Reinhard Jirgl, renégat de la mondialisation. La critique de la mondialisation dans Land und Beute et Renégat, roman du temps nerveux de Reinhard Jirgl, à la lumière de Carl Schmitt et d’Oswald Spengler

  • Reinhard Jirgl, Renegade of Globalization. The Critique of Globalization in Reinhard Jirgl’s Land und Beute and Renégat, roman du temps nerveux, in the Light of Carl Schmitt and Oswald Spengler.
  • Reinhard Jirgl, Renegat der Globalisierung. Globalisierungskritik in Land und Beute und Renegat, Roman der nervösen Zeit von Reinhard Jirgl im Lichte von Carl Schmitt und Oswald Spengler

DOI : 10.35562/textures.1162

Dans ses essais du recueil Land und Beute (2008), mais aussi dans son roman Renégat, roman du temps nerveux (2005), Reinhard Jirgl s’est attelé à une critique indirecte de la mondialisation où l’on reconnaît des emprunts explicites à la pensée de Carl Schmitt et d’Oswald Spengler. Mettant l’accent sur les rapports de force en société, il dénonce le discours lénifiant d’une paix indiscutée qui, dans les échanges médiatiques et idéologiques, en masque la virulence. Examinant dans le sillage de Carl Schmitt la permanence de l’hostilité en société, il décrit le retour, dans les années 2000, de l’opposition structurante entre ami et ennemi qui, selon Schmitt, constitue le fondement même du politique. Il revisite également Spengler pour dénoncer la puissance croissante des oligarchies, forme contemporaine des Césars qui minent les démocraties. Il nous propose ainsi une œuvre sur la hantise du passé qui revient nous hanter.

In seinen Essays des Sammelbands Land und Beute (2008), aber auch in seinem Roman Abtrünnig - Roman aus der nervösen Zeit (2005) betreibt Reinhard Jirgl eine indirekte Globalisierungskritik, in der explizite Anleihen aus dem Denken von Carl Schmitt und Oswald Spengler zu erkennen sind. Er legt die Machtverhältnisse in der Gesellschaft an den Tag und prangert das beschwichtigende Gerede von einem unbestrittenen Frieden an, das im medialen und ideologischen Gedankenaustausch die Brutalität dieser Machtverhältnisse verschleiert. In Anlehnung an Carl Schmitt untersucht er, wie die Feindseligkeit in der Gesellschaft der 2000er Jahre weiterbesteht, und beschreibt die Rückkehr des strukturierenden Gegensatzes zwischen Freund und Feind, der laut Schmitt die Grundlage des Politischen bildet. In Anlehnung an Oswald Spengler prangert er die wachsende Macht der Oligarchien an, einer zeitgenössischen Form der Cäsaren, die die Demokratien untergraben. So legt er uns ein Werk vor über die Art und Weise, wie die Vergangenheit uns wieder heimsucht.

In his essays in the collection Land und Beute (2008), as well as in his novel Abtrünnig – Roman der nervösen Zeit (2005), Reinhard Jirgl offers an indirect critique of globalization that explicitly borrows from the thinking of Carl Schmitt and Oswald Spengler. Emphasizing the power relations in society, he denounces the soothing discourse of unquestioned peace which, in media and ideological exchanges, masks its virulence. Following in the footsteps of Carl Schmitt, he examines the permanence of hostility in society, describing the return in the 2000s of the structuring opposition between friend and foe which, according to Schmitt, is the very foundation of politics. He also revisits Spengler to denounce the growing power of oligarchies, a contemporary form of Caesar that undermines democracies. In this way, he offers us a work on the way in which the past comes back to haunt us.

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Dans ses essais du recueil Land und Beute1, mais aussi dans son roman Renégat, roman du temps nerveux2, Reinhard Jirgl s’est attelé à un décryptage politologique du monde, qui met l’accent sur les rapports de force et où l’on reconnaît en particulier des emprunts explicites à la pensée de Carl Schmitt et d’Oswald Spengler. Ces emprunts sont mis au service d’une critique de la pensée lénifiante qui, selon Jirgl, accompagne la mondialisation pour en camoufler la portée destructrice. Jirgl met en lumière à la fois le retour masqué de l’hostilité et de l’ennemi, qui réactualise la définition du politique selon Carl Schmitt, et celui des despotes, ces Césars, dont l’apparition, chez Spengler, signale le déclin des démocraties.

Le retour de l’hostilité et de l’ennemi : actualité de Carl Schmitt

Jirgl constate pour commencer qu’à la fin du xxe siècle, le rêve universaliste d’un monde sans frontières, régi au plan économique par la mondialisation du libre-échange et au plan moral par la doctrine des droits de l’homme, semble triompher. Jamais il n’a paru si proche de se concrétiser qu’en 1990, quand le rideau de fer, l’une des frontières les plus hermétiques au monde, s’est effondré. Le concept de nation, « historiquement déterminé par un espace, une langue et des lois3 », semble alors devoir se dissoudre dans une mondialisation heureuse, les nations elles-mêmes cherchant à s’autodissoudre, et cette autodissolution constituant, avec « l’abolition (prescrite) des frontières » et « l’intégration totalisante », le « courant politique dominant »4. Jirgl parle même de « collectivisation imposée de manière totalitaire par d’autres moyens – la mondialisation – pour aboutir à un gouvernement mondial5 ».

La conséquence de cette réduction de l’espace par la mondialisation et de cette intégration forcée dans une totalité sans échappatoire, c’est d’une part que des guerres lointaines deviennent soudain beaucoup plus proches, et d’autre part que, « dans le paysage désolé d’une guerre sans front, il n’y a !pas de fuite possible6 ». La disparition de la nation signifie aussi celle de l’étranger : « Plus notre connaissance du monde tend à l’exhaustivité […] plus il devient difficile de rencontrer encore le monde en tant que tel ; il ne reste alors plus que la possibilité de voyager dans un monde d’où l’étranger disparaît à vue d’œil7 ».

Pourtant quelque chose semble résister : la nouveauté ne surgit jamais sans conserver en son cœur un morceau du monde ancien, car « les choses transmises constituent toujours le noyau de toute nouveauté8 ». « L’abolition de l’étranger, situation qui reviendrait à instaurer un gouvernement mondial, reste actuellement hors de portée9 », constate Jirgl en 2001, après les attentats contre les deux tours du World Trade Center à New York. L’ancienne hostilité peut-elle vraiment disparaître, comme le prétendent les « universalistes angéliques10 » ? L’euphorie de la rencontre avec l’Autre, rendue possible par la chute du Mur, fait bientôt place au soupçon que ce n’est peut-être pas le cas. « Que des êtres humains puissent ne pas aimer d’autres êtres humains est sans doute le fait vital le plus ancien et le plus normal11 », rappelle Jirgl, en écho à Freud dans Malaise dans la civilisation. En réalité, il ne croit à la disparition ni de l’ennemi ni de l’hostilité :

La « disparition de l’ennemi » après 1989 au sein de l’alliance mondiale des nations, que ce soit entre elles ou à l’intérieur de ces nations considérées séparément, est une illusion d’optique. […] La structure ami/ennemi, déjà profondément inscrite dans le christianisme, est un des fondamentaux de l’Occident […]. Et même si l’ennemi disparaissait, l’hostilité perdurerait12.

