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poésie féminine, Gil Roësset (Marga), traduction

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women’s poetry, Gil Roësset (Marga), translation

Plan

Texte

L’histoire de Marga Gil Roësset est celle d’une artiste particulièrement brillante, d’une sensibilité palpable dans chaque battement de chacune de ses œuvres, qui expriment toutes un style singulier dans des medium aussi divers que la littérature, la peinture ou la sculpture. Née au sein d’une famille de la haute bourgeoisie qui la sensibilisa, ainsi que le reste de la fratrie, à tous les arts ou presque, Marga se révèle, très jeune, la plus talentueuse de tous. C’est justement en ces termes que Margarita Gil Navarro, sa nièce, décrit les premiers émois artistiques de sa tante :

Elles ont appris à dessiner dans l’atelier du peintre et grand portraitiste grenadin, José María Lope Mezquita ; elles jouaient du piano ; elles parlaient quatre langues, surtout le français, de manière très fluide, et avaient voyagé et visité d’importants musées européens. Les deux sœurs, depuis leur tendre jeunesse, laissèrent libre cours à leur curiosité artistique et littéraire. Marga, très proche de sa mère, fut celle qui, sans doute, du fait de son extrême sensibilité, aura cédé à l’influence de son esprit subtil et créatif1.

Artiste sans compromis, en recherche de pureté absolue aussi bien dans la vie que dans les arts – y avait-il une frontière pour elle ? –, elle choisira de se donner tragiquement la mort du fait d’un amour impossible avec le poète Juan Ramón Jiménez.

Ainsi, Marga laisse inachevé ce qui aurait été, sans le moindre doute possible, une production artistique de la plus grande originalité, tout en s’inscrivant dans le mouvement féminin – et préféministe – des artistes femmes autoproclamées Las Sinsombrero. Ce collectif artistique et socioculturel de femmes engagées, au sein de la Génération de 27, militait pour la reconnaissance et la visibilité des productions artistiques créées par les femmes, jusque-là non mises en valeur ou, tout du moins, insuffisamment appréciées.

Marga Gil Roësset, du fait de son appartenance à cette mouvance, faisait en outre partie d’un petit groupe d’artistes émergents constitué de femmes et d’hommes, dont Juan Ramón Jiménez suivait l’évolution et qu’il accompagnait et promouvait, notamment en accueillant chez lui, régulièrement, cette jeune génération qui voyait en lui une sorte de mentor bienveillant. Parmi ce petit groupe d’initiés, Marga fut sans doute celle qui, presque naturellement, se lia le plus d’amitié avec le poète et son épouse, au point que Juan Ramón, très sensible au style de la jeune artiste d’à peine une vingtaine d’années, accepta la proposition qu’elle leur fit : sculpter leurs deux bustes. Sur ce point, Carmen Hernández-Pinzón précise que :

Ces jeunes venaient solliciter le conseil de celui qui était déjà consacré poète, et qui les guidait dans leurs premiers pas, ou les aidait à publier leurs premiers travaux. C’est ce qui s’est produit, par exemple, avec tous les membres de la Génération de 27, entre autres. Marga, sculpteur et peintre, fut l’une d’entre eux et profita vite de ses visites pour leur proposer les deux bustes, dont le premier devait être celui de Zenobia. Elle ne réalisa jamais celui de Juan Ramón afin de ne pas décevoir son père2.

Si elle réalisa bien le portrait sculpté de Zenobia3, Marga n’entreprit cependant jamais celui de son époux, Juan Ramón. Notons que, bien qu’elle soit l’auteure de toute une œuvre sculptée, nous conservons malheureusement trop peu de créations de Marga, car, avant son suicide, l’artiste décida d’en détruire la quasi-totalité. Cependant, il reste quelques traces de son art en des œuvres telles que Amantes de la historia, Eva y sus hijos, La mujer del ahorcado, Para toda la vida ou encore divers bustes d’hommes ou d’enfants4. Ce ne sont là que quelques illustrations de l’art sculpté que pratiquait Marga, mais cela suffit à rendre compte de sa maîtrise de diverses techniques de la sculpture, telles que les résume Nuria Capdevila-Argüelles :

C’est ensuite la technique de la sculpture en creux avec le plâtre et le bronze qui domine, avant d’atteindre ensuite une étonnante maîtrise dans la taille du bois, pour taper, à la fin de sa vie, avec le marteau et le burin sur le granit5.

