Dantes Spuren in Italien/Sur les traces de Dante en Italie : le voyage d’Alfred Bassermann

DOI : 10.35562/textures.310

p. 92-103

Texte

Jusqu’à il y a quelques années, les spécialistes de Dante ne se souvenaient d’Alfred Bassermann que pour la solution de questions interprétatives particulières1. Mais auprès des contemporains et dans les années suivant sa mort, le célèbre critique allemand jouissait d’un grand prestige en raison de ses recherches érudites et de ses études philologiques, fondées sur une approche positiviste, qui l’ont conduit à publier un nombre considérable d’articles, d’essais et une traduction autorisée de la Divine Comédie2. Tout récemment, son récit de voyage en Italie sur les traces de Dante a été évoqué dans deux ouvrages, dans le cadre de recherches visant à documenter, au sens large, les modalités inédites de découverte de la Péninsule à la fin du XIXe siècle. Je fais référence aux essais de Raffaella Cavalieri, Il Viaggio dantesco. Viaggiatori dell’Ottocento sulle orme di Dante (2006) et de Attilio Brilli, Il viaggio dell’esilio. Itinerari, città e paesaggi danteschi (2015)3. Dans ces études, le poète italien est célébré pour sa capacité à jeter un regard unificateur sur la Péninsule et à en préfigurer l’unité linguistique et culturelle, grâce à une faculté imaginative extraordinaire et à sa capacité de recréer sous les yeux des lecteurs le paysage italien de façon dynamique, « c’est à dire dans sa complétude historique et anthropique »4. Selon Attilio Brilli encore aujourd’hui le poète italien représente « l’esprit vivifiant par antonomase, apte à donner une âme aux lieux […] et, grâce au pèlerinage douloureux de l’exilé, dont on suit les empreintes, de les réunir dans un seul itinéraire en tant que corrélatif topographique d’une idée de nation possible et souhaitée »5.

Attilio Brilli et Raffaella Cavalieri visent finalement à recomposer le cadre général de l’histoire du voyage et des lieux et s’efforcent de faire converger les perceptions différentes des voyageurs italiens et étrangers sur le même tableau comparatif, en négligeant d’encadrer les regards obliques de ceux qui, comme Alfred Bassermann et en général les voyageurs allemands sur les traces de Dante, interprètent et actualisent la géographie littéraire et les étapes réelles du poète exilé à la lumière des frictions et des contradictions de la vie politique contemporaine. Par ailleurs, on ne peut pas lire le récit de voyage de Bassermann sans considérer la longue histoire de la réception de Dante dans les pays germanophones, une histoire marquée depuis toujours par la préférence accordée à la dimension politique, même aux dépens de l’intérêt pour la Divine Comédie6. Jusqu’au XIXe siècle le poète « hérétique » et excommunié ainsi que son ouvrage sont le lieu de débats sur le rapport entre pouvoir temporel et spirituel, entre empire et papauté ; d’où l’intérêt presque unique pour l’auteur du traité sur la Monarchie et pour des passages isolés du poème caractérisées par des sous-entendus idéologiques. Dante est considéré à la fois comme précurseur d’un sentiment anticlérical pré-réformiste ou, au contraire, nommé afin de démontrer que son hérésie politique doit être interprétée comme refondation du principe de légitimité sur lequel se fondent l’empire et la papauté.

Il faut aussi noter que jusqu’à la publication du livre remarquable de Bassermann les voyageurs allemands ne se réfèrent que rarement à Dante (on peut s’étonner du désintérêt général montré par Goethe dans son Italienische Reise). Et pourtant, le voyageur qui nomme Dante le premier et qui en fait l’éloge, est le prince Ludwig von Anhalt-Köthen (1579-1650), qui parcourt la Péninsule dans la première moitié du XVIIe siècle. Mais seulement deux siècles plus tard, à la suite de la soi-disant Dantemanie, dans les pays germanophones se constitue une école de spécialistes et d’érudits sans pareille dans le contexte européen, qui visent aussi à intégrer le poète italien à la culture allemande, selon la devise « Dante ist unser »7. Le projet s’accomplit en décelant des analogies entre l’œuvre du Dante viator et un contexte topographique, urbanistique et géographique au sens large qui témoigne de l’origine européenne de l’univers moral de Dante. Je pense, surtout, au traducteur le plus réputé de la Divine Comédie en Allemagne, Philalethes, alias Johann von Sachsen qui décrit, après une série de voyages sur les traces de Dante, la structure formelle, conceptuelle et idéologique du poème comme :

ein gotischer Dom, wo manche überladene Verzierungen unserem geläuterten Geschmacke anstössig sein können, während der erhabene, ernste Eindruck des Ganzen und die Vollendung und Mannigfaltigkeit der Einzelheiten unser Gemüth mit Bewunderung erfüllen. Der eine wie die andere sind lebendige Ergebnisse jener reichbewegten Zeit – des nunmehr wieder zu Ehren gebrachten Mittelalters8.

une cathédrale gothique, où la surcharge d’ornements – il faut l’avouer – peut insulter notre goût raffiné, tandis que l’impression sublime et austère de l’ensemble et la perfection et la variété des détails nous étonnent et nous remplissent l’âme. L’une comme l’autre sont des produits vivants de cet âge d’émotions, de ce Moyen Age qui a désormais été remis à l’honneur.

