Subjectivité & Narrativité

Journée de réflexion du GRePS, « hors les murs », mercredi 29 avril

p. 12-15

Texte

Remerciements au Master 2 Recherche organisateur de cette journée : Valérie Haas, responsable du Master 2 Recherche « Représentations et transmissions sociales », Gaëlle Bertrand Jalais, Nicolas Buchon, Amélie Demoures, Denise Duraes, Cyril Raspiller, Élodie Levasseur (doctorante, allocataire de recherche/monitrice, GRePS/ICAR).

C’est dans un cadre singulier que s’est organisé le 29 avril dernier, la journée de réflexion du GRePS autour des thématiques Subjectivité et Narrativité. Ce lieu « hors » université, « hors les murs » est le Périscope, lieu associatif constitué comme un véritable forum interdisciplinaire, un terrain d’expérimentation et de ressources. Le choix de ce lieu a été fait par ailleurs en signe de soutien aux mouvements actuels de protestation. Dans une période de grande mobilisation, cette invitation à sortir des murs de l’université prend sens aussi dans un contexte où le gouvernement s’obstine à ne pas entendre, avec un mépris et un silence assourdissant, les messages de réserves et les critiques de la communauté universitaire à l’égard de la loi d’autonomie des universités.

Le Périscope, en parallèle d’une programmation de concerts de jazz, propose aussi des diffusions de courts-métrages, des répétitions publiques, des signatures de livres, mais aussi des cours de l’Université Populaire, dans le projet de décloisonner les expressions artistiques et leur public. Ce décloisonnement est d’autant plus significatif que ce périscope-ci soulève sa lentille au-dessus d’un véritable océan de murs. Pour qui ne connaît pas la rue Delandine : elle s’origine sous les voies ferroviaires de Perrache et longe les prisons de Saint-Paul/Saint-Joseph jusqu’à l’ancien Marché au Gros.

Ce projet résonne donc avec la visée de la journée de réflexion du GRePS qui propose un espace d’échange et de rencontre entre étudiants, doctorants, enseignants-chercheurs et acteurs sociaux à l’occasion d’une thématique. L’an dernier avait été choisie la thématique « Mémoires et Transmissions », cette année « Subjectivité et Narrativité ».

Le programme est copieux… l’accueil est chaleureux. Valérie Haas, responsable du Master 2 recherche, formation organisatrice de cette journée, propose des éléments d’introduction autour de la thématique choisie : « En sciences sociales actuellement, la somme de textes scientifiques écrits à la première personne témoigne notamment de ce que la subjectivité du chercheur est prise en compte de manière exponentielle, le « Je » envahit les travaux de sciences sociales » comme l’écrit justement Olivier De Sardan dans un magnifique texte publié en 2000. En psychologie sociale et du travail, la dichotomie entre recherche qualitative et recherche quantitative rend cette investigation plus compliquée, une opposition stérile entre sciences « objectives » et sciences « subjectives », pourrait-on dire, autorise la prolongation indéfinie d’une guerre rituelle entre les deux camps symétriques d’une même résignation méthodologique. Pourtant, trois facteurs essentiels nous montrent que cette place subjective dans nos travaux devrait être prise en compte quel que soit le type de méthode de recueil de données choisi. En effet, le facteur personnel du chercheur est présent dans toute activité scientifique quelle qu’elle soit. Par ailleurs, nous travaillons dans les sciences sociales et en psychologie en particulier en étant « condamné » dans nos travaux à nous servir pour l’essentiel du langage naturel, le subjectif et le narratif y trouvant une place de choix. En outre la rhétorique narrative du chercheur cette fois, pèsera elle aussi de tout son poids sur la production et l’interprétation des données recueillies. Enfin, il existe aussi dans notre domaine de recherche, un facteur spécifique qui est celui très usité de l’enquête de terrain ou encore des situations d’interactions sociales où les chercheurs jouent un rôle central dans la production et l’interprétation des données tant du côté de l’observation participante que de la conduite de l’entretien. Cet aspect et bien d’autres encore, autour de la mise en récits de nos interlocuteurs, seront développés dans les différentes interventions que vous entendrez aujourd’hui. Des fils seront tendus, des échanges se tiendront autour de préoccupations transversales qui nous permettront de construire des ponts entre nos travaux et autour de nos activités de recherche. »