En plus de sculptrice, Marga fut également illustratrice de divers ouvrages, parmi lesquels Rose des bois. Conte Hindou en 1923 ou El niño de oro en 1920.

En tant que poétesse, elle laisse une œuvre à peine ébauchée pourtant d’une extrême sensibilité. Pour l’essentiel regroupés dans son Diario, ces textes évoquent son amour platonique impossible avec le poète prix Nobel, une relation à sens unique que Marga vivait de l’intérieur comme une expérience absolue, sans compromis possible selon elle. L’amour, l’art et la vie, dans ses poèmes, semblent indissociables, comme faisant partie d’une seule et même sphère, une et indivisible. Marga n’envisageait nullement de ne pas les vivre conjointement, raison pour laquelle elle préféra partir vers un autre absolu : la mort.

Ses textes, parfois très courts, sont des sortes de haïkus où la poétesse dit son amour et son émerveillement devant un après-midi de printemps, des fleurs, des acacias, une rose, une violette, le tout convergeant au dernier vers en direction de Juan Ramón : « … Cómo me gusta, en la tarde la primavera… flores… música / … silencio… acacias […] / … Pero nada me gusta como Juan Ramón… y sin él… / … todo es lo mismo… pero… ¡nada es nada! ». D’ailleurs, la peintre dialogue avec la poétesse dans ces ekphrasis réhaussées de touches jaunes, roses ou violettes, où résonnent, en outre, quelques notes de musique (« música ») se mêlant à la fragrance des fleurs (« olor de las acacias ») qu’une pluie printanière est venue exalter (« el huerto llovido »6).

Ce sont, dans d’autres poèmes, de véritables portraits amoureux que la poétesse sculpte dans les mots du poème, faute, sans doute, de ne pas l’avoir fait dans la pierre : « Tu voz… / … tu sonrisa / tus ojos… ». Plus qu’un portrait, il s’agit ici du sentiment que ce portrait fait naître dans le cœur de Marga, comme une sorte de ressenti de plénitude, d’unité charnelle et spirituelle, un absolu : « Tú, a mí… y yo, cómo / no me habré muerto, entonces, / … de contento. »7. D’ailleurs, le poète est bien plus qu’un être aimé pour la jeune artiste, il est devenu le prisme à partir duquel elle perçoit la totalité de l’univers, une sorte de centre universel, comme une source de contemplation mystique : « … Yo… te miro a ti… y siento por ti… a / través de ti… ¡la naturaleza8! ».

Pour autant, le lecteur est comme meurtri lorsque Marga ressent une sorte de non-appartenance à ce monde, à cette nature, à cet univers. En effet, si Juan Ramón, par qui elle perçoit toute la beauté du monde, est sensible au beau, à aucun moment Marga n’a le sentiment qu’il la contemple elle comme il le fait, pourtant, avec les femmes et les fleurs que croise son regard : « … ¡Miras las flores del campo!… las mujeres bellas que pasamos / … / […] … Y no me ves… ni sabes que voy yo… pero yo voy… mi mano… en / mi otra mano… … y tan contenta… / … porque voy a tu lado9. »

La poétique de Marga aborde en outre toute une dimension métaphysique, véritable synthèse entre une forme de mysticisme, déjà signalée, et des problématiques de nature esthétique, existentialiste, morale, etc. En effet, la vision absolue que communique Marga à son lecteur ou spectateur relève à la fois de l’axe immanent et de l’axe transcendant comme, par exemple, dans le texte « La visión relativa mía… », où la poétesse relie en un seul et même questionnement des interrogations de type axiologique (« visión de valores »), existentialiste (« siento la muerte absurda ») ou encore esthétique (« no veré más tu obra »). De sa propre plume, Marga avoue se retrouver alors face à une situation sans issue, presque insoutenable, sans doute la vraie cause de son mal-être, puisque la mort lui pose tout autant de problèmes que la vie : « … ¡No quieres la vida!… ¡síííí! ¡Ah! entonces… ¡no quieres la / muerte!… / … La muerte… ¡SÍÍÍÍ! entonces… ¡entonces, no quiero nada… / por quererlo todo! »10. On note, cependant, une sorte de prépondérance de la mort comme issue à ce labyrinthe ontologique, ce qui nous est indiqué, ou confessé, par le recours aux lettres en capitales dans le « SÍÍÍÍ » relatif à la mort, malheureusement.