Cette hostilité, cette manière de se définir par opposition à un Autre qu’on hait, est même parfois présentée comme inhérente à la nature humaine : « Une hostilité, comme seule une vie peut être hostile à une autre vie13 », écrit Jirgl dans Abschied von den Feinden.

Il rejoint ici une idée centrale de Carl Schmitt, selon qui « [f]eindre, pour des raisons d’ordre éducatif, qu’il n’y a pas d’ennemis du tout » relève de la fiction. En réalité, au‑delà des espoirs pacifistes ou éducatifs, « on ne saurait raisonnablement nier que les peuples se regroupent conformément à l’opposition ami/ennemi, que cette opposition demeure une réalité de nos jours et qu’elle subsiste à l’état de virtualité réelle pour tout peuple qui a une existence politique »14. Même s’il faut soigneusement distinguer l’ennemi privé (en latin « innimicus ») de l’ennemi public (« hostis »), « [l]es concepts d’ami et d’ennemi doivent être entendus dans leur acception concrète et existentielle, et non point comme des métaphores ou des symboles ». Il « ne faut pas » non plus « y mêler des sens économiques, intellectuels ou encore leur donner un sens privé »15.

Jirgl souscrit à l’existence de cette hostilité essentielle. La nier revient, selon lui, à nier la réalité : « [L]a clé de la guerre de société que les historiographes mettent au jour dans les États européens depuis la fin du Moyen Âge atteste, à toutes les époques de paix, la poursuite de la guerre par d’autres moyens16 .» L’apparence idéale d’une absence de conflits implique par conséquent en réalité que « les discours du pouvoir nient et camouflent les vraies répartitions des forces dans la société, qui perdurent en systèmes d’oppositions sous la surface17 ». Quand « les discours rationnels » justifient cette pacification factice, ils « démontrent » ironiquement, « sous forme de dictature de la surface, leur irrationalité »18 et leur « fragilité »19. Ceux qui ne se situent pas du côté de ces discours dominants et nivelants, c’est-à-dire les renégats de la société, ne croient pas en cette pacification factice. Leur échelle de valeurs différente les incline au contraire, dit‑il, à percevoir cette hostilité et à dénoncer le mensonge qui la camoufle, et qui est en général proféré au nom de la Raison, comme depuis toujours en Occident20.

Là encore, Jirgl fait écho aux réflexions de Carl Schmitt sur le caractère illusoire d’une société sans conflits ni hostilité. Dans La notion de politique. Théorie du partisan (1932), Schmitt soulignait déjà que « les hommes dans l’ensemble chérissent l’illusion d’une paix non menacée et […] ne tolèrent pas ceux qui sont réputés voir tout en noir, du moins tant que leur condition est supportable ou même bonne21 ». Il citait des exemples : avant la révolution russe, les classes décadentes idéalisaient le paysan russe en qui ils voyaient un brave chrétien ; avant la Révolution française, l’aristocratie vantait l’homme pour sa bonté naturelle, le peuple pour sa vertu. Et il concluait : « Étrange chose que la sécurité et l’aveuglement de ces privilégiés qui parlent de la bonté, de la douceur et de l’innocence du peuple quand déjà 93 est sous leurs pieds, spectacle ridicule et terrible22. »

La réalité de cette hostilité persistante, quoique niée, implique selon Jirgl que la suppression des frontières depuis 1989 constitue une ambition peu compatible avec les réalités humaines. Il se pourrait même, dit‑il, que le rêve universaliste qui sous-tend la mondialisation contribue de manière paradoxale à renforcer ce qu’il aspire à voir disparaître : « La consolidation des frontières que ce soit pour combattre de manière efficace le terrorisme international ou […] pour repousser les millions de masses humaines sans pays ni gagne-pain qui prennent d’assaut les territoires plus riches pour chercher de par le monde un moyen de préserver leur vie23. » Dans le cas contraire, la disparition des frontières signifierait, poursuit‑il, l’avènement d’un monde total qui ne laisserait à l’homme menacé aucune possibilité de trouver refuge ailleurs – configuration familière à tout intellectuel ayant grandi en RDA, où l’Ouest représentait un asile possible : « La continuelle transformation des pays étrangers en pays intérieurs ferme […] la possibilité de l’exil24. »

L’effacement des frontières géopolitiques entraîne d’ailleurs, constate-t-il, l’instauration paradoxale de frontières d’un autre type, par exemple ces « lignes de démarcation, plus profondes et plus nettes que jamais, entre ce qui est étranger et ce qui nous appartient, entre ce qui est public et ce qui est privé, social et familial, national et international25 ». Le besoin de se définir en se démarquant est tel que la suppression de l’ennemi extérieur entraîne l’invention de l’ennemi intérieur : « [Q]uand […] le méchant disparaît, le système doit secréter toute l’hostilité à partir de lui-même26. » Un des effets de cette situation d’ouverture, de mondialisation et d’abolition des frontières est donc le retour paradoxal de la guerre, d’une part parce que des conflits lointains, contenus dans des régions éloignées, se rapprochent par suite de la réduction des distances, mais aussi parce que tout ce qui est présenté comme refusant l’intégration dans la totalité est susceptible de raviver l’ancienne constellation ami/ennemi :

Une politique qui érige en principe l’intégration contrainte des autonomies nationales (abolition des frontières) […] mène à la constellation guerrière ami/ennemi, démontre « les points faibles » de l’édifice, et finalement contraint à agir de manière guerrière contre tout ce qui n’est pas intégrable27.

Cette idée que la fin de l’ennemi extérieur entraîne le développement d’une hostilité intérieure se trouve déjà chez Carl Schmitt, qui y voyait la conséquence d’un affaiblissement de l’État favorisant les conflits partisans et la guerre civile28. Pour Schmitt, sans ennemi, il n’existe ni politique ni État : « Des mots tels que État, république, société, classe ; et aussi souveraineté, État de droit, absolutisme, dictature […] sont inintelligibles si l’on ignore qui, concrètement, est censé être atteint, combattu, contesté et réfuté au moyen de ces mots29. » Il considérait en effet que « [l]a distinction spécifique du politique, à laquelle peuvent se ramener les actes et les mobiles politiques, c’est la discrimination de l’ami et de l’ennemi30 », de sorte que « cette aptitude à discerner l’ami et l’ennemi » constitue « la pierre de touche […] de la pensée […] politique […]. Et inversement : l’incapacité ou le refus d’opérer ce discernement se présente comme le symptôme du déclin politique »31. Un état de paix mondiale signifierait la fin du politique32.

