Introduction
Dans le cadre de l’hommage rendu à Georges Gaillard, nous proposons ici d’ouvrir un dialogue sur son œuvre - en relation à la perspective psychanalytique du groupe et de l’institution - à partir de nos propres réflexions. Nous commencerons par une discussion sur les institutions, en tant qu’objet théorique, mais aussi en tant que support à nos échanges scientifiques. La dimension institutionnelle n’est donc pas seulement un objet de recherche partagé entre G. Gaillard et nous-mêmes, mais aussi, une dimension importante qui étaye le lien entre nous ; nous réfléchirons ensuite sur les questions d’ordre psychosocial au Brésil. Enfin, nous dégagerons des aspects importants pour la clinique institutionnelle au Brésil.
En 2011, Georges Gaillard a pris la responsabilité de la coordination du « Réseau Groupe et Liens Intersubjectifs ». Ce réseau, formé à partir de l’Université Lumière Lyon 2, rassemble plusieurs chercheurs intéressés par les approches psychanalytiques du groupe en Europe et en Amérique Latine. Cette réalité institutionnelle a aussi engendré des échanges entre G. Gaillard et les auteurs de ce manuscrit. Depuis ce moment, des liens ont été tissés : collaboration pour l’organisation des colloques et journées au Brésil et en France , quatre articles scientifiques cosignés (deux publiés en France et deux au Brésil), le doctorat de Fernando da Silveira codirigé par G. Gaillard et Maria Inês Assumpção Fernandes, les visites de G. Gaillard au Brésil en 2013, 2016 et 2018, participations croisées à des jurys de soutenance de thèse et d’HDR, etc. Ces opportunités de co-penser se sont présentées et l’œuvre de G. Gaillard est aujourd’hui diffusée au Brésil, grâce à ces échanges.
Georges Gaillard a largement enrichi le partenariat entre la France et le Brésil. Un partenariat qui existait déjà avant lui et qui se poursuit avec Lila Mitsopoulou-Sonta. Nous sommes donc traversés par ce thème si important dans l’œuvre de G. Gaillard : le changement généalogique dans les institutions, ici, dans sa version universitaire. À l’origine de ce partenariat, nous pouvons placer le contact entre Maria Inês Assumpção Fernandes et René Kaës au cours de l’année 2000. Peu de temps après, en 2002, René Kaës était chez nous pour presque deux semaines des travaux intensifs, avec des conférences et des tables rondes. Il s’agit là d’une expérience inoubliable qui a profondément marqué notre orientation de recherche. Quelques années plus tard, en 2008, Pablo Castanho rencontrait Claudine Vacheret à Buenos Aires. Leurs échanges postérieurs ont permis la mise en place d’une première convention (2010) entre l’Université Lumière Lyon 2 et l’Université Presbytérienne Mackenzie. À cette époque, Pablo Castanho et Fernando da Silveira, enseignants à l’Université Mackenzie, s’occupaient des échanges du côté brésilien. Le choix de Georges Gaillard pour poursuivre le partenariat avec Mackenzie est en syntonie avec l’intérêt porté au phénomène institutionnel, et partagé par les trois enseignants. Peu après, M.I. Fernandes a fait signer une autre convention entre Lyon et l’Université de São Paulo (USP). Les échanges avec l’USP ont aussi bénéficié du poste que P. Castanho a décroché en 2014.
À São Paulo, la perspective d’études psychanalytiques de groupe à l’université a été ouverte par Maria Inês Fernandes à l’USP, les deux autres auteurs de ce texte se sont en effet formés dans son groupe de recherche. Ce groupe a commencé son cheminement vers la compréhension de la souffrance psychique d’origine sociale il y a longtemps, au début des années 80, marquées par l’héritage sud-américain, et notamment dans son fondement par le magnifique travail de Pichon-Rivière, réalisé à partir de la psychologie sociale en dialogue avec les études psychanalytiques sur la constitution du lien et la pensée de Jose Bleger, dont l’ouvrage « Psychanalyse et dialectique matérialiste » (1958).
