, lié à une unité prédicative antérieure par anaphore, et complète le sens en renvoyant à (elle sera contente) c’est bien.

Lefeuvre (à paraître) donne un exemple similaire avec heureusement :

(4) Maintenant on n’est plus fâchées. Heureusement. Je la connais depuis si longtemps, on a fait les quatre cents coups ensemble et tant d’autres choses, on ne peut pas rester fâchées, mais ce n’est plus vraiment la même chose. (cit. Lefeuvre, à paraître : Frantexta, Akerman, Ma mère rit, 2013)
a. Cet extrait a été recueilli depuis la base de données Frantext et cité dans Lefeuvre (à paraître). Frantext est une base de données du français écrit, rassemblant notamment des textes littéraires.

Elle propose une paraphrase de cette structure sous forme clivée avec une complétive :

(4a) Heureusement qu’on n’est plus fâchées.

Contrairement à heureusement dans l’exemple (4), carrément ne peut pas être suivi directement d’une complétive. Dans l’exemple (3), carrément renvoie non seulement au prédicat de l’énoncé précédent, mais également à toute la proposition. Il s’inscrit ainsi dans une « anaphore résomptive » (Maillard, 1974 : 57), qui renvoie à un énoncé plus ou moins long, souvent résumé par ça. En reformulant l’énoncé averbal carrément dans l’exemple (3) sous une structure clivée, on pourrait obtenir :

(3a) (C’est) carrément ça, que c’est bien.

Par ailleurs, grâce à l’anaphore résomptive et au changement de locuteur, la modalisation du locuteur sur la proposition récupérée se trouve neutralisée. Cette structure pourrait également inclure une « anaphore médiate » (Le Goffic, 1993 : 141), qui concerne les anaphoriques ni vides, ni directement anaphoriques, comme dans X c’est… = ce (que X est) est. Ainsi, carrément, dans cette unité prédicative averbale, pourrait être complété par : (c’est) carrément ça, que P est.

2. Analyse du corpus : méthodologie et distribution de carrément

2.1. Corpus d’étude

Cette étude se concentre sur l’énoncé averbal formé par carrément à l’oral pour répondre ou réagir à un énoncé précédent. Nous décrivons sa construction syntaxique et référentielle, en tenant compte de l’ellipse partielle du prédicat et de son lien avec l’énoncé antérieur.

Notre analyse repose sur une annotation topologique effectuée via TXM-0.8.23, appliquée à un corpus de 2 533 640 mots issus des données sélectionnées à partir de corpus oraux spontanés des années 20004, comprenant ESLO25 (1 823 220 mots analysés sur environ 6 000 0006, avec des enquêtes, entretiens, conversations commerciales, conversations à table, etc.), CFPP20007 (521 170 mots analysés sur 535 000, composés d’entretiens) et CLAPI8 (98 811 mots analysés sur 2 500 000, constitués de conversations spontanées lors d’apéritifs, dans des commerces, en réunion et lors de visites guidées).

Nous avons retenu uniquement des enregistrements interactionnels et spontanés, en excluant les discours politiques et les lectures. Seuls les fichiers audios au format MP3 avec transcription via Transcriber9 ont été intégrés10, permettant de synchroniser texte et son pour analyser les contextes et la modalité d’énonciation, souvent absente de la transcription, mais confirmée par l’intonation et les éléments prosodiques.

2.2. Démarches méthodologiques

Après avoir importé les données dans TXM et constitué le corpus d’étude, nous avons effectué une recherche de concordance pour le mot carrément, identifiant 134 occurrences. Ensuite, selon des critères syntaxiques, nous avons réparti manuellement ces occurrences en trois catégories : carrément intraprédicatif, en unité périphérique et en unité prédicative, en isolant cette dernière, qui est celle qui nous intéresse dans cet article.

2.2.1. Carrément intraprédicatif

Carrément intraprédicatif, qualifié d’« adverbe de manière verbale » (Rouanne, 2013 ; Álvarez-Prendes, 2021), est intégré dans la phrase sans séparation intonative du verbe, formant ainsi un prédicat (Guimier, 1996). Selon Álvarez-Prendes (2021), l’usage de carrément pour signifier « de manière carrée » est presque obsolète, tandis que son sens de résolument reste possible, mais atypique. Dans notre corpus, nous n’avons trouvé que deux occurrences de carrément en position intraprédicative, avec les verbes descendre et s’en foutre (5) et (6), sans exemples correspondant à son sens initial.