Pour Schmitt, un État universel n’aurait par conséquent plus rien de politique : « [N]ous aurions une société coopérative de consommation et de production à la recherche de sa position d’équilibre indifférent entre les deux pôles de l’éthique et de l’économique33. » Comme il serait illusoire de croire en une autorégulation de cet État, on en viendrait « à se demander à quels hommes va échoir le pouvoir énorme lié à une centralisation mondiale de l’économie et de la technique34 ». Rien d’étonnant alors à ce que l’économie, envahie au cours des xixe et xxe siècles par le politique auquel elle prétend se soustraire, « recrée en son sein l’antagonisme ami/ennemi propre au politique », même si en apparence, elle « vise à éliminer toutes les barrières mondiales qui entravent son expansion impérialiste »35, et drape le libéralisme dans des principes éthiques qui camouflent la nature politique de ses visées et de son développement. Elle encourage l’esprit consumériste, considérant que « la consommation et la jouissance esthétiques […] représentent la voie la plus sûre et la plus facile vers une emprise totale de l’économie sur la vie intellectuelle et vers une mentalité qui voit dans la production et dans la consommation les catégories centrales de l’existence humaine36 ».

Certes, Jirgl est loin de reprendre explicitement l’intégralité de la démonstration de Schmitt, mais on reconnaît dans ses essais cette même imbrication du politique et de l’économique, un même scepticisme quant à la possibilité d’une paix universelle, une même mise au jour des rapports de pouvoir qui sous-tendent la société de divertissement et la mentalité lénifiante qui y prédomine. Le roman Renégat est tout entier traversé par cette idée qu’un état de pacification internationale apparente entraîne la recréation d’hostilités internes : la haine trouve à s’employer autrement et recrée des lignes de partage. On en trouve de multiples exemples dans le roman, depuis la tentative de meurtre commise par le personnage principal sur l’avocat hambourgeois venu acheter la ferme de son père, jusqu’aux massacres de la fin qu’il perpètre sous l’emprise de l’amok, sans oublier les fantasmes de torture physique qui, dans les encadrés, accompagnent la vente forcée de son appartement ou la haine du personnage Andreï pour le chauffeur de taxi qu’il assassinera. La disproportion apparente entre la banalité d’une réalité ordinaire, où la violence se dissimule sous des dehors feutrés, comme lors de la cession immobilière devant le tribunal de commerce, et l’extrême brutalité des sévices imaginés, signale au lecteur l’impossibilité d’évacuer cette hostilité, qui, en l’absence de frontières, réinvente quotidiennement des lignes de front. Comme Carl Schmitt, Jirgl souligne en particulier le déplacement du politique, déterminé par la distinction entre ami et ennemi, vers l’économique : la violence qui s’exerce dans Renégat, à laquelle le narrateur tente de se soustraire pour finalement en venir à l’exercer lui-même, comporte de larges composantes économiques : c’est par exemple « l’argent37 » (titre d’un chapitre) qui permet à Reinhardt Hold, le mari de Sophia, d’expulser le narrateur devenu son rival – Reinhardt Hold, dont le nom composé de trois adjectifs, rein (« pur »), hart (« dur ») et hold (« charmant »), renvoie à la manière dont le pouvoir économique dissimule sous une apparence de pureté charmante une dureté sans pitié. « Son avidité à posséder est tellement grande, explique Sophia sa femme, comme s’il lui fallait accumuler Argent&Pouvoir afin de vivre des millénaires38. » Ce millénarisme faisant implicitement écho au rêve millénariste d’Hitler, on voit ici comment Jirgl parvient en quelques mots à associer brutalité économique et violence politique.

Ce retour diffus de l’hostilité dans les vies quotidiennes constitue l’un des fils conducteurs du roman, et a une portée politologique. Renégat réhabilite le politique au sens de Carl Schmitt, c’est-à-dire souligne la réalité d’une distinction essentielle entre ami et ennemi. Croire le contraire n’est pas seulement illusoire, cela revient à annihiler l’existence même du politique. Jirgl examine avec Renégat les conséquences qu’entraîne la disparition de ce dernier dans la vie quotidienne de l’homme contemporain : la diffusion de la haine et l’inlassable reconstruction d’hostilités diverses.

On aurait cependant tort d’en conclure que Jirgl prône un retour à la guerre conventionnelle. De manière ironique, il s’amuse, juste avant que son personnage principal saisi de folie meurtrière commette un amok, à confronter, dans un même wagon du RER berlinois, un bruyant va-t’en-guerre et un pacifiste virulent : « !La guerre : la guerre, ç’a toujours du bon. Ça vous !secoue la populace. Ça vous la ressoude39 », dit le premier, le belliciste. « J’aimerais que le Juge suprême convoque tous les chefs de guerre à une conférence dans une seule&même salle (je hurle) – & me fournisse la !bombe adéquate – ou : mieux !deux bombes pour être sûr40 », lui répond le second, le virulent pacifiste. Tenant de la guerre conventionnelle et tenant de sa version contemporaine, partisane, informelle, diffuse, se font face ici en une confrontation qui dépeint la situation de manière ironique et ne prend pas parti. Car l’enjeu est ailleurs : la scène démontre surtout la permanence de l’état d’hostilité et le déplacement de la ligne de front vers l’espace confiné du métro.

La fin de la démocratie, les Césars, la hantise du passé : réinventer Spengler

Jirgl ne fait pas non plus mystère de son intérêt ancien pour l’œuvre d’Oswald Spengler Der Untergang des Abendlandes, découverte bien avant la fin de la RDA, tout comme d’ailleurs Voyage au bout de la nuit de Céline et les post-structuralistes français édités aux éditions Merve, que Heiner Müller laissait à la libre disposition de tous sur une grande table à la Volksbühne41. Or le rapprochement, même partiel, de la pensée de Jirgl avec celle de Spengler peut être éclairant.

Même s’il dit avoir lu et relu Spengler, il est certain, comme l’affirme Arne De Winde, que « Jirgl, pour analyser la société à sa manière, s’est bricolé son propre Spengler42 » : « Les guillemets laissent croire qu’il cite et condense des passages originaux ; mais au fond, il s’agit (sans exception) de pseudocitations, certes constituées de thématiques chères à Spengler, mais qui n’apparaissent jamais sous cette forme spécifique dans l’œuvre de Spengler43. » Toujours selon Arne De Winde, Jirgl reprend des éléments de Spengler pour en examiner l’actualité, en particulier en ce qui concerne « la transformation d’une civilisation avancée en barbarie », « la description des métropoles mondiales modernes », « l’apparition d’une soi-disant seconde religiosité » et « l’analyse des médias comme instrument de pouvoir nivelant »44. Dans ses « conversations épistolaires » avec Arne De Winde et Clemens Kammler, Jirgl évoque en outre personnellement Spengler comme source d’inspiration pour réfléchir aux « métropoles modernes avec la population qui y habite – la transformation de la démocratie en démocratie de masse, de la culture en culture de masse, des Lumières en superstition […] ; la déconnexion des partis politiques – l’asservissement des masses par les médias qui autrefois encourageaient la pensée libre45 ». Jirgl considère que si le déclin de l’Occident ne prend certes plus la forme du nazisme, « le potentiel de déclin commence actuellement à redevenir très actif46 ». On retrouve dans Renégat trois idées centrales inspirées de Spengler : la fragilité de la démocratie, la fascination populaire pour les Césars, et le caractère sinusoïdal de l’histoire avec le retour du passé qui revient hanter les formes nouvelles de la civilisation.

