Le centre Louise Labé

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Le centre Louise Labé a ouvert ses portes à la rentrée de janvier 2004, salle 29 au rez-de-chaussée du bâtiment K. Ce centre, au visage nouveau puisqu’il a pris les traits de Louise Labé, femme de lettres lyonnaise du XVIe, prend la suite du Centre Lyonnais d’Études Féministes et des enseignements Sexe et Genre-Masculin/Féminin, tels qu’ils ont fonctionné depuis une vingtaine d’années à l’université Lumière Lyon 2.

Il devient, grâce au soutien du Fonds Social Européen et de notre université, un centre pour l’égalité des hommes et des femmes et pour les recherches sur le genre, avec pour fonction de coordonner les activités de recherche, de formation, et les actions concernant la vie universitaire portant sur ce champ ; de développer la visibilité des recherches sur le Genre ; de constituer une source de propositions pour l’égalité des sexes à l’Université.

Parmi ses activités et projets, figurent donc :

Un lieu d’accueil et d’écoute

Pour servir de relais entre celles et ceux qui dans notre université recherchent une aide dans ce domaine, et les ressources existantes. Une psychologue sera présente tous les vendredis matins pour aider toute personne confrontée à une situation de violence hommes/femmes, au Sida, à d’autres questions encore… Autour de ces sujets, la parole reste difficile, mais pourtant des ressources existent, que nous pouvons aider à identifier. L’enquête ENVEFF, première enquête nationale sur les violences envers les femmes en France, a été réalisée en 2000. Les résultats montrent que :

  • Les violences touchent les femmes de tous les milieux socio-économiques, dans la vie privée, dans les espaces publics comme au travail.
  • La violence, ce sont des coups mais aussi de multiples agressions physiques, verbales, psychologiques et sexuelles qui forment un continuum.
  • Ce sont les jeunes femmes, de moins de 25 ans, qui subissent le plus d’atteintes et d’agressions de toute nature.
  • Ces situations ne sont pas rares. Près de 3 %, soit 500 000 femmes cumulent agressions physiques et atteintes psychologiques, et dans une moindre mesure des contraintes sexuelles.

Prendre rendez-vous, venir ou téléphoner au 04 78 77 24 84.

Épitre dédicatoire de Louise Labé

« À Mademoiselle Clémence de Bourges, Lionnaize
Étant le temps venu, Mademoiselle, que les sévères lois des hommes n’empêchent plus les femmes de s’appliquer aux sciences et disciplines, il me semble que celles qui [en] ont la commodité, doivent employer cette honnête liberté que notre sexe a autrefois tant désirée à icelles apprendre et montrer aux hommes le tort qu’ils nous faisaient en nous privant du bien et de l’honneur qui nous en pouvaient venir ; et si quelqu’une parvient en tel degré, que de pouvoir mettre ses conceptions par écrit, le faire soigneusement et non dédaigner la gloire, et s’en parer plutôt que de chaînes, anneaux, et somptueux habits, lesquels ne pouvons vraiment estimer nôtres, que par usage. Mais l’honneur que la science nous procurera, sera entièrement nôtre, et ne nous pourra être ôté, ne par finesse de larron, ne force d’ennemis, ne longueur du temps. »
24 juillet 1555.

Un centre de ressources

  • Un centre de documentation, avec une bibliothèque de prêt.
  • Un pôle de coordination visant :
    • à encourager et mettre en œuvre des recherches portant spécifiquement sur la question de l’égalité des chances entre hommes et femmes dans ses diverses acceptions (égalité réelle, symbolique, entre les sexes),
    • à développer les recherches dans le champ, plus large, que nous nommons Masculin/Féminin, dans la lignée du mouvement d’ouverture et de critique épistémologique des disciplines que les chercheuses ont engagé depuis plus de trente ans avec une fécondité jamais démentie, à Lyon 2 comme ailleurs. Ces recherches existent depuis longtemps ; il s’agit surtout d’aider à leur développement et de les faire connaître.