À cette époque, il y a quarante ans, la situation politique en Amérique du Sud était extrêmement violente. Le passage d’un régime totalitaire et dictatorial à la démocratie a impliqué de surmonter des difficultés de natures diverses dans les domaines juridico-politique et socioculturel. Notre participation aux mouvements politiques était intense. Mais nous étions aussi préoccupés par la clinique, ce qui a exigé une réflexion nouvelle. Les espaces de recherche dans les universités ont été menacés. Un grand échange scientifique et culturel avait commencé, motivé par le déplacement et l’exil de professeurs et de psychanalystes des pays d’Amérique du Sud qui cherchaient à échapper à la violente répression politique.
Dans ce début de parcours et dans ce contexte, nous avons donc cherché à réfléchir sur les relations entre la politique, l’institution et la clinique, déployant plus directement des efforts pour penser les modes de pouvoir et de domination et leurs effets dans le fonctionnement des institutions et la constitution psychique des sujets. Depuis de nombreuses années, nous nous attelons à cette tâche.
Ce sera bien après, au début des années 1990, que de nouvelles exigences théoriques se feront jour, et que la pensée de René Kaës nous a ouvert de nouveaux horizons. Le grand séminaire avec René Kaës, tenu en 2002 à São Paulo, sur la catégorie du négatif et les formations intermédiaires a élargi notre investigation sur le fonctionnement des groupes et des institutions, et le concept d’alliances inconscientes a offert un nouvel outil pour notre réflexion sur le sujet en tant que sujet du groupe et du lien.
Le rencontre avec la pensé de Georges Gaillard ouvrira, une fois de plus, d’autres horizons et élargira notre compréhension des institutions, montrant que la tentation de domination est au cœur des dynamiques institutionnelles concernant le pouvoir et la transmission. Georges Gaillard déclare dans un article de 2008 : “ Vivre ensemble oblige à considérer la question de la violence et à poser la question du pouvoir. [...] Dans toute configuration groupale, sociétale, la déshumanisation de l’autre, son asservissement à ses propres fins, et donc la barbarie, n’est jamais loin. Socialement nous nous leurrons aisément en rapport à ce fond de destruction, de morbidité, présent en chacun, à coups de refoulements, de dénis et de clivages. [...] La violence est en effet inhérente au lien entre les humains et sous-tend l’ensemble des rapports sociaux. »
Penser le Brésil en présence de Georges Gaillard
La rencontre avec la pensée de Georges Gaillard nous accompagne dans nos réflexions sur notre pays. Depuis 2011, beaucoup de choses se sont produites. Il est difficile de croire à quel point le monde a changé. Sous le primat de Thanatos, beaucoup de bouleversements sont arrivés, juste devant nous, alors que nous n’en croyions pas nos yeux. L’ascension du fascisme en Amérique, une guerre en Europe, le retour de la menace nucléaire, ainsi que la crainte réelle d’un conflit généralisé ... Tout cela nous oblige à ouvrir les yeux et reconnaître l’immense force heuristique du travail de G. Gaillard.
Au tout début des années 2010, au Brésil, nous étions pleins d’espoir. L’économie brésilienne se portait bien et sa croissance, à l’époque, nous semblait consistante. Le Brésil était la huitième économie du Monde. Le pays se préparait à accueillir la Coupe du monde de football en 2014 et les Jeux olympiques en 2016, illustration de la consolidation du développement de ce pays. Éros semblait triompher, Thanatos n’avait plus sa place dans notre imaginaire.
Mais en 2013 ce qui était caché fut remis en lumière. Finalement, l’économie tourna mal au Brésil. Les réseaux sociaux commencèrent à se développer, catalysant un mouvement contre l’État et les institutions. Les grandes villes du Brésil furent occupées par des foules qui, paradoxalement, n’eurent pas de revendications spécifiques. On eût dit un grand bouleversement sans que nous ne sachions encore de quoi il s’agissait. Pour Raluca Soreanu (2018) c’est le moment d’un retournement des fragments traumatiques de l’histoire du pays sur la scène sociale. Ces fragments, devenus sans lieux de dépôt, intoxiquent dès lors les rapports sociaux.