Chez Spengler, la démocratie évolue de telle façon que ses formes lui survivent même quand le pouvoir réel prend une forme de moins en moins démocratique : « C’est la fin de la démocratie, non sa chute mais son irrémédiable effondrement intérieur, qui permet à l’avenir de laisser ses formes subsister avec d’autant plus d’insouciance qu’elles ont de moins en moins de sens47. » Jirgl ne cesse, dans ses essais, de pointer la fragilité de la démocratie, qui tient en particulier à son caractère dialectique et au fait que c’est « de son fondement que peuvent surgir ces structures oligarchiques qui [la] détruisent48 ». L’idée que la majorité a toujours raison est un préjugé que rien ne vient démontrer :

On peut trouver d’innombrables exemples montrant que des décisions prises à la majorité ne garantissent aucunement la justice ; il suffit de penser à la mort de Socrate, décidée à la majorité conformément à la compréhension antique de la démocratie, ou à l’avènement d’Hitler à la Chancellerie grâce à un vote démocratique49.

Par cette observation, Jirgl pointe le socle même de la construction démocratique, à savoir le principe majoritaire : « Les majorités génèrent autant d’injustice que n’importe quel régime despotique50. » La « démocratie de masse » accentue cette problématique, la masse n’étant même plus constituée de sujets pensants, mais d’individus manipulés par une idéologie lénifiante à laquelle des médias complaisants ne cessent de contribuer. La métropole moderne avec sa population constitue selon lui un lieu d’observation privilégié de cette nouvelle forme du déclin de l’Occident : les individus qui se détachent de la masse sont précisément des « renégats » qui tentent par divers moyens d’échapper à celle‑ci, qui occupe trottoirs, bus et métros. Ils la fuient par une double stratégie de mouvement et de retrait, en s’enfermant dans l’habitacle de leur taxi ou en déambulant sans relâche dans la solitude des forêts pour y chercher refuge, comme deux des principaux personnages de Renégat. Les encadrés qui jalonnent le texte peuvent être considérés comme autant de replis hors de ce dernier, et les renvois fléchés qui y sont adjoints comme autant d’incitations au mouvement : les uns et les autres donnent forme à cette double stratégie de résistance à la masse, masse qui fonde la démocratie contemporaine et la mine dans le même temps.

À cette faiblesse, qui affecte le système majoritaire qui se trouve au fondement même de la démocratie, s’ajoute le fait que les partis politiques tendent à oublier le peuple dont procède leur légitimité pour ne plus se préoccuper que d’eux-mêmes, de sorte que leur « déconnexion », tout comme « la (ré-)émergence d’un despote dans une puissance basée sur de telles majorités, ne sont aucunement exclues : bien au contraire, l’histoire semble démontrer qu’elles en seraient plutôt une conséquence possible51 ». Certes, Jirgl ne dénonce pas le risque de voir un dictateur parvenir au pouvoir dans le Berlin des années 2000 qui constitue le cadre de Renégat : il y a longtemps que le déclin, selon lui, ne prend plus cette forme‑là, enterré avec la défaite du régime nazi. Mais le despotisme est à l’œuvre ailleurs, de manière disséminée, sa propagation étant associée au développement de la mondialisation, qui favorise l’avènement d’oligarchies sur lesquelles les populations n’ont aucun contrôle. Ce retour des despotes sous la forme de puissances économiques incontrôlables, associées à une multitude de potentats locaux, est dans la nature même de la mondialisation : « L’effacement des frontières territoriales crée d’un côté une liberté de résidence, tandis que d’un autre côté la sécurité diminue, ce qui augmente le danger de voir une puissance d’État légale user de moyens de domination illégaux ; la puissance d’État peut verser dans la criminalité52. » Dans les institutions internationales,

le référentiel démocratique s’est depuis longtemps évaporé des conférences. Ce qu’il reste ? Une multitude de centres occupés par des chefs despotiques, personnages obsédés par le pouvoir ; des Césars au petit pied, appuyés sur le nucléaire et la haute technologie : « un mode de vie hautement civilisé coexistant avec le retour d’un état primitif », comme le disait Spengler il y a quatre-vingts ans53.

La démocratie ne protège donc pas de la survenue des despotes, phénomène dont Spengler a traité en 1923 au chapitre 4 de Untergang des Abendlandes sous le titre « Der Zäsarismus54 ». Jirgl définit le « césarisme » de Spengler comme suit :

« Victoire de la politique de la violence via l’argent. Caractère de plus en plus primitif des formes politiques. Déclin intérieur des nations pour aboutir à une population informe. Leur absorption par un empire au caractère de plus en plus primitif et despotique – Le monde comme proie – Émergence progressive de situations préhistoriques dans une civilisation de haut niveau ». Il y a entre-temps un nom pour cet état qui tend à s’installer : la mondialisation55.

Renégat n’a certes pas pour horizon d’étude la planète ni la manière dont l’Occident y réactive sa faculté à générer des despotes ; mais l’échelle individuelle, qui détermine l’angle d’observation du roman, permet de constater à hauteur humaine les effets de ce processus. Dans le Berlin du début des années 2000, l’argent induit une forme de puissance locale, autre idée développée par Spengler56, incarnée par Reinhardt Hold manœuvrant pour garder le contrôle de sa femme Sophia. Dans la presse, centre de pouvoir, les vrais journalistes et les vrais enquêteurs sont éliminés au profit d’arrivistes sans éthique professionnelle. L’affaiblissement de la démocratie en démocratie de masse entraîne la substitution de croyances soi-disant scientifiques aux exigences de la conscience éclairée : dans un monde où l’on renonce à penser par soi-même, quoi de plus tentant que de s’en remettre à la science comme solution à tout ? L’étrange dernier chapitre, situé dans un hôpital, illustre cette tentation de démissionner intellectuellement pour se reposer sur la seule technicité médicale, réduire la fureur du renégat à une tumeur au cerveau, traiter l’opposition politique ou philosophique comme une maladie mentale. Enfin, l’architecture du nouveau Berlin, décrite ici comme traduisant une obsession obsidionale et une fermeture hostile à la populace qui grouille à ses pieds57, atteste, elle aussi, l’amenuisement de la démocratie, le fait que « le tissu de la démocratie montre la trame et [que] son masque commence à devenir transparent58 ». Renégat décrit plus globalement une société marquée par la violence, une violence financière, juridique, architecturale, psychologique, sociale, dont le meurtre du chauffeur de taxi et l’amok final du narrateur sont les formes les plus simples, les plus primitives.