C’est précisément à Dresde, la ville de Johann von Sachsen, que sera publiée très rapidement une traduction de l’ouvrage qui représente pour Alfred Bassermann l’archétype du voyage sur les traces de Dante, à savoir le Voyage dantesque par Jean-Jacques Ampère, dont la première édition paraît dans la Revue des deux mondes (IV, 1839), et ensuite dans le volume La Grèce, Rome et Dante. Études littéraires d’après nature (1848 et, en sixième édition, 1884)9.

Le fils du scientifique célèbre pour ses études sur l’électricité parcourt l’Italie dans l’intention d’appliquer sa « critique en voyage », comme il la définit. Il est persuadé que les études sur l’art seront toujours insuffisantes « tant qu’on n’aura pas visité les pays où vécurent les grands écrivains, contemplé la nature qui les forma, et retrouvé, pour ainsi dire, leur âme dans les lieux où elle en est encore empreinte. Comment comprendre leur coloris si on ne connaît leur soleil ? »10. Ampère effectue deux voyages en Italie afin de visiter les lieux décrits dans la Divine Comédie, à partir de la Pise du comte Ugolin ; il se rend dans les villes majeures de Toscane, traverse l’Ombrie et le Latium, continue vers Orvieto, Bologne, Vérone, Padoue, Rimini et Saint-Marin. Son récit est très différent de la littérature de voyage de l’époque : l’écrivain ne recourt pas au journal intime ou au genre épistolaire, mais reconstruit le voyage à posteriori en adaptant son matériau à un itinéraire qu’il tire de la vie et des ouvrages du poète italien. Et il se montre peu intéressé par les descriptions du paysage de Dante qui séduiront Alfred Bassermann.

Trois années seulement après sa première publication, le récit du voyageur français est traduit en allemand par Theodor Hell (1840), nom de plume de Karl Gottlieb Theodor Winkler, un lettré, poète et publiciste originaire de Waldenburg, franc maçon, Grand Maître de la Landesloge von Sachsen, et collaborateur du futur roi de Saxe.

Le livre d’Ampère, tout comme la version de Theodor Hell, sera traduit immédiatement en italien par Filippo Scolari et publié à Venise en 184111. Mais le traducteur italien croit que le collègue allemand aurait réélaboré ses souvenirs personnels d’un voyage en Italie ; il suppose aussi que derrière le nom de l’auteur du récit se cache le futur « roi dantesque » de Saxe (dès 1854), Johann von Sachsen, qui dans les années suivantes, en tant que Bildungsbürger (citoyen cultivé), jouera un rôle de premier plan dans les négociations diplomatiques pour renforcer la Confédération germanique, bien que « son action inlassable pour la création d’une Grande Allemagne chez la Diète des princes à Francfort (1863) soit contrecarrée par les manœuvres habiles de Otto von Bismark »12. Même après l’adhésion de la Saxe à la Confédération de l’Allemagne du Nord dominée par la Prusse (1867) et après avoir renoncé, à la suite de la Guerre Franco-allemande, à toute une série de « privilèges anciens en faveur du Deuxième Reich », Johann von Sachsen reste fidèle à ses idées sévères sur le légitimisme et reconfirme sa foi absolue au droit monarchique, des principes qu’il croit retrouver « à chaque pas dans l’univers moral de Dante »13. Dans ce contexte, la traduction du récit de voyage d’Ampère par Theodor Hell acquiert le sens d’un acte politique, bien qu’il ne s’agisse que d’une version littérale, une véritable traduction mot à mot. Le texte d’Ampère permet de délivrer Dante définitivement de toute interprétation protestante et progressiste en faveur du modérantisme déclaré dans l’introduction du Voyage dantesque :

Man muß dem Geiste und der Wahrheit treu bleiben, quand même, man muß am Christenthume fest halten, troz der Gründe gewisser Lobredner, und der Versicherungen gewisser Gläubigen, man muß der Freiheit treu bleiben, troz gewisser Liberaler…14

On doit rester fidèle à l’esprit et à la vérité, quand même, on doit se conformer à l’orthodoxie chrétienne, en dépit des raisons de certains panégyristes, et en dépit de l’assurance de certains croyants, on doit rester fidèle à la liberté, en dépit de certains libéraux.

Le livre de Bassermann, publié plus de cinquante années plus tard, est affecté par un contexte politique qui a profondément changé et repose sur des principes idéologiques différents : Dante et la topographie dantesque sont envisagés de façon antithétique à l’approche légitimiste, catholique et modérée de Philaletes.

Né à Mannheim en 1856 (il mourra à Heidelberg en 1935), Alfred Bassermann appartient à une riche famille de banquiers. Après les études en droit, il se plonge dans l’activité littéraire et, en quelques années, il est reconnu comme un spécialiste éminent de Dante, devient membre de la Deutsche Dante-Gesellschaft et publie des articles dans les revues consacrées à Dante en Italie et en Allemagne, les plus réputées de l’époque. Son essai Dantes Spuren in Italien, immédiatement traduit en italien par Egidio Gorra sous la supervision de l’auteur15, obtient un succès immédiat et universel ; mais, il faut le noter, Bassermann est à cette époque un personnage intouchable chez les spécialistes de Dante. Aujourd’hui encore, son récit de voyage est considéré comme une source fiable, mais seulement pour des questions exégétiques particulières, tandis que la structure générale de l’ouvrage apparaît assez faible et grevée par un pédantisme philologique et par l’enthousiasme de l’auteur pour des hypothèses insuffisamment étayées. Le caractère visionnaire de ses postulats critiques et la tendance à se laisser entraîner par des suggestions d’autrui amèneront Bassermann à proposer dans les années vingt des théories hasardeuses : il s’obstine à proposer une équivalence prophétique entre l’image du Führer et le Vautre (ou Lévrier), allégorie de Dante pour désigner le chef d’armée destiné à délivrer la Péninsule du pouvoir excessif du Pape, ce qui lui coûtera l’expulsion de la Dante-Gesellschaft16.

