Prisonniers et prisonnières politiques dans les pénitenciers du IIIe Reich : l’émergence d’une identité transcendant le genre

DOI : 10.35562/textures.177

p. 37-50

Résumé

Cet article recensera d’abord les différences dans le traitement et le ressenti des détenu.e.s, ainsi que dans les expédients utilisés pour contrecarrer les effets de l’enfermement. On s’aperçoit que les divergences ne sont pas majoritaires. Elles sont perceptibles par exemple dans les travaux imposés aux détenu.e.s, les châtiments, le comportement des gardien.ne.s ou les soins médicaux. Cependant, les similarités entre prisonniers et prisonnières l’emportent largement, dans les trois domaines évoqués. Elles se remarquent notamment dans l’alimentation, l’hygiène, les conditions du travail forcé, la souffrance due à la solitude, le changement de personnalité, les sources de réconfort, le sentiment de solidarité ou les actions de résistance. En conséquence, il semble que l’on puisse définir une identité originale du détenu politique sous le IIIe Reich, indépendante du genre.

Plan

Texte

L’étude des conditions de vie des détenus des pénitenciers (Zuchthäuser) durant le IIIe Reich demeurant lacunaire, cet article traitera de la situation des prisonniers politiques. La tête de l’administration pénitentiaire était presque exclusivement aux mains des hommes, ce n’est que pendant la guerre que la première femme fut employée au ministère de la justice. En 1935, seuls 6 des 167 plus gros établissements pénitentiaires étaient réservés aux détenues féminines, et dirigés partiellement par des femmes. Les prisonnières étaient le plus souvent incarcérées dans les 67 établissements masculins qui disposaient d’un département pour les femmes1. Prisonniers et prisonnières étant incarcérés séparément, cette étude ne se penchera pas sur les rapports de domination entre les sexes, mais recensera d’abord les différences dans le traitement et le ressenti des détenus hommes et femmes, ainsi que dans les artifices mis en œuvre pour contrecarrer les effets de l’enfermement. Étant donné que ces divergences ne sont pas majoritaires, contrairement aux similarités entre détenus des deux sexes que nous envisagerons ensuite, nous nous interrogerons finalement sur l’émergence d’une identité du prisonnier transcendant le genre.

1. Les disparités entre les détenus et détenues

Les prisonniers, et non les prisonnières, rapportent des éléments sur la configuration des pénitenciers, aussi par désir de témoigner, afin que leurs souffrances n’aient pas été vaines2. L’un compare le bâtiment à une « camisole de force », tant il est exigu, surpeuplé et insalubre3. Certains sont profondément déprimés après avoir aperçu « les murs infranchissables, surmontés de barbelés, les tours de contrôle munies de projecteurs4 ». Un détenu signale que le système carcéral avait pour objectif affiché de « détruire systématiquement les résistants, physiquement et mentalement5 ». Un autre transmet l’organigramme du pénitencier6. Les femmes souffrent particulièrement de la surpopulation de ces établissements, du fait de la croissance exponentielle de leur nombre. Dès 1941, celui-ci excédait la capacité des places disponibles. En 1943, 23 % des détenus étaient des femmes (9 % en 1939) et, entre 1935 et 1944, le nombre des pénitenciers réservés aux femmes passa de 6 à 167. Entre 1940 et 1944, le nombre des prisonniers doubla, tandis que celui des prisonnières quintupla8.

La tenue du détenu varie selon les sexes : « pantalon bleu avec une rayure jaune » et « chemise rapiécée » pour les hommes9, « robe de lin noir à rayures jaunes » pour les femmes10. Les effets psychologiques de la faim sont plus perceptibles chez les femmes. L’une affirme que « la faim dévore toute raison11 », tandis que les hommes relèvent plutôt ses séquelles physiques, comme les vertiges ou les maladies12. Hommes et femmes font de la gymnastique, mais les hommes subissent une véritable « militarisation » : « On faisait l’exercice à la prussienne », témoigne un détenu, « on marchait au pas, on s’alignait, on rompait on courait au pas de gymnastique […]13. » Or une directrice de pénitencier qualifia l’« imitation de traditions militaires dans les prisons de femmes » de « parfaitement ridicule14 ».

Des différences sont également notables dans la nature du travail forcé : les femmes sont affectées à certaines tâches et écartées de nouvelles méthodes de production, le personnel pénitentiaire étant convaincu qu’elles ont versé dans la criminalité pour s’être éloignées de l’idéal de la femme au foyer15. Ainsi travaillent-elles par exemple à la buanderie :

Elles devaient porter le linge mouillé sur leurs épaules en [traversant] une cour […]. En cours de route, le linge gelait et leurs robes étaient raides de givre, et c’est ainsi qu’elles se rendaient dans la [buanderie], chauffée à 50 degrés centigrade16.