Au chapitre « Le-génie-de-la-forêt59 », Jirgl aborde cette question du despotisme et de la tentation du césarisme dans les démocraties affaiblies à partir de la position de l’artiste. Il enchâsse dans le cœur du roman l’histoire complète d’un renégat est-allemand, élevé en orphelinat, impuissant à s’intégrer, qui se réfugie dans les bois où il écrit son œuvre tout en travaillant comme bûcheron ; la chute du Mur le propulse dans la lumière, il publie son travail, connaît la notoriété, puis disparaît. Ce renégat est-allemand est le pendant du renégat ouest-allemand, le narrateur, qui sans cesse retourne marcher dans les bois et connaît la même tentation d’échapper aux injonctions de l’idéologie dominante en se repliant sur soi, même si, à la différence du narrateur socialisé en RFA, ce renégat est-allemand parvient à réaliser en partie son projet et préfère s’effacer plutôt que de commettre un amok.

Or le titre, « Le-génie-de-la-forêt », apparaît aussi dans les essais de Jirgl où il désigne l’artiste idéal tel que Brecht, selon lui, le concevait. Selon Jirgl, « Brecht avait un horizon culturel qui, venu du romantisme (“le noble sauvage”), se prétendait antibourgeois : “le génie de la forêt”60 ». L’artiste stylisé en « génie de la forêt » entretient des liens à la fois avec la nature et avec l’intelligence, sa solitude et sa sauvagerie sont les conditions de sa créativité. Cet idéal romantique de l’artiste inspiré et solitaire a une portée politologique, qui tient au fait que, selon Jirgl, cette figure mène droit à Hitler61 : « [Brecht] aurait dû savoir, et il l’a sûrement su, que dans une société industrielle, un tel type – après avoir échoué dans sa formation et dans l’art, puis nanti d’un pouvoir fou – ne pouvait finalement engendrer qu’une seule figure : un Hitler62. » Ici, Jirgl reprend l’idée, omniprésente dans les manuels d’histoire de la littérature de RDA63, du romantisme comme courant précurseur du nazisme.

Ainsi, l’artiste raté peut certes poser au renégat ; mais pour peu qu’il parvienne au pouvoir, le despote qui sommeille en lui se révèle dans son atrocité. Dans cette optique, le despotisme, ou « césarisme » selon Spengler, ne se limite donc pas à la pression diffuse que la massification et la mondialisation exercent sur le citadin qui renâcle à adopter le discours dominant : il affecte jusqu’au renégat lui-même, dont l’aspiration à créer, l’impuissance à y parvenir, et les ratages divers nourrissent moins un idéal de l’artiste qu’une furieuse ambition à la toute-puissance. Toute l’ambiguïté du roman tient au fait qu’il laisse le renégat dans cette position suspecte : ce despotisme qu’il refuse, il finit par l’incarner.

Ce processus qui ramène le renégat au point dont il veut s’éloigner, en l’occurrence aux aspirations à dominer et à tuer, peut être figuré par une boucle irrégulière, pleine de circonvolutions, forme dont Jirgl use abondamment dans son roman Renégat où ses flèches et ses encadrés multiplient les renvois. Il peut également être rapproché d’une autre sorte de boucle, chère à Spengler : celle de l’éternelle reprise du même, qui correspond à une conception plutôt sinusoïdale de l’histoire. Pour Spengler, « l’histoire se compose d’une pure succession de cultures qui se développent et meurent comme des plantes sans s’influencer mutuellement64 ». La forme géométrique permettant de représenter

cette conception radicalement cyclique du cours du temps n’est pas un cercle en perpétuelle rotation mais bien plutôt une succession indéfinie de festons identiques – correspondant chacun à une culture – qui se chevaucheraient quelque peu, tout en demeurant totalement indépendants les uns des autres. En fait, une conception cyclique plus soucieuse de faire ressortir l’alternance des âges d’or et des périodes creuses de l’histoire que de rompre tout lien entre les diverses cultures serait plus adéquatement représentée par une sinusoïde continue65.

Cette conception sinusoïdale de l’histoire des cultures évoluant en civilisations avant de décliner complètement (la civilisation étant caractérisée par le développement des grandes villes), Jirgl se la représente de manière très spatiale, comme « le déploiement de l’idée d’espace en un mouvement qui se tord, de sorte qu’en résultent des images de réseaux avec divers nœuds de jonction et des retours en arrière vers le passé, qui à leur tour démultiplient l’espace pour en faire des espaces, la réalité pour en faire des réalités66 ». L’histoire ainsi représentée permet à des époques différentes d’entrer en contact les unes avec les autres, « l’être humain au cœur du passé vivant doublement dans le présent67 ». Les exemples de cette actualité d’un passé lointain abondent dans l’œuvre de Jirgl, qu’il s’agisse de l’obsession de l’Allemagne réunifiée pour le passé nazi qui a pour conséquence que « la guerre d’hier a apparemment occupé l’avenir68 », ou encore du retour du Moyen Âge dans l’architecture et le mode de vie urbain, où les nouvelles places fortes habillées de verre et d’acier affichent leur hostilité et leur résistance aux possibles envahisseurs. Il se pourrait même que la réunification allemande réactive le spectre du Saint Empire romain germanique69, tandis que la vente forcée d’un immeuble au tribunal de commerce fait ressurgir d’abominables spectres, ceux des conquistadors espagnols comme Pizarro70, du conquérant sanguinaire Gengis Khan71, ou bien encore de Staline72. Cette propension à importer le passé dans le présent découle d’un besoin de se rassurer en revenant à des situations déjà éprouvées, « tant le passé lointain peut, en des temps de craintes existentielles impossibles à endiguer, apparaître à nouveau comme salvateur73 ». Elle découle aussi d’un désir de réparer ce qui a été manqué. Les éléments défensifs des forteresses modernes, l’acier et le verre, ne sont pas seulement « une régression manifeste des formes contemporaines vers une architecture essentiellement typique du Moyen Âge tardif74 », ils expriment peut-être aussi le souhait de rattraper ce qui, dans le passé, n’a pas été mené à son terme : « Se peut‑il que cette fameuse “prise de possession du monde” par l’Occident aspire aujourd’hui seulement à trouver son achèvement en utilisant trop tardivement le verre, trop tardivement l’acier75 ? », s’interroge Jirgl. Cet accomplissement tardif de visées anciennes amènerait à concevoir l’histoire non comme un développement linéaire, mais « seulement comme des détours et des égarements76 », conformément à cette forme sinusoïdale que Jirgl a introduite dans Renégat par les arabesques que dessinent ses renvois, ou par l’incessant ballet des allers et retours entre l’été 2002 au chapitre « Rencontre de camarades de classe77 » et l’année 1945 au chapitre « Chasseurs silencieux78 », ou encore par la flèche de la dernière page79 qui renvoie les lecteurs au tout début du roman80.