Enseignements

Comme les années antérieures, des enseignements ont pu fonctionner en UV « Découverte » pour la première année sous l’appellation « Sexe et genre », et en deuxième année de psychologie avec les UV « Sexualité et sexuation », « Les premières femmes psychanalystes et Freud », « Identité et catégorisation de sexe », le Centre Louise Labé propose maintenant des enseignements optionnels interdisciplinaires au sein de tous les cursus, et à tous les niveaux. Ces formations optionnelles spécifiques dans le domaine du genre visent à introduire les étudiant-es de toutes les disciplines aux problématiques liées :

  • à la construction des identités sexuées, du masculin et du féminin,
  • aux représentations culturelles et symboliques de la différence des sexes et à leur traitement dans les langues,
  • et au dispositif social de différence des sexes (situation différenciée et dissymétrique des hommes et des femmes, systèmes de sexualité…).

La formation s’appuie sur un vaste champ de recherche transdisciplinaire, qui enrichit depuis de nombreuses années les différentes disciplines à travers des apports spécifiques. Elle ouvre sur deux trajectoires possibles selon que l’étudiant-e quitte l’Université au niveau licence ou poursuit jusqu’à un master, voire un doctorat.

Les étudiantes sont massivement majoritaires à Lyon 2

Parmi les inscrits en DEUG, DEUST, DUT, Licence, Maîtrise, MST, IEP, IUP, DEA, DESS à l’université Lyon 2 (un étudiant étant compté une seule fois dans un seul diplôme) on observe pour les années 1994, 1997 et 2000 une proportion d’environ 71 % de femmes.

Néanmoins leur place est bien spécifique dans la hiérarchie des diplômes :

Lorsqu’on examine la répartition hommes - femmes par cycle, on constate que la proportion de femmes reste pour ces trois années de référence d’environ 71 % pour le 1er cycle, 72 % pour le 2e cycle. Cette proportion est plus faible en 3e cycle mais a tendance à augmenter entre 1994 et 2000 puisqu’elle passe de 58,5 % à 61,6 %.

En effectifs, en 2000, on passe de 7 275 étudiantes /2 949 étudiants en 1er cycle, à 6 950 étudiantes/2 757 étudiants en 2e cycle, à 940 étudiantes/587 étudiants en 3e cycle.

Si l’on s’intéresse maintenant plus en détails au 3e cycle en distinguant les formations DEA et DESS, on voit que la proportion d’étudiantes en DEA a une légère tendance à s’accroître entre 1994 et 2000 (55,3 %/56,9 %) mais que c’est là la plus faible proportion. En DESS, la progression entre 1994 et 2000 est plus nette (62,4 %/67,6 %).

Même si les étudiantes sont nombreuses à Lyon 2, on voit qu’en proportion leur représentation décline en 3e cycle et que c’est en DEA qu’elles sont le moins présentes en proportion.

Par ailleurs, certaines composantes sont plus féminisées.

De plus, quand on se penche sur les filières choisies, on constate ce qu’on pourrait nommer des « couloirs de verre ». Les femmes sont proportionnellement plus présentes dans certaines composantes de l’université. L’étude complète de toutes les filières sur les trois années de référence choisies reste à faire mais on peut d’ores et déjà constater que pour les SHS, la proportion de femmes est de 74,7 % en 2000 (73,1 % en 1994), elle est de 58,4 % en 2000 en AES (56,9 % en 1994).

Bien évidemment il conviendra d’approfondir nos constats en tenant compte à la fois des niveaux et des filières.

On retrouve bien des constats courants dans les recherches : celui du « plafond de verre » et celui que l’on pourrait qualifier de « couloirs de verre ». À savoir que les femmes rencontrent un barrage à la fois vertical et horizontal, qui est néanmoins en train d’évoluer.

Dans le premier cas, cette formation intéresse tout particulièrement ceux et celles qui se destinent à des carrières dans lesquelles ces questions se posent quotidiennement et de façon cruciale, c’est-à-dire spécialement (mais sans exclusive) celles qui relèvent des domaines suivants : l’éducation et la formation au sens large, la culture, le travail social, les ressources humaines, les professions du soin et de la justice…

Dans le second, les étudiant-e-s qui s’orientent vers un master (professionnel ou recherche) peuvent approfondir leur compétence dans ce domaine, soit par des modules transversaux ouverts aux étudiant-e-s de tous les masters de Lyon 2, soit, pour les littéraires, par une spécialité « Masculin-Féminin », et, pour les sociologues, par une spécialité « Genre, égalité, Société » dans leurs masters de référence.