Réservée aux hommes est l’action de découdre des anciens uniformes datant de l’époque wilhelminienne, en raison de la pénurie de tissu. « De nombreux détenus ne peuvent s’empêcher de vomir, écœurés par la vue et la puanteur de ces vêtements souillés de transpiration et de sang17 ». Est aussi assigné aux hommes l’ébarbage de plumes : « La puanteur des restes de peau pourrissants sur les plumes et l’effroyable poussière étaient à peine supportables18. » Seuls les prisonniers ont également œuvré dans les carrières, « le corps à moitié sous l’eau », avant de retourner mouillés jusqu’aux os dans leurs cellules non chauffées, si bien que nombre d’entre eux mouraient pendant l’hiver19. Les tâches dans les ateliers diffèrent également selon les sexes : les hommes sont employés en menuiserie, tonnellerie, charronnage, serrurerie, plomberie, forges, …, les femmes en couture20. Seuls les hommes semblent avoir été affectés à extérieur, comme les « équipes du charbon », qui doivent, même en plein hiver, sans manteau, charger de lourds morceaux de charbon aux arrêtes aigus et parfois couverts de neige dans des wagons21. Toutefois, les femmes sont loin d’être épargnées : dans un pénitencier, elles doivent rembourrer 54 matelas par jour, dans la poussière et la saleté22. Dans un autre, elles doivent travailler pour une entreprise à des machines à filer la soie, sans jouir de la protection dont bénéficient les employées civiles, si bien qu’elles pâtissent de brûlures d’acide23.

On ne recense des témoignages de contacts positifs qu’entre prisonnières et gardiennes : une détenue garde le souvenir d’une surveillante en chef « maternelle », « qui respecte certes le règlement, mais s’avère plus humaine24 », une autre déclare qu’une gardienne leur est « une amie et une protectrice25 ». Les consultations médicales semblent avoir été particulièrement dégradantes pour les femmes. Un historien rapporte qu’un médecin disposait de peu de temps pour les malades du pénitencier et qu’il montrait « un mépris à peine dissimulé » : « Les femmes étaient accueillies avec des invectives et des brutalités physiques. […] Une gardienne écrivit au procureur qu’il éprouvait de la délectation à s’en prendre aux prisonnières […]26. » Les femmes enceintes souffraient particulièrement du suivi médical déficient : les médecins manquaient du savoir spécialisé et les surveillantes formées comme sages-femmes étaient très rares27.

Pour contrecarrer les effets de la détention, les femmes recourent plus que les hommes aux journaux intimes : l’une d’elles est « heureuse au-delà de tout » d’avoir obtenu un cahier où elle peut noter ses « sentiments, peurs et espoirs d’avenir », qui lui « auraient sinon fait éclater le cœur28 » : « J’ai alors parfois oublié où je me trouvais, et alors je voyais au-delà des murs et des grilles jusque dans un avenir merveilleux […]29. » Les femmes sont plus nombreuses à souligner les vertus positives de la détention pour le caractère : « Celui qui n’est pas une mauviette et ne s’effondre pas d’emblée ressort du malheur plus fort et aguerri30 », écrit une détenue. Une autre ajoute : « Je suis devenue plus mûre dans cette période d’expériences inouïes, je distingue plus clairement les erreurs que je cherchais auparavant à excuser […], et cette prise de conscience va de pair avec la volonté de les combattre31. » La première, condamnée à mort, conclut : « Nous mourrons libres, oui, libres ! Car la vie en prison nous a appris à nous débarrasser de toutes les petites choses dont les gens sont prisonniers à l’extérieur32 ». Un codétenu était frappé par le contraste entre « le visage de jeune fille plein de vie et de gaîté et dépourvu de crainte [de cette prisonnière] et son environnement suscitant l’épouvante33 ».

Ne concerne évidemment que les hommes, à partir de 1942, l’enrôlement dans la Brigade de l’Afrique 999, qui combattit en Afrique du Nord, dans les Balkans et en URSS. Les conditions étaient d’avoir été condamné à moins de trois ans de détention, d’avoir effectué un an de sa peine et de s’être bien conduit34. Lorsque les pénitenciers à proximité du front sont évacués à partir de 1944, les détenus doivent souvent couvrir de longues distances en direction de l’Ouest, à pied, par un froid extrême et avec peu de nourriture. Le taux de mortalité est alors particulièrement élevé chez les prisonnières, apparemment moins immunisées contre les rigueurs de l’épreuve35.

À l’approche des armées alliées, les hommes plus que les femmes se demandent comment anticiper la libération et se défendre en cas d’attaques par des milices nazies, et la résistance se révèle particulièrement active. Elle charge les détenus employés à l’atelier de serrurerie de fabriquer des clefs pour les cellules36. Par ailleurs, les détenus dissimulent des armes introduites en fraude grâce à des travailleurs en extérieur37. Certains préparent même un plan de libération armée qui prévoit d’une part d’isoler le directeur du personnel pénitentiaire – lequel, devant l’effondrement du régime, se rapproche des prisonniers politiques – et, d’autre part, de proposer au directeur de faire assurer la sécurité du pénitencier par des détenus politiques associés au personnel38. Le directeur, acculé, accepte. Nous n’avons pas trouvé trace de telle opération dans les pénitenciers féminins. Après la libération, les hommes plus que les femmes exercent des actions de représailles contre le personnel. Un détenu relate comment trois prisonniers sautent à la gorge d’un gardien particulièrement brutal et le frappent sans retenue39.

