Josefina de la Torre est née à Las Palmas en 1907. Son œuvre artistique ne se résume pas à sa poésie, toujours en rapport avec sa région d’origine, les îles Canaries. Depuis l’enfance, elle combine les arts, se dévouant à l’écriture poétique, mais aussi au piano, au violon et à la guitare. Si sa carrière poétique est à l’honneur dans ces pages, sa voix de chanteuse lyrique l’aura été tout autant et tout au long de sa vie. En effet, Josefina de la Torre double l’actrice Marlene Dietrich et fait alors résonner sa voix en la prêtant à une autre dans des films à succès. L’artiste écrit également des romans, en plus de se distinguer par ses talents de chanteuse et d’actrice. Aujourd’hui, Josefina de la Torre est l’une des femmes associées au mouvement de Las Sinsombrero, comme les ouvrages récents de ses œuvres poétiques et les hommages en attestent. Elle commence à rédiger ses poèmes à huit ans, alors qu’elle grandit sur son île, espace qui laissera une empreinte forte dans ses vers. Ses premières compositions honorent des poètes tels qu’Alonso Quesada ou Benito Pérez Galdós. À treize ans, elle collabore avec des revues d’avant-garde et se voit ouvrir le chemin d’une carrière littéraire vaste et riche. Elle publie alors ses premiers textes, parmi lesquels on compte de nombreux poèmes réunis dans l’ouvrage Poesías ingenuas (1916-1919), recueil inédit jusqu’à la publication de son anthologie en 2020 à Madrid, Poesía completa. 2 volúmenes. Le recueil Poemas de la isla, très représentatif de la poétesse et de son espace favori, paraît en 1930 aux éditions Altés à Barcelone. L’abstrait, insufflé par les avant-gardes qui fleurissent en Europe, se mêle à des images simples et belles en relation avec la nature qui l’inspire tant.
Les métaphores de son je lyrique rappellent bien la spécificité des auteurs de la Génération de 27, qui entremêlent avant-garde et poésie pure, tradition et modernité. Son premier recueil, Versos y estampas, préfacé par Pedro Salinas qu’elle rencontre quelques années plus tôt, est alors publié en 1927 à Madrid, aux éditions Imprenta del Sur. Une relation amicale unit les deux poètes. Salinas qualifie la poétesse de « muchacha-isla » [fille-île], se référant alors aux échos insulaires de son œuvre, que l’on discerne très vite à la lecture de ses poèmes. Ce souffle lyrique inspiré par la mer, symbole de sa région, la distingue entre tous les poètes et poétesses de la Génération de 27.
Le nom du recueil choisi par l’auteure, Versos y estampas, dévoile déjà un goût pour la simplicité magnifiée. Elle y chante la nature, celle qui l’entoure et qui envahit en douceur un espace poétique épuré. Cette même année 1927, elle crée avec son frère Claudio de la Torre le Teatro Mínimo, au sein duquel elle travaillera pendant la guerre civile espagnole et la période franquiste.
Les années 1920 et 1930 sont des années prolifiques pour la poétesse. Malgré son jeune âge, elle collabore avec les revues de l’époque, telles Alfar, Verso y Prosa ou encore La Gaceta Literaria. En 1930, alors qu’elle a 23 ans, son premier recueil Poemas de la isla est publié. En 1933, dans la revue Azor, elle publie Marzo incompleto, qui sera à nouveau publié dans diverses revues (notamment au sein de la revue Fantasía en 1947). Poemas de la isla sera publié à Madrid des années plus tard par la Biblioteca Básica Canaria (numéro 30), en 1968. C’est le seul que Josefina de la Torre publie pendant la période du franquisme, durant laquelle elle se détournera temporairement de l’écriture en prose, mais pas de la poésie. En 1934, elle est l’unique poétesse, avec Ernestina de Champourcín, dont les œuvres sont intégrées dans l’Anthologie de la poésie espagnole contemporaine (Poesía Española [Antologías]) de Gerardo Diego, compagnon et poète de la Génération de 27.