Mais d’où viendraient ces fragments ? L’Europe a appris à ses dépens que l’on ne doit pas sous-estimer la barbarie sous-jacente à tout processus civilisationnel, elle fait face aujourd’hui à la menace d’un voisin très dangereux qui a également émergé des cendres de l’effondrement d’un Empire. En Amérique, les colonisateurs ont dominé les autochtones et les esclaves par la force, établissant des rapports de force extrêmement asymétriques fortement traversés par des questions raciales. Tout le projet de colonisation du pays peut être pensé avec la clé de l’esclavage (Souza, 2017). Cela se traduit dans la réalité sociale présente : un pays ayant l’un des plus hauts taux d’inégalités sociales au monde a évidemment engendré un immense contingent d’exclus et d’institutions de la « mésinscription » dont le but a toujours été le contrôle social qui s’est joué au travers de la criminalisation des pauvres. La barbarie semblait être confinée dans les sous-sols de ces institutions ne frappant que les plus vulnérables.
Mme Inês Fernandes (2005) a ouvert une voie en employant le concept d’« alliances inconscientes » pour penser nos défis sociaux les plus aigus. À travers le concept de « pacte dénégatif », le discours courant au Brésil qui fait l’éloge de notre métissage peut être compris dans sa fonction de dénier le racisme qui nous structure. En 2017, P. Castanho et G. Gaillard feront référence au pédagogue Paulo Freire pour parler du « pouvoir exacerbé » qui caractérise notre pays et l’interroger au niveau de ses effets sur les liens et sur les alliances inconscientes.
Le Brésil a toujours été un pays violent, mais la violence ici est extrêmement sélective. Nous vivons ici, depuis des siècles, la « Banalisation du Mal » (Arendt, 1963) et la déshumanisation des plus vulnérables, principalement des noirs. La criminalisation des pauvres, conséquence de la dénégation du racisme structurel, est un pilier de notre « Contrat Social ». Un coût très élevé qui entretient le « désir d’être tout », réflexe du « pouvoir exacerbé » qui anime la minorité des privilégiés blancs et leur illusion de sécurité aujourd’hui. Les “patriotes”, composés de l’élite blanche et de ceux qui recherchent l’ascension sociale pour occuper des postes de pouvoir, entretiennent le fascisme brésilien : ils ont pris d’assaut les principaux symboles du pays.
L’accès des pauvres aux biens matériels et l’entrée des noirs à l’Université ont été accompagnés d’un sentiment de menace pour la sécurité des blancs : les “voyous” pourraient occuper les espaces qui appartiennent aux “bons citoyens”. Dans le sillage de Mme Inês Fernandes, Cida Bento (2023) nous parle d’un « pacte narcissique » de « blanchiment » par lequel ceux qui s’identifient à la « race » blanche éprouvent une valeur de soi augmentée, sont rassurés de leur sécurité (imaginaire) et produisent des actes de discriminations pour rassurer leurs statuts différenciés, tout cela même quand ils n’ont aucune conscience de la mise en acte de ce pacte. Ce modèle nous permet de penser le vécu de fragilité psychique liée aux changements sociaux contemporains, notamment ceux qui ont pris place au Brésil lors du premier gouvernement Lula et donc la contre-attaque insufflée par l’extrême droite comme la défense d’un tel pacte.
La chute narcissique nous semble un élément important pour penser les processus de déliaison au Brésil. Nous proposons de voir la défaite de l’équipe de football du Brésil contre l’Allemagne pendant la Coupe du Monde au Brésil en 2014, le “7 à 1”, comme un analyseur de “l’esprit du temps”, qui dénonçait déjà la fragilité du contrat narcissique au Brésil et du primat du Thanatos dans nos liens sociaux. Le premier but de l’Allemagne a été un coup fatal à l’enveloppe psychique groupale de l’équipe du Brésil. Le système défensif de l’équipe brésilienne s’est effondré. L’un d’entre nous était présent lors du match et étant assidu aux stades de football depuis des années, il n’a jamais rien vu de tel. Il était possible de ressentir la résonance dans les gradins, au-delà de la défaite sur le terrain : le démantèlement des liens entre les supporteurs brésiliens. Quelques-uns parmi eux sont partis, d’autres criaient alors que d’autres se disputaient. Personne ne savait quoi faire.