2. Analogies entre prisonniers et prisonnières

Nous constatons par conséquent que les divergences entre le vécu des détenus masculins et féminins ne sont pas légion. Il en est tout autrement des similitudes, que nous allons envisager maintenant. Les motifs de la détention sont identiques : opposition au régime, haute trahison ou simple démoralisation. Dès leur arrivée au pénitencier, les détenus des deux sexes se sentent dépouillés de leur identité : « Les nouveaux arrivants comprenaient ici qu’ils étaient intégrés dans l’armée des anonymes derrière les murs40. » Tous transmettent une description similaire des cellules exiguës : « Un lit étroit et un petit tabouret, rien d’autre […]. Nous restions sur le lit toute la journée enveloppée dans la couverture, car il faisait un froid atroce41. » On compte aussi des salles communes, pour une centaine de détenus, mais surpeuplées : « Nous sommes assis littéralement les uns sur les autres42. » Prisonniers et prisonnières témoignent aussi des multiples tourments au quotidien, comme les appels, lors desquels ils doivent aligner devant la porte leurs ustensiles dans un état impeccable43.

Hommes et femmes ont des rapports comparables avec les criminels de droit commun. Une méthode consiste en effet à mêler criminels et détenus politiques dans les mêmes cellules, source de fréquents conflits44. Parfois, les criminels étaient placés à des fins de surveillance des détenus politiques45, mais certains récits indiquent que beaucoup d’entre eux se comportaient de manière loyale avec ces derniers et facilitaient les contacts entre eux en tant qu’hommes de corvée46. Prisonniers et prisonnières sont soumis au même régime de censure : les détenus peuvent envoyer et recevoir une lettre par mois et la censure vérifie qu’elle ne contient aucune information sur les conditions d’incarcération. Une fois par trimestre, le détenu a le droit de recevoir la visite de quelques minutes d’un proche parent, sous contrôle d’un gardien47.

Hommes et femmes reçoivent une alimentation insuffisante :

C’est un moyen dont on espère qu’il brisera la force de résistance de nos camarades. À midi, lorsque nous avions avalé notre litre de bouillie de millet […], il ne se passait pas une heure et nous avions de nouveau une intolérable sensation de faim48.

Mêmes conditions déplorables d’hygiène pour les deux sexes : les sous-vêtements sont renouvelés tous les quinze jours et les prisonniers peuvent se doucher toutes les trois semaines49. Ils peuvent changer de vêtements tous les neuf mois et changer de draps tous les treize mois50. Un détenu se souvient des punaises et des poux51. Le matin, on a à peine deux minutes pour faire sa toilette, sous les injonctions incessantes des gardiens52.

Mêmes modalités de travail pour les hommes et les femmes. Partout, le travail est « un outil essentiel de l’oppression physique et psychique53 ». Si, pour certains, il figure « une possibilité de sortir du vide et de l’isolation54 », dans la grande majorité des cas, il est ressenti comme une épreuve difficilement supportable. Il faut accomplir un pensum journalier, sous peine de sanctions55.

Ceux qui n’étaient pas aptes au travail en extérieur étaient affectés à des ateliers […] de cordonnerie ou de menuiserie, ou encore à des travaux — fortement nocifs pour la santé — de tressage de nattes avec du jonc humide […], et de fabrication de filtres pour masques à gaz56.

Une activité répandue pour les deux sexes consistait à coller des sacs en papier, une activité « à désespérer » selon une détenue57. Il existe de nombreux ateliers de tailleurs, pour la Wehrmacht58. Les conditions et les effets du travail sont identiques pour prisonniers et prisonnières. « On nous force à nous hâter comme s’il y allait du destin de l’armement59. » Une détenue juge cruel qu’on contraigne les condamnés à mort à travailler60. Au cours de la guerre, les détenus des deux sexes connaissent la même évolution : la production de guerre accède à un rang prioritaire : « D’autres halls de fabrication furent aménagés pour les usines d’aviation ‘Arado’ ». Au moins les contremaîtres « traitaient[-ils] les prisonniers humainement et respectaient les détenus politiques pour leurs convictions61 ». Les détenus prennent part à la fabrication de chars, d’avions, d’armes de précision, de canons antiaériens, de munitions et de bombes62. Les femmes sont au fil de la guerre intégrées dans l’industrie de l’armement63.