Avant ces heures sombres du xxe siècle espagnol, Josefina de la Torre se joint très naturellement à la Génération de 27. Elle se lie d’amitié avec Federico García Lorca et Ernestina de Champourcín et se voit rapidement assimilée à cette atmosphère créatrice de l’époque. Madrid est pour Josefina synonyme d’épanouissement artistique. Poétiquement, elle peut dévoiler ses vers et poursuivre son écriture. Quant au chant, sa deuxième passion, elle en profite pour le perfectionner également en suivant des cours à l’école de Dahmen Chao. Son imagination poétique se combine avec son talent vocal quand elle interprète en 1936 un récital à la Residencia de Estudiantes de Madrid, au cours duquel elle chante des pièces de Gabriel Fauré ou encore de Claude Debussy. Ce séjour à Madrid la comble en tout point. Cependant, cette même année 1936 est marquée par l’assassinat brutal de Federico García Lorca et signe également le début de l’exil vers l’Europe ou l’Amérique latine pour certains poètes comme Luis Cernuda, Rafael Alberti ou encore María Zambrano. La fréquentation de la Residencia de Estudiantes entre 1915 et 1935 lui aura permis d’intégrer le monde artistique espagnol et européen. Rappelons que de nombreux poètes, peintres et penseurs sont passés par ce lieu emblématique, encourageant ainsi la discussion, l’imagination et l’ouverture aux idées nouvelles en cette période d’avant-garde. La mort de Lorca en 1936 semble marquer la fin d’une époque florissante. Quand la guerre civile rend l’expression artistique dangereuse, Josefina retourne aux Canaries, comme pour se réfugier dans une nature insulaire protectrice. Elle y publie ses premiers romans sous le pseudonyme de Laura Comminges, en l’honneur du deuxième nom de son père, Bernardo de la Torre y Comminges. Son œuvre romanesque est centrée sur la thématique amoureuse et elle publie également une série de nouvelles, réunies dans la collection La novela ideal.
Les années qui suivent la fin de la guerre et la dictature sont principalement consacrées au théâtre. Josefina travaille comme actrice, mais aussi en tant qu’assistante de réalisation et scénariste. Elle interprète plusieurs rôles dans des films tels La blanca Paloma, El camino del amor, La vida en un hilo, Y tú, ¿quién eres? de Julio Fletchner ou encore Una herencia en París de Miguel Pereyra, entre autres. Josefina se rend de nouveau à Madrid entre 1940 et 1945 pour poursuivre son activité théâtrale et cinématographique. Elle écrit pour des revues de cinéma et s’intéresse à la création filmique. Les années 1940-1950 sont celles de l’épanouissement dans les arts visuels. Elle accède à une certaine notoriété en jouant dans plusieurs films. Son premier rôle marquant lui a été donné par son frère Claudio de la Torre, avec qui elle travaille, dans le film Primer amor. Quelques années après ses rôles et son travail d’interprétation, elle publie un nouveau roman intitulé Memorias de una estrella, toujours en lien avec le monde du cinéma qui la passionne. La prose est une partie de son œuvre plus en retrait, mais l’on peut imaginer que l’écriture est une façon pour elle de rester en contact avec un imaginaire poétique très développé. Dans ce roman, elle narre l’histoire d’une actrice qui quitte le monde du cinéma au début de sa carrière. Progressivement, Josefina de la Torre retourne à l’écriture. À la fin des années 1980, pendant la transition démocratique, elle publie de nouveaux vers dans son recueil Medida del tiempo (1989). Artiste en tout point, elle reprend la plume dans les années 2000 et signe de nouvelles compositions soixante-dix ans après la parution de ses premiers recueils. Depuis Santa Cruz de Tenerife, elle écrit et fait publier deux recueils au titre identique : Poemas.