Ces allers et retours entre présent et passé signalent un état de guerre de société non apaisée. Pour établir ce constat, Jirgl s’appuie sur la lecture de Hamlet par Carl Schmitt, où « l’ancien, incarné par l’esprit du père, garde la place pour le nouveau qui porte toujours en lui le noyau de l’ancien », mais qui, « en devenant actif et en interagissant avec le substrat du nouveau, se déploie sous la forme du très ancien » : les formes anciennes, appelées à la rescousse pour affronter l’inédit et inventer des formes nouvelles, peuvent entraîner une régression vers des états plus anciens encore ; cette « dialectique de l’ancien et du nouveau (avant-garde et convention) est le signe d’une guerre de société qui n’est toujours pas apaisée »81. Ainsi, puisque ce sont les époques les plus conflictuelles qui suscitent le plus de recours au passé, il est logique que cette démultiplication des recours aux formes anciennes traduise une situation de conflits. Les arabesques formelles de Renégat acquièrent à la lumière de ce constat une valeur de signal. Elles ne se contentent pas de figurer les mouvements désordonnés d’un homme saisi de folie meurtrière ou d’un type contemporain privé de racines, de travail et de repos, elles n’ont pas seulement une valeur spatiale. Non, elles ont aussi une valeur temporelle, elles figurent les échanges entre le présent et les diverses strates du passé, que ce soit celui du narrateur (qui se remémore son passé personnel), celui de Berlin ou celui du monde occidental au sens large depuis son lointain Moyen Âge. En ce sens, elles rendent visible la désorientation de la société d’après 1989, hantée par le spectre de Staline ou d’Hitler, les crimes nazis réveillant le souvenir des autres crimes contre l’humanité : un état de société non apaisé.

Bibliography

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Notes

1 Reinhard Jirgl, Land und Beute, Munich, Carl Hanser, 2008. Return to text

2 Première parution en 2005. Édition allemande : Reinhard Jirgl, Abtrünnig. Roman aus der nervösen Zeit, Munich, Deutscher Taschenbuch, 2008 ; édition française : Reinhard Jirgl, Renégat, roman du temps nerveux, trad. Martine Rémon, Meudon, Quidam, Made in Europe, vol. 50, 2010. Return to text

3 Reinhard Jirgl, « Die Diktatur der Oberfläche », dans Land und Beute, op. cit., p. 33 : « [H]istorisch bestimmt durch Raum, Sprache, Recht ». Return to text

4 Reinhard Jirgl, « Stadt ohne Eigenschaften », dans Land und Beute, op. cit., p. 67 : « Hauptstrom (verordneter) Entgrenzung und totalisierender Integration ». Return to text

5 Reinhard Jirgl, « Die Diktatur der Oberfläche », dans Land und Beute, op. cit., p. 33 : « [T]otalitär verfügte Kollektivierung mit anderen Mitteln – die Globalisierung – hin zum Weltstaat ». Return to text

6 Reinhard Jirgl, « Die wilde und die gezähmte Schrift », dans Land und Beute, op. cit., p. 92‑122 : « !Es gibt kein Entkommen in einer verwaisten Landschaft eines Krieges ohne Front ». La disposition inhabituelle du point d’exclamation est due au fait que Jirgl réinvente dans son œuvre l’orthographe et la ponctuation. Return to text

7 Reinhard Jirgl, « Reisen in Zeiten des geschwundenen Raums », dans Land und Beute, op. cit., p. 206 : « Je umfassender das Wissen über die Welt […], desto schwieriger wird es, Welt noch vorzufinden; wobei letztlich nur noch Einreisen in die zusehends auslandslos gemachte Welt vorkommt ». Return to text

8 Reinhard Jirgl, « Stadt ohne Eigenschaften », dans Land und Beute, op. cit., p. 68 : « […] weil den Kern alles Neuen immer auch das Tradierte ausmacht ». Return to text

9 Reinhard Jirgl, « Reisen in Zeiten des geschwundenen Raums » dans Land und Beute, op. cit., p. 208 : « [E]in Zustand angestrebter ‘Auslandslosigkeit’, identisch mit der Errichtung des Weltstaats, [kann] gegenwärtig keineswegs vollendet werden ». Return to text

10 Reinhard Jirgl, « Von Dämmerung zu Dämmerung », dans Land und Beute, op. cit., p. 32 : « [B]lauäugig[e] Universalisten ». Return to text

11 Ibid., p. 32: « Daß Menschen andere Menschen auch nicht mögen, ist unbenommen wohl die älteste und normalste vitale Tatsache ». Return to text

12 Reinhard Jirgl, « Die Diktatur der Oberfläche », dans Land und Beute, op. cit., p. 49 : « Das ‘Verschwinden des Feindes’ nach 1989 im globalen Verhältnis der Nationen, sowohl zueinander als auch innerhalb der einzelnen Nationengefüge, ist eine optische Täuschung. […] Die Freund-Feind-Struktur, bereits dem Christentum tief eingeschrieben, ist eine fundamentale des Abendlands […]. Und wäre selbst der Feind verschwunden, so bestünde die Feindschaft weiter. » Return to text

13 Reinhard Jirgl, Abschied von den Feinden, Munich, Carl Hanser, 1995, p. 91 : « Feindschaft, wie nur ein Leben dem anderen Leben feind sein kann ». Return to text

14 Carl Schmitt, La notion de politique. Théorie du partisan, trad. Marie-Louise Steinhauser, Paris, Calmann-Lévy, Liberté de l’esprit, vol. 17, 1972, p. 69. Return to text

15 Ibid., p. 68. Return to text

16 Reinhard Jirgl, « Die Diktatur der Oberfläche », dans Land und Beute, op. cit., p. 48 : « [D]ie Chiffre des Gesellschaftskrieges, die die Historiografen seit dem ausgehenden Mittelalter in den europäischen Staaten ausfindig machen, bezeugt zu allen Zeiten des Friedens den Fortgang des Kriegs mit anderen Mitteln. ». Return to text

17 Ibid., p. 48‑49 : « [D]iese Diskurse der Macht [müssen] die wahren Kräfteverteilungen in der Gesellschaft, die unterhalb der [...] Oberfläche auch in den Oppositionsystemen weiterbestehn, leugnen und verdeckt halten. ». Return to text

18 Ibid., p. 49 : « [D]ie rationalen Diskurse […] offenbaren […] in Gestalt der Diktatur der Oberfläche ihre Unvernunft ». Return to text

19 Ibid., p. 49 : « Zerbrechlichkeit ». Return to text

20 Voir ibid., p. 49. Return to text

21 Carl Schmitt, La notion de politique, op. cit., p. 112. Return to text

22 Ibid., p. 116. Le passage en italiques est une citation de Tocqueville, L’Ancien régime et la Révolution. Return to text

23 Reinhard Jirgl, « Von Dämmerung zu Dämmerung », dans Land und Beute, op. cit., p. 28‑29 : « Die Sicherung der Grenzen – sei es zur wirksamen internationalen Terrorismusbekämpfung oder sei es […] zum Abwehren von Millionen heimat- und erwerbslos gewordenen Menschenmassen, die im Ansturm auf die reicheren Territorien in der Welt nach einem Lebenserhalt suchen. ». Return to text