Bassermann part pour l’Italie avec un bagage de lectures sur Dante comprenant les essais récents de Karl Witte et Giovanni Andrea Scartazzini, ainsi que les commentaires des anciens (Boccace, Francesco di Bartolo, Giovanni Villani, Benvenuto da Imola). Ampère apparaît à bon escient pour commenter les comparaisons entre les passages de la Divine Comedie et les paysages italiens que Bassermann veut contempler « an Ort und Stelle » (sur place, expression souvent réitérée dans le texte). C’est à partir du récit d’Ampère qu’il formule la théorie d’une recherche littéraire sur le terrain fondée sur des éléments d’ordre topographique et historique ; dans son récit de voyage il recourt donc surtout à l’écriture argumentative. Son effort vise à réfuter ou à étayer les interprétations courantes sur le poème de Dante ou sur la vie du poète. Le lecteur doit se confronter à des dissertations interminables, souvent oiseuses, avec des épisodes d’histoire locale reconstruits de façon minutieuse, ou avec de complexes questions philologiques et lexicographiques.

Mais le voyageur s’engage surtout dans la comparaison entre les aperçus du paysage de la Divine Comédie et le contexte réel, afin de témoigner de l’habilité du poète, capable de décrire les aspects divers de la nature italienne de façon claire et fidèle17 :

Bewundernswerth ist wieder die knappe Klarheit der Topographie. [...] Das sind Feinheiten des Ausdrucks, die man erst an Ort und Stelle würdigen lernt, die aber auch der Dichter nur an Ort und Stelle finden konnte. (DSI, p. 45-46)

On peut admirer de nouveau la clarté mesurée de la topographie […] Ce sont des finesses de l’expression qu’on ne peut qu’apprécier sur place et que le poète lui-même ne pouvait imaginer que sur place.

Bassermann essaie de vérifier si les lieux décrits dans la Divine Comédie sont encore comme ils l’étaient à l’époque de Dante ; il exprime sa déception lorsqu’il les retrouve modernisés, comme le monastère de Camaldoli, « sécularisé et transformé en un lieu de villégiature avec tous les conforts modernes »18. Le voyageur, dans l’effort d’ancrer les vers de Dante dans le paysage réel, propose au lecteur un double parcours : dans le présent géographique et urbain de l’Italie qu’il visite, il veut retracer les fragments du passé, afin de récupérer un monde invisible, enseveli et métamorphosé par l’histoire. Il va ainsi au-delà du projet d’Ampère.

Cependant, il présente son ouvrage comme le récit d’une expérience réelle, comme le suggère l’épigraphe qui reproduit la devise de Goethe tirée des Krimsonetten : « Wer den Dichter will verstehen, / muß in Dichters Lande gehen ». Le volume est donc le résultat du travail de vérification conduit par le chercheur sur le terrain, une lecture en voyage de la Divine Comédie, le seul poème digne d’être comparé à celui de Goethe, Faust, car Dante, comme le poète allemand, ne tire pas les éléments descriptifs des livres, mais de sa propre observation du paysage19.

Réparti en douze chapitres correspondants aux lieux de la Divine Comédie, le volume est enrichi d’une carte géographique et d’un recueil iconographique concernant la dernière partie du texte consacrée au rapport entre le poème de Dante et les arts figuratifs. Mais Bassermann est séduit surtout par le paysage italien qu’il peut admirer de ses yeux et qu’il retrouve dans la Divine Comédie :

Und gerade die wunderbar plastischen Landschafts-Schilderungen aus seinem Heimathland waren es, die mich immer wieder Halt machen, die Frage immer wiederholen ließen. Und der Reiz war so groß, daß ich mich entschloß, mein Bündel zu schnüren und mir an Ort und Stelle die Antwort zu holen. (DSI, p. 2)

Et c’étaient précisément les merveilleuses descriptions plastiques du paysage italien qui attiraient toujours mon attention et qui m’amenaient à me poser toujours la même question. Et le charme était si puissant qu’enfin je me suis décidé à faire mes bagages et à m’en aller chercher la réponse dans la patrie du poète.

Dans son ouvrage Bassermann nous propose donc un véritable récit de voyage : l’écrivain utilise en effet les stratégies rhétoriques propres au genre littéraire. Il se présente comme un personnage de fiction et comme un guide, un Virgile contemporain qui accompagne le lecteur, pas à pas, à la découverte des lieux de Dante et adopte le point de vue du voyageur réel :

Ich war oben auf dem Prato al Soglio, auf dem Kamm der Apenninen. Wunderbar war die Aussicht, die sie bot, und der Genuß wurde noch gesteigert durch die klassische Einfachheit der Boden-Gestaltung. (DSI, p. 47)

J’étais arrivé à Prato al Soglio, au sommet des Appennins. Merveilleuse était la vue qu’offraient les lieux, et le plaisir était plus fort grâce à la simplicité classique du paysage.

