Le 15 juin 2012, l’équipe SET s’est réunie pour une séance de travail « hors les murs ». L’idée avait été proposée et acceptée par tous lors d’une précédente réunion en février. Ce choix d’organiser un séminaire interne sur une journée entière hors des lieux habituels – ISH Lyon ou MSH Grenoble – semblait à tous nécessaire pour une interconnaissance des travaux et des projets conduits au sein de l’équipe comme pour la mise en œuvre des orientations inscrites dans le quadriennal. Procéder ainsi donnait suffisamment de temps (plus que la demi-journée ou les deux heures habituelles) pour échanger et discuter autour des travaux en cours. Au sein des axes inscrits dans le quadriennal, le choix s’est porté sur le territoire économique : un sujet croisant les travaux conduits par les membres lyonnais et les membres grenoblois de l’équipe. Il fallait alors trouver un lieu à mi-chemin entre les deux sites, permettant également aux membres habitant Chambéry de venir facilement, sans négliger les contraintes personnelles des uns et des autres dans une période de l’année bien chargée. C’est Amina Quashie qui a trouvé le domaine des Sequoias à Ruy (près de Bourgoin-Jallieu), un site agréable et propice pour ce genre de séminaire.
Choisir un tel sujet ne suivait pas une optique de facilité. En effet cette notion de « territoire économique » ne va pas de soi. Elle peut être déclinée de manière très variée selon les entrées et les méthodes retenues par les chercheurs. L’intérêt est qu’elle oblige à sortir des schémas habituels, des thématiques classiques. Il faut saisir comment des entrées différentes se questionnent et nous questionnent, y compris lorsque l’on ne pense pas les éléments dans cette dimension. La durée de la journée incluant le partage du repas permettait d’initier cette réflexion partagée par tous et pas seulement au sein de sous-groupes : une réflexion interrogative et interactive sur les thèmes, les problématiques, les méthodes, les corpus et les résultats de travaux. On sort de l’optique classique du séminaire spécialisé ou de la réunion informative, pour tenter de « travailler » ensemble.
Les collègues avaient été sollicités pour proposer un exposé « martyr » au sens où il apportait du matériau pour la discussion. Trois collègues ont accepté de se prêter au « jeu » et ont présenté leur sujet de recherche et leur démarche. Il était important d’une part de pouvoir connaître les recherches des uns et des autres, alors que les travaux en commun sont souvent le fait d’infra groupes. L’ambition était bien de créer une habitude d’échanges et d’interconnaissances, d’autant que l’équipe est sur trois sites et qu’elle s’est renouvelée. Sa taille moyenne (18) pose la nécessaire dispersion des sujets et la faible connaissance mutuelle en même temps qu’elle autorise la discussion. Lors de cette journée nous étions en effet quinze présents (dont un chercheur associé), quinze participants qui ont parfaitement joué le jeu.
Un premier temps dans la journée fut consacré à un tour de table classique des principaux engagements dans des colloques ou des programmes pour l’année 2012. Parmi ces événements que l’on peut retrouver par ailleurs sur le site du Larhra, on citera deux colloques : « le commerce du luxe - le luxe du commerce » (production, exposition et circulation des objets précieux du Moyen Âge à nos jours) organisé par Natacha Coquery et Alain Bonnet, nouvellement élu professeur d’histoire de l’art contemporain à Grenoble, au Musée Gadagne de Lyon les 21‑23 novembre 2012. Natacha Coquery indique les différentes opérations menées pour trouver des sponsors permettant de financer les déplacements des collègues étrangers très nombreux à intervenir lors de ces trois journées. Florence Charpigny évoque celui qu’elle co-organise avec la conservation départementale des Pays de l’Ain le 8 novembre, sous le titre Habiter l’usine, autour des usines pensionnats (1770-2000). À côté de ces deux manifestations, les membres de l’équipe sont investis dans l’organisation de journées d’étude ou de séminaires plus habituels dans la forme : les séminaires de l’ANR TIMSA (Territoires, Innovation et marchés dans les pratiques sportives de montagne), pilotée par Anne Dalmasso ; La micro histoire des territoires urbains organisé par P. Perluss, (mai) ou les séminaires du programme Crises et Récits de la crise, dont la journée C’était mieux avant, les changements dans le monde du travail d’hier à aujourd’hui, le 12 octobre à la MSH-Alpes à Grenoble. Ce programme-ci vise à collecter les récits sur la crise actuelle, produits par des personnes de catégories variées professionnellement, socialement, par l’âge et le genre. L’idée est de suivre ces témoins durant cinq années pour saisir leur posture, leur manière de vivre et la façon de comprendre et d’analyser la crise1. D’autres séminaires où le territoire est envisagé au prisme de l’innovation croisent les travaux du Labex ITEM (Innovation et territoire de montagne), où sont engagés des chercheurs de l’équipe SET ainsi que des chercheurs d’autres équipes (Villes, pouvoirs et sociétés et Genre). Ainsi un séminaire interdisciplinaire (7 et 8 octobre - MSH-Alpes) propose la mise à l’épreuve des lectures disciplinaires à partir des concepts d’innovation, de territoire, de montagne (Regards croisés sur l’innovation en territoires de montagne). Enfin, l’approche environnementale du territoire est évoquée avec les activités de certains dans le RTP Histoire de l’environnement et/ou les séminaires interdisciplinaires de travail de l’axe Résiliences-risques de la MSH-Alpes. Chacun évoque ensuite rapidement quelques-unes des participations passées et à venir à des colloques internationaux (2012) ainsi que les publications en cours2 intéressant les thématiques de l’équipe.
Après ce tour de table et une pause, la parole est donnée à Alain Belmont qui présente les résultats de ses recherches. Depuis de longues années, par ses travaux sur les meules, il croise archéologie, recherche académique et valorisation de la recherche avec des collectivités territoriales. Son exposé comme ceux de F. Robert et P. Judet ne sont pas résumés ici. Chacun a rédigé le contenu de sa présentation pour en donner une version ramassée, loin de la richesse des papiers présentés. Ce sont ces trois textes qui suivent.
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Chacune de ces présentations a donné lieu à des discussions très fécondes, y compris pour les participants dont l’entrée retenue pour cette journée n’était ni habituelle ni prioritaire. Les trois interventions se sont complétées, renvoyées les unes aux autres, suscitant des passerelles mutuelles, des pistes et des questions autour du patrimoine, des normes, du rapport du politique à ces territoires, des systèmes et des réseaux humains, et/ou professionnels qui tissent des territoires, continus comme discontinus. Les notions de « recyclage », de « reconversion », de « reconfiguration », ancrant les différents usages des territoires dans la temporalité longue, ont particulièrement intéressé. Au terme de cette journée finalement courte, laissant en suspens bien des problématiques, le territoire pris dans son acception d’objet global a été confirmé comme objet de recherches stimulant pour les historiens. L’idée de renouveler cette initiative est ressentie comme intéressante voire nécessaire. Un autre projet sera mis en place : celui de relier plus étroitement par le biais de la visio conférence les séminaires organisés par les membres de l’équipe à Lyon et à Grenoble. Un bon moyen de prolonger ce partage, en en faisant aussi bénéficier les étudiants de master et les doctorants.