Josefina de la Torre décède en 2002 à Madrid. Une très récente publication vient rendre hommage à sa production poétique. En effet, en 2020, les éditions Torremozas de Madrid, spécialisées dans les ouvrages d’écriture féminine, publient Poesía completa en deux volumes afin d’offrir aux lecteurs un panorama complet des soixante-dix années de poésie de Josefina. Cette première œuvre complète est composée de pages inédites.
Son œuvre poétique est assez méconnue, comme cela est également le cas pour un certain nombre de poétesses de la Génération de 27. Sa capacité à prendre en main sa carrière théâtrale montre son indépendance et sa volonté de renaître après une période historique particulièrement difficile pour les femmes et l’Espagne. On se souvient que la femme louée par le franquisme tenait plus de « el ángel del hogar » [l’ange du foyer] que de la poétesse épanouie et créative. Dans ses vers, le lecteur verra apparaître l’enfance de l’artiste, ses souvenirs et l’image de l’autre dans une nature riche et amicale. L’île devient le refuge, comme l’énonce Gaston Bachelard dans La Poétique de l’espace (Bachelard, 1957). L’auteure poétise le lieu qu’elle connaît et celui-ci lui renvoie son inspiration. Cet espace empli de bonheur et de paix est abordé différemment selon l’endroit où Josefina écrit ses vers. Ainsi, l’île est le reflet de sa joie ou de sa mélancolie. La poésie de Josefina de la Torre reflète le lien étroit qui unit la poétesse et son île : la nature, l’eau et l’air sont dans ses vers des éléments récurrents qui se meuvent tels des êtres conscients et dotés de raison. La manière de chanter cette nature leur confère une force sensorielle toute particulière que le lecteur saura apprécier dans Versos y estampas ou Poemas de la isla. Nous pouvons aussi percevoir la féminité de ses vers à travers les symboles qu’elle met en lumière : la lune, la blancheur et l’argent se mêlent à un je poétique affirmé. Ce je rentre en communication avec un tu présent, mais en retrait. S’agit-il là du lecteur ? De l’aimé ? Ou bien d’une entité indicible que Josefina convoque dans son espace poétique simple et réconfortant ?
Poèmes
Versos y estampas (1927)
El viento trae todo el rumor
por el camino arriba.
Tú subes con el viento
dentro de mí,
en mi ensueño,
lejos y cerca,
distinto y el mismo.
Yo te espero
esta tarde
—claridad dormida—
y el viento trae
todo el rumor
el mismo y distinto1.
Le vent apporte toute la rumeur
en haut du chemin
Toi, tu montes avec le vent
en moi,
dans ma rêverie,
loin et proche,
différent et semblable.
Moi je t’attends
ce soir
– clarté endormie –
et le vent emporte
toute la rumeur
différente et semblable.
—
No te acerques al estanque:
antes me he mirado en él
y vi su fondo a través
de mi sombra. No te acerques
al estanque:
tendrás el pecho hondo y frío
y tembloroso del agua.
Ne t’approche pas de l’étang :
avant je me suis regardée en lui
et j’ai vu sa profondeur à travers
mon ombre. Ne t’approche pas
de l’étang :
tu auras le torse profond et froid
et tremblant de l’eau.
—
Mis pies descalzos, de plata.
La orilla muerta del mar
en la playa,
sobre el sudario de arena
mojada.
La noche viuda, enlutada,
se cubre toda de lágrimas.
La luna, mis pies descalzos
de plata, dentro del agua.
Mes pieds nus, d’argent.
La berge morte de la mer
sur la plage,
sur le linceul de sable
mouillé.
La nuit veuve, en deuil,
se couvre entièrement de larmes.
La lune, mes pieds nus
d’argent, dans l’eau.
—
De nuevo ante la ventana
sola con el horizonte.
La tarde vuelve y se va,
aeronave de su ensueño.
Todo va de cerca a lejos.
Nada se sienta a su lado.
El mar hace lentejuelas
en su pandero amarillo.
Nada se quedó olvidado:
ni un pañolito de seda.