Zu Dantes Zeiten mußte der Rom-Fahrer einige Miglien nordwärts der Stadt von der Via Cassia abbiegen […] Durch die öde Campagna zieht sie daher, weit und ist nichts zu sehen als die träumerischen, kahlen Hügelwellen […] Nun erhebt sich eine Anhöhe vor uns mit Pinien, Cypressen und Landhäusern. Das ist der Monte Mario. […] Da mit einem Mal tritt links die Höhe zurück, die Straße schwingt sich nach rechts in stolzem Bogen am Berg hin, der Engpaß ist überwunden, und zu unsern Füßen dehnt sich das heilige Rom von Sanct Peter bis zu den Hügeln con Acqua Acetosa. Noch heute, wenn wir nur einen Spaziergang machen und Rom schon hundertmal gesehen haben und auf den Anblick gefaßt sind, überkommt es uns wie ein Schauer der Ehrfurcht, und wir hemmen unwillkürlich den Schritt, und es wandelt uns an, mit abgenommenem Hute die Hehre zu grüßen. Welch gewaltigen Eindruck muß der Anblick erst auf den Wanderer gemacht haben, der an dieser Stelle zum ersten Male der ersehnten Stadt Ansichtig wurde ! Mit unfehlbarer Sicherheit hat Dante die Stelle getroffen. (DSI, p. 4)

À l’époque de Dante ceux qui se rendaient à Rome, devaient s’éloigner de la Via Cassia, à quelques milles au Nord de la ville, […] Cette route continue à travers la campagne déserte, et tout aux alentours on ne voit que les vagues des collines romantiques et dépouillées, […] En effet, voilà que surgit devant nous un haut plateau peuplé de sapins, de cyprès, et de maisons. C’est monte Mario. […] Et tout d’un coup le haut plateau va disparaître à gauche, la route grimpe sur l’arche superbe de la montagne, une fois la gorge dépassée, à nos pieds s’étend Rome, la ville sacrée de Saint Pierre jusqu’aux collines d’Acqua Acetosa. Aujourd’hui encore, même si nous y allons pour notre plaisir, nous sommes saisis par un sentiment de vénération ; nous ralentissons le pas involontairement, et sommes saisis par l’envie de saluer respectueusement la ville sacrée. Quelle impression puissante doit avoir produit ce spectacle dans l’âme du pèlerin qui entrevoyait de cet endroit pour la première fois la ville désirée ! Dante a su choisir le lieu avec une assurance sans faille.

Au moyen des déictiques et des verbes au présent, et grâce au passage du pronom impersonnel man à la première personne singulière (ich) et plurielle (wir), la description semble se déployer en temps réel. Bassermann veut donner au lecteur l’impression que la nature se matérialise sous ses yeux comme lors d’une révélation soudaine. Ailleurs il a recours à une technique très utilisée chez les écrivains italiens de la même époque, c’est-à-dire qu’il nous propose une vision tout à fait émotionnelle des lieux afin de suggérer un voyage dans le passé :

meine Einbildungskraft bevölkerte den Platz mit dem waffenklirrenden Treiben, das am Vorabend jener gewaltigen Entscheidung hier geherrscht haben muß. (DSI, p. 35)

mon imagination peuplait les lieux de bruits des armes, qu’on devait entendre la veille de cette décision puissante.

Bassermann essaie de développer la description du paysage sans solution de continuité : ses réflexions critiques sont insérées dans de vastes cadres topographiques, au milieu des tableaux imposants de la nature italienne, avec de longues notations hydrographiques, afin de conférer au récit le caractère d’un flux narratif continu. Le voyageur allemand se démontre capable « de transformer les lieux qu’on suppose visités par le poète italien en de véritables textes en dialogue avec les vers des trois cantiche [parties] du poème »20. Un passage exemplaire vient de la description de la Maremma, que Dante avait choisie comme toile de fond du chant XIII de l’Enfer, celui des suicides. Comme dans une anamorphose, Bassermann étire et dilate l’image du poème, y introduit les débris des traductions et des versions de la Comédie, comme dans un court-circuit borgésien (L’Alef) qui de la mémoire de l’hypotexte, de copie en copie, aboutit à un texte qui coïncide parfaitement avec l’original. À partir d’une sorte de paraphrase du paysage réel que Bassermann peut contempler devant lui, et de la mémoire du poème et de ses traductions, on revient aux terzine (rimes tierces) du poète italien. L’appropriation du paysage est donc achevée en imaginant que Dante ait construit son monde de ténèbres à l’envers du paysage allemand :

Da ist nichts von der feierlichen milden Poesie unseres Waldes, keine stolzen Hochstämme, keine lauschigen Büsche, keine weiten Durchblicke und moosigen Lagerplätze. Wo wir uns hinwenden, umgibt uns dichtes feindseliges Unterholz, meist Steineichen und Korkeichen mit ihrem verworrenen Astwerk und dem düsteren Dunkelgrün ihrer harten Lederblätter. Ohne Ende und Lücke begleitet es unsern Pfad, und wenn einmal ein Baum darüber hervorsieht, so ist es ein verwachsenes Ungeheuer, das sich mit zornig verrenkten Gliedmaßen aus dem Wirrsal emporringt. Noch heute kann man die Maremmenwälder nicht besser beschreiben als mit den Worten Dantes :