Ce mal-être, insupportable à Marga, est de nature affective. Non seulement Juan Ramón Jiménez ne la considère pas, mais cela lui est en outre impossible, car la femme qu’il a épousée et à laquelle il tient plus que tout au monde constitue une frontière infranchissable pour Marga. Ainsi, la poétesse constate que non seulement cet amour est à sens unique, mais également qu’il s’agit d’un amour impossible. Par ailleurs, rappelons que Marga réalisait avant son suicide le buste de Zenobia Camprubí, pour qui la poétesse éprouvait également la plus grande affection et un respect sans égal. Par conséquent, cet amour impossible avait pour Marga la saveur de la trahison, chose autrement insupportable à ses yeux : « Porque hay Zenobia… y tú la quieres… […] / ¡No! ¡prescindir del árbol yo no puedo!… / … Por eso… ¡por esoooo11! ». Le lecteur le comprend, la mort constitua pour Marga une sorte de résolution pour un autre type de tension, cette fois entre amour et morale.

C’est finalement la mort qui, selon l’auteure, constitue la moins mauvaise solution à cette souffrance insupportable. C’est donc autour de la mort, et non plus de Juan Ramón Jiménez, que tout finira par s’agréger au bout du compte : le monde, la vie, l’amour, la beauté. Tout se passe comme s’il s’agissait, pour Marga, de trouver une unité à ce qui compte pour elle, comme si l’aspect inconnexe des choses entre elles lui était insoutenable. C’est tout du moins ce que paraît exprimer le poème « Mi amor es ¡infinito!…… », huit vers où la stratégie des quatre premières rimes croisées consonantiques martèle l’idée d’infini, dans une alternance entre le genre féminin et le masculin (« infinito », « infinita »). Les substantifs qui atteignent cet infini sont tour à tour « Mi amor », « La muerte », « el mar » et « la soledad ». Nous le voyons, l’objet de son amour disparaît ici du poème, ou presque, car Juan Ramón Jiménez devient finalement cet infini en question : « … … … yo con ellos / … ¡contigo!… »12.

C’est donc, tragiquement, par un poème que Marga annonce le moment précis où elle a décidé de quitter la vie afin d’aller rejoindre l’espace de la mort, car, morte, ne pouvant plus éprouver ce sentiment amoureux sans issue, elle trouvera sans doute la paix tant espérée. La mort se substitue alors, curieusement, au poète aimé (« … … muerte… cómo te quiero13! »), à moins que ce dernier vers écrit ne retentisse, mystérieusement, comme une déclaration, la dernière.

Sans doute le choc provoqué par cette disparition brutale a-t-il conduit la famille à oublier l’œuvre et le talent de Marga, avant de le redécouvrir, récemment. Cependant, probablement en lien avec une certaine mouvance souhaitant rendre visibles des artistes femmes restées, pour diverses raisons d’ailleurs, dans l’oubli, une exposition fut organisée en 2000 par Ana Serrano au Círculo de Bellas Artes de Madrid (Serrano, 2000). Sa nièce, à laquelle je céderai les derniers mots de cette présentation, en parle en ces termes :

Cette fin tragique de Marga Gil Roësset fut si douloureuse pour toute la famille, que non seulement elle entraîna la mort prématurée, quelques années plus tard, de ses parents […], mais elle conditionna également l’attitude de sa sœur et de son frère, Consuelo et Julián, qui l’ont maintenue ensevelie dans l’oubli, sans doute dans la bonne intention de la protéger, passant sous silence tout le génie de son œuvre.

[…] Au cours de l’année 2000, une exposition fut organisée au Círculo de Bellas Artes de Madrid, dont Ana Serrano était la Commissaire, où furent réunies toutes les œuvres de Marga ayant survécu durant toutes ces années. Furent exposées 16 sculptures, 80 dessins et aquarelles, deux photographies, en plus de cinq objets personnels et des quatre livres dont il a déjà été fait mention. Marga laissa deux projets en suspens : les illustrations destinées à une biographie de sainte Thérèse et au Quichotte14.

Poèmes

    … Cómo me gusta, en la tarde la primavera… flores… música
… silencio… acacias… ¡El olor de las acacias!… el huerto llovido…
amarillo suave… antes… ¡rosa!… violeta…
          … Pero nada me gusta como Juan Ramón… y sin él…
          … todo es lo mismo… pero… ¡nada es nada!