Comme un trait d’union entre les deux journées de réflexion, un « passeur de mémoire », E. Levasseur choisit, pour commencer, d’évoquer un type de récit singulier, celui du souvenir et, plus particulièrement, celui de la narration des souvenirs à partir des objets. Réalisée sur un terrain original et fécond, les vide-greniers, cette recherche s’interroge sur les possibilités de remémoration d’une personne à partir d’un objet. Plus précisément à partir des objets des autres, elle relève les différents types de mémoires (autobiographique, historique, familiale) qui sont mobilisées dans ces récits spontanés. L’objet s’y révèle un médiateur dans la narration du souvenir, il est manipulé, palpé, des gestes autrefois usuels sont réexécutés. Par ailleurs, le caractère collectif de la mémoire va se retrouver dans la manière dont le souvenir va se raconter. En effet, l’interaction est au cœur de ces récits, ce qui attire notre attention sur les cadres spatiaux et sociaux de la mémoire, en référence aux nombreux travaux de M. Halbwachs, qui permettent l’ancrage d’un souvenir dans la matérialité de l’objet.

Dès la fin de cette première intervention, de nombreuses questions furent apportées par l’audience, attentive et affûtée : Qu’en est-il des objets produits à grande échelle et qui se retrouvent plus tard dans ces vide-greniers, ont-ils une plus grande potentialité d’appropriation ultérieure ? Chez les acquéreurs, comment sont perçues les marques d’appartenance à d’autres sur l’objet acheté ? De la même manière qu’un objet peut être dépositaire du passé, peut-il être dépositaire de l’avenir ? Cette interrogation de N. Fieulaine permet d’articuler ce débat à l’intervention suivante portant sur son travail de thèse sur la temporalité.

Narrativité et subjectivité, leur relation, questionnent deux formes de mise en contexte des vécus individuels et collectifs, d’une part celle qui est portée par la présence des autres, et d’autre part celle qui est liée à la présence du passé et du futur. Dans les travaux s’intéressant au temps – entre autres en psychologie – de nombreuses études se sont attachées à étudier le rôle du temps psychologique et du temps social dans l’élaboration de l’image de soi et de l’identité. N. Fieulaine se concentre plus particulièrement sur les travaux s’inscrivant dans ce que Theodore R. Sarbin a nommé le « tournant narratif ». En effet, si la métaphore du récit cherche à s’imposer comme un nouveau fondement de l’épistémologie psychologique en remplacement de celle de l’« homme ordinateur », la question du lien entre récit et temps psychologique représente une problématique bien plus ancienne (les travaux de Pierre Janet par exemple).

Le récit comme lieu d’articulation du singulier et du commun se voit être le terrain privilégié de l’étude des liens sociaux, la narration n’émergeant que dans un être au monde, la rencontre d’un sujet et d’un contexte.

Cependant, malgré tous ces travaux concernant la pertinence du « tournant narratif », N. Fieulaine propose une analyse critique de la place prise par la narrativité et indique les risques de naturalisation de la narration en la plaçant comme la base essentielle du fonctionnement psychique et cognitif humain. Selon G. Strawson, un autre mode d’expérience non-narratif est envisageable : le mode épisodique. Celui-ci ne se fonde pas sur la continuité, l’articulation d’un soi passé et d’un soi futur, mais sur un soi uniquement présent sans lien ni continuité avec ce qui a précédé et ce qui lui succédera.

Comme le remarquera plus tard V. Haas, en conclusion, l’intention de cette journée n’était donc pas de s’inscrire dans « le » modèle de la narrativité, mais véritablement de le mettre en tension, au travers des différentes interventions proposées.

Les interventions de R. Weber, sur l’entretien semi-directif comme interaction sociale et lieu d’intersectionnalité des enjeux de pouvoirs et des enjeux identitaires, de A. Azzam sur la « position subjective assumée » du chercheur comme compromis dialectique entre les approches positiviste et constructiviste, ainsi que celle de Valérie Haas au sujet de l’entretien de recherche à entendre comme « jeu », ont formé un ensemble fort cohérent portant sur la place de la subjectivité de l’interviewé et de l’interviewer au sein de dispositifs de recherche. La psychologie sociale s’intéressant à la pensée du sens commun, le chercheur serait nécessairement inscrit dans ces mouvements de par sa culture, son éducation, sa condition de chercheur et les caractéristiques physiques qu’il présente à l’interviewé. Les notions d’« alter-ego » et d’« alter-strict » (Haas, & Masson, 2006) ont d’ailleurs été souvent évoquées au cours des débats pour appréhender ces phénomènes.