Qui nulla si trova della solenne e dolce poesia della foresta tedesca : non fusti alti e superbi, non dilettevoli cespugli, non vedute lontanamente perdentesi, non muscosi luoghi di pace. Ovunque noi ci volgiamo, ne circondano fitti e selvatici alberi di basso fusto, il più sovente roveri e sugheri dai rami involti e dalle foglie coriacee di un fosco color verde. Senza fine e senza interruzione ci accompagna questo spettacolo pel nostro sentiero, e quando talvolta un albero sovrasta agli sterpi, esso altro non è se uno storto mostro, il quale colle sue membra nodose si divincola a stento dal garbuglio che lo attornia. Ancor oggi non si potrebbero meglio descrivere i boschi delle Maremme che colle parole di Dante :

Nicht grüne Blätter – nein, von tiefem Schwarz,

Non frondi verdi, ma di color fosco,

Nicht schlanke Zweige – knorriges Geäste,

non rami schietti, ma nodosi e involti,

Nicht Früchte – nein, von gift’gen Dornen starrt’s.

non pomi v’eran, ma stecchi con tosco.

Inf. 13, 4

Inf. XIII, 4

und unwillkürlich wird die Phantasie angeregt, die seltsamen Baumformen, die aus dem Dickicht auftauchen, zu beleben, wie es Dante gethan hat. (DSI, p. 140)

e involontariamente la nostra fantasia è indotta ad animare, come ha fatto il poeta, le strane forme di alberi che sporgono dalla boscaglia. (ODI, p. 327)

Ici on ne trouve rien de la poésie douce et solennelle des forêts allemandes : pas de troncs hauts et superbes, pas de broussailles agréables ; pas de vues qui s’estompent au loin ni de lieux de paix couverts de mousse. Où que nous tournions nos yeux, nous sommes entourés par les bas fûts d’arbres épais et sauvages, plus souvent des chênes et des lièges aux rameaux tordus et au feuillage coriace de couleur vert sombre. Nous sommes accompagnés sans cesse et sans fin par cette vue pendant notre chemin, et lorsque parfois un arbre surpasse par sa hauteur les halliers, il n’est qu’un monstre tordu, qui peut à peine échapper avec ses bras noueux à l’enchevêtrement qui l’entoure. Aujourd’hui encore on ne pourrait mieux décrire les forêts de la Maremme que par les vers de Dante :

Verte feuille n’y eut, ains brune et sèche ;
ni lisse tige, ains à durs nœuds retorse ;
non fruits ni baies, ains vemineux picois :
Inf. 13, 4

Et malgré nous notre imagination est amenée à animer, comme le poète, les formes étranges des arbres dépassant les broussailles21.

On peut remarquer ici la métamorphose des syntagmes et des lexèmes que Bassermann tire du paysage, à travers la mémoire du poème, et que le traducteur italien reconduit à la source littéraire.

Un deuxième passage exemplaire vient des pages où le voyageur suit pas à pas le cours du fleuve Arno à la lumière des vers de Dante qui représentent à ses yeux « le mélange prodigieux d’objectivité et de subjectivité au plus haut degré, derrière lequel se cache le secret de la faculté poétique de Dante »22.

Le regard de Bassermann ne se limite pas au « paysage mathématique et imaginaire » décrit dans la Divine Comédie23. Il va bien au-delà des lieux de l’œuvre et de la vie Dante, afin de lier de façon harmonieuse les étapes de son itinéraire ou de rapprocher les lecteurs allemands de la sensibilité paysagère du poète italien. Le bois de Camaldoli apparaît « si superbe et solennel, qu’on ne pourrait en voir de plus beaux sur les montagnes allemandes »24. Sur le chemin entre les Marches et l’Ombrie Bassermann croit « être de nouveau dans les montagnes allemandes »25. Les pinèdes de Viareggio ou Gombro donnent au voyageur et au lecteur (spectateurs solidaires enchaînés par un « wir » réiteré) « une impression ennuyeuse de somnolence mélancolique, semblable à celle des pinèdes allemandes »26.

C’est l’itinéraire esquissé par Bassermann dans les presque 400 pages de son volume pour nous montrer la structure idéologique latente du récit. Le lieu de départ n’est pas celui du voyageur allemand, qui en réalité arriverait du Nord, ni Florence, la ville de Dante, mais Rome, car la ville éternelle représente le centre idéal de l’empire universel sur lequel le poète bâtit sa doctrine politique.

Dans le récit Bassermann, exerçant sa fonction de Dantes-Freund, philologue et érudit éminent, cherche la solidarité du lecteur commun : il manifeste son enthousiasme pour la couleur locale, pour le pittoresque, et révèle sa tendance à « sentimentaliser » le paysage. Mais à Rome il devient aussi un médiateur attardé de l’esthétique des ruines, lorsqu’il prévient le lecteur du désintérêt de Dante pour les vestiges romains. Le poète italien, d’autre part, est le fils de son époque et, en même temps, un prophète, un homme qui regarde au-delà des ruines du présent vers la culture future de la Renaissance.

Si Rome est le centre de la pensée politique de Dante, Florence en représente le cœur. L’intérêt du voyageur est excité par l’univers affectif et familial du poète, qu’il essaie de reconstruire lorsqu’il se rend à la maison de Dante, un lieu qui le déçoit à cause de la présence des touristes (« les malheureux voyageurs munis de Baedecker »)27, qui ne peuvent même pas y retrouver un brin de l’esprit du grand poète28. À Florence aussi Bassermann s’efforce de détecter les restes de ce que Dante a vu de ses yeux : il n’y a désormais que la statue de Mars sur le Ponte Vecchio, « symbole de la ville païenne », et le Baptistère, « emblème de la Florence chrétienne »29.