Peu de distinctions également dans les sanctions infligées aux hommes et aux femmes, dont la plus impitoyable consiste dans la mise aux arrêts, au pain et à l’eau64. Les gardiens des deux sexes sont équipés de matraques dont ils font volontiers usage65. Des châtiments plus cléments résident dans le retrait de la couchette ou la réduction de l’alimentation66. L’influence du système carcéral de la république de Weimar, plus bienveillant, disparaît avec l’embauche de SA67, mais après le départ des jeunes gardiens pour le front, arrive une génération plus âgée, qui, sans convictions nazies, se révèle moins violente68. À de rares exceptions, le comportement des gardiens ne varie pas selon le sexe des détenus. Des nazis de la première heure embauchés comme surveillants sont enclins aux violences69. Un détenu déclare que les prisonniers sont battus à la moindre bévue70. S’ajoutent les multiples chicaneries, « comme le fait de renverser le lit de camp […], de faire nettoyer la cellule ou le couloir, et […] les vociférations inutiles71 ». On distingue trois types de directeurs : le national-socialiste convaincu, le démocrate loyal et le « suiveur », le cas le plus fréquent. Un détenu se souvient du discours d’un directeur, évoquant l’ordre absolu régnant au pénitencier et l’autorité « impitoyable » de la matraque72.

La déficience des soins médicaux est la même pour les hommes et les femmes. Le taux de mortalité parmi les détenus est élevé, dû le plus souvent à des accidents cardiaques, des pneumonies ou la tuberculose. Beaucoup de décès auraient pu être évités en limitant le travail et en autorisant la réception de colis d’aliments73. Des prisonnières témoignent que les médecins de pénitenciers sont des nazis convaincus, qui se distinguent par « leur manque d’intérêt, leur ignorance et souvent leur inhumanité74 ». Un nombre considérable de prisonniers souffrirent de tels dommages physiques qu’ils moururent peu après leur libération ou restèrent invalides75.

Les effets de la détention sont également comparables pour les détenus des deux sexes. Un prisonnier se rappelle avoir perdu 32 kilos76. Un autre rapporte avoir été « condamné à une inactivité permanente », « le plus atroce des châtiments77 ». Le passé est source de souffrance. Un prisonnier se décrit « aspiré dans l’orbite des souvenirs, tristes et douloureux78 ». Hommes et femmes font état d’un changement de personnalité. Une détenue se demande si elle ne perd pas un peu la raison79, tandis qu’un autre affirme être convaincu d’être « un autre homme », « qui a perdu sa confiance dans les autres80 ». La détention en isolement est particulièrement pernicieuse, un prisonnier décrit ses difficultés à se réadapter ensuite à la communauté81. Hommes et femmes usent des mêmes expédients pour supporter leur sort. Tous puisent le même réconfort dans la nature, aperçue par la fenêtre : une détenue dépeint « les arbres qui scintillent sous la parure des flocons de neige82 ». Les prisonniers trouvent un autre apaisement dans leur souci de se cultiver, notamment en matière de marxisme-léninisme83. Une détenue s’étonne que, condamnée à mort, elle ait envie d’apprendre l’italien84. Certains discernent un soutien dans la foi85, ou dans le passé. Ainsi, une détenue confie avoir traversé 44 ans, jusqu’à la naissance, et avoir parcouru une époque merveilleuse, son enfance et sa jeunesse86, tandis qu’un prisonnier allègue qu’il mène « une double vie », « celle du dur réalisme du prisonnier et celle des rêves d’avenir87 ». Les visites et le courrier apportent un grand réconfort : « Je n’arrive pas encore à concevoir que j’ai vu mon père aujourd’hui. […] J’avais l’impression que l’année de prison et la condamnation à mort n’étaient que des spectres nocturnes88. »

Hommes et femmes font preuve d’une grande force d’âme, perceptible dans le souci qu’ils se font pour leurs proches durant les bombardements : « Je suis avec vous, […] je tremble avec vous pour les parents portés disparus89. » La force d’âme est également tangible dans la volonté de survivre. « Tu dois survivre, […] survivre comme communiste90 ». Prisonniers et prisonnières ont une attitude analogue face à leur condamnation à mort. L’attente, menotté pour éviter les suicides, nourri au minimum, est insupportable. Un détenu affirme : « Jusqu’au moment où je surmontai l’angoisse de périr […], ce fut […] chaque minute un atroce combat qui menaçait d’anéantir ma raison91. » Les détenus percevaient vers six heures du matin la chute assourdie du couperet de la guillotine : « Toutes les trois minutes à peu près, le son nous parvenait, à nous qui étions encore en vie. Tous se taisaient92. » Les réactions face à cette situation ne diffèrent pas selon le sexe. Tous se réjouissent pour leurs codétenus épargnés93 et regrettent surtout la peine qu’ils causent à leurs proches : « Je n’ai pas perdu courage et contenance. J’ai seulement le cœur effroyablement douloureux lorsque je pense à votre souffrance94. » Certains défient même la mort : « Vous pourriez me voir rire face à la mort, je l’ai surmontée depuis longtemps95. » Hommes et femmes ont conscience de mourir pour la patrie et leurs convictions : « Mon devoir envers vous et la Pologne », écrit une détenue à ses parents, « c’est de mourir bravement96 ! » « C’est en combattant que je périrai avec ces derniers mots : ‘Vive le communisme97 !’ ». Face à tous ces tourments, les détenus des deux sexes opposent une solidarité sans faille. « Une chose nous était commune […] : le fort sentiment de solidarité, de camaraderie et d’affinité, indépendamment de l’âge et de l’orientation politique98. »