 

 

    … Combien j’aime cet après-midi de printemps… fleurs… musique
… silence… acacias… L’odeur des acacias !… le jardin mouillé par la pluie…
jaune suave… avant… rose !… violette…
          … Mais je n’aime rien autant que Juan Ramón… et sans lui…
          … tout est pareil… mais… rien n’est rien !

 

 

 

 

    Tu voz…
… tu sonrisa
tus ojos…
… yo… qué dicha… alguna
vez…, me has hablado…
… y sonreído,… y…
… mirado… vida…
    Tú, a mí… y yo, cómo
no me habré muerto, entonces,
… de contento.

 

 

    Ta voix…
… ton sourire
tes yeux…
… moi… quel bonheur… par-
fois…, tu m’as parlé…
… et souri,… et…
… regardée… vie…
    Toi, à moi… et moi, comment
ne suis-je pas morte, alors,
… de contentement.

 

 

 

 

    En el « cochecillo » a la casa de los marcos… Azulita y yo delante
… tú… detrás, con los marcos…
    «¡Observo que tú, que eres artista, pues… no contemplas la natu-
raleza casi nunca! (grave… censurado) miras más para dentro, que
para fuera»…
                  … Ya tú ves… pues claro que no contemplo la natu-
raleza paisaje siempre que voy contigo… si miras un paisaje de sol
… ¿qué ves?… ¡ves el sol! y sientes a través de él… por él, el paisaje
en torno…
                        … Yo… te miro a ti… y siento por ti… a
través de ti… ¡la naturaleza!

 

 

    Dans la « petite voiture » vers la maison des cadres… Azulita et moi [devant
… toi… derrière, avec les cadres…
    « J’observe que toi, qui es une artiste, eh bien… tu ne contemples la [natu-
re presque jamais ! (grave… censuré) tu regardes plus vers l’intérieur, que
vers l’extérieur »…
                  … Tu le vois bien… bien sûr que je ne contemple pas la natu-
re paysage chaque fois que je suis avec toi… si tu regardes un paysage [ensoleillé
… que vois-tu ?… tu vois le soleil ! et tu ressens à travers lui… pour lui, ce [paysage
tout autour…
                        … Moi… c’est toi que je regarde… et je sens pour toi… à
travers toi… la nature !

 

 

 

 

    … Vas en silencio… en ti sumido… no me miras, acaso… ni
sabes que voy yo…
    … ¡Miras las flores del campo!… las mujeres bellas que pasamos

    el cielo… el campo… el cielo… miras sereno… todo lo que
es bello.
    … Bello… porque lo es… o, ¡porque tú lo miras!…
              … Y te iluminas… y joyas su color… y su perfume… y su
forma…………………………………………………………………….
……………………………………………
    … Y no me ves… ni sabes que voy yo pero yo voy… mi mano… en
mi otra mano… … y tan contenta…
              … porque voy a tu lado.

 

 

    … Tu marches en silence… plongé en toi… tu ne me regardes pas, sans [doute… ne
sais-tu même pas que je marche…
    … Tu regardes les fleurs de la campagne !… les femmes belles que nous [croisons

    le ciel… la campagne… le ciel… tu regardes serein… tout ce qui
est beau.
    … Beau… parce que cela l’est… ou, parce que tu le regardes !…
              … Et tu t’illumines… et sa couleur de bijoux… et son parfum… et sa
forme…………………………………………………………………….
……………………………………………
    … Et tu ne me vois pas… ne sais même pas que je marche mais je [marche… ma main… dans
mon autre main… … et tellement heureuse…
              … parce que je marche à tes côtés.

 

 

 

 

    La visión relativa mía… visión de valores… ¡qué extraordinaria!
            … Pensando que si me muero… no veré más tu obra… no
veré lo que sigue… siento la muerte absurda.
    … Si me dijeran… aun tú muerta, su obra irá a ti… entonces
… síííí, ¡muerta…!……………………………………………………
    Obra tuya… cuerda mojada… irrompible… que me ata aquí
… a la vida… de la vida al corazón… de la vida a la cabeza… de la
vida… no sé… de la vida por el pecho, dejado de los brazos… un
lazo… abrazo intenso…
    … ¡No quieres la vida!… ¡síííí! ¡Ah! entonces… ¡no quieres la
muerte!…
    … La muerte… ¡SÍÍÍÍ! entonces… ¡entonces, no quiero nada…
por quererlo todo!