Ces interventions ont fait émerger un certain nombre de remarques sur les possibilités de tendre vers l’objectivité tout en prenant en compte cette subjectivité du chercheur : dispositifs expérimentaux (expérimentation en « double aveugle ») d’une part, ou analyse subjective de la position de l’enquêteur, d’autre part. Il est rappelé que le chercheur qui recourt aux méthodes qualitatives est son propre instrument d’observation et qu’il n’impose pas un prédécoupage de l’objet de recherche, mais est soumis à un certain nombre de préjugements qui l’accompagnent dans son terrain de recherche. Il appartient ensuite à l’interviewer de réintégrer, au moment de l’analyse, un regard ternaire et d’analyser sa place « subjective » dans l’observation. Ce travail introspectif et réflexif a été bien décrit par R. Weber qui a dû faire une série d’analyses de sa position subjective et de ses attentes implicites pour approcher une meilleure compréhension de la manière dont les systèmes socioculturels s’organisent en stratégies identitaires chez les migrants.

Le travail de R. Ciobanu en Roumanie au sujet du transfert des compétences d’une entreprise implantée en France à une entreprise implantée en Roumanie a permis de poursuivre cette réflexion sur l’identité du chercheur et son objectivité. Sa thèse met en évidence que l’objet, l’artefact technique, était le médiateur essentiel dans ce transfert de compétence. Ce rôle de l’objet technique comme médiatisant le transfert des compétences au travers de cultures différentes, rappelait la citation de Kaufmann cité en début de journée par E. Levasseur (2001 p.105) : « la mémoire implicite enregistrée dans les objets n’est pas dans leur matérialité, mais dans l’objet socialisé. » De l’objet technique et sa dimension utilitaire à l’objet tel qu’il est porteur d’un souvenir contextualisé dans un groupe social, il est possible de mieux comprendre l’attachement porté à leur lieu de travail et à ses machines par les ouvriers licenciés.

Nous retrouvons cette thématique des composantes interculturelles de la recherche, dans les travaux de S. Caillaud sur les représentations sociales de l’écologie chez les Allemands de l’ex-Allemagne de l’Est « Ossis » et les Allemands de l’ex-Allemagne de l’Ouest « Wessis ». Cette étude pose des questions très intéressantes sur l’ancrage des représentations sociales par l’émotion. Les premiers éléments de résultats vont dans le sens de l’hypothèse d’une co-construction des émotions entre l’individuel et le social. Dans l’auditoire, il est remarqué que cette présentation pose de nouveau la problématique de la position subjective du chercheur. En effet, S. Caillaud avait envisagé de travailler, au début de sa recherche, auprès de deux populations : les Français et les Allemands. Elle a dû, au contact de son travail de terrain, déconstruire cette répartition pour redéfinir de nouveaux sous-groupes.

La seconde partie de l’après-midi a été traversée par la question de l’accès à la subjectivité par la narration au travers notamment de deux exposés complémentaires, les récits de violences conjugales par leur auteur et le récit des victimes de violences. Les interventions de J. Laporte et de J.-P. Durif-Varembont firent apparaître des parallèles entre ces deux types de dynamiques subjectives.

Chez les auteurs de violences conjugales, pris en charge dans le cadre de « groupe de prévention », il y a d’abord la production d’un récit édulcoré, « présentable », avec un accent porté sur les événements qui ont précédé ou suivis l’acte de violence (arrestation, contexte…). Il est noté que le récit cache la réalité autant qu’il en révèle des significations importantes. Des images « flash » décrivant l’incident sont accompagnées de très peu d’émotion, alors que le récit se fait plus vivant lorsque la loi représentée par la police fait son apparition.

Chez les victimes de violences, la personne est dépossédée de son pouvoir de parole par l’acte violent. En effet, l’agresseur n’ayant bien évidemment pas sollicité le consentement de la victime, cette dernière a fait l’expérience d’une perte de fiabilité de la parole. Lorsque la victime ne se tait pas, le récit qu’elle produit est confus et seuls reviennent par fragments des éclats de l’expérience violente.