Dans cette même année tragique (2014), Thanatos a trouvé sa voie pour faire irruption dans les fissures de notre tissu social. L’opération “Lava jato” est née des entrailles du pouvoir judiciaire, et a ouvert la voie de la destruction de l’État brésilien, par l’intermédiaire d’une série de mesures juridiques sans aucune légitimité.
Cette même année, l’alliance entre les médias, le pouvoir judiciaire et le législatif a réussi à destituer la présidente élue, Dilma Roussef. Pendant la séance qui a déterminé son départ, un député du parlement national a attiré toute l’attention en se présentant comme le « porte-parole » de la barbarie au Brésil : au moment de voter, il a même rendu hommage au commandant militaire qui avait autrefois torturé la présidente. Il s’agissait d’un député considéré jusque-là comme "bizarre" et "inexpressif" et ne dialoguant, à l’époque, qu’avec des extrémistes.
En2018, au cours d’une élection dominée par les rumeurs et les fausses informations sur les réseaux sociaux, le député "porte-parole de la barbarie" fut élu Président de la République. Depuis lors nous vivons une période sombre au Brésil.
Durant un temps nous avons vécu comme si nous étions dans une sorte de transe ou les violences les plus obscènes ne suscitaient aucune réponse. La présence du désaveu y était frappante. P. Castanho (2022) propose l’idée que l’on a affaire à un pacte inconscient, avec des fonctions de désaveux vis-à-vis des violences liées au pouvoir exacerbé (dont l’esclavage noir a constitué l’image la plus évidente). Ce pacte aurait toujours participé à l’organisation du lien social au Brésil, mais, en ce moment, il se présenterait de la façon la plus explicite. Et encore : la problématique fragmentaire du traumatique se présente aussi au travers de la fragmentation de la société. En effet, sur la scène sociale, il y a une rupture binaire et mortifère. Des collègues, des amis de longue date et même au sein des familles, nous trouvons cette scission entre les supporteurs de Bolsonaro et ceux qui lui font opposition. Le politique n’est pas sans rapport avec le psychique : la rage, la peur, la honte y sont des plus exacerbées. La possibilité d’en parler avec des collègues français nous aide. Est-ce que l’on pourra intervenir sur la culture et inviter les Brésiliens à rétablir des liens nécessaires pour penser cette irruption de Thanatos dans nos foyers ? G. Gaillard, F. da Silveira, P. Castanho, J.P. Pinel et L. Lafraia ont publié un article dans une revue de divulgation scientifique. « Les fêtes de fin d’année sont-elles encore possibles ? ». Quels sont en effet les lieux possibles pour la conflictualité et pour les liens complexes ?
Un peu plus d’une année après nous nous sommes tous confrontés à la pandémie de la covid-19. Dans un tel contexte, la négation de la pandémie a acquis une valeur politique majeure ; le désaveu avait déjà pris la main. Avec près de 700.000 morts de la covid au Brésil, Thanatos nous montre toute sa force de destruction.
Considérations finales
Dans notre vie quotidienne, nous dénions le pouvoir de Thanatos, et c’est alors qu’il dévoile son visage destructeur. Son pouvoir de sidération ne doit pas être méprisé. La psychanalyse fondée par Freud nous a révélé l’importance du primat d’Éros dans la formation des névroses. Mais c’est seulement après la Grande Guerre qu’il a pu se rendre compte qu’il y a un « au-delà du principe du plaisir ». Ce qui est étonnant, c’est la rapidité et l’efficacité avec lesquelles les connexions engendrées par les réseaux sociaux ont catalysé la formation de réseaux nationaux et transnationaux d’alliances perverses visant à entretenir le « désir d’être tout » (Bataille, 1943).