(5)
HP 136: 0:02:48 ► ou alors vous descendez carrément 0:02:49 ► (…) (ESLO2_ITI_1089)
(6)
Spk1: 1:07:56 ► (…) puis après on a eu des profs qui s’en foutaient
Spk2: 1:08:50 ► oh non moi j’ai eu des profs
Spk1: 1:08:51 ► mais vraiment ils s’en foutaient carrément quoi (CFPP2000_SO-v2)

L’évolution du sens de carrément complique parfois la détermination de son rôle dans l’exécution du verbe. En niant d’autres séquences, on peut clarifier sa fonction. Par exemple, dans (5a) et (6a), les expressions pas à peine et pas un peu éclairent le sens de carrément, tandis que dans (5b) et (6b), en niant carrément, on précise la phrase avec une séquence au sens opposé.

(5a) Vous descendez carrément, pas à peine.
(6a) Ils s’en foutaient carrément, pas un peu.
(5b) Vous ne descendez pas carrément, mais juste un peu.
(6b) Ils ne s’en foutaient pas carrément, mais un peu.

2.2.2. Carrément en unité périphérique

Carrément en tant qu’unité périphérique est souvent décrit comme un « marqueur d’attitude énonciative » (Rouanne, 2013) ou un « marqueur discursif de la série commitment » (Paillard, 2021 : 253). Il se positionne entre l’adverbe paradigmatisant, qui présuppose un paradigme d’éléments similaires (Nølke, 1983 : 19), et les marqueurs discursifs, jouant un rôle dans le renforcement de la relation entre P et P’ (« connecteurs textuels » [Dostie, 2004] ou « connecteurs argumentatifs » [Ducrot, 1980 ; Paillard, 2021]). Dans ce contexte, carrément exerce une fonction de focalisation, mais n’est pas une unité autonome et apparaît rarement aux frontières des unités de discours, comme nous le définissons dans cet article (Lefeuvre, 2014, 2016a, 2021a, et à paraître).

En général, carrément se situe à la périphérie d’un segment intraphrastique, comme dans :

  • Complément d’objet :
    (7) Spk1: (…) on peut… visiter carrément quelque chose (…) (CFPP2000, 7e-v2)
  • Complément circonstanciel :
    (8) PT 45: (…) on est parti carrément à Metz (…) (ESLO2_ENT_1045)
  • Participe passé/verbe à l’infinitif :
    (9) Spk1: (…) on m’a carrément arrachée le rétro (…) (CFPP2000_7e-v2)
  • (10) Spk1: (…) elle l’a laissé carrément tomber (…) (CFPP2000_Ivry-v2)
  • Attribut du sujet :
    (11) Spk1: (…) Etienne11 c’est carrément un capitaliste (…) (CFPP2000_3e-2-partie 2-v2)
  • (12) YR399_DIA: (…) la porte du jardin était carrément cassée (…) (ESLO2_DIA_1226)

Bien que carrément segmente principalement les constituants internes de la phrase, nous qualifions cet emploi de « périphérique » en raison de l’occurrence où carrément apparaît en fin d’unité prédicative :

(13)
ch_PP 6: 1:23:20 ► parce que moi je me rappelle de l - 1:23:22 ► les premières années euh c’était une copine qui nous le photocopiait carrément (ESLO2_ENT_1012)

Le caractère périphérique de carrément est accentué par sa possibilité de suppression, restant syntaxiquement facultatif. Cependant, lorsqu’il est associé à une unité de discours autonome, cette unité ne peut être supprimée. À la différence de carrément en unité prédicative, cette unité périphérique reste prédicative et porte une modalité d’énonciation.

2.2.3. Carrément en unité prédicative

Carrément en tant qu’unité prédicative désigne les cas où il constitue une unité autonome avec une modalité d’énonciation assertive (14) ou interrogative/injonctive (15). Il peut se situer au début d’un tour de parole (14) et (15) ou à l’intérieur d’un tour (16).

(14)
BL 828: 0:01:24 ► et vous aimez bien en général le cinéma ?
RM 136: 0:01:26 ► carrément ouais (ESLO2_CINE_1176)
(15)
WZ 853: 0:03:21 ► non sinon (…) soit je m’oriente vers un autre master 0:03:25 ► soit j -
//WT 075: 0:03:25 ► ah carrément ? (ESLO2_ENTJEUN_1234)
(16)
KC 3: 0:59:50 ► (…) enfin j’ai vraiment l’impression quand même qu’ils ont 0:59:53 ► ils font de plus en plus de choses euh
ch_CD 2: 0:59:55 ► pour la vie d’Orléans
KC 3: 0:59:56 ► hm 0:59:57 ► hm hm hm 0:59:58 ► ouais 0:59:58 ► carrément (…) (ESLO2_ENT_1003)

Il peut également être suivi d’une reprise de l’énoncé (ex. 17 et 18).