De plus, dans de nombreuses disciplines, cette thématique est prise en compte dans les enseignements obligatoires ou optionnels spécialisés.

À tous les niveaux (professionnalisations diverses, recherche…) il faut souligner que les acteurs sociaux et culturels, dans le cadre des politiques européennes, nationales, locales et des entreprises, se saisissent aujourd’hui fortement de cette question et qu’un domaine professionnel spécialisé est en cours d’élaboration.

Dans le nouveau dispositif, en licence :

  • au semestre 4, six UE libres « sexe et genre, masculin-féminin » sont proposées, comprenant deux UE (de 5 ects) à choisir par l’étudiant-e
  • aux semestres 5 et 6, option « études sur le genre », différentes modalités possibles : parcours interdisciplinaire ou orienté dans une discipline spécifique, option…

Dans tous les cas, les étudiant-e-s suivent trois enseignements dans ce domaine, représentant 21 heures chacun, dont un au semestre 5 et deux au semestre 6.

Les étudiant-e-s de lettres, psychologie et sociologie préparent au moins un et jusqu’à trois de ces enseignements dans leur propre discipline. Les étudiants des autres disciplines choisissent librement. En lettres et en histoire, un même enseignement peut être pris soit au titre du complément de majeure, soit au titre de l’option (mais évidemment jamais aux deux titres à la fois par la même personne).

Une féminisation en cours du personnel enseignant

*En 2000-2001, on dénombre 581 enseignants à Lyon 2 dont 219 femmes pour 362 hommes. Si la proportion de femmes est loin d’être négligeable (37,7 %), le corps enseignant dans le supérieur est majoritairement masculin. Il conviendrait d’observer l’évolution de cette proportion au cours de ces dernières années pour voir l’ampleur du mouvement de féminisation.

Une féminisation encore circonscrite à certains statuts

*Quand on s’intéresse aux grades du personnel enseignant, on constate clairement que la proportion la plus faible de femmes correspond au grade de professeur (20,5 % de femmes/79,5 % d’hommes) alors que la proportion de femmes classées dans les enseignants du 2nd degré ou les maîtres de conférence avoisine les 45 %.

Là encore, une photographie en 2000-2001 nous conduit à constater un plafond de verre.

*Nous n’avons pas pour l’instant étudié la représentation des femmes parmi le personnel enseignant en fonction des filières.

Les enseignantes comme les étudiantes connaissent le plafond de verre.

 

Le personnel IATOS

Des femmes fortement présentes

*Selon les chiffres dont nous disposons pour l’instant (2001-2002), la proportion femmes parmi le personnel IATOS approche les 74 % (273 personnes).

Mais surtout dans certaines catégories

*Là encore, les femmes sont davantage représentées parmi les catégories B et C (respectivement 78,8 % et 76,3 %) alors que la catégorie en comprend 65,3 %.

*La répartition du personnel IATOS par corps nous montre que les femmes sont surtout présentes dans le corps administratif alors que les hommes le sont dans le technique.

Études et recherches

Dans la tradition des journées d’étude Masculin/Féminin de Lyon 2, le Centre Louise Labé, seul ou en partenariat avec d’autres universités et institutions de la région Rhône- Alpes, de France et d’Europe, organise des séminaires, rencontres, journées d’études et colloques ouverts aux enseignant-e-s, chercheur-es, doctorant-e-s et étudiant-e-s, intéressé-e-s par la problématique.

Ce deuxième semestre, dans le cadre des séminaires de l’Institut des Sciences de l’Homme, sont déjà prévues comme conférences :

  • 20 avril 2004, 9-12h, Genre, Identités nationales et construction de l’Europe, Rosi Braidotti (Utrecht University), en collaboration avec le GERA (Groupe d’Étude des Relations Aymétriques, psychologie sociale), à l’IUT-Lumière, Bron.
  • 27 avril 2004, 17-19h, Les rôles masculins et féminins dans les livres d’enfants, Carole Brugeilles (Paris X) et Anne Dafflonnovelle (Université de Genève), à l’ISH, 14 avenue Berthelot, Lyon 7e.
  • 18 mai 2004, 17-19h, Enquête nationale sur les violences envers les femmes, Maryse Jaspard (IDUP-INED), à l’ISH, 14 avenue Berthelot, Lyon 7e.