Avec les groupes de prévention, les auteurs de violences parviennent peu à peu à combler le vide de ces récits lacunaires et à retrouver des émotions liées à l’acte, retrouver une distance par rapport à ce qui s’est passé (distance manifestée par la réapparition de l’humour dans leur discours). Le groupe aurait ici la fonction d’un « conteneur » (R. Kaës) et accompagnerait la symbolisation d’actes qui étaient jusque-là dans un processus de décharge ou de répétition (de mauvais traitements).

Du côté des victimes, le récit serait possible au prix d’un dédoublement, d’un clivage. La narration de l’acte violent permettrait un travail de représentation qui transformerait le sujet au fur et à mesure qu’il parle. Ce phénomène est sensible dans les variations que l’on observe dans les récits successifs faits par les sujets traumatisés.

Cependant, si ces récits se révélaient « thérapeutiques », ce serait à la condition d’en suspendre le récit dans un premier temps. La différence entre raconter et parler est importante et le respect du mutisme ou de l’indicible donnerait la possibilité de « remettre le voile là où il a été arraché ». Dans ses questions, l’audience va évoquer les « cellules de crise » mises en place après une catastrophe. Celles-ci accorderaient une vertu « thérapeutique » au récit du traumatisme, mais pourraient dériver vers un forçage à la « verbalisation salvatrice », aux « pratiques de l’aveu »… or il y a quelque chose de paradoxal et de significatif à faire « avouer » à un sujet l’acte violent dont elle a été victime !

La communication d’A. Hubert-Barthelemy, doctorante, présentait quant à elle ses travaux auprès d’une classe thérapeutique accueillant des enfants autistes. La méthode américaine ABA, pour la forme, et le programme de l’éducation nationale, pour le fond, se voient proposés à 5 enfants dans le cadre de leur scolarisation. Les références psychanalytiques et les données des sciences cognitives constituent les outils de pensée de ce dispositif qui se propose de soutenir l’émergence de la subjectivité tout en proposant un triple accompagnement éducatif, pédagogique et thérapeutique. La notion de narrativité est prise ici dans sa définition linguistique et reliée aux deux mouvements d’imitation et d’interprétation de l’enfant. Sur le terrain, A. Hubert-Barthelemy observe de grands progrès chez les cinq enfants. Elle remarque que ceux-ci présentent une véritable appétence à l’apprentissage et, contrairement aux stéréotypies qui sont souvent décrites au sujet de l’autisme, ne souhaitent pas forcément répéter quelque chose qu’ils viennent d’apprendre.

Le chemin vers les apprentissages est d’ailleurs des plus étonnants : les enfants autistes apprendraient à lire avant d’apprendre à parler ; ils ne pourraient « suivre » une histoire, car seraient dans une perception immédiate des images qui leur sont présentées. Pour A. Hubert-Barthelemy, il n’existe pas de langage sans communication et pas de communication sans relation transférentielle. Partis de l’indifférencié (au niveau des sentiments) et du chaos (au niveau des représentations), ces enfants, à l’aide de médiations plurielles, parviennent peu à peu à entrer dans une forme de subjectivité. La narration est entendue ici comme sa condition.

Dans la dernière partie de la journée, P. Roux proposa de mettre en perspectives ses propres recherches auprès de patients fibromialgiques et la pratique de C. Durif-Bruckert auprès de groupes de patients. Leurs observations font apparaître un certain nombre de caractéristiques au sein des narrations que font ces sujets à propos de leur maladie : chaque patient va, au début de son traitement, avoir tendance à s’attacher de manière exclusive à un événement causal qui détermine selon lui tout le développement de son trouble somatique. Cette « logique de malchance », répétée dans le discours de manière aussi lancinante que la douleur, va peu à peu faire place à une complexification ; les sujets revendiquant leur compétence à parler d’une douleur dont ils sont les seuls spécialistes. Ce qui se joue au travers des récits de leur maladie c’est la réappropriation progressive de leur souffrance pour en faire quelque chose de plus supportable, de moins traumatique.