24 Reinhard Jirgl, « Vorwort des Autors », dans Land und Beute, op. cit., p. 16 : « Die stete Verwandlung jeglichen Auslands zum Inland beschneidet […] die Möglichkeit zum Exil. ». Return to text

25 Ibid., p. 15 : « [Die] tiefer und fester denn je gezogenen Unterscheidungslinien zwischen fremd und eigenangehörig, öffentlich und privat, gesellschaftlich und familiär, national und international ». Return to text

26 Reinhard Jirgl, « Zeit der niedrigen Himmel », dans Land und Beute, op. cit., p. 55 : « [W]o [...] das Böse verschwunden [ist], muß das eigene System alles Feindliche aus sich selbst heraus erschaffen. ». Return to text

27 Reinhard Jirgl, « Stadt ohne Eigenschaften », dans Land und Beute, op. cit., p. 80 : « Eine Politik der Maßgabe erzwungener Integration (Entgrenzung) von nationalen Eigenständigkeiten […] führt zur kriegerischen Freund-Feind-Konstellation, erweist die ‘Unstetigkeitsstellen’ im Gefüge, letztlich den Zwang zur kriegerischen Aktion gen alles Nichtintegrable ». Return to text

28 Carl Schmitt, La notion de politique, op. cit., p. 72. Return to text

29 Ibid., p. 71. Return to text

30 Ibid., p. 66. Return to text

31 Ibid., p. 115. Return to text

32 Ibid., p. 98. Return to text

33 Ibid., p. 102. Return to text

34 Ibid. Return to text

35 Ibid., p. 128. Return to text

36 Ibid., p. 138. Return to text

37 Reinhard Jirgl, Renégat, op. cit., p. 130. Return to text

38 Reinhard Jirgl, Abtrünnig, op. cit., p. 141 : « Er ist so gierig auf Besitz, als müsse er für Tausendjahre-Leben Geld&macht anhäufen. » ; Renégat, op. cit., p. 139. L’orthographe est celle réinventée par Jirgl et sa traductrice. Return to text

39 Reinhard Jirgl, Abtrünnig, op. cit., p. 509 : « !Krieg: Krieg is !immerjut. Da jeht een !Ruck durchs Volk. Det schmiedet sesamm » ; Renégat, op. cit., p. 494. Return to text

40 Reinhard Jirgl, Abtrünnig, op. cit., p. 510 : « Ich wünscht mir vom Himmlischen die Weltkonferenz aller Kriegsoberhäupter in einem einzigen Saal – (brülle ich) -u mir die passende Bombe dazu, od: zur Sicherheit besser !zwei Bomben » ; Renégat, op. cit., p. 494. Return to text

41 Heiner Müller a œuvré à la Volksbühne, théâtre de Berlin-Est, comme auteur et dramaturge entre 1977 et 1982. Les œuvres dont il est question ici étaient introuvables en RDA. On ne se les procurait que par des contacts avec l’Ouest. À cette époque Reinhard Jirgl y travaillait comme technicien. Return to text

42 Arne De Winde, « Das Ende der Demokratie? Spengler – Sloterdijk – Jirgl », dans Gilbert Merlio et Daniel Meyer (dir.), Spengler ohne Ende. Ein Rezeptionsphänomen im internationalen Kontext, Francfort-sur-le-Main, Peter Lang, Schriften zur politischen Kultur der Weimarer Republik, vol. 16, 2014, p. 133 : « Jirgl [hat] sich zum Zweck seiner Gesellschaftsanalyse einen eigenen Spengler zusammengebastelt ». Return to text

43 Ibid. : « Die Anführungszeichen legen nahe, dass hier Originalstellen zitiert und konglomeriert werden; im Grunde genommen handelt es sich aber (ohne Ausnahme) um Scheinzitate, die zwar aus Spengler’schen Stichwörtern zusammengesetzt sind, in dieser spezifischen Form aber nicht in Spenglers Œuvre vorkommen ». Return to text

44 Ibid., p. 126 : « Verwandlung von Hochzivilisation in Barbarei », « Beschreibung der modernen Weltstädte », « Hervortreten einer sogenannten zweiten Religiosität », « Analytik der Medien als eines egalisierenden Machtinstruments ». Return to text

45 Reinhard Jirgl, « ‘Schreiben – das ist meine Art, in der Welt zu sein’ – Gespräche in Briefen mit Clemens Kammler/Arne De Winde », dans Land und Beute, op. cit., p. 140‑141 : « [Die] modernen Weltstädte mit deren darin hausender Bevölkerung – die Verwandlung von Demokratie zu Massendemokratie, Kultur zu Massenkultur, von der Aufklärung zum Aberglauben […]; die Verselbständigung der politischen Parteien – die Versklavung der Massen durch die einstmals den freien Gedanken befördernden Medien ». Return to text

46 Ibid., p. 140: « [D]ie Untergangspotentiale [beginnen] derzeit wieder sehr aktiv zu wirken ». Return to text

47 Oswald Spengler, Politische Schriften, Munich, Beck, 1933, cité par Arne De Winde in « Das Ende der Demokratie? », op. cit., p. 124 : « Das ist das Ende der Demokratie, nicht ihr Sturz, sondern ihr unwiderruflicher innerer Zerfall, der es künftig gestattet, ihre Formen umso sorgloser bestehen zu lassen, je weniger sie bedeuten. ». Return to text

48 Reinhard Jirgl, « Stadt ohne Eigenschaften », dans Land und Beute, op. cit., p. 81 : « [G]erade aus ihrem Fundament [können] jene Demokratie zersetzenden oligarchischen Strukturen erwachsen ». Return to text

49 Reinhard Jirgl, « Vorwort des Autors », dans Land und Beute, op. cit., p. 15 : « Es lassen zahllos Beispiele sich auffinden dafür, daß Mehrheitsbeschlüsse mitnichten zur Gerechtigkeit führen müssen; man denke an den nach antikem Demokratieverständnis mehrheitlich bestimmten Tod des Sokrates oder an die durch eine demokratische Wahl herbeigeführte Reichskanzlerschaft Hitlers. ». Return to text

50 Ibid.: « Mehrheiten lassen ebenso Unrecht entstehen wie irgendeine Despotie ». Return to text

51 Ibid. : « Sowohl die Verselbständigung mehrheitlich gewählter Parteien […] als auch das (Wieder-)Auftreten eines Diktators sind in so gestellter Mehrheiten-Herrschaft keineswegs ausgeschlossen, vielmehr wollen sie anhand der Historie als deren eine mögliche Konsequenz erscheinen. ». Return to text

52 Ibid., p. 17 : « Verwischte territoriale Grenzen schaffen einerseits räumliche Freizügigkeiten, anderseits schwindet die Sicherheit, was zugleich die Gefahr heraufziehen läßt, daß eine legale Staatsmacht illegaler Herrschaftsmittel sich bedient; Staatsmacht kann in die Kriminalität geraten. ». Return to text