Les différents conseils de l’université

Une représentation féminine différenciée selon les lieux décisionnels

*Le Conseil d’Administration est composé aux 3/4 d’hommes, le conseil scientifique à 70 % d’hommes et le CEVU à 51,4 % d’hommes.

L’équipe d’enseignantes : Michèle Bacot-Decriaud (sciences politiques), Marie Carmen Garcia (sociologie), Michèle Clement (littérature), Colette Collombboureau (anglais), Christine Durif-Bruckert (psychologie), Claudette Fillard (Anglais), Michèle Fontana (littérature), Annik Houel (psychologie), Odile Journet (ethnologie), Brigitte Lhomond (sociologie), Annick Marnas (sociologie), Patricia Mercader (psychologie), Christine Morin (sociologie), Christine Planté (littérature), Annick Rivet (psychologie), Sylvie Schweitzer (histoire), Merete Stistrup-Jensen (littérature comparée), Laurence Tain (sociologie), Michelle Zancarini-Fournel (histoire).

Chargée de mission : Annik Houel.

Responsables : Claudette Fillard, Marie-Carmen Garcia, Patricia Mercader, Christine Planté, Annick Rivet, Laurence TAIN, Merete Stistrup-Jensen.

Publications

La collection des « Cahiers Masculin/Féminin » aux Presses universitaires de Lyon, sous la direction d’Annik Houel et Christine Planté, publie certains des travaux issus de ces journées. Volumes parus : Langue, nature, discours, Merete Stistrup-Jensen dir., 2001, École et mixités, Annik Houel et Michelle Zancarini dirs., 2001, Sorcières et sorcelleries, Christine Planté dir., 2002, L’Éternel masculin, Patricia Mercader et Laurence Tain dirs., 2003.

Un observatoire

Un observatoire dont l’objectif est d’observer, dans la dynamique de professionnalisation des étudiant-e-s et personnels, les mécanismes sociaux de production d’inégalités liés au système de genre (différence homme/femme, orientation sexuelle), ceci par :

  • l’analyse des mécanismes sexistes dans la langue utilisée à l’Université, et dans les discours qui s’y tiennent (analyse de textes, d’interactions concrètes, etc.) ;
  • l’analyse des orientations proposées aux étudiant-e-s et des stratégies qu’ils ou elles mettent en œuvre ;
  • l’analyse fine, au niveau local, de la répartition par sexe du personnel de l’université à tous les niveaux (métiers, grades, instantes représentatives, etc.), avec une perspective longitudinale quantitative et qualitative, portant sur le rythme des carrières (étude d’une cohorte), les biographies, etc. afin de mettre en évidence, au-delà du simple constat de l’inégalité, les processus et les mécanismes qui la font perdurer.

Voici les tout premiers résultats de nos travaux, menés par Annick Marnas et Laurence Tain :

Les femmes sont présentes à l’université Lyon 2 tant au niveau du public étudiant que du personnel. Ce premier état des lieux se propose d’observer plus attentivement l’évolution de leur place au sein de l’université au cours de ces dernières années.

Nous nous appuyons pour ce faire, entre autres, sur les informations fournies par l’OURIP et les chiffres mis en ligne par le Ministère de l’éducation nationale dans le cadre de la convention interministérielle du 25 février 2000 « pour la promotion de l’égalité des chances entre les filles et les garçons, les femmes et les hommes dans le système éducatif ».

Pour tout contact :
04 78 77 24 84
salle 29, bâtiment K, allée centrale
Ouvert les mardis et jeudis, et le mercredi après-midi.

Responsable administrative :
Dumé Allaix (dume.allaix@univ-lyon2.fr)
centre.louise-labe@univ-lyon2.fr
http://www.univ-lyon2.fr
(Site de Lyon 2, puis Présentation, puis Administration et Services)

References

Bibliographical reference

« Le centre Louise Labé », Canal Psy, 62 | 2004, 13-15.

Electronic reference

« Le centre Louise Labé », Canal Psy [Online], 62 | 2004, Online since 27 avril 2021, connection on 24 juillet 2025. URL : https://publications-prairial.fr/canalpsy/index.php?id=847

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