Après avoir remonté le cours du fleuve Arno, il parvient à Pise, une ville que Dante n’a jamais visitée mais qui a été l’objet d’une tirade de fureur dans le chant XXXIII de l’Enfers :

Ha ! Pise, honte entre toutes les gens
du beau pays où le si latin sonne
(Inf. 33, 79-80)

Pise est cependant liée aux mésaventures du comte Ugolin della Gherardesca, épisode qui au XIXe siècle constitue, avec celui de Paolo e Francesca, une sorte de diptyque populaire : selon Bassermann Ugolin et Francesca, « les deux enfants préférés du poète », « sortent du cadre du poème en violant l’économie de l’ensemble qui [ailleurs] est respectée avec prudence »30. Mais si l’histoire de Paolo et Francesca n’est que l’expression du pathos romantique, au-delà du goût pour le macabre manifesté par l’allusion au cannibalisme Ugolin introduit une thématique politique : le comte était un gibelin lié à la maison des Hohenstaufen et Pise « un bastion du gibelinisme depuis longtemps »31. Et c’est ici que Bassermann exagère en envisageant Dante comme le fils idéal de Pise, ville traditionnellement fidèle à l’empereur qui salue l’arrivée de Henri VII de Luxembourg avec enthousiasme et qui à sa mort résonne de cris de douleur qui touchent le poète.

On peut expliquer l’interprétation du voyageur allemand comme le résultat extrême d’une tradition fondée sur l’idée de l’écrivain italien Ugo Foscolo d’après lequel Dante est considéré comme un gibelin fugitif ou un gibelin déguisé. En effet Dante fait l’éloge de l’empereur (« l’alto Arrigo ») dans le chant XXX du Paradis et le 31 mars 1311 écrit une lettre aux Florentins pour les convaincre de se soumettre à Henri VII, le seul capable de rétablir l’équilibre entre pouvoir temporel et spirituel en Italie. Mais Bassermann exagère de nouveau : même si la première condamnation de Pise par le poète est « ineffaçable », Dante, en tant que « défenseur zélé du droit impérial, avait assez de raisons pour regarder Pise comme le quartier le plus important pour l’empereur » ; d’autre part, la ville aurait été « son lieu de refuge naturel »32.

Après avoir visité et déploré le cénotaphe de Dante à Ravenne, un monument en style classique, tout le contraire du caractère du poète italien, le voyageur fait l’éloge de la cathédrale d’Assise, expression d’une spiritualité en formes gothiques, « solidement plantée sur terre » et connotée par « une couleur panthéiste », un modèle architectural adopté par les Franciscains « lorsqu’il n’y avait presque pas d’églises tout à fait gothiques en Allemagne »33.

Une fois l’Italie du sud traversée, où presque rien n’est lié à Dante, sinon les vers évoquant « les derniers actes » de l’histoire des Hohenstaufen34, c’est-à-dire, de Manfred et Conradin, Bassermann revient au Nord, traverse la plaine du Pô et se laisse transporter de nouveau par des associations libres de caractère politique. Mantoue, la ville de Sordello, est décrite comme « mißmuthig » (DSI, p. 179), « silenziosa e malinconica » (silencieuse et mélancolique) selon la version infidèle du traducteur italien. L’adjectif allemand fait référence au sujet politique implicite, confirmé par le voyageur lorsqu’il dénonce l’état de décadence de la ville, condition irréversible engendrée par le sac des Autrichiens de 1630, un épisode assez ancien que Bassermann associe, en tout anachronisme, à un passage célèbre du Purgatoire : « Ha serve Ytaille, herberge de douleur, / nef sans pilote en obscure tempête, / dame entre siens vassaux ? non, mais bordel ! » (Purg. 6, 76-78). D’autre part, quand il arrive en Vénétie, les enjeux idéologiques de Bassermann sortent de l’ombre et Dante peut enfin être présenté comme poète anti-habsbourgique avant la lettre et sa topographie comme une prophétie géopolitique renouvelée et toujours renouvelable.

Plutôt que terminer son voyage à Venise, ville à laquelle Dante ne fait référence qu’une seule fois, Bassermann se rend à Pula et en Istrie. On peut imaginer le voyageur à Trieste, bastion de la Société Dante Alighieri et des irrédentistes italiens, où l’on a développé une idée de Dante comme champion des exilés et du patriotisme.

De nouveau Bassermann ne peut pas compter sur des documents fiables afin d’attester du séjour de Dante à Pula. Mais il suffit au chercheur allemand de citer les vers où Dante nomme le Golfe de Quarnaro, « ce bras de mer qui s’étend de la pointe méridionale de l’Istrie jusqu’à Fiume » et qui vient désigner « la frontière italienne »35. Bassermann a donc travaillé surtout d’après son imagination, mais cette notation finale lui permet d’insérer au sein de la description une pointe polémique franchement anti-autrichienne :

Wenn wir uns von Dante auf unserer Wanderung durch Italien führen lassen, so dürfen wir an der heutigen politischen Grenze seines Heimatlandes nicht Halt machen. Die Irredentisten können sich unzweifelhaft auf ihren großen Landsmann befuren, wenn sie Triest und Istrien für Italien in Anspruch nehmen. (DSI, p. 197)

Si dans notre pèlerinage à travers l’Italie nous nous laissons conduire par Dante, nous ne pouvons pas nous arrêter aux frontières politiques actuelles de son pays natal. Les irrédentistes peuvent sans aucun doute s’appuyer sur l’autorité de leur grand citoyen, quand ils revendiquent Trieste et l’Istrie pour l’Italie.

