Appel à contribution n°134 | 2024, La coopération (FR)

Date limite de soumission : 15 août 2024

Comité éditorial : Nicolas Baltenneck, Marc-Antoine Buriez, Florence Cros, Marjolaine Doumergue, Eric Jacquet, Raphaël Minjard, Lila Mitsopoulou, François Osiurak, Marjorie Poussin.

Argumentaire

La coopération est un concept pivot de la psychologie, qui transcende les barrières entre les espèces. Elle est omniprésente dans le monde vivant, des bactéries aux primates, structurant son évolution (Axelrod et Hamilton, 1981 ; De Waal et Davis, 2003). Si la capacité à coopérer est essentielle à la survie et au développement pour de nombreuses espèces, elle tient une place particulière chez l’humain et façonne profondément nos interactions quotidiennes, que ce soit dans nos environnements professionnels ou thérapeutiques. Ce numéro de Canal Psy invite à une exploration pluridisciplinaire du concept de coopération.

Dès le plus jeune âge, la coopération favorise le développement cognitif et social des enfants. En jouant et en coopérant avec leurs pairs, ils apprennent à communiquer, à résoudre des problèmes, à gérer leurs émotions et à développer des compétences sociales essentielles (Bowlby, 1982 ; Piaget, 1932). La coopération stimule également la créativité et la pensée critique, car elle encourage les enfants à explorer différentes perspectives et à trouver des solutions innovantes (Bandura, 1977).

La coopération se manifeste tout au long de la vie et elle est essentielle au développement individuel et collectif (Vygotsky, 1933/1978). Dans un regarde systémique, elle se déploie d’abord dans le cadre familial, à travers les modèles de communication et contribuant à l’homéostasie dans les relations familiales, avec la fratrie ou les parents (Keeney, 1986). Ensuite, c’est un élément fondamental du fonctionnement des groupes et des organisations qui permet de coordonner des actions et d’atteindre des objectifs communs (Sherif, 1966). La coopération contribue également à renforcer l’estime de soi et le sentiment d’appartenance. Elle peut réduire le stress et l’anxiété, et favoriser le bien-être. Faire partie d’un groupe solidaire et être soutenu par les autres procure un sentiment de sécurité et de confiance (Kawachi et Berkman, 2001). Cela est notamment le cas dans le monde du travail, où elle est essentielle pour améliorer la performance collective et le bien-être, que ce soit par exemple dans le champ de la santé à l’hôpital, dans le champ de l’éducation, dans les brigades en cuisine, ou tout autre contexte professionnel.

Mais la coopération questionne également la compétition, comme peut l’illustrer le monde académique. En effet, dans la recherche scientifique, il existe une tension forte entre la compétition, qui est le moteur à la fois de l’exploration et de l’exploitation dans le domaine scientifique (Bourdieu, 1975) et la nécessaire coopération qui permet aux chercheurs de partager des données et de résoudre les problèmes qui se posent (Beaver & Rosen, 1978).

Enfin, dans le domaine de la thérapie, la coopération soutient la relation entre thérapeute et patient. Elle contribue à la construction et au renforcement des alliances thérapeutiques. Depuis les premières intuitions de Freud jusqu’à l’actuel courant de l’intersubjectivité, cette forme de coopération offre un regard sur la dynamique relationnelle dans le soin psychique et la contribution au processus de guérison (Rogers, 1957 ; Wampold, B. E., & Brown).

Ce numéro de Canal Psy invite donc à une exploration pluridisciplinaire de la coopération, en dévoilant ses multiples facettes, par exemple à travers les relations homme-animal, les dynamiques de groupe dans le milieu professionnel ou scolaire, ses effets sur nos capacités cognitives, ou bien son rôle en thérapie par exemple.

Nicolas Baltenneck et François Osiurak

Axelrod, R., & Hamilton, W. D. (1981). The evolution of cooperation. Science, 211 (4489), 1390-1396.

Bandura, A., & Walters, R. H. (1977). Social learning theory (Vol. 1). Prentice Hall: Englewood cliffs.

Bourdieu, P. (1975). The specificity of the scientific field and the social conditions of the progress of reason. Social Science Information, 14(6), 19–47.

Bowlby, J. (1982). Attachment and loss: Retrospect and prospect. American Journal of Orthopsychiatry, 52(4), 664–678.

Beaver, D., & Rosen, R. (1978). Studies in scientific collaboration: Part I. The professional origins of scientific co-authorship. Scientometrics, 1(1), 65–84.

De Waal, F. B., & Davis, J. M. (2003). Capuchin cognitive ecology: cooperation based on projected returns. Neuropsychologia41(2), 221–228.

Kawachi, I., & Berkman, L. F. (2001). Social ties and mental health. Journal of Urban health78, 458–467.

Keeney, B. P. (1982). What is an epistemology of family therapy? Family Process, 21, 153–

168.

Piaget, J. (1932/1969). Le jugement moral chez l’enfant. Presses Universitaires de France.

Rogers, C. R. (1957). The necessary and sufficient conditions of therapeutic personality change. Journal of consulting psychology21(2), 95.

Sherif, M. (1966). Group conflict and cooperation. London: Routledge & Kegan Paul.

Vygotsky, L. S. (1933/1978). “The role of play in development”, Dans Vygotsky, L. S., & Cole, M, Mind in society. The development of higher psychological processes, Cambridge, London, Harvard University Press, p. 92–104.

Wampold, B. E., & Brown, G. S. J. (2005). Estimating variability in outcomes attributable to therapists: a naturalistic study of outcomes in managed care. Journal of consulting and clinical psychology73(5), 914.

Modalités de soumission des textes

Les chercheurs (chercheur, enseignant-chercheur, doctorant, post-doctorant) de toutes les disciplines des sciences humaines et sociales sont invités à adresser des articles originaux, en français et n’ayant pas déjà fait l’objet d’une publication dans des revues, ouvrages ou actes de colloques.

Échéancier

  • Premier appel : 15 août 2024. Soumission des articles. À réception, ils seront examinés par le comité de rédaction qui jugera de leur recevabilité. Ensuite, ils seront adressés à deux évaluateurs et nous transmettrons leur avis. La décision de publication est du seul ressort du comité de rédaction de la revue.

Droits d'auteur

CC BY 4.0