Lors de cette période de barbarie au Brésil, la honte et la sidération devant des actes « inhumains » nous ont fortement frappés. Nous rappeler la présence universelle de la « pulsion de mort » nous fait reconnaitre le statut humain de la barbarie, car, au final, il n’y a que les humains pour se transformer en barbares. C’est donc une période propice chez nous pour faire grandir la connaissance de l’humanité par « l’intimité en elle de la dimension du mal » selon la formule de Nathalie Zaltzman (Zaltzman, 20071).
Comme le dit très bien G. Gaillard, les institutions sont le résultat d’un processus civilisationnel qui accueille et transforme les figures les plus archaïques et stabilise la destructivité sous-jacente au narcissisme. L’institutionnalisation porte aussi en elle la négativité de l’humanité. La déstabilisation des institutions fait émerger notre côté le plus archaïque : ‘le désir d’être tout”, ainsi que la destructivité associée à ce désir. Vivre dans des îlots de civilité nous faire croire à l’illusion que nous sommes protégés des effets destructeurs de Thanatos, et que ces effets se limitent aux périphéries de la civilisation, ou aux plus vulnérables.
Pour G. Gaillard : « L’une des tâches majeures qui incombent aux groupes sociaux consiste précisément à lier cette violence, à faire pièce à la présomption phallique et narcissique qui en tout humain voudrait voir triompher. » (2008 p.51).
Au niveau institutionnel, Georges Gaillard nous montre que la clinique, rencontrée au quotidien des institutions de soin et de travail social, nous oblige toutefois à prendre la mesure de la puissance agissante de la pulsion de mort. Reprendre le concept de pulsion de mort pour le travailler dans le cadre des institutions et reconnaître les institutions de soin comme des institutions de la mésinscription - aux prises avec une temporalité qui n’a de cesse de se clore du fait de la répétition, ajoutée à la reconnaissance des bouleversements de l’hypermodernité et les caractéristiques de déliaison entre le sujet et la figure de l’autre qui l’accompagnent - nous a ouvert la voie à repenser le problème de la temporalité et de la transmission et à reprendre nos recherches sur la politique, l’institution et la clinique.
C’est grâce aux travaux de G. Gaillard que nous avons fait la découverte de Nathalie Zaltzman et son approche de la Kulturarbeit (1998). Arriver à ce thème, par le biais de G. Gaillard, c’est arriver directement à la clinique du groupe et des institutions. En effet, avec G. Gaillard la clinique des institutions est une voie pour le « travail de culture ». Il nous signale donc des perspectives par lesquelles l’engagement professionnel est aussi un engagement politique.
Le rapport entre clinique institutionnelle et Kulturarbeit nous fait penser au rapport entre institutions et métacadre social. Dans un contexte tel que le Brésil, qu’est-ce qui change et qu’est-ce qui ne doit pas changer dans la clinique institutionnelle ? Chez nous, l’attaque déshumanisante, voire génocidaire envers « les peuples originaires » (indigènes) et les noirs pauvres, est doublement présente dans le quotidien institutionnel : en tant que legs psychiques, mais aussi comme des agir du présent. Les métacadres institutionnels et sociétaux ne garantissent plus les interdits structuraux nécessaires. L’horreur de n’être pas suffisamment garanti dans son vécu d’appartenance à « l’espèce humaine » fait un retour constant et frappant dans le travail avec les usagers (si et/ou quand nous pouvons l’entendre). Nos institutions peuvent basculer à cause de processus propres à l’hypermodernité, mais elles souffrent aussi, et peut-être davantage, de ce qui n’a jamais été représenté et des retours massifs des fragments du passé. C’est bien là que G. Gaillard soutient l’importance de la pulsion de mort et de l’archaïque dans la clinique institutionnelle et qu’il nous aide à nommer et à penser ce que l’on vit de façon très aiguë dans nos institutions et dans l’histoire récente de notre pays.