De nouveau face à la fenêtre
seule, avec l’horizon.
Le soir revient puis s’en va
aéronef de sa rêverie.
Tout revient et s’éloigne.
Rien ne s’assoit à ses côtés.
La mer devient paillette
Sur son tambour jaune.
Rien n’est oublié :
pas même un petit foulard de soie.
—
Poema
Diario de Las Palmas, 23 de septiembre de 1933
Tú no estás en ti mismo
con esta sombra oculta.
En ti no está la inmóvil
quietud de la renuncia.
No es para ti donde pasa
el río indiferente,
ni acaso es para tu voz
donde quiebra el silencio.
No, estoy segura, no.
Tú mismo lo has alzado.
Hubo en tu voz de ayer
una nueva sorpresa.
En tu frente detuvo
la mano el pensamiento
y sorprende en el aire
un cómplice reflejo…
Yo sé
que tú no estás
sumergido en la sombra.
Me lo dice el latido
de mi fe inquebrantable.
Y azotaré las nieblas,
y alzaré los reflejos,
y escalaré los altos
muros convencionales,
en busca de la luz
que existe en tu silencio.
Poème
Journal, Las Palmas, 23 septembre 1933
Tu n’existes pas en toi-même
avec cette ombre obscure.
Elle n’est pas en toi l’immobile
quiétude du renoncement.
Il ne passe pas par toi
le fleuve indifférent,
ce n’est peut-être même pas par ta voix
que se brise le silence.
Non, j’en suis certaine, non.
Tu l’as toi-même levé.
Il y eut dans ta voix d’hier
une nouvelle surprise.
Sur ton front, la main
arrêta sa pensée,
et surprend dans l’air
un reflet complice…
Je sais
que tu n’es pas
submergé par l’ombre
Le battement me le dit,
celui de ma foi inébranlable.
Et je frapperai les nuages,
et j’élèverai les reflets,
et je grimperai les hauts
murs conventionnels,
à la recherche de la lumière
qui existe en ton silence.
Poemas de la isla (1930)
Altas ventanas abiertas
dejaron sombras de luces
disparadas en la arena.
El camino estaba quieto,
mureto del blanco preciso
con doce heridas de invierno.
En las ramas de los pinos
el pensamiento giraba
las brisas de los olivos.
Una vez cerca. El espacio
vacío, libre, perdido
a lo largo de los brazos.
Y qué lejos del momento,
cuatro paredes baratas
imágenes del espejo.
Ni tú ni yo. Las ventanas
altas, abiertas, desnudas,
suicidas de madrugada
De hautes fenêtres ouvertes
laissèrent des ombres de lumière
lancées sur le sable.
Le chemin était calme
un muret d’un blanc précis
et douze blessures de l’hiver.
Dans les branches des pins,
la pensée faisait virevolter
la brise des oliviers.
Une fois proche, l’espace
vide, libre, perdu
le long des bras.
Et alors, loin de cet instant,
quatre murs peu coûteux
images du miroir.
Ni toi, ni moi. Les fenêtres
hautes, ouvertes, nues
suicidaires de l’aube.
—
Ahora que me sorprendes
de cerca, conocido,
cuando te vea múltiple
complicado y distinto,
con cada gesto único
desordenado y rítmico,
qué sensaciones nuevas
de sorpresas y olvidos
surgirán en el recto
espacio del instinto!
Ahora que te conozco
mil veces repetido,
inmóvil, inconsciente
en el seguro círculo,
cuando te vea múltiple
de tu compás preciso,
y el aire, mis ojos,
mi corazón perdido.
Relojito de plata,
tictac de lo imprevisto!
Maintenant que tu me surprends
de près, connu,
lorsque je te verrai, multiple
compliqué et distinct,
chaque geste unique
désordonné et rythmique,
quelles sensations nouvelles
de surprises et d’oublis
surgiront droit devant
dans l’espace de cet instant !
