La bibliothèque de Sciences Po s’est inscrite dans le réseau du prêt entre bibliothèques depuis la création, en 1980, des centres d’acquisition et de diffusion de l’information scientifique et technique, les CADIST.
Pole position
Les documents du CADIST de sciences politiques représentent 35 % des demandes reçues.
Avec une prédominance nette des demandes de prêt d’ouvrages étrangers et un taux de satisfaction des demandes de 82 %, le PEB du CADIST de sciences politiques remplit bien son office.
Mais ce label a des conséquences en termes de flux de demandes.
Comme tous les CADIST, la bibliothèque de Sciences Po apparaît en première position en tant que bibliothèque de premier recours, pour toute demande du moment qu’elle possède le document recherché, que ce document fasse ou non partie de la collection CADIST.
Cet algorithme a pour effet de surcharger en PEB fournisseur des bibliothèques déjà très sollicitées par le PEB lié à leurs collections de CADIST.
Plus fournisseur que demandeur
Avec 3 693 demandes de PEB fournisseur traitées en 2010 contre 482 de PEB demandeur, la bibliothèque se trouve dans un rapport de 1 à 7. Le débat sur l’harmonisation des coûts et la réciprocité des échanges reste complexe pour des bibliothèques comme la nôtre qui fournissent donc 7 fois plus qu’elles ne commandent (d’autant que nous commandons de plus en plus en dehors du réseau Supeb). Il est bien sûr dans notre intérêt de réduire la lourdeur des procédures de facturation mais un système intermédiaire au « tout gratuit » ou « tout payant » semble alors le plus adapté.
Nous travaillons pour environ un tiers des commandes avec des établissements hors du réseau Supeb et particulièrement avec les bibliothèques espagnoles et italiennes.
Gratuité du PEB demandeur
Particularité du service fort appréciée de nos lecteurs, aussi bien de Sciences Po que d’ailleurs, le service est gratuit. Entendons par là que la prestation fournie à la communauté académique de Sciences Po n’est pas facturée et qu’elle est incluse dans le coût de l’abonnement à la bibliothèque pour les lecteurs extérieurs.
Avant d’être contraints de revenir sur ce principe très libéral (et financièrement très lourd) et pour apporter notre contribution aux débats engagés dans le groupe de travail PEB piloté par l’ABES, il serait de ce fait difficile de laisser nos lecteurs passer librement et gratuitement leurs demandes sur un guichet unique. Le fait de laisser choisir au lecteur sa bibliothèque prêteuse va de soi s’il paye, mais si nous offrons le service, il est de loin préférable de sélectionner les fournisseurs les moins onéreux pour optimiser notre gestion.
En même temps, que choisiraient nos usagers entre notre service actuel gratuit et leur autonomie payante ? Il faudrait qu’ils puissent choisir entre les deux systèmes pour ressentir le second comme une avancée.
Usagers de la bibliothèque de Willard
(Battle Creek, Michigan) à la boîte de retour des livres, 1950
Rick Hulsey. rhulsey@willard.lib.mi.us http://www.willard.lib.mi.us/historical/bcphotos/individuals/h46_4531.htm
Les 10 titres les plus empruntés en PEB (principalement des thèses) par ordre décroissant
1 Le mirage des frontières : les migrations clandestines et leur contrôle en Espagne / Maria del Mar Bermúdez ; directeur de la recherche Catherine Wihtol de Wenden
2 Les cours européennes et l’intégration par les droits de l’homme / Laurent Scheeck ; Guillaume Devin… directeur de thèse
3 Socialisme utopique et idée coloniale : Jules Duval (1813-1870) / Jacques Valette
4 Les services secrets de la France Libre : le Bureau central de renseignement et d’action (BCRA), 1940-1944 / Sébastien Albertelli ; sous la direction de M. Jean-Pierre Azéma
5 Le Plan Briand d’Union européenne : de sa genèse au Quai d’Orsay à son échec dans la diplomatie des Grandes puissances européennes (1929-1931) / par Christiane Schwarte ; sous la dir. de Maurice Vaïsse
6 Un nouveau paradigme en santé publique : droits individuels et VIH/sida, 25 ans d’action publique en France / par Mélanie Heard ; sous la direction de Bernard Manin
7 La France du marché noir, 1940-1949 / Fabrice Grenard
8 Gouverner l’administration : une sociologie des politiques de la réforme administrative en France, 1962-1997 / Philippe Bezes ; sous la dir. de Jacques Lagroye
9 L’État secret, l’information et le renseignement en France au xixe siècle : contribution à une histoire du politique (1815-1914) / Sébastien Laurent ; sous la direction de Jean-François Sirinelli
10 La Ligue de l’enseignement - Confédération générale des œuvres laïques 1919-1939 / Nathalie Sévilla ; sous la dir. de Jean-François Sirinelli
Renversement de tendance
Après une période de baisse constante entre 1995 et 2004, l’activité de PEB a repris en 2005 accompagnée d’un renversement de tendance.
