Professionnalisation des acteurs et recherche universitaire : une réciprocité constructive

DOI : 10.35562/canalpsy.3636

Texte

Qui peut aujourd’hui prétendre qu’il fera le même métier toute sa vie ou n’aura pas à développer de nouvelles capacités pour s’adapter aux changements du monde ou voguer vers de nouvelles aventures professionnelles ? L’accélération des changements technologiques, l’envie de s’ouvrir à de nouvelles perspectives, ou tout simplement la nécessité de s’adapter pour rester en emploi sont autant de situations qui conduisent à chercher des solutions pour enrichir nos propres compétences.

Jean-Marie Besse, ancien instituteur, avait éprouvé et concrétisé cette envie dans son propre parcours. En développant ses recherches et son laboratoire de Psychologie de l’éducation et de la formation (PsyEF), il n’en avait pas pour autant oublié les divers professionnels rencontrés.

Il s’est ainsi impliqué dans nombre de formations : celle des Psychologues scolaires bien sûr, mais aussi le DU DILA pour outiller des formateurs face aux situations d’illettrisme de leurs apprenants et des formations d’équipes ou d’enseignants notamment.

Mais hormis ce souci de proposer des chemins pour accéder à de la formation continue (je me souviens être intervenu à sa demande certains samedis entiers pour former des professionnels de divers domaines qui souhaitaient s’orienter vers la psychologie), les séminaires, universités d’été, colloques, étaient pour lui une façon de restituer aux praticiens le fruit de travaux de recherche en lien avec leurs pratiques.

Ce qui était remarquable, c’était le mouvement réciproque qui liait les chercheurs et les professionnels. Pour Jean-Marie, la recherche visait à répondre à des questionnements scientifiques, certes, mais aussi à répondre à ceux qui traversaient les acteurs au contact des publics concernés, enfants, jeunes ou adultes. Pour les professionnels, il était alors possible d’être entendus dans leurs interrogations, leurs constats, leurs incertitudes, et d’enrichir leurs pratiques en s’appuyant sur les expérimentations et protocoles testés au sein du laboratoire.

Ce double mouvement était bien différent de postures universitaires privilégiant l’aspect descendant, sans prendre suffisamment en compte les pratiques effectives et difficultés des praticiens. Ceux-ci ne s’y trompaient guère, car en trouvant une écoute d’égal à égal au sein du laboratoire ou dans les événements qu’il organisait, s’ouvrait la possibilité d’un enrichissement mutuel et d’une dynamique constructive, riche d’enseignements pour tout le monde.

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Référence électronique

Anne Mességué, « Professionnalisation des acteurs et recherche universitaire : une réciprocité constructive », Canal Psy [En ligne], 135 | 2025, mis en ligne le 22 octobre 2025, consulté le 25 octobre 2025. URL : https://publications-prairial.fr/canalpsy/index.php?id=3636

Auteur

Anne Mességué

Docteure en psychologie

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