Une véritable résistance s’organise, pour les détenus des deux sexes. Tous ont foi dans la cause : « Nous nous disions : nous devons survivre, nous avons une grande mission99. » Les communistes évoquent même la formation d’une organisation partisane illégale, qui fait le nécessaire pour que les fonctions accordant une certaine liberté de mouvement soient entre leurs mains100. Le premier objectif consiste à communiquer. Hommes et femmes s’entretiennent d’une fenêtre à l’autre, par coups frappés sur le mur selon un code101 ou encore dans la salle d’attente du médecin102. Le deuxième objectif vise à s’informer. Un détenu indique que l’hebdomadaire Das Reich est une source précieuse d’informations, car il offre une image différente de la politique103. Les détenus affectés à la récolte de pommes de terre obtiennent aussi des nouvelles des paysans104. L’une des formes de lutte la plus répandue est l’échange d’informations, sur la situation dans le monde et en Allemagne, ce qui donne force et courage105. Parfois, on écoute Radio Moscou et Radio Londres à partir de postes dans l’atelier de réparations106. Dans un pénitencier, l’équipe de réparateurs établit le contact entre détenus féminins et masculins107. Découlent de cette transmission de nouvelles des discussions politiques sur un sujet précis, tenues selon un détenu tous les dimanches soir dans une cellule collective108. Des prisonniers et prisonnières détenant la plus grande expérience politique organisent même des formations, par exemple sur le marxisme-léninisme109.

Ces hommes et femmes engagés se livrent aussi à des actions de résistance, notamment à l’occasion de jours anniversaires du mouvement ouvrier, comme des arrêts de travail pour commémorer la mort de Rosa Luxemburg et Karl Liebknecht110. Des cours sur l’idéologie national-socialiste organisés par la direction doivent être annulés, car ils sont trop perturbés111. On recherche aussi des liens avec l’extérieur. Les travaux hors du pénitencier ou les contremaîtres d’entreprises permettent d’établir des contacts avec la population ou des camarades en liberté112. Prisonniers et prisonnières se livrent par ailleurs au sabotage du travail, en ralentissant le rythme de l’activité ou en rendant les pièces fabriquées inutilisables113. Certaines de ces actions se déroulent de concert avec des détenus étrangers, comme la formation, dans un pénitencier, d’un groupe de résistants travaillant dans les champs, sous la direction d’un communiste embauché comme gérant après sa libération114. Celui-ci rassemble des armes115 et le groupe parvient à repousser les assauts de SS à la fin de la guerre116. Hommes et femmes se réjouissent bien évidemment de leur libération : « Un cri de délivrance arriva du portail […] : des chars soviétiques sur l’allée conduisant au pénitencier ! […] Les soldats […] ouvrirent une cellule après l’autre117. » Tous éprouvent la même conscience aiguë de l’avenir : « Ce monde nous appartient désormais118 ! » « Nous voulons […] changer le monde et guérir les gens de la folie119. »

Un autre point commun entre prisonniers et prisonnières réside dans la mission qu’ils s’assignent de transmettre un legs à la postérité. « Cela vaut la peine de […] survivre au cachot, afin d’être un témoin […] pour les générations futures120 », qui peuvent ainsi « apprendre que l’on doit se prémunir à temps des dictatures fascistes121. » Le souhait de contribuer à l’édification de la RDA est aussi présent chez les hommes et les femmes : une détenue témoigne que les prisonnières jurèrent de ne pas trouver la paix jusqu’à ce que les racines du fascisme soient anéanties et qu’un nouveau monde de paix et de liberté soit bâti122. Un détenu conclut qu’un nouveau combat a commencé pour imposer les objectifs du bouleversement antifasciste et démocratique sur le sol de la RDA123. C´est le même souhait de prendre part à la construction d’un avenir démocratique en RFA124, où éclot une mémoire concurrente de celle de RDA. Ainsi, un ancien détenu rappelle que beaucoup de prisonniers appartenaient à de petits groupes socialistes sans rapport avec le parti communiste125.

