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Mots-clés

Centre d’histoire du catholicisme, Centre André Latreille, CEMICOM, Institut d’histoire du christianisme, catholicisme, protestantisme, islam, judaïsme

Keywords

Centre d’histoire du catholicisme, Centre André Latreille, CEMICOM, Institut d’histoire du christianisme, Catholicism, Protestantism, Islam, Judaism

Texte

Vitrine d'antiquaire, Lyon 2e [le vendeur a fait une confusion entre ND de Fatima et ND de La Salette]

Vitrine d'antiquaire, Lyon 2e [le vendeur a fait une confusion entre ND de Fatima et ND de La Salette]

Photographie Christine Chadier, 10/07/2019, CC-BY-NC-SA

Il existe à Lyon une tradition très ancienne de recherche universitaire en histoire religieuse. On peut rappeler en 1963 la tenue à Lyon du congrès de la Commission Internationale d’Histoire Ecclésiastique Comparée qui a amené la création la même année du Centre d’histoire du catholicisme par le doyen André Latreille (et rebaptisé ensuite Centre André Latreille). La scission de l’université de sciences humaines, sociales, juridiques et économiques en deux, avec la création de Lyon 3 en 1973, a amené la fondation par Jacques Gadille d’un second centre dans cette nouvelle université, le CEMICOM (Centre d’Études sur les Missions et l’Inculturation du Christianisme Outre-Mer), devenu en 1990 l’Institut d’histoire du christianisme1. Ces centres sont entrés dans le LARHRA lors de sa création, en 2003, pour former l’équipe RESEA (REligions, Sociétés Et Acculturations). Lorsque les équipes ont disparu au profit d’axes, les chercheurs en histoire religieuse ont inscrit leurs travaux dans l’axe « Religions et croyances ».

Le nom de l’axe manifeste une rupture avec les intitulés précédents afin de tenir compte des avancées de la recherche, en particulier en associant le mot « croyances » au mot « religions ». La référence aux sociétés n’apparaît plus, mais elle est peu utile dans la mesure où le LARHRA est un laboratoire d’histoire sociale et où il semble impensable de faire de l’histoire religieuse sans se référer aux sociétés marquées par les religions. Les missions, l’acculturation ne sont plus non plus présentes dans le titre de l’axe, non qu’elles ne soient plus étudiées, mais parce qu’elles sont vues aujourd’hui selon des problématiques nouvelles liées aux questions de colonisation/décolonisation et d’histoire culturelle, également parce que le LARHRA n’a presque plus en son sein de spécialistes de ces questions.

Il s’agit donc d’étudier les religions et les croyances. Les religions d’abord, au pluriel, car il n’est pas question de privilégier une religion qui serait plus importante, qui aurait plus d’adeptes ou, pire, qui serait considérée comme vraie – un point-de-vue écarté depuis longtemps par les chercheurs qui professent une neutralité axiologique2. Très concrètement, il s’agit d’étudier les religions sous tous les angles possibles : composition sociologique, fonctionnement de l’institution, doctrines professées (et combattues), pratiques des fidèles, relations entre les religions et avec les sociétés, etc. Ce programme ambitieux est cependant limité par les compétences des membres de l’axe, ce qui privilégie de fait les religions chrétiennes et, dans une moindre mesure, le judaïsme et l’islam.

Une autre limite est que le terme de « religion » ne recouvre pas tous les phénomènes religieux. Ce qu’on entend généralement par « religion » est modelé par le catholicisme : un ensemble de croyances et de pratiques visant à permettre le rapport des êtres humains avec le sacré, défini par une institution garante de l’orthodoxie et de l’orthopraxie des fidèles. Depuis les débuts de l’époque moderne et la naissance du protestantisme, l’accent a été de plus en plus mis sur l’adhésion à une confession de foi très précise et à une hiérarchie ecclésiastique. Or, si cela définit assez bien le catholicisme traditionnel, ou du moins la manière dont il se pense, cela convient moins aux autres religions, protestantisme, islam, judaïsme, pour ne pas parler des « religions » asiatiques ; une illustration concrète de cela est la difficulté des politiques français à trouver un interlocuteur qui serait l’équivalent de la conférence des évêques de France, représentatif de l’ensemble des croyants de telle ou telle religion.

C’est pourquoi a été ajouté à « religions » le terme de « croyances ». Il a l’avantage d’être plus flou, moins lié à une institution précise. Il permet d’envisager les croyances des peuples amérindiens ou africains d’avant les colonisations comme les croyances des populations d’Asie actuelles ou anciennes ou le spirituel diffus et les « bricolages » religieux caractéristiques des sociétés occidentales contemporaines, en s’affranchissant des cadres établis pour étudier le christianisme. Mais il permet aussi de comprendre autrement les croyances des confessions chrétiennes, des diverses branches de l’islam et du judaïsme, en les dissociant des doctrines professées par les appareils ecclésiastiques, de mesurer l’écart entre elles, de concevoir les croyances autrement que comme la simple acceptation d’un enseignement délivré par les autorités religieuses. Ainsi, parler de croyances permet une étude non religieuse et totalement déconfessionnalisée des « religions », une étude proprement scientifique, même si le terme ne recouvre pas l’ensemble du champ religieux, ce qui explique que le recours aux méthodes habituelles de l’histoire des religions reste nécessaire.

Notes

1 Claude Prudhomme, « Les Centres d’Histoire religieuse à Lyon », Chrétiens et sociétés [En ligne], 3 | 1996, URL : http://journals.openedition.org/chretienssocietes/7365 ; Bernard Hours et Claude Prudhomme, « L’histoire religieuse à Lyon : », Chrétiens et sociétés [En ligne], 11 | 2004, URL : http://journals.openedition.org/chretienssocietes/2589. Retour au texte

2 Voir sur ce sujet les travaux de Bourdieu et les nombreux essais méthodologiques sur le sujet, en particulier Yves Krumenacker (dir.), Sciences humaines, foi et religion, Paris, Classiques Garnier, 2018. Retour au texte

Illustrations

  • Vitrine d'antiquaire, Lyon 2e [le vendeur a fait une confusion entre ND de Fatima et ND de La Salette]

    Photographie Christine Chadier, 10/07/2019, CC-BY-NC-SA

Citer cet article

Référence électronique

Yves Krumenacker, « Religions et croyances », Les Carnets du LARHRA [En ligne], 1 | 2023, mis en ligne le 08 décembre 2023, consulté le 19 juillet 2025. URL : https://publications-prairial.fr/larhra/index.php?id=908

Auteur

Yves Krumenacker

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