(17)
ch_CD 2: 0:33:28 ► sur euh s- 0:33:30 ► notamment sur tout ça 0:33:31 ► sur euh
BT 17: 0:33:32 ► ouais notamment sur tout ça ouais 0:33:33 ► [silence 0:00:01]0:33:35 ► carrément 0:33:35 ► [silence 0:00:00]0:33:36 ► notamment sur tout ça m- parce que (…) (ESLO2_ENT_1017)
(18)
ROM: 0:34:18 ► waouh les bottes
JUL: 0:34:19 ► ben_[:] _[:] oui
ROM: 0:34:19 ► carrément les bottes (Clapi_Signal_aperitif__pois_Aperitif_pois_a52474e3b8)

Lorsqu’il se trouve au début d’un tour de parole ou lors d’un changement de locuteur, carrément renforce son autonomie syntaxique (Lefeuvre, à paraître) et évite un vide interactionnel. S’il est inséré dans un tour de parole, il est souvent entouré de pauses ou de marqueurs de modalisation comme enfin ou je veux dire (Lefeuvre, à paraître). Même associé à un segment périphérique, carrément reste autonome, tandis que le segment associé est optionnel.

2.3. Synthèse distributionnelle de carrément dans le corpus d’étude

Le tableau 1 illustre la répartition des différentes utilisations de carrément dans notre corpus d’étude. L’usage de carrément comme adverbe intraprédicatif est rare, tandis que son emploi en unité périphérique est courant, et son utilisation en unité prédicative prédomine, justifiant une description approfondie.

Tableau 1 : Distribution de carrément dans le corpus d’étude

Type d’emplois Nombre d’occurrences Total
Adverbe intraprédicatif 2 2 (1,3 %)
Unité périphérique Compl. d’objet 11 63 (41,4 %)
Compl. circonstanciel 30
Participe passé/V. à inf. 6
Attribut 15
Unité prédicative 1
Unité prédicative 87 87 (57,2 %)
TOTAL 152 152

3. Carrément en unité prédicative à prédicat averbal partiel

Nous avons identifié cinq configurations de carrément en tant qu’unité prédicative, en tenant compte des contextes discursifs et de l’énoncé précédent. Nous les analysons individuellement pour tester l’autonomie de carrément et appliquerons également la paraphrase en structure clivée proposée dans la section 1.2. : (C’est) carrément ça, que P.

3.1. Carrément assertif suivi d’une question totale

Lorsque carrément répond à une question totale, il est généralement accompagné d’une prophrase, comme dans l’exemple (19), ou d’une unité prédicative qui répond aussi à la question12. Dans notre corpus, 90 % des occurrences de carrément sont suivies d’une prophrase.

(19)
FT 715: 0:00:07 ► bah merci beaucoup 0:00:09 ► euh vous venez de d’aller voir quoi ?
KL 672: 0:00:11 ► euh Intouchables
FT 715: 0:00:12 ► Intouchables 0:00:13 ► ça vous a plu ?
KL 672: 0:00:14 ► euh ouais moi carrément (ESLO2_CINE_1214)

Dans l’exemple (19), le pronom accentué moi démarre une nouvelle unité, segmentant euh ouais et carrément. Chacune de ces unités peut répondre à la question de manière autonome.

(19a) – ça vous a plu ? – euh ouais/carrément

Sur le plan syntaxique et référentiel, le prédicat averbal de carrément repose sur la proposition positive du locuteur, comme l’illustre (19b). Il ne peut pas reproduire l’unité prédicative précédente sous forme de complétive, comme montré dans (19c). C’est pourquoi carrément dans cette position est souvent précédé d’une prophrase, qui sert d’étape intermédiaire.

(19b) carrément, que ça m’a plu
(19c) *carrément, que ça vous a plu

3.2. Carrément assertif suivi d’une demande de confirmation

Nous examinons maintenant l’usage de carrément comme réponse à une question de type demande de confirmation. Dans ce contexte, l’énoncé précédent remet en question une information jugée connue ou probable, souvent marqué par une intonation non conclusive (voir Le Goffic, 1993 : 98), comme s’il y avait des éléments tels que non ?, n’est-ce pas ?, c’est ça ?, demandant confirmation (ex. 21). Parfois, il est également accompagné d’un marqueur demandant l’accord, comme hein (ex. 20). Contrairement aux cas précédents, carrément n’est pas systématiquement précédé d’une prophrase.