53 Reinhard Jirgl, « Zeit der niedrigen Himmel », dans Land und Beute, op. cit., p. 59 : « Das Referential der Demokratie hat sich aus den Konferenzen längst verflüchtigt. Was bleibt? Die Vielzahl von Zentren despotischer Machtführer, machtbesessene Figuren; Duodezzäsaren, nuklear- und High-Tech-gestützt: ‘hochzivilisierte Lebensführung bei allmählicher Wiederkehr primitiver Zustände’, so Spengler vor achtzig Jahren. ». Return to text

54 Oswald Spengler, Der Untergang des Abendlandes: Umrisse einer Morphologie der Weltgeschichte [1923], Munich, Beck, 1990, p. 1101. Return to text

55 Reinhard Jirgl, « ‘Schreiben – das ist meine Art, in der Welt zu sein’ », dans Land und Beute, op. cit., p. 141 : « ‘Sieg der Gewaltpolitik über das Geld. Zunehmend primitiver Charakter der politischen Formen. Innerer Zerfall der Nationen in eine formlose Bevölkerung. Deren Zusammenfassung in ein Imperium von allmählich wieder primitiv-despotischem Charakter – Die Welt als Beute – Langsames Heraufdringen urmenschlicher Zustände in eine hochzivilisierte Lebenshaltung’. Es gibt mittlerweile einen Namen für diesen fortschreitenden Zustand: Globalisierung. ». Return to text

56 Pour Spengler, il y a « autodestruction de la démocratie par l’argent » : « Selbstvernichtung der Demokratie durch das Geld » (Spengler, Der Untergang des Abendlandes, op. cit., p. 1143). Return to text

57 Anne Lemonnier-Lemieux, « L’“ironie catastrophique” de Reinhard Jirgl dans Renégat. Roman du temps nerveux (2005) », Cahiers d’Études Germaniques, no 73, Crises et catastrophe, dir. Marie‑Laure Durand, Michel Lefèvre et Emmanuelle Prak-Derrington, 2017, p. 242. Return to text

58 Reinhard Jirgl, « Stadt ohne Eigenschaften », dans Land und Beute, op. cit., p. 74 : « [D]er Stoff der Demokratie [beginnt] dünn, deren Maske transparent zu werden ». Return to text

59 Reinhard Jirgl, Renégat, op. cit., p. 213. Return to text

60 Reinhard Jirgl, « ‘Schreiben – das ist meine Art, in der Welt zu sein’ », dans Land und Beute, op. cit., p. 162 : « Brecht […] hatte eine Kulturhoffnung, die, aus der Romantik kommend, (‘der edle Wilde’), sich antibürgerlich gab: ‘das Genie aus dem Wald’. ». Return to text

61 Le bunker d’Hitler à Wolfschanze, construit dans les bois, était dissimulé sous un camouflage de feuillage qui le rendait indétectable à tout espionnage aérien. Peut-être Jirgl pense-t-il ici à cet aspect quand il rapproche le « génie de la forêt » de la figure d’Hitler. Return to text

62 Reinhard Jirgl, « ‘Schreiben – das ist meine Art, in der Welt zu sein’ », dans Land und Beute, op. cit., p. 162 : « Er hätte wissen müssen, und hat es bestimmt gewußt, daß innerhalb einer Industriegesellschaft aus einem solchen Typus nur eine Figur hervorgehen konnte: ein Hitler. ». Return to text

63 Voir Anne Lemieux, Hölderlin à Berlin-Est. La réinvention du romantisme par les écrivains est-allemands, Paris, Hermann, 2019, p. 17‑61. Return to text

64 Maurice Lagueux, Actualité de la philosophie de l’histoire, Sainte-Foy, Presses de l’université Laval, 2001, p. 82. Return to text

65 Ibid. Return to text

66 Reinhard Jirgl, « Vorwort des Autors », dans Land und Beute, op. cit., p. 13 : « [D]ie Auffächerung der Raum-Idee in Bewegung, die in die Zeit sich krümmt, woraus Vorstellungen von Netzwerken mit vielerlei Knotenpunkten und Rückkopplungen auf Vergangenes entstehen, die ihrerseits den Raum zu Räumen, die Wirklichkeit zu Wirklichkeiten pluralisieren ». Return to text

67 Reinhard Jirgl, Die atlantische Mauer, Munich, Carl Hanser, 2000, p345 : « Mensch im Herz der Vergangenheit im Heute zweifach lebend ». Return to text

68 Reinhard Jirgl, « Stadt ohne Eigenschaften », dans Land und Beute, op. cit., p. 69 : « [D]er Krieg von gestern hat dem Anschein nach die Zukunft okkupiert ». Return to text

69 Voir Reinhard Jirgl, Abschied von den Feinden, op. cit., p. 84. Return to text

70 Reinhard Jirgl, Renégat, op. cit., p. 152. Return to text

71 Ibid., p. 155. Return to text

72 Ibid., p. 457. Return to text

73 Reinhard Jirgl, « Vom Geist des Uralten zur globalisierten Angst – Anmerkungen zur Figur von Hamlets Vater-Geist: eine verborgene Intrige », dans Land und Beute, op. cit., p. 189 : « Will doch in Zeiten unhegbarer Existenzangst das Uralte dann wieder als das Rettende erscheinen. ». Return to text

74 Reinhard Jirgl, « Stadt ohne Eigenschaften », dans Land und Beute, op. cit., p. 76‑77 : « [D]eutliche Regression in der gegenwärtigen Formgebung auf im wesentlichen spätmittelalterliche Typik ». Return to text

75 Ibid., p. 77: « Strebt mittels zu spät kommenden Glases, zu spät kommenden Stahls ebenjener abendländische ‘Griff in die Wirklichkeit’ erst heutzutage seiner Vollendung zu? ». Return to text

76 Ibid.: « [L]ediglich als Um- bzw. Irrwege ». Return to text

77 Reinhard Jirgl, Renégat, op. cit., p. 355. Return to text

78 Ibid., p. 329. Return to text

79 Ibid., p. 525. Return to text

80 Ibid., p. 11. Return to text

81 Reinhard Jirgl, « Vom Geist des Uralten zur globalisierten Angst », dans Land und Beute, op. cit., p. 190 : « [D]as Alte, in Gestalt des Vater-Geistes, fungiert als Platzhalter für je Neues, das den Kern des Alten stets in sich birgt, und, seinerseits zur Wirksamkeit gelangend, mit dem Substrat des Neuen reagierend als das Uralte (wieder) sich entfaltet: Dialektik von neu und alt (Avantgarde und Konvention) als eine Chiffre für stets unbefriedeten unbefriedigten Gesellschaftskrieg. ». Return to text

References

Electronic reference

Anne Lemonnier-Lemieux, « Reinhard Jirgl, renégat de la mondialisation. La critique de la mondialisation dans Land und Beute et Renégat, roman du temps nerveux de Reinhard Jirgl, à la lumière de Carl Schmitt et d’Oswald Spengler », Textures [Online], 29 | 2025, Online since 02 décembre 2025, connection on 08 décembre 2025. URL : https://publications-prairial.fr/textures/index.php?id=1162

Author

Anne Lemonnier-Lemieux

ENS de Lyon

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