Au terme de cette étude, nous constatons que les similarités entre prisonniers et prisonnières l’emportent largement sur les divergences, si bien que l’on peut définir une identité originale, transcendant le genre, du détenu politique dans les pénitenciers du IIIe Reich. Cette identité se caractériserait notamment de la manière suivante : un dépouillement de l’identité, des rapports ambigus avec les criminels de droit commun, une alimentation et une hygiène déplorables, un travail forcé très pénible, des vexations incessantes, des soins médicaux rudimentaires, des effets nocifs sur la santé et la personnalité, certaines sources de réconfort, une force d’âme devant la mort, la solidarité entre détenus, des actions de résistance, et le souhait de transmettre un legs à la postérité pour une Allemagne démocratique. Par ailleurs, les principes de re-hiérarchisation à l’intérieur d’un même sexe se reproduisent sur le mode de qualités dites « masculines » qui dominent, comme la force ou la brutalité, et de qualités « féminines » intériorisées, comme les émotions ou la sensibilité, de sorte que l’on vérifie bien que cette identité n’a rien à voir avec le sexe biologique, mais constitue une construction sociale qui déprécie certains comportements (faiblesse…) et en valorise d’autres (force d’âme…).

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Notes

1 Nikolaus Wachsmann, Gefangen unter Hitler. Justizterror und strafvollzug im NS-Staat, Munich, Siedler, 2006, p. 83-84. Retour au texte

2 Gerhard Schultze-Pfaelzer, Kampf um den Tod, Berlin (Est), Verlag der Nationen, 1977, p. 87 notamment. Retour au texte

3 Max Frenzel, Wilhelm Thiele, Artur Mannbar, Gesprengte Fesseln. Ein Bericht über den antifaschistischen Widerstand und die Geschichte der illegalen Parteiorganisation der KPD im Zuchthaus Brandenburg-Goerden von 1933 bis 1945, Berlin (Est), Militärverlag der DDR, 1975, p. 25. Retour au texte

4 Walter Schwerdtfeger, « Ein Journalist wird zum Schweigen gebracht », dans Walter Uhlmann (dir.), Sterben um zu leben. Politische Gefangene im Zuchthaus Brandenburg-Goerden 1933-1945, Cologne, Kiepenheuer & Witsch, 1983, p. 42. Retour au texte

5 Frenzel, Thiele, Mannbar, op. cit., p. 27. Retour au texte

6 Ibid., p. 71. Retour au texte

7 Wachsmann, op. cit., p. 245 et 257. Retour au texte

8 Rainer Möhler, « Strafvollzug im ‘Dritten Reich’ : nationale Politik und regionale Ausprägung am Beispiel des Saarlandes », dans Heike Jung, Heinz Müller-Dietz (dir.), Strafvollzug im « Dritten Reich ». Am Beispiel des Saarlandes, Baden-Baden, Nomos, 1996, p. 90. Retour au texte

9 Karel Reichel, Um dich zu befreien, Berlin (Est), Evangelische Verlagsanstalt, 1975, p. 147. Retour au texte

10 Christian Friedrich, Sie wollten uns brechen und brachen uns nicht… Zur Lage und zum antifaschistischen Widerstandskampf weiblicher Häftlingen im Frauenzuchthaus Cottbus 1938-1945, Cottbus, Komitee der Antifaschistischen Widerstandskämpfer der Deutschen Demokratischen Republik, 1986, p. 7. Retour au texte

11 Lore Wolf, Ich habe das Leben lieb. Tagebuchblätter aus dem Zuchthaus Ziegenhain 1943-1945, Dortmund, Weltkreis, 1983, p. 86. Retour au texte

12 Brigitta Faralisch, « ’Begreifen sie erst jetzt, dass wir rechtlos sind ?’ Zeitzeugenberichte über den Strafvollzug im ‘Dritten Reich’ », dans Heike Jung, Heinz Müller-Dietz (dir.), Strafvollzug im ‘Dritten Reich’. Am Beispiel des Saarlandes, op. cit., p. 346-347. Retour au texte

13 Henry Jacoby, Von des Kaisers Schule zu Hitlers Zuchthaus : Erlebnisse und Begegnungen ; Geschichte einer Jugend links-außen in der Weimarer Republik, Francfort/Main, dipa-Verlag, 1980, p. 209. Retour au texte

14 La directrice d’un autre établissement souligna toutefois peu après « la nécessité d’une « éducation sévère aussi pour les femmes vu l’époque », Wachsmann, op. cit., p. 74. Retour au texte

15 Ibid., p. 87. Retour au texte

16 Martin Habicht, Zuchthaus Waldheim 1933-1945. Haftbedingungen und antifaschistischer Kampf, Berlin (Est), Dietz-Verlag, 1988, p. 36. Retour au texte

17 Faralisch, art. cit., p. 353. Retour au texte

18 Frenzel, Thiele, Mannbar, op. cit., p. 50. Retour au texte

19 Schwerdtfeger, art. cit., p. 92. Retour au texte

20 Habicht, op. cit., p. 31. Retour au texte

21 Hans-Joachim Nicke, In Ketten durch die Klosterstraße. Leben und Kampf eingekerkerter Antifaschisten im Zuchthaus Luckau, Berlin (Est), Militärverlag der DDR, 1986, p. 120. Retour au texte