Maintenant que je te connais
mille fois répété,
immobile, inconscient
dans ce cercle protégé
lorsque je te verrai, multiple
de ton tempo précis,
ah, l’air, mes yeux
mon cœur perdu.
Petite horloge d’argent,
tic-tac de l’imprévu !
—
Tu nombre ya me lo han dicho
pero yo no te conozco,
no te vi nunca la cara
ni sé el color de tus ojos.
Pero tu nombre! Qué claro
lo voy diciendo en el fondo,
con sus siete letras firmes
de tres sílabas, sonoro!
Enamorada ya estoy
aunque yo no te conozco,
ni te vi nunca la cara,
ni sé el color de tus ojos
Tu nombre ya me lo han dicho
con siete letras en corro.
Ton nom, on me l’a déjà dit,
mais je ne te connais pas,
je n’ai jamais vu ton visage
ni ne connais la couleur de tes yeux.
Mais ton nom ! Il est clair quand
je le prononce, dans le fond,
avec ses sept lettres immuables,
et ses trois syllabes, sonore !
Je suis déjà amoureuse
même si je ne te connais pas,
que je n’ai jamais vu ton visage
ni ne connais la couleur de tes yeux.
Ton nom, on me l’a déjà dit
avec ses sept lettres en chœur.
—
Estaba sobre la playa
en una carrera loca:
se tendía por la arena
dejando la huella blanca
de su línea perezosa.
Estaba limpio y desnudo
sobre la tarde parada
y era toda su presencia
una recta indefinida.
¡Viento enredado en mis brazos
como una cadena larga!
Il était sur la plage
dans une course folle :
il s’étendait sur le sable
laissant la marque blanche
de sa ligne paresseuse.
Il était propre et nu
sur le soir arrêté
et toute sa présence était
une ligne indéfinie.
Vent emmêlé dans mes bras
telle une lourde chaîne !
—
La tarde
La tarde tiene sueño
y se acuesta en las copas de los árboles.
Se le apagan los ojos
de mirar a la calle
donde el día ha colgado sus horas
incansable.
La tarde tiene sueño
y se duerme mecida por los árboles.
El viento se la lleva
oscilando su sueño en el aire.
Le soir
Le soir a sommeil,
et il s’endort à la cime des arbres.
Ses yeux s’éteignent
à force de regarder la rue
où le jour a étendu ses heures
infatigable.
Le soir a sommeil
et il s’endort bercé par les arbres.
Le vent l’emporte avec lui
faisant vaciller ses songes dans l’air.
—
Noches
Noches sobre la playa: rumor de orilla fresca.
Blanco batir de remos que la sombra sorprende.
Sobre la barra grande los hachones de pesca,
y un cuerpo perezoso que en la arena se tiende.
En lo alto de la Isleta el faro gira y gira.
Un denso olor a algas… Venus, la Osa Mayor…
Rasguea una guitarra. Una mujer suspira.
La brisa trae aromas de madreselva en flor.
Y en las noches de luna, sentados en la acera,
al ritmo melodioso de una antigua habanera
lánguida y cadenciosa con su aire dulzón,
evocar las figuras de la memoria mía
(los padres, el hermano, Dolores y María)
envuelta entre los pliegues de un viejo pañolón.
Nuits
Nuits sur les plages, une rumeur fraîche de bord de mer.
Un battement blanc de rames surpris par l’ombre
sur la grande barre, les lumières de la pêche sont là,
et un corps paresseux s’étend sur le sable.
Tout en haut de la petite île, le phare tourne et tourne
Une intense senteur d’algues… Vénus, la Grande Ourse…
sonne une guitare. Une femme soupire.
La brise apporte des arômes de chèvrefeuille en fleur.
Et, lors des nuits de lune, assise sur le trottoir
au rythme mélodieux d’une vieille habanera
langoureuse et cadencée par son air sucré,
évoquer les figures de ma mémoire
(les parents, le frère, Dolores et María)
enveloppée dans les plis d’un vieux châle.