 

 

    Cette vision relative qui est la mienne… vision de valeurs… ce qu’elle est [extraordinaire !
            … Quand je pense que si je meurs… je ne verrai plus ton œuvre… je
ne verrai pas ce qui suit… je sens que la mort est absurde.
    … Si l’on me disait… même morte, son œuvre ira à toi… alors
… ouiiii, morte… !……………………………………………………
    Ton œuvre… corde mouillée… incassable… qui me tient attachée ici
… à la vie… de la vie au cœur… de la vie à la tête… de la
vie… je ne sais pas… de la vie à la poitrine tout entière, sans les bras… un
nœud… étreinte intense…
   … Tu ne veux pas de la vie !… ouiiii ! Ah ! alors… tu ne veux pas de la
mort !…
    … La mort… OUIIII ! alors… alors, je ne veux rien…
parce que je veux tout !

 

 

 

 

    Porque hay Zenobia… y tú la quieres además, es azul y flor y soy
su amiga
.
                                                          … porque no soy hipócrita
    … Por lo, gloriosa, que siento que la vida pueda ser contigo…
¡Ay!
    … NoNo me conformo con un poco yo también quiero ¡todo el
árbol!
    ¡No! ¡prescindir del árbol yo no puedo!…
    … Por eso… ¡por esoooo!

 

 

    Parce qu’il y a Zenobia… et tu l’aimes en plus, elle est bleue et c’est une [fleur et je suis
son amie
.
                                                        … parce que je ne suis pas hypocrite
   … Du fait de tout, bienheureuse, ce que je sens que la vie peut te donner…
Ay !
    … NonJe ne me contente pas de peu moi aussi je veux tout l’
arbre !
    Non ! me passer de l’arbre je ne le peux pas !…
    … C’est pour ça… pour çaaaa !

 

 

 

 

    Mi amor es ¡infinito!……
… La muerte es… infinita…
el mar… es infinito…
la soledad infinita
… … … yo con ellos
… ¡contigo!…
    … Mañana tú ya sabes…
Yo… con lo infinito…

 

 

    Mon amour est infini !……
… La mort est… infinie…
l’océan… est infini…
la solitude est infinie
… … … et avec eux
… avec toi !…
    … Demain tu le sais déjà…
Moi… avec l’infini…

 

 

 

 

    … Noche última… que querría
… tanto a tu lado… y estoy sola…
…………………… ¡sola!… …
… no… estoy contigo…

    Yo así en la vida… estoy,
tan inmensamente lejos de ti… ¡ay!
aunque esté cerca

    … Pero en la muerte, ya nada me
separa de ti… solo la muerte
… … solo la muerte, sola… y,
es ya… vida ¡tanto más cerca así
… … muerte… cómo te quiero!

 

 

    … Dernière nuit… que j’aurais
… tant souhaitée à tes côtés… et je suis seule…
…………………… seule !… …
… non… je suis avec toi…

    Je suis ainsi dans la vie… je suis,
si immensément loin de toi… ay !
même lorsque je suis près

    … Mais dans la mort, plus rien ne me
sépare de toi… seulement la mort
… … seulement la mort, seule… et,
c’est déjà… la vie si proche ainsi
… … mort… combien je t’aime !

Bibliographie

Capdevila-Argüelles Nuria, 2010, « Marga Gil Roësset (1908–1932): soledad agónica, desamor y arte en granito y papel », Journal of Iberian and Latin American Studies, vol. 16, no 1, p. 7-22. DOI : https://doi.org/10.1080/14701847.2010.508891

Gil Navarro Margarita, 2015, « Mi tía Marga: reivindicación de una memoria », in Jiménez Juan Ramón (dir.), Marga, Séville, Fundación José Manuel Lara.

Hernández-Pinzón Carmen, 2015, « Prólogo », in Jiménez Juan Ramón (dir.), Marga, Séville, Fundación José Manuel Lara.

Serrano Ana, 2000, Marga Gil Roësset (1908-1932), Madrid, Círculo de Bellas Artes.