22 Friedrich, op. cit., p. 10. Retour au texte

23 Wachsmann, op. cit., p. 252-253. Retour au texte

24 Faralisch, art. cit., p. 312. Retour au texte

25 Krystyna Wituska, Zeit, die mir noch bleibt. Briefe aus dem Gefängnis, Göttingen, Vandenhoeck & Ruprecht, 1973, p. 127. Retour au texte

26 Wachsmann, op. cit., p. 84. Retour au texte

27 Ibid., p. 83. Retour au texte

28 Wolf, op. cit., p. 34. Retour au texte

29 Ibid., p. 95. Retour au texte

30 Wituska, op. cit., p. 165. Retour au texte

31 Wolf, op. cit., p. 53. Retour au texte

32 Wituska, op. cit., p. 119. Retour au texte

33 Wanda Kiedrzynska, préface de Krystyna Wituska, Zeit, die mir noch bleibt. Briefe aus dem Gefängnis, Göttingen, Vandenhoeck & Ruprecht, 1973, p. 17. Retour au texte

34 Wachsmann, op. cit., p. 287-288. Retour au texte

35 Ibid., p. 365-366. Retour au texte

36 Frenzel, Thiele, Mannbar, op. cit., p. 106. Retour au texte

37 Habicht, op. cit., p. 175. Retour au texte

38 Frenzel, Thiele, Mannbar, op. cit., p. 294, 298 et 311-312. Retour au texte

39 Nicke, op. cit., p. 156. Retour au texte

40 Frenzel, Thiele, Mannbar, op. cit., p. 21. Retour au texte

41 Wituska, op. cit., p. 113. Retour au texte

42 Faralisch, art. cit., p. 343. Retour au texte

43 Frenzel, Thiele, Mannbar, op. cit., p. 30. Retour au texte

44 Habicht, op. cit., p. 69. Retour au texte

45 Faralisch, art. cit., p. 362. Retour au texte

46 Habicht, op. cit., p. 70 et 73-74. Retour au texte

47 Frenzel, Thiele, Mannbar, op. cit., p. 35. Retour au texte

48 Faralisch, art. cit., p. 345. Retour au texte

49 Ibid., p. 319. Retour au texte

50 Friedrich, op. cit., p. 8. Retour au texte

51 Schultze-Pfaelzer, op. cit., p. 59. Retour au texte

52 Schwerdtfeger, art. cit., p. 45. Retour au texte

53 Habicht, op. cit., p. 33. Retour au texte

54 Faralisch, art. cit., p. 351. Retour au texte

55 Wachsmann, op. cit., p. 89. Retour au texte

56 Rainer Möhler, art. cit., p. 100. Retour au texte

57 Wituska, op. cit., p. 157. Retour au texte

58 Schwerdtfeger, art. cit., p. 62. Retour au texte

59 Schultze-Pfaelzer, op. cit., p. 242. Retour au texte

60 Wituska, op. cit., p. 138. Retour au texte

61 Frenzel, Thiele, Mannbar, op. cit., p. 52-53. Retour au texte

62 Wachsmann, op. cit., p. 242 et 244. Retour au texte

63 Ibid., p. 244. Retour au texte

64 Frenzel, Thiele, Mannbar, op. cit., p. 32. Retour au texte

65 Wachsmann, op. cit., p. 76. Retour au texte

66 Habicht, op. cit., p. 28. Retour au texte

67 Ibid., p. 48. Retour au texte

68 Frenzel, Thiele, Mannbar, op. cit., p. 74. Retour au texte

69 Wachsmann, op. cit., p. 76. Retour au texte

70 Frenzel, Thiele, Mannbar, op. cit., p. 54. Retour au texte

71 Faralisch, art. cit., p. 314. Retour au texte

72 Jacoby, op. cit., p. 205. Retour au texte

73 Wachsmann, op. cit., p. 263. Retour au texte

74 Faralisch, art. cit., p. 333. Retour au texte

75 Frenzel, Thiele, Mannbar, op. cit., p. 48. Retour au texte

76 Schultze-Pfaelzer, op. cit., p. 88. Retour au texte

77 Reichel, op. cit., p. 47. Retour au texte

78 Ibid., p. 42. Voir aussi Wituska, op. cit., p. 58. Retour au texte

79 Wituska, op. cit., p. 142. Retour au texte

80 Kurt Adamy, Werner Wölk, Hans-Joachim Wolff, Was bleibt, ist Hoffnung. Eine Briefdokumentation aus Brandenburger Konzentrationslagern, Zuchthäusern und Gefängnissen der NS-Zeit 1933-1945, Postdam, Brandenburgische Landeszentrale für politische Bildung, 1994, p. 122. Retour au texte

