Texte

Si entrer en FPP – comme on entre en religion ? – semble de plus en plus difficile aujourd’hui où les vocations incertaines n’ont guère plus droit de cité…

Si y rester relève de l’exploit masochiste ou mégalomaniaque, quand on mesure la somme – et la qualité ! – des questions qui s’y révèlent, qu’on reconduit ou laisse surgir avec une souffrance exquise, que nos maîtres les psychologues observent avec intérêt et que nos jurys sanctionnent si le culot nous gagne de vouloir les prendre à bras-le-corps…

Mais partir…

Quitter la famille, la tribu qu’on a mise si longtemps à approcher, à comprendre, à apprivoiser, à pénétrer… Oser affirmer qu’on n’a plus besoin d’elle, se débrouiller pour, en dépit de toute logique, partir la tête haute et la maîtrise en poche…

Partir est une nouvelle initiation, un autre défi prolongeant celui de la première inscription. Partir du sérail, de la chaleur du clan pour tenter l’autre enjeu, celui qui nous ferait, peut-être, jouer dans la cour des grands. Partir est une folie, un renoncement, une trahison et en même temps, une insolence à soi-même.

« Je peux le faire, pensais-je au moment fébrile du dossier DESS. Plus qu’un an, et j’y arrive enfin »… Bien sûr, bien sûr…

De l’extérieur, tout est dans l’ordre des choses. Mais du dedans, tout est sens dessus dessous. La période actuelle jusqu’à publication de la liste des admis me renvoie à cette arrogance que j’avais cru apaisée : je ne suis plus en FPP, mais pas encore en DESS. Je n’appartiens plus à ces groupes confinés, détestés autant qu’adorés, mais je n’appartiens à rien d’autre… Enseignant connu, contesté, revendiqué… où êtes-vous quand j’ai à souffrir l’absence de tout re-père ? Compagnons de piétinements et d’avancées, pourquoi ne me dites-vous plus que ma place est encore auprès de vous ?

Depuis cette année – hasard, sans doute… – le thème du traître réapparaît impunément à la lisière de ma pensée. Rien à voir avec FPP, évidemment… Strictement rien…

Mais désirer regagner les rangs des étudiants patentés sollicite vaguement ce registre en moi.

Je tâcherai de comprendre… Plus tard… Quand le projet de prolongement FPP par le diplôme de recherche à partir des pratiques sera réalisé, et que je pourrai peut-être m’y inscrire, pour voir de l’intérieur ce que c’est qu’un départ, et non plus un claquement de porte.

Pour une fois, j’aurais cette nuit écrit pour FPP en dehors de toute théorisation, dans un mouvement affectif irrépressible.

Pour une fois, j’aurais cette nuit écrit pour FPP un vrai chagrin et une vraie espérance.

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Référence papier

Colette Pitici-Pizzolante, « Réparation/Séparation », Canal Psy, 14 | 1994, 16.

Référence électronique

Colette Pitici-Pizzolante, « Réparation/Séparation », Canal Psy [En ligne], 14 | 1994, mis en ligne le 22 janvier 2021, consulté le 22 juillet 2025. URL : https://publications-prairial.fr/canalpsy/index.php?id=2405

Auteur

Colette Pitici-Pizzolante

Groupe d’Alain-Noël Henri

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