L’exactitude de l’indication géographique de Dante est confirmée lorsque le voyageur, après avoir traversé Pula, se retrouve dans une région « où les oreilles ne sont plus caressées par l’harmonie familière du “sì”, mais des sons slaves incompréhensibles nous font clairement comprendre avec amertume que maintenant nous avons vraiment traversé les frontières italiennes »36.

Dans les pages finales de son récit, consacrées à la description du Karst, le critique allemand nous fournit enfin la clé de sa relecture du cosmos moral de Dante, le stratagème mythopoïetique, la ruse hérmeneutique qui lui permet de donner un tournant politique à sa topographie de la Divine Comédie : « “Da cosa nasce cosa”, de fil en aiguille dit l’Italien »37. Le voyageur a trouvé finalement ce qu’il cherchait : « C’était ce que je cherchais ; et ainsi je pouvais en profiter ; et ainsi Dante avait pu utiliser son image »38.

Bassermann se rend donc en Italie avec le propos de développer une thèse politique ; il ne doit que faire coïncider le texte et le contexte de Dante, ce qui se révèle dans les Alpes juliennes :

Zug für Zug stimmen Vorbild und Abbild überein, und Dante’scher Geist ist es, der uns anweht aus der Unterwelt der Julischen Alpen. (DSI, p. 205)

À chaque pas le modèle et la copie concordent, et c’est l’esprit de Dante qui souffle sur nous du monde souterrain des Alpes juliennes.

Bibliographie

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Notes

1 Cf. Wilhelm Theodor Elwert, « Bassermann, Alfred », in Enciclopedia Dantesca, vol. I (1970), p. 530-531, disponible sur Internet (https://www.treccani.it/enciclopedia/alfred-bassermann/). Retour au texte

2 Dantes Hölle. Der Göttlichen Komödie erster Theil, München, R. Oldernburg, 1892 ; Dantes Fegeberg. Der Göttlichen Komödie zweiter Theil, München und Berlin, R. Oldenburg, 1909 ; Dantes Paradies. Der Gottlichen Komödie dritter Theil, München, R. Oldenburg, 1921. Retour au texte

3 Attilio Brilli, Mitologia dell’esilio, in Il viaggio dell’esilio. Itinerari, città e paesaggi danteschi, Attilio Brilli (dir.), Bologna, Minerva, 2015 ; Raffaella Cavalieri, Il viaggio dantesco. Viaggiatori dell’Ottocento sulle orme di Dante, Roma, Robin, 2006. À l’occasion du VIIe centenaire de la mort du poète italien, Giulio Ferroni nous propose un nouveau voyage à la découverte de la Péninsule sur les traces de Dante (L’Italia di Dante. Viaggio nel Paese della « Commedia », Milano, La Nave di Teseo, 2019). Retour au texte

4 Attilio Brilli, Mitologia dell’esilio, op. cit., p. 33 et 21. Sauf mention contraire, toutes les traductions des textes cités sont aux soins de l’auteur de cet article. Retour au texte

5 Ibid., p. 29. Retour au texte

6 La bibliographie sur l’histoire de la réception de Dante dans les pays germanophones est désormais très vaste. Parmi les ouvrages devenus de références je ne mentionne ici que les plus récents : Filippo Brancucci e Wilhelm Theodor Elwert, « Germania », in Enciclopedia Dantesca, vol. I (1970), disponible sur Internet (https://www.treccani.it/enciclopedia/germania/) ; Mirjam Mansen, « Denn auch Dante ist unser! » : Die deutsche Danterezeption 1900-1950, Tübingen, Max Niemeyer Verlag, 2003 ; Dagmar Reichardt, « Notevoli traduzioni nordiche : Dante da Filalete ai Paesi Bassi », in Il Dante degli altri : la Divina Commedia nella letteratura europea del Novecento, Dante Marianacci (dir.), Vienna, Istituto italiano di cultura, 2010, p. 45-54 ; Peter Kofler, « Ricezione e traduzione dantesca in Germania tra Illuminismo e Romanticismo », in Dante oltre i confini : la ricezione dell’opera dantesca nelle letterature altre, Silvia Monti (dir.), Alessandria, Edizioni dell’Orso, 2018, p. 109-121. Retour au texte

7 Cf. Mirjam Mansen, « Denn auch Dante ist unser! », op. cit. Retour au texte

8 Philaletes [Johann von Sachsen], « Vorwort zur Ausgabe der ersten zehn Gesängen der Hölle von 1828 », in Dante Alighieri’s Göttliche Comödie. Die Hölle, metrisch übertragen und mit kritischen und historischen Erläuterungen versehen, dritter unveränderten Abdruck der berichtigten Ausgabe von 1854-1866, Leipzig und Berlin, B.G. Teubner, 1877, p. XIV. Retour au texte

9 Jean-Jacques Ampère, « Voyage dantesque », Revue des deux mondes (1839) ; ensuite dans le recueil La Grèce, Rome et Dante. Études littéraires d’après nature, Paris, Didier, 1848, p. 209-316. Retour au texte

