Fonds documentaire du LARHRA (Chevreul, fonds religions et croyances)
photographie : Christine Chadier, CC-BY-NC-SA
Quelle est la place de la documentation au sein d’un laboratoire de recherche ? Un laboratoire peut-il (et doit-il) avoir un fonds généraliste ou se concentrer sur des collections constituées autour de thématiques spécialisées ? Comment définir la politique documentaire d’un laboratoire sur trois sites : la Bibliothèque Diderot de Lyon pour l’École normale supérieure, les universités Grenoble et Lyon 3 ?
À la formation du LARHRA, chacun des centres de recherche lyonnais qui rejoignait l’UMR arrivait avec son propre fonds documentaire composé de périodiques, d’ouvrages, de mémoires et d’exemplaires de soutenance de thèses. Pour les centres rattachés à l’Université Lyon 2, Centre d’études démographiques, Centre Pierre Léon, Centre Émile Bertaud et Centre André Latreille, les fonds étaient initialement conservés dans des salles de consultation réparties entre les bâtiments de la Maison des sciences de l’homme et le bâtiment du 18 quai Claude Bernard. Leur rassemblement dans les locaux de la MSH n’offrit pas une solution satisfaisante car une bonne partie des collections dut être stockée dans les sous-sols, tandis que le reste était partagé entre la bibliothèque de l’ancien Centre Pierre Léon et les bureaux des chercheurs. Malgré la présence d’une documentaliste, une grande partie des fonds demeurait donc peu accessible. Assez rapidement le choix a été fait de les déposer à la Bibliothèque Diderot (BDL)1. La BDL, en vertu de la convention négociée alors, mettait à disposition plusieurs travées dans une salle pour le libre accès ainsi qu’une partie d’un magasin et les fonds étaient intégrés dans son catalogue et donc au Sudoc (Système universitaire de documentation) en restant identifiés comme fonds LARHRA-BDL. La documentaliste du laboratoire ayant obtenu une mutation et n’ayant jamais pu être remplacée, le LARHRA obtint que la BDL assumât désormais le catalogage. Mais la BDL ayant décidé en 2019 de restructurer son espace, les livres disponibles en libre accès sont désormais répartis dans les différentes salles de la bibliothèque, tout en restant identifiés comme appartenant au fonds du LARHRA. Lors de cette réorganisation, une partie de la collection d’histoire religieuse de l’ancien Centre André Latreille et quelques volumes de celle de l’ancien Centre Pierre Léon ont été intégrés aux fonds Lyon 3, selon des critères thématiques et en évitant les doublons.
Les fonds conservés à l’Université Jean Moulin-Lyon 3, dans les locaux du LARHRA, constitués du fonds de l’ancien Institut d’histoire du christianisme et du fonds du Programme pluri-formations « Enfermements Marges et Sociétés », avaient déjà rejoint les bibliothèques associées à la Bibliothèque Universitaire (BU) et disposaient de salles adaptées. Le LARHRA n’a donc eu qu’à prolonger la convention en mettant à disposition à temps partiel une ingénieure et en contrepartie la BU assurant la maintenance du système de gestion. Les volumes sont signalés dans le catalogue des BU Lyon 3 et dans le Sudoc en étant identifiés comme fonds LARHRA-Lyon 3. Les ouvrages peuvent être empruntés sur place ou demandés en prêt entre bibliothèques en France et à l’étranger.
La visibilité des fonds et la circulation des volumes sont d’autant plus importantes que certains ouvrages ou revues ne sont catalogués qu’au LARHRA sur les 3 400 centres de ressources répertoriés dans le Sudoc. Deux raisons à cela : les fonds en Histoire des religions et croyances et Histoire de la santé, de la ville et de l’environnement à Lyon 3 sont constitués dans un esprit de « collection » autour de problématiques de recherches propres au laboratoire et la présence d’un personnel facilite la veille documentaire sur les champs de recherche concernés ; le laboratoire privilégie l’achat d’ouvrages absents des autres BU lyonnaises et donne la priorité aux ouvrages étrangers ou aux éditeurs à faible diffusion.
Si les collections du LARHRA, à la BDL comme à Lyon 3, reflètent bien sûr les centres d’intérêt des chercheurs, elles sont à la disposition de l’ensemble de la communauté scientifique et au-delà. Et lorsqu’un thème devient moins porteur dans l’historiographie française, comme par exemple l’histoire des missions, les ouvrages restent demandés à l’international.
Les fonds ont pu bénéficier de financements ponctuels complémentaires, proposés par exemple par le CNRS, et aussi des dotations accordées aux membres de l’Institut Universitaire de France : par exemple, c’est ainsi que nous avons pu constituer un fonds non négligeable sur l’histoire du protestantisme. À ces achats sur financements exceptionnels ou sur les fonds propres du laboratoire s’ajoutent des dons d’enseignants-chercheurs avec ou sans convention de dépôt. Il arrive également que nous récupérions des fonds de bibliothèques qui ferment. Ainsi, nous sommes allés chercher des ouvrages et collections de revues dans l’ancienne bibliothèque du Centre de formation des Assomptionnistes de Valpré.
La situation grenobloise est différente. Il y a depuis peu un fonds documentaire mais il est géré par la Bibliothèque Arts & Sciences humaines (ARSH) et si les volumes sont identifiés comme provenant du LARHRA dans les données d’exemplaires, le fonds LARHRA n’a pas le statut de centre de ressources (RCR) et donc dans le Sudoc les volumes ne sont pas différenciés des autres volumes de la bibliothèque ARSH. Si ce fonds répond aux besoins des chercheurs qui peuvent emprunter les ouvrages en priorité avant que les volumes ne soient proposés à tous, le fonds ne peut pas être associé aux autres fonds du LARHRA, comme sont associés dans le Sudoc les fonds lyonnais qui sont RCR.
Les contraintes institutionnelles et les pratiques expliquent la relative dispersion des fonds documentaires du LARHRA. Reflet des recherches, lieu de préservation et de conservation de collections parfois anciennes mais vivantes et accessibles à tous, espace où s’impliquent enseignants, chercheurs et ingénieurs, la bibliothèque pensée comme le cœur battant d’un laboratoire en SHS n’existe qu’imparfaitement au LARHRA. Celle qui est hébergée à Lyon 3, dans des locaux devenus bien exigus, permet de comprendre au quotidien la pertinence d’un tel outil.