(20)
Spk1: 0:41:02 ► moi je suis je suis je suis assez loin des marchés en fait finalement euh
Spk2: 0:41:05 ► tu es loin de tout hein [rire collectif]
Spk1: 0:41:07 ► nan mais c’est vrai nan c’est v- nan mais [suite de syllabes incompréhensibles] carrément moi je suis assez loin des commerçants (…) (CFPP2000_3e-2-partie 2-v2)

Dans l’exemple (20), carrément peut se suffire à lui-même comme réponse (20b). Il est suivi d’une autre unité qui reformule ce que le locuteur a dit : moi, je suis assez loin des commerçants… Sa force prédictive est atténuée si carrément est omis (20a), car il agit alors comme un complément à l’énoncé : c’est vrai ou carrément.

(20a) – tu es loin de tout hein ? – moi je suis assez loin des commerçants
(20b) – tu es loin de tout hein ? – carrément
(20c) carrément ça, que [je suis loin des commerçants] est = c’est carrément ça, que je suis loin des commerçants

Dans l’exemple (21), carrément est précédé de la prophrase autonome ah oui, qui constitue également une réponse à la demande de confirmation.

(21)
ENQ: 0:50:32 ► de ce point de vue votre lycée il est mieux
Spk1: 0:50:34 ► ah oui carrément parce que nous c’est quand même un grand groupe où il y a des petits groupes à l’intérieur mais dans l’ensemble tout le monde se parle et il y a pas d’histoires donc euh (CFPP2000_11e-v2)
(21a) – votre lycée il est mieux (non ?) – ah oui/carrément
(21b) carrément ça, qu’[il est mieux] est = c’est carrément ça, qu’il est mieux

Ici, carrément reprend une proposition déjà orientée par l’interlocuteur, utilisant une anaphore résomptive comme ça pour la résumer. Il établit ainsi un lien avec cette proposition d’une manière neutre, reflétant sa vérité avec une anaphore médiate, comme exprimé par P est (ex. 20c et 21b). La structure syntaxique référentielle créée par carrément peut être formulée comme : carrément ça que c’(P) est = c’est carrément ça que P.

3.3. Carrément assertif suivi d’une assertion

Carrément, en tant qu’unité prédicative, peut suivre une assertion faite soit par l’interlocuteur, comme dans l’exemple (22), soit par le locuteur, comme dans l’exemple (23). Dans ces cas, il sert à confirmer ce qui vient d’être dit.

Dans l’exemple (22), carrément apparaît au début du tour de parole, sans autre unité prédicative. Sa suppression serait difficile, car cela risquerait d’affaiblir l’interaction, laissant penser que le locuteur ignore l’affirmation de l’interlocuteur.

(22)
BD 343: 0:47:44 ► mais tu sais euh les renards ils font des bruits chelou la nuit 0:47:47 ► on dirait un mec qui gueule quoi
BD 343FEM: 0:47:48 ► [rire du locuteur] carrément 0:47:50 ► [silence 0:00:05] 0:47:56 ► je vois encore la famille d’écureuils moi le matin (ESLO2_REPAS_1330)

Dans l’exemple (23), carrément s’intègre dans les propos du locuteur, tout en étant clairement isolé des autres unités par des pauses et un changement de tour de parole. L’écoute de l’audio confirme que carrément se rattache à l’énoncé c’est pas mal ça, et non à c’est super ouais prononcé par JUL, puisque JEA dit carrément simultanément au c’est super de JUL.

(23)
JUL: (…) pis après on a fait des sorties ensemble très rapidement te es_[:] te es très complice en fait
JEA: 0:08:10 ► hm hm c’est pas mal ça
// JUL: 0:08:11 ► c’est super ouais
// JEA: 0:08:11► carrément_[\] c’est bien (Clapi_Signal_Aperitif__Chat_aperitif__chat_fafee7b5bb)

Examinons comment le segment adverbial carrément fonctionne comme une unité prédicative dans ces exemples.

Carrément reprend l’idée des énoncés précédents. Il joue à la fois un rôle d’anaphore résomptive, qui résume le propos, et d’anaphore médiate, reliant la proposition à une perspective neutre, centrée sur la vérité.