Les demandes d’articles de périodiques majoritaires pendant de nombreuses années se sont mises à baisser régulièrement, conséquence du développement des ressources en ligne, alors que les demandes de livres ne cessaient d’augmenter.
La visibilité accrue de notre fonds ancien sur le web, à la suite de la rétroconversion, est sans doute à l’origine de ce renversement, entraînant une meilleure circulation des documents entre les bibliothèques. Aujourd’hui, l’on assiste à nouveau à une baisse des demandes depuis deux ans (- 9 % par an), touchant bien davantage les périodiques que les livres. Par ailleurs le secteur des sciences humaines et sociales (SHS), est moins bien doté en documents numérisés que d’autres disciplines.
Autre tendance : livres et périodiques étrangers sont toujours en tête des demandes que nous recevons, ce qui est logique puisque seuls 40 % des collections de Sciences Po sont en français (1 808 demandes de livres étrangers et 621 demandes d’articles étrangers en 2010).
Une brique d’une politique
Nous avons mené, en 2009, une semaine-test sur les demandes de PEB reçues pour calculer un indicateur de délai médian. Nous avons sélectionné une semaine d’activité soutenue et obtenu un délai médian de 24 heures, sur lequel nous ne pourrons pas progresser à moins d’aller porter nous-mêmes les paquets à la poste deux fois par jour ! Le taux de satisfaction des demandes est de 76 % pour 2010 (82 % pour les demandes CADIST) et a légèrement baissé en raison du tour de vis que nous avons été contraints de donner en refusant des prêts à des bibliothèques ne respectant pas nos délais de retour. Sans surprise, l’évaluation financière d’un tel service est très mauvaise. Le système de facturation est lourd et la gestion même du processus complètement archaïque puisque nous recourrons toujours à la photocopie pour les articles et aux paquets pour les livres et les thèses. Néanmoins, il nous paraît important de soutenir le service du PEB en lui affectant les ressources nécessaires à son bon fonctionnement car c’est une des briques d’une politique nationale de la documentation qui favorise l’exploitation collective des collections et la circulation des savoirs.
« Prêt Campus » & « navette chercheurs »
Sur le modèle du PEB et à l’échelle de l’établissement, nous avons mis en place, depuis plusieurs années, un service de prêt à distance pour les étudiants et les enseignants qui se trouvent sur l’un des six campus de Sciences Po hors de Paris. Dotés chacun d’une bibliothèque sur place, ils peuvent aussi demander en ligne à la bibliothèque de Paris les livres et périodiques dont ils ont besoin et qui ne se trouvent pas sur place de façon à ne pas être défavorisés par rapport au campus parisien. Placer l’usager au centre de notre activité nous a également conduits à créer la « navette chercheurs » qui reçoit en ligne les demandes des huit centres de recherche de Sciences Po et leur livre les documents sur le site où ils travaillent, dans le 7e arrondissement de Paris. Service plébiscité bien sûr mais qui éloigne peut-être ce public du « lieu bibliothèque », des étudiants… et des bibliothécaires !
Mon document en ligne ?
Fourniture électronique de documents et charte de qualité sont deux axes de modernisation essentiels pour le PEB. Dans un contexte de développement des usages électroniques (près d’1,8 millions de téléchargements en 2010 à Sciences Po), le PEB tel que nous le pratiquons encore est une sorte d’archaïsme que nous sommes obligés de tolérer mais que nos lecteurs interrogent de plus en plus fréquemment (« Puis-je recevoir mon document en ligne ? »). Peut-être est-ce une des raisons de cette baisse constatée pendant deux années consécutives ?
La récente mobilisation des bibliothèques universitaires sur ce sujet fait espérer une évolution du PEB qui, comme le montrent de nombreux exemples à l’étranger, peut (re)devenir un service très centré « utilisateur ».