L’équipe de Mélété. Cahiers d’histoire et d’anthropologie du droit a le plaisir de vous présenter son premier numéro. Cette nouvelle revue souhaite mettre en valeur l’étude du droit et du phénomène juridique de manière pluridisciplinaire.
Mélété s’attache à étudier les développements et variations des normes dans l’espace et dans le temps. Il s’agit d’envisager le phénomène normatif au sens large et donc de s’intéresser au processus créatif de la norme ainsi qu’à sa réception. Replacer une norme dans son contexte d’origine permet de dépasser l’exégèse juridique et d’envisager les différentes voix et intérêts qui étaient en jeu lors de sa création. Cette prise en compte de la diversité d’opinions met en lumière comment le droit fonctionne, par quel mécanisme il parvient à traduire les intérêts et points de vue en catégories abstraites représentant (ou transformant) la réalité. L’attention portée à la réception de la norme, à sa compréhension voire à sa contestation est un moyen d’appréhender la relation des justiciables avec les textes juridiques et leurs discours justificatifs. L’interprétation ou la tentative de remplacement d’une norme par la réforme ou par le recours à un ordonnancement concurrent montre alors la compréhension qu’ont les individus de leur agentivité par rapport à un discours dominant. La revue s’attache donc à l’étude des modèles de normativités développés en dehors, en marge ou au cœur même des États passés ou modernes, offrant ainsi une place importante aux travaux sur les systèmes normatifs alternatifs ou concurrents à celui de l’État. L’étude du discours juridique et de l’utilisation de ses catégories et de ses concepts par différents acteurs doit permettre de comprendre en quoi le droit peut être vu tant comme un moyen de domination que d’émancipation.
Mélété souhaite aussi insister sur l’importance de l’anthropologie et des sciences humaines en général pour comprendre les normes et leurs concepts. Pendant longtemps, l’anthropologie juridique a été cantonnée à l’étude de l’Ailleurs et de l’Autre, à savoir l’extra-occidental. Ces objets ont empêché d’approfondir l’étude du phénomène juridique dans les pratiques ordinaires et courantes, d’interroger les impensés et les implicites dans nos discours juridiques occidentaux. En décloisonnant la matière juridique et en invitant des spécialistes d’autres disciplines à s’en saisir, l’objectif est d’interroger les logiques sous-tendant nos systèmes, de mieux connaitre notre passé et de comprendre l’influence que peut avoir une variation juridique (même minime en apparence) sur la société.
Cet objectif de décloisonnement disciplinaire dans la recherche s’accompagne d’une volonté d’une meilleure transmission des résultats de celle-ci. La matière juridique, souvent technique et nécessitant diverses interprétations, est inévitable. En ce sens, il est essentiel que les analyses effectuées ne restent pas enfermées au sein d’une discipline, voire d’une sous-branche de cette dernière. Ainsi, Mélété présente à chaque numéro un article de diffusion de connaissances résumant un travail individuel ou collectif. Le but est de permettre aux personnes n’étant pas spécialistes du sujet (voire étrangères à la discipline) de mieux saisir les enjeux d’une norme ou de montrer les débats actuels au sein d’une matière.
Finalement, Mélété laisse une place importante à la « jeune recherche » tant dans son organisation que dans la construction du numéro. En considérant que de nouvelles approches et de nouveaux questionnements peuvent être portés par des personnes au début de leur carrière, la revue espère que leurs contributions sauront montrer l’actualité de certains thèmes ou en faire émerger de nouveaux.