(22a) c’est carrément ça que les renards font du bruits la nuit est comme un mec qui gueule
(23a) c’est carrément ça, (que) c’est pas mal

Il bénéficie de l’anaphore résomptive, qui résume l’idée exprimée dans ces énoncés. En outre, il utilise une anaphore médiate qui relie la proposition reprise à une perspective neutre, axée sur la vérité. Comme dans le cas de carrément utilisé de manière assertive suivi d’une demande de confirmation (voir section 3.2), nous pouvons appliquer la paraphrase en structure : c’est carrément ça, que P = carrément ça, que P est (22a et 23a).

3.4. Carrément interrogatif/injonctif suivi d’une assertion

Carrément peut exprimer une modalité interrogative et/ou injonctive en réponse à une assertion précédente, soulignant ainsi la radicalité d’une proposition, souvent en compagnie du marqueur d’étonnement ah ouais (Vu, 2022). Ce type d’emploi, étudié sous l’angle de l’analyse polyphonique (Rouanne, 2013 et Paillard, 2021), se manifeste dans des exemples comme (24), où carrément met l’accent sur l’énoncé je me mets sous mon coussin en réaction à je mets (quelque chose) sur ma tête quand je dors.

Dans l’exemple (24), carrément constitue une unité autonome, capable de remplir seul un tour de parole, comme le montre (24a). Le segment ah ouais peut également fonctionner de manière autonome (24b), mais reste distinct de carrément, comme le prouve son ajout avec enfin dans (24c).

(24)
MQ 293: 1:03:04 moi je m’en fiche je mets sur ma tête aussi hein
BV 647: 1:03:05 ► ah mais moi je peux pas dormir avec quelque chose sur la tête
(…)
MQ 293: 1:03:14 ► des fois je me mets sous mon coussin
DR 381: 1:03:16 ► ah ouais carrément ? (ESLO2_REPAS_1260)
(24a) – des fois je me mets sous mon coussin – carrément ?
(24b) des fois je me mets sous mon coussin – ah ouais ?
(24c) – des fois je me mets sous mon coussin – ah ouais ? enfin carrément ?

Reprenons l’exemple (15). Carrément fait également office d’anaphore résomptive, renvoyant à une unité prédicative antérieure.

(15)
WZ 853: 0:03:21 ► non sinon je sais pas trop soit [souffle] 0:03:23 ► [silence 0:00:00] 0:03:24 ► soit je m’oriente vers un autre master 0:03:25 ► soit j-
WT 075: 0:03:25 ► ah carrément ? (ESLO2_ENTJEUN_1234)

Toutefois, il ne bénéficie pas de l’anaphore médiate, jouant ici un rôle de pointage vers un élément que le locuteur trouve radical.

(24d) carrément ça, que tu te mets sous ton coussin ?
(15a) carrément ça, que tu t’orientes vers un autre master ?

3.5. Carrément interrogatif/injonctif suivi d’un contexte situationnel

Carrément peut également exprimer une modalité interrogative/injonctive en référence à un contexte situationnel, comme l’absence d’une table dans l’exemple (27) ou le fait qu’un enregistreur soit dirigé vers le locuteur dans l’exemple (28). Dans ces deux cas, carrément conserve son autonomie en tant qu’unité prédicative, comme en témoigne l’impossibilité de le supprimer. Cependant, il est plus difficile de rétablir la structure complétive (c’est) carrément ça que P dans ces contextes.

(25)
Spk1: 0:23:55 ► [conversations de fond] 0:23:55 ► il reste pas de place 0:23:57 ► [conversations de fond]
Spk2: 0:24:00 ► ouais j’arrive 0:24:00 ► [conversations de fond] 0:24:06 ► ah il manque une table carrément ? (ESLO2_ECOLE_1296)
(26)
HS 757: 0:01:01 ► et c’est c’est anonyme 0:01:03 ► je vais juste par contre sortir 0:01:04 ► [silence 0:00:01] 0:01:06 ► mon petit matériel 0:01:07 ► [bruit de bouche] 0:01:08 ► alors
XS 952: 0:01:08 ► oh là [conversations de fond] 0:01:09 ► carrément enregistrée
// HS 757: 0:01:09 ► attention hein je vais vous laisser le tenir (ESLO2_ITI_1172)

Ici, carrément souligne la situation pour exprimer un étonnement, ce qui nous permet de paraphraser comme suit : carrément ça (déictique), [description d’une situation] » dans les exemples (25a) et (26a).

