Numéro coordonné par :
Weiwei GUO (CeRLA, Université de Lyon (Lumière Lyon 2, France))
Denis JAMET (CEL, Université de Lyon (Jean Moulin Lyon 3, France))
La notion de « vieillesse » – et à moindre mesure celle de « vieillissement » – est une notion d’actualité, à géométrie variable, qui n’existe pas en soi mais qui est le fruit d’une construction sociale en perpétuelle évolution dépendant de facteurs contextuels, sociaux, institutionnels et culturels dont l’impact sur les pratiques est attesté. Or, si de nombreuses études abordent ces deux notions, c’est souvent uniquement à travers le prisme de la santé, du soin, de la perte d’autonomie et de la déficience, avec une insistance sur le fait que le changement relatif à l’avancée en âge est généralement connoté négativement dans nos sociétés occidentales (Balard, 2013). Relativement peu d’études se sont penchées sur les représentations véhiculées par les discours sur la vieillesse et le vieillissement, et ce numéro d’ELAD-SILDA entend combler ce vide en interrogeant sociétalement ces deux notions, que nous proposons d’étudier par le prisme des discours produits par et à l’attention des personnes âgées et vieillissantes. À la lumière de l’actualité contemporaine (vieillissement des populations à l’échelle mondiale), récente (effets de la canicule sur les populations âgées dans certains pays) et très récente (crise sanitaire, scandale des EPHAD en France, etc.), nous proposons d’interroger, dans une optique multilingue contrastive/comparative, multiculturelle, sans restriction de langue, ni de modalité (écrit, oral, multimodal…), les notions de « vieillesse » et « vieillissement » à travers les discours produits, afin d’en étudier la diversité des représentations et des attitudes (positives, négatives ou neutres), mais également les effets que ces analyses peuvent avoir sur la société pour mieux appréhender le devenir de nos aîné/es. La personne âgée est elle aussi multiforme et ne saurait se restreindre à un corps et/ou un esprit à soigner. Il conviendra donc d’interroger la personne vieillissante sous toutes ses facettes, pas seulement médicale, et dans des contextes socio-culturels divers, avec une insistance bienvenue, mais non exclusive, sur les attitudes négatives liées à l’âge, c’est-à-dire l’âgisme, tel qu’il est défini, par exemple, par l’OMS (2020) comme un ensemble de « stéréotypes (modes de pensée), préjugés (sentiments) et discriminations (comportements) à l’égard de personnes en raison de leur âge ». L’« âgisme » renvoie ainsi à un ensemble de stéréotypes, de préjugés, de discriminations envers les individus sur la base de leur âge : « [L’âgisme] est fortement institutionnalisé, généralement accepté et incontesté, en grande partie en raison de sa nature implicite et inconsciente » (Officer et al., 2020 : 2). Si la littérature sur les conséquences négatives de l’âgisme sur la santé des personnes âgées est riche, elle est aussi limitée sur le plan de la compréhension de ce phénomène, comme indiqué plus haut, notamment dans sa relation avec des facteurs individuels et contextuels. Les travaux abordant ce sujet à travers le prisme de la langue demeurent quant à eux peu nombreux.
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Les propositions d’articles suivront ainsi une des deux grandes orientations thématiques qui seront privilégiées pour ce numéro thématique d’ELAD-SILDA :
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L’analyse du discours des milieux spécialisés (journalistique, juridique, politique, publicitaire, médical, etc.) : construction et/ou évolution des différentes représentations et attitudes envers les personnes âgées et vieillissantes par les productions discursives variées ;
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L’interaction (analyse des actes discursifs entre patients et personnel médical, patients et familles de patients / aidants, personnes âgées et leur entourage) : variations selon le statut du locuteur et de l’interlocuteur, le technolecte, l’écologie discursive, etc.
Les études proposées se centreront sur les représentations via les discours produits (différents types) et/ou les différentes langues-cultures, afin de mettre au jour les imaginaires collectifs, les attitudes, les stéréotypes (préjugés) conscients ou inconscients et ce qu’ils révèlent de notre conception de la vieillesse et du vieillissement.
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Liste d’objets d’analyse / optiques (non exhaustive) :
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analyse comparative entre les perceptions de la vieillesse et du vieillissement selon les différentes catégories d’âge ;
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analyse contrastive / traductologique (voir comment les différentes langues-cultures se rapportent à ces notions) ; éventuellement traduction d’œuvres fictionnelles à substrat professionnel (ouvrages, films, séries, documentaires, …) qui traitent de la vieillesse ;
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analyse interactionnelle (verbale, para-verbale, non verbale…) ;
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analyse diachronique (évolution des représentations de la vieillesse et du vieillissement) ;
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modalités linguistiques pour représenter la vieillesse et le vieillissement : langage euphémique, métaphorique (non littéral en général), visuel…
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etc.
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ELAD-SILDA publie deux numéros thématiques par an. Les propositions sont à adresser à Denis Jamet (denis.jamet@univ-lyon3.fr) et Weiwei Guo (weiwei.guo@univ-lyon2.fr) avant le 30 juin et les articles complets sont attendus pour le 30 novembre 2023. Les propositions sont expertisées par un comité scientifique international (expertise anonyme en double aveugle). Elles sont de 2 pages maximum et comprennent un abstract (entre 200 et 350 mots), quelques références bibliographiques et des mots clefs en français et anglais (ainsi que dans la langue de l’article, si autre).