Notes

1 « Aprendieron a dibujar en el estudio del pintor granadino y gran retratista, José María Lope Mezquita; tocaban el piano; hablaban cuatro idiomas, sobre todo el francés, con gran fluidez, y habían viajado y visitado importantes museos europeos. Ambas hermanas, desde muy jóvenes, dieron rienda suelta a sus inquietudes artísticas y literarias. Marga, muy unida a su madre, fue la que quizá, debido a su extremada sensibilidad, se dejara influir más por su espíritu sutil y creativo. » (Gil Navarro, 2015, p. 18)

2 « Estos jóvenes acudían para solicitar el consejo del ya consagrado poeta, el cual los guiaba en sus primeros pasos o ayudaba a publicar sus incipientes trabajos. Así ocurrió, por ejemplo, con todos los integrantes de la generación del 27, entre otros muchos autores. Marga, escultora y pintora, fue uno de ellos y pronto aprovechó sus frecuentes visitas para proponerles la ejecución de dos bustos, el primero de los cuales sería el de Zenobia. El de Juan Ramón nunca llegó a realizarlo por no disgustar a su padre. » (Hernández-Pinzón, 2015, p. 8)

3 Le portrait est visible sur le site web M-arte y cultura visual. URL : http://www.m-arteycultura
visual.com/2015/04/02/diario-de-marga-gil-roesset/

4 Ses œuvres sont visibles dans plusieurs articles et billets de blog : Clark Marga, « Marga Gil Roësset (1908-1932): una mirada, una voz, una inspiración », La Tribu, 19 novembre 2015. URL : http://latribu.info/libros/articulos/marga-gil-roesset/ ; González Esther, « La pasión de Marga Gil Röesset », Los árboles invisibles Poesía de la Gran Guerra, 1914-1918, 9 avril 2016. URL : https://losarbolesinvisiblespoesiawwi.blogspot.com/2016/04/la-pasion-de-marga-gil-roesset.ht
ml
 ; Tam-Tam Press, « Marga Gil Roësset (1908-1932) / Escultora, ilustradora y poeta », Tamtampress.es, 14 janvier 2016. URL : https://tamtampress.es/2016/01/14/marga-gil-roesset-1908-1932-escultora-ilustradora-y-poeta/

5 « Después domina la técnica del vaciado en escayola y bronce para alcanzar a continuación una sorprendente maestría en la talla de madera, aplicando, a finales de su vida, martillo y cincel a la piedra y al granito. » (Capdevila-Argüelles, 2010)

6 Pour ces références, voir le poème « … Cómo me gusta, en la tarde la primavera… » ci-après.

7 Voir le poème « Tu voz… / … tu sonrisa ».

8 Voir le poème « En el “cochecillo” a la casa de los marcos… ».

9 Voir le poème « … Vas en silencio… ».

10 Voir le poème « La visión relativa mía… ».

11 Voir le poème « Porque hay Zenobia… ».

12 Voir le poème « Mi amor es ¡infinito!…… ».

13 Voir le poème « … Noche última… ».

14 « Este trágico final de Marga Gil Roësset fue tan doloroso para toda la familia, que no solo provocó la muerte prematura, algunos años más tarde, de sus padres […], sino que condicionó la actitud de sus dos hermanos, Consuelo y Julián, que la mantuvieron sepultada en el olvido, tal vez con la buena intención de protegerla, silenciando la genialidad de su obra. […] En el año 2000, se organizó una exposición en el Círculo de Bellas Artes de Madrid, comisariada por Ana Serrano, que reunió toda la obra de Marga que ha sobrevivido durante estos años. Se expusieron 16 esculturas, 80 dibujos y acuarelas, dos fotografías, además de cinco objetos personales y los cuatro libros ya mencionados. Marga dejó dos proyectos pendientes: las ilustraciones para una biografía de Santa Teresa, y para el Quijote » (Gil Navarro, 2015, p. 21-22)

Citer cet article

Référence électronique

Emmanuel Marigno, « Marga Gil Roësset (1908-1932) », Voix contemporaines [En ligne], 03 | 2021, mis en ligne le 11 mars 2022, consulté le 19 avril 2024. URL : https://publications-prairial.fr/voix-contemporaines/index.php?id=396

Auteur·e

Emmanuel Marigno

PR de littérature espagnole, Eclla, université Jean Monnet Saint-Étienne ; 35 rue du 11-Novembre 42023 Saint-Étienne

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