Pour finir, N. Kalampalikis nous a proposé de clore cette journée de réflexion en nous penchant sur la question des narrations mythiques et de leur traitement actuel. La question du mythe dans la littérature scientifique est souvent abordée du côté de l’irrationalité. Pourtant, les études montrent que la substance du mythe ne provient ni dans le style de celui-ci, ni dans son mode de narration, mais dans l’histoire qui est racontée. Au travers de l’exemple du mythe historique d’Alexandre Le Grand et notamment de l’étoile à huit branches de son père Philippe II qui s’est vu depuis peu le cœur d’un enjeu de reconnaissance nationale : la Grèce n’ayant jamais accepté que la Macédoine s’appelle « Macédoine ». Le mythe porterait ici un message identitaire collectif, permettant de délimiter une population d’une autre, de médiatiser le conflit, mais aussi de se mobiliser pour la cause et enfin, de recevoir le soutien idéologique univoque du monde politique et religieux. En parcourant les différents auteurs définissant le mythe (P. Veyne, Bidney et J.-P. Vernant) et ceux qui l’étudient dans une perspective sociologique (Wundt, E. Durkheim, Mauss, P. Moscovici et R. Barthes), N. Kalampalikis attire notre attention sur la manière dont la narration mythifiée d’un personnage historique permettrait de constituer une narration mythique des origines d’un groupe national. À ce propos, R. Barthes concevait le mythe comme une manière de renverser le culturel en naturel. Tout l’enjeu de considérer les mythes dans les sociétés modernes est de capter les dimensions qui se dévoilent dans le sens commun et historiciser l’idée de leur vérité.

En conclusion de cette journée, V. Haas souligne la pluralité des champs théoriques qui se sont rencontrés dans cette réflexion et les fils que l’on pouvait tirer d’une intervention à l’autre. Pour notre part, nous avons été étonnés et captivés par la qualité des questions de l’auditoire qui furent aussi nombreuses que pointues. Philosophe, sociologue, anthropologue, psychologue de tous courants et de toutes sensibilités, étudiants, doctorants et artistes semblaient s’être donné rendez-vous au sein d’un échantillonnage spontané pour penser, échanger, discuter avec les intervenants.

En particulier, la position « en demande » du chercheur auprès de l’interviewé (ce qui le différencie de la situation psychothérapeutique où c’est le sujet qui est en demande), a souvent été métaphorisée au cours des discussions par l’image de l’amoureux avec son bouquet de fleurs qui se présente à son aimée. A. Azzam a soutenu l’idée que le chercheur devait prendre en compte cette part de subjectivité et en faire un outil de compréhension de ses résultats, une « subjectivité assumée »… en rappelant que chaque chercheur s’investit dans sa recherche dans le choix de son sujet de recherche et de son champ théorique de référence.

Ainsi, les contributions de chacun ont travaillé dans le sens d’une prise en compte de cette variabilité subjective pour appréhender la relation qui se crée dans l’ici et maintenant de la recherche. La subjectivité étant une donnée à part entière de la recherche, coordonnée à d’autres dispositifs propres à chaque méthodologie, son analyse permet aux chercheurs d’affiner leur regard sur leur objet d’étude et de produire des modèles de compréhension plus cohérents avec la réalité vécue sur le terrain.

Bibliographie

De Sardan, P.O., « Le “Je” méthodologique. Implication et explicitation dans l’enquête de terrain » in Revue Française de Sociologie, 41-3, p.417-445, 2000.

Haas, V., Masson, E., « La relation à l’autre comme condition à l’entretien », in Les Cahiers Internationaux de Psychologie Sociale, 71, p.77-88, 2006.

Halbwachs M., (1950), Les cadres sociaux de la mémoire, Albin Michel, Paris, 1994.

Kaës, R., « Analyse intertransférentielle, fonction alpha et groupe conteneur », in L’Évolution psychiatrique, 2, p.239-247, 1976.

Kaufmann J.-C., Ego. Pour une sociologie de l’individu. Une autre vision de l’homme et de la construction du sujet, Nathan, Paris, 2001.

Sarbin, T.R., Narrative psychology: the storied nature of human conduct. 1986.

Strawson, G., « Against narrativity ». Ratio, 17, p.428-452, 2004.

Citer cet article

Référence papier

  Canal Psy, « Subjectivité & Narrativité », Canal Psy, 85 | 2008, 12-15.

Référence électronique

  Canal Psy, « Subjectivité & Narrativité », Canal Psy [En ligne], 85 | 2008, mis en ligne le 06 juillet 2021, consulté le 23 juillet 2025. URL : https://publications-prairial.fr/canalpsy/index.php?id=588

Auteur

  Canal Psy

Articles du même auteur

Droits d'auteur

CC BY 4.0