10 Ibid., p. I. Retour au texte

11 Mein Weg in Dante’s Fuβtapfen, nach J.J. Ampère bearbeitet von Theodor Hell, Dresde et Leipzig, Arnold, 1840 ; Il viaggio in Italia di Teodoro Hell sulle orme di Dante, Filippo Scolari (trad.), 2e éd., Venezia, Tip. di Tommaso Fontana, 1841. Retour au texte

12 Peter Wolfgang Waentig, « Giovanni di Sassonia – Il re dantista », Atti dell’Accademia Roveretana degli Agiati, a. 260 (2010), ser. VIII, vol. X, A, fasc. I, p. 319. Retour au texte

13 Ibidem. Retour au texte

14 Mein Weg in Dante’s Fuβtapfen, op. cit., p. 2. Retour au texte

15 Alfred Bassermann, Dantes Spuren in Italien. Wanderungen und Untersuchungen [1897], München, R. Oldenburg, 1899 ; Orme di Dante in Italia, Egidio Gorra (trad.), Bologna, Zanichelli, 1902. Dans cet article les citations seront toujours tirées de ces éditions en indiquant DSI et ODI suivi du numéro de la page. Retour au texte

16 Cf. Alfred Bassermann, Für Dante und gegen seine falschen Apostel, Bühl (Baden), Konkordia, 1934. Retour au texte

17 DSI, p. 48 : « treu und anschaulich ». Retour au texte

18 DSI, p. 46 : « säcularisirt und in eine Sommerfrische ‘mit allem Comfort der Neuzeit’ umgewandelt ». Retour au texte

19 DSI, p. 148 : « nicht aus Büchern, sondern aus der lebendigen eigenen Anschauung ». Retour au texte

20 Attilio Brilli, Mitologia dell’esilio, op. cit, p. 29. Retour au texte

21 Dans cet article nous citons les terzine de Dante toujours dans la traduction de André Pézard : Dante Alighieri, Œuvres complètes, André Pézard (trad.), Paris, Gallimard, « Bibliothèque de la Pléiade », 1968. Retour au texte

22 DSI, p. 33 : « wunderbare Mischung höchster Objectivität und höchster Subjectivität, welche das Geheimniß von Dantes Dichterkraft birgt ». Retour au texte

23 DSI, p. 81 : « die phantastisch mathematische Landschaft ». Retour au texte

24 DSI, p. 46 : « so stolz und feierlich, wie ihn die deutschen Berge nicht schöner tragen ». Retour au texte

25 DSI, p. 106 : « wieder in deutschen Bergen zu sein ». Retour au texte

26 DSI, p. 95 : « eine quälende Empfindung verträumter Melancholie, ähnlich wie die deutschen Föhren-Wälder ». Retour au texte

27 DSI, p. 14 : « die vielgeplagten Baedeker-Reisenden ». Retour au texte

28 Ibidem : « ohne seines Geistes einen Hauch zu verspüren ». Retour au texte

29 Raffaella Cavalieri, Il viaggio dantesco, p. 73. Retour au texte

30 DSI, p. 35 : « diese beiden Lieblings-Kinder des Dichters […] der sonst so vorsichtig gewahrten Oekonomie des Ganzen zuwider aus dem Rahmen der Dichtung hervortreten ». Retour au texte

31 DSI, p. 50 : « von Alters her die Hochburg des Ghibellinenthums ». Retour au texte

32 DSI, p. 55 : « Der eifrige Verfechter der kaiserlichen Sache hatte Anlaß genug, das kaiserliche Haptquartier in Pisa aufzusuchen » ; « naturgemäß sein Zufluchtsort». Retour au texte

33 DSI, p. 110 : « Diese Geistesrichtung fand ihren Baustil in der Gothik, die bezeichnender Weise von den Franziskanern für ihre Hauptkirche angenommen wurde, als es noch kaum in Deutschland gothische Kirchen gab ». Retour au texte

34 DSI, p. 114 : « für den letzten Act des phantastischen Hohenstaufen-Dramas ». Retour au texte

35 DSI, p. 197 : « jenen Meersarm, der sich von der Südspitze Istriens nach Fiume zieht , als die Grenze Italiens ». Retour au texte

36 DSI, p. 199 : « wo nicht mehr der vertraute Wohlklang des „Sì“ das Ohr umschmeichelt, sondern wo die slavischen Räthsellaute es bitter klar machen, daß wir die Grenze Italiens nun wirklich überschritten haben ». Retour au texte

37 DSI, p. 201 : « „Da cosa nasce cosa“, sagt der Italiäner, Eins gibt das Andere ». Retour au texte

38 DSI, p. 200 : « das war’s, was ich suchte ; so konnte ich ihn brauchen, so hatte Dante sein Bild brauchen können ». Retour au texte

Citer cet article

Référence papier

Marco Sirtori, « Dantes Spuren in Italien/Sur les traces de Dante en Italie : le voyage d’Alfred Bassermann », Textures, 26 | 2021, 92-103.

Référence électronique

Marco Sirtori, « Dantes Spuren in Italien/Sur les traces de Dante en Italie : le voyage d’Alfred Bassermann », Textures [En ligne], 26 | 2021, mis en ligne le 30 janvier 2023, consulté le 20 juillet 2025. URL : https://publications-prairial.fr/textures/index.php?id=310

Auteur

Marco Sirtori

Università degli Studi di Bergamo

Droits d'auteur

CC BY 4.0