81 Ibid., p. 91. Retour au texte

82 Wolf, op. cit., p. 47. Retour au texte

83 Nicke, op. cit., p. 27. Retour au texte

84 Wituska, op. cit., p. 166. Retour au texte

85 Ibid., p. 54. Voir aussi Reichel, op. cit., p. 38. Retour au texte

86 Wolf, op. cit., p. 62. Voir aussi Reichel, op. cit., 1975, p. 13. Retour au texte

87 Schwerdtfeger, art. cit., p. 84. Retour au texte

88 Wituska, op. cit., p. 108. Retour au texte

89 Wolf, op. cit., p. 58. Retour au texte

90 Frenzel, Thiele, Mannbar, op. cit., p. 18. Retour au texte

91 Walter Uhlmann, « Antifaschistische Arbeit. Bericht eines Gewerkschafters », Sterben um zu leben. Politische Gefangene im Zuchthaus Brandenburg-Goerden 1933-1945, Cologne, Kiepenheuer & Witsch, 1983, p. 208. Retour au texte

92 Faralisch, art. cit., p. 367. Retour au texte

93 Wituska, op. cit., p. 61 et Frenzel, Thiele, Mannbar, op. cit., p. 19. Retour au texte

94 Wituska, op. cit., p. 61. Voir aussi Adamy, Wölk, Wolff, op. cit., p. 126. Retour au texte

95 Harald Poelchau, Die letzten Stunden. Erinnerungen eines Gefängnispfarrers, Cologne, Pahl-Rugenstein, 1987, p. 67-68. Voir aussi Wituska, op. cit., p. 67. Retour au texte

96 Wituska, op. cit., p. 176. Voir aussi Adamy, Wölk, Wolff, op. cit., p. 169. Retour au texte

97 Poelchau, op. cit., p. 23. Retour au texte

98 Wachsmann, op. cit., p. 115. Retour au texte

99 Friedrich, op. cit., p. 18. Retour au texte

100 Frenzel, Thiele, Mannbar, op. cit., p. 164. Retour au texte

101 Faralisch, art. cit., p. 359. Retour au texte

102 Frenzel, Thiele, Mannbar, op. cit., p. 119. Retour au texte

103 Ibid., p. 245. Voir aussi Wituska, op. cit., p. 123. Retour au texte

104 Nicke, op. cit., p. 34. Retour au texte

105 Friedrich, op. cit., p. 12. Retour au texte

106 Frenzel, Thiele, Mannbar, op. cit., p. 245 et 226. Retour au texte

107 Habicht, op. cit., p. 147. Retour au texte

108 Frenzel, Thiele, Mannbar, op. cit., p. 249. Retour au texte

109 Nicke, op. cit., p. 91 et Friedrich, op. cit., p. 16. Retour au texte

110 Habicht, op. cit., p. 124. Retour au texte

111 Jacoby, op. cit., p. 211. Retour au texte

112 Nicke, op. cit., p. 36 et Frenzel, Thiele, Mannbar, op. cit., p. 222. Retour au texte

113 Habicht, op. cit., p. 135 et Frenzel, Thiele, Mannbar, op. cit., p. 229. Retour au texte

114 Nicke, op. cit., p. 126-127. Retour au texte

115 Ibid., p. 136. Retour au texte

116 Ibid., p. 150. Retour au texte

117 Frenzel, Thiele, Mannbar, op. cit., p. 325-326. Retour au texte

118 Wolf, op. cit., p. 169. Retour au texte

119 Schultze-Pfaelzer, op. cit., p. 331. Retour au texte

120 Wolf, op. cit., p. 74. Retour au texte

121 Wolfgang Abendroth, préface de Lore Wolf, Ich habe das Leben lieb. Tagebuchblätter aus dem Zuchthaus Ziegenhain 1943-1945, Dortmund, Weltkreis, 1983, p. 13. Retour au texte

122 Friedrich, op. cit., p. 23. Retour au texte

123 Habicht, op. cit., p. 185. Retour au texte

124 Hans Brammer, « Mut, Kraft und Glaube. Über den Zusammenhalt der politischen Gefangenen », dans Walter Uhlmann (dir.), Sterben um zu leben. Politische Gefangene im Zuchthaus Brandenburg-Goerden 1933-1945, Cologne, Kiepenheuer & Witsch, 1983, p. 190 et Wolf, op. cit., p. 75. Retour au texte

125 Hermann Weber, « Vorwort », dans Walter Uhlmann (dir.), Sterben um zu leben. Politische Gefangene im Zuchthaus Brandenburg-Goerden 1933-1945, Cologne, op. cit., p. 11. Retour au texte

Citer cet article

Référence papier

Nadine Willmann, « Prisonniers et prisonnières politiques dans les pénitenciers du IIIe Reich : l’émergence d’une identité transcendant le genre », Textures, 23 | 2018, 37-50.

Référence électronique

Nadine Willmann, « Prisonniers et prisonnières politiques dans les pénitenciers du IIIe Reich : l’émergence d’une identité transcendant le genre », Textures [En ligne], 23 | 2018, mis en ligne le 17 janvier 2023, consulté le 21 juillet 2025. URL : https://publications-prairial.fr/textures/index.php?id=177

Auteur

Nadine Willmann

IEP Strasbourg

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