(25a) c’est carrément ça, manque une table
(26a) c’est carrément ça, vous voulez m’enregistrer ?

Conclusion

Cet article a examiné les unités averbales à prédicat partiel constituées de carrément, en relation avec le discours précédent. Sur le plan syntaxique, cette unité est autonome grâce à sa modalité d’énonciation et son prédicat averbal, mais elle dépend du contexte sémantique pour une interprétation complète. Nous avons décrit carrément comme une unité prédicative averbale partiellement autonome, se liant à une unité précédente par une anaphore résomptive.

Nous avons identifié une structure syntaxique récurrente pour carrément en tant qu’unité prédicative : (c’est) carrément ça, (que) P, où la complétive, bien qu’incorporée, ne constitue pas une unité autonome, mais donne une orientation ou une neutralité sémantique. Ainsi, carrément fonctionne de manière autonome tout en maintenant un lien avec une phrase antérieure.

Bien que cette étude se concentre sur carrément, d’autres adverbes en -ment, notamment les modaux, pourraient également jouer des rôles similaires dans des contextes analogues. Une analyse plus large de ces unités enrichirait notre compréhension des segments adverbiaux dans le discours oral, ouvrant de nouvelles perspectives pour l’étude des adverbes en interaction.

Conventions de transcription

// Interruption et superposition avec le tour de parole précédent
? Interrogations avec montée de la voix
un mi- Amorces d’un mot
_[\] Chutes intonatives
_[/] Montées intonatives
_[:] Allongement
0:01:01 ▶ Début du segment sonore marqué via Transcriber.
[bruit de bouche] Éléments extralinguistiques étiquetés via Transcriber

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Notes

1 Elle examine huit adverbes en -ment, dont carrément, fonctionnant comme opérateurs discursifs (sérieusement, honnêtement, franchement, carrément, étonnamment, apparemment, décidément et seulement) afin d’expliquer leur grammaticalisation. Il est à noter que seuls carrément et décidément peuvent constituer, à eux seuls, une réponse à une demande d’information ou une réplique.

2 D’après Le Goffic (1993), les trois facteurs nécessaires pour la modalité d’énonciation sont les suivants : le mode verbal (indicatif/autres modes), l’ordre sujet/verbe et l’intonation (ou la ponctuation) de fin de phrase.

3 TXM est un logiciel de textométrie open source qui nous permet d’établir des (sous-)corpus et de faire des requêtes linguistiques. Nous avons utilisé la version TXM 0.8.2, qui semble la plus stable parmi celles sorties jusqu’à maintenant.

4 Les données ont été recueillies depuis 2005-2006 pour CFPP2000 (voir Branca et al., 2016), depuis 2008 pour ESLO2 (voir Abouda et Baude, 2006), et de 2000 à 2017 pour CLAPI (voir Baldauf-Quilliatre et al., 2016). La base de données de ces corpus continue à s’enrichir au fur et à mesure du temps. Notre corpus a été sélectionné en 2022.

5 Enquêtes sociolinguistiques à Orléans.

6 Dans le document le plus récent, Abouda et Skrovec (2018), le nombre de mots enregistrés dans la totalité du corpus ESLO2 n’est pas indiqué. Selon Baude et Dugua (2016), le corpus ESLO2, en cours de réalisation, vise un objectif de plus de six millions de mots pour 450 heures d’enregistrements.

7 Corpus de français parlé parisien des années 2000.

8 Corpus de langues parlées en interaction.

9 Un logiciel open source de transcription qui nous permet de synchroniser les segments littéraires avec les segments sonores en indiquant leurs locuteurs.

10 Certains enregistrements de ces trois corpus n’étant pas encore disponibles sous ce format.

11 L’absence d’accent reflète l’orthographe utilisée dans la transcription originale du corpus.

12 Dans notre corpus, nous avons constaté que l’exemple (2), déjà cité et examiné tout au long de cet article, contient carrément accompagné d’une autre unité prédicative, constituant ainsi la réponse à la question.

References

Electronic reference

Madoka Tanizawa, « Carrément en unité prédicative à prédicat averbal partiel : portée anaphorique résomptive », ELAD-SILDA [Online], 11 | 2025, Online since 30 juin 2025, connection on 23 juillet 2025. URL : https://publications-prairial.fr/elad-silda/index.php?id=1647

Author

Madoka Tanizawa

Université Sorbonne Nouvelle, ED622/EA7345 CLESTHIA
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