L’enquête menée l’an dernier auprès des lecteurs de Canal Psy a recueilli 67 réponses, sur environ 950 destinataires réguliers du journal. C’est peu en soi, c’est cependant un taux de retour honorable pour une enquête menée dans ce type de condition.
Il est évident que l’échantillon ne saurait être tenu pour représentatif de l’ensemble du lectorat. Le seul fait de répondre introduit un biais, puisqu’il manifeste un intérêt particulier pour le journal et une motivation à participer, fût-ce a minima, à sa dynamique. Ainsi se réjouira-t-on sans trop s’en leurrer de ce que la quasi-totalité trouve Canal Psy très utile (54 %) ou assez utile (43 %). Mais, après tout, il n’est pas interdit d’être spécifiquement attentif à ce qu’en pense cette fraction plus motivée des lecteurs : d’autant qu’au contraire des questions fermées, les réponses aux questions ouvertes, très riches, n’ont pas besoin d’être représentatives statistiquement pour suggérer et donner à penser.
Les étudiants FPP ont répondu à plus de 10 % (50/488), ceux du CFP à un peu plus de 5 % (8/148), les autres à moins de 3 % (9 réponses sur plus de 300 personnes). C’est dire que les réponses des étudiants FPP donnent largement le ton, d’autant qu’il est impossible sur de si faibles effectifs de calculer des χ2 utiles et donc d’évaluer les écarts entre ces sous-populations.
Les distributions par sexe, origine géographique et âge sont en revanche sensiblement conformes à celles de la population parente.
La moitié de ceux qui ont répondu connaissent Canal Psy depuis sa création, l’autre moitié depuis la rentrée 93, ce qui indique un taux de réponse notablement plus élévé (près du double) chez les nouveaux étudiants.
Globalement, le journal est trouvé très ou assez lisible et accessible, et pas du tout ou plutôt pas rébarbatif. Plus de 80 % le trouvent très ou assez ouvert, et plutôt pertinent, et presque autant le trouvent plutôt varié. Seules six personnes lui trouvent de la mollesse. Plus de 70 % le trouvent stimulant, et 60 % (seulement ?) réutilisable. En revanche, les deux tiers ne le trouvent guère amusant : devrait-il l’être ? La question n’est pas tranchée…
Toutes les rubriques sont lues au moins occasionnellement. Ne les différencie que le caractère systématique ou non de la lecture.
À cet égard, la fonction d’information de Canal Psy sur la vie concrète de leur formation paraît prédominer sur la fonction d’information générale et de débat d’idées, sans pour autant les écraser. Les rubriques les plus systématiquement lues sont l’éditorial et les infos pratiques (près de 90 %). L’agenda suit de près (presque 80 %). Un petit tiers estime ne pas être encore assez informé sur les questions administratives et pédagogiques, et une seule personne souhaite moins d’information sur l’Institut de Psychologie et l’Université.
En revanche le dossier (61 %), le coq à l’âne (53 %), les autres articles (43 %) sont lus plus sélectivement.
Si l’on prend pour critère l’intérêt manifesté aux différents contenus, la distribution est sensiblement différente. À noter que sur 10 réponses possibles, 5 en moyenne ont été cochées par chacun, ce qui souligne le caractère diversifié des attentes par rapport au journal ; 3 sont citées par plus des deux tiers des répondants (infos administratives bien sûr, mais aussi articles de réflexion et conférences) ; 3 autres par plus de la moitié (champ professionnel, formations, publications). Trois enfin entre le quart et la moitié (articles d’humeur, ressources, comptes rendus). La dixième rubrique, « autres », est cochée dans seulement 3 réponses, ce qui montre seulement… que le questionnaire était bien fait.
Compléter Canal Psy par un serveur minitel paraît une bonne idée à 70 % des répondants, surtout pour des bibliographies, des informations administratives, des formations ou conférences, et un peu moins pour trouver des personnes-ressources. En revanche, l’idée du journal complet sur minitel ne séduit que trois personnes. Quelqu’un suggère une messagerie entre étudiants et responsables du journal.
Les trois questions ouvertes ont fait surgir de sympathiques messages d’approbation, (« Canal Psy est important », « bravo », « belle avancée », « j’aime l’état d’esprit du journal », « Vive Canal Psy ! »…), quelques critiques et beaucoup de suggestions. Bien sûr nous ne pouvons tout citer.
Les critiques les plus répétitives portent sur deux points : l’agenda et les informations pratiques souvent dépassés au moment de sa publication (nous le savons, hélas, mais sortir Canal Psy à l’échéance prévue est une course contre la montre bien difficile à gagner) ; et la contrepartie négative de l’aspect « objet fini », bien léché, « qui n’engage plus au mot spontané, à la pointe d’humour et d’humeur », et du coup l’absence de « quelque chose [...] qui vienne des étudiants eux-mêmes, de ce qu’ils peuvent ressentir, éprouver, vivre pendant leurs études »…
Pour améliorer précisément la participation des étudiants au journal, pas moins de 44 propositions, dont les plus fréquentes sont : améliorer l’information et la publicité sur l’existence du journal, notamment en début d’année ; implication des enseignants comme relais et incorporation au travail de groupe de la métabolisation de contributions collectives ; programmation des thèmes à longue échéance pour permettre aux étudiants de les travailler ; appels répétés à des contributions régulières ; utilisation du minitel comme… canal de communication ; une rubrique fonctionnant comme bourse d’échange de livres, de tuyaux, de tout (elle existe en principe mais est si peu alimentée…). Et à côté des suggestions, beaucoup de réflexions sur le manque de temps, la difficulté d’oser, la peur de ne pas être dans le ton ; et d’autre part sur le fait que plus que la participation au journal, c’est la difficulté de communication entre étudiants qui est un problème – sous-entendu : que le journal soit un instrument et non un but de cette communication.
Hélas, si l’on met tout bout à bout, il faudrait plus de tout : plus de clinique, de socio, de bio, d’ethno ; plus de comptes rendus d’expériences, de renseignements concrets sur l’Université, l’Institut, de guidance méthodologique, d’articles de réflexion ; plus d’études sur le lien entre la psychologie et l’entreprise, la formation, la communication, la littérature, l’activité physique. Et puis rajouter des histoires, des contes, des poèmes, des dessins. Bref de quoi en faire vingt pages tous les quinze jours… à l’heure où il nous faut restreindre provisoirement le nombre de pages annuelles, cette enquête, c’est vraiment le supplice de Tantale.
Mais comme il n’est pas nécessaire d’espérer pour entreprendre, ni de réussir pour persévérer… nous allons nous en inspirer le plus largement possible. Certaines des suggestions ont déjà reçu un début de mise en œuvre dès cette année. Deux nouvelles rubriques (« Être psychologue en… » et une rubrique bibliographique prévue pour démarrer prochainement) répondent à deux demandes plusieurs fois exprimées dans l’enquête.
D’autres vont pouvoir faire l’objet de tentatives, si le temps et l’argent le permettent : une extension du lectorat en direction des anciens étudiants – de la FPP pour l’instant, en attendant que le CFP ait des anciens… une floraison de propositions thématiques qui contribuera à nourrir le choix des futurs dossiers (on note en particulier plusieurs demandes sur la violence).
Alors… dîtes voir, la majorité silencieuse. S’il y a des choses là-dedans où vous ne vous reconnaissez pas… c’est le moment ou jamais de prendre votre plus belle plume. Sans ça, on va tout prendre au pied de la lettre : vous êtes prévenus.