Sudoc : 25 ans de partage

DOI : 10.35562/arabesques.2320

p. 22

Plan

Texte

Né de la volonté de créer un catalogue national unique, le Sudoc est avant tout une aventure humaine où chacun contribue à élaborer un capital de données pérennes au service des utilisateurs et des enjeux actuels.

Pour les bibliothèques, la notion de réseau n’est pas récente. Il n’est donc pas surprenant qu’elles aient créé le réseau Sudoc. Celui-ci est avant tout une aventure humaine. Celle des professionnels qui ont imaginé cet outil de partage de travail et de compétences pour constituer un catalogue de l’enseignement supérieur et au-delà. Celle des premières personnes qui ont rejoint l’Abes pour donner corps et réalité au projet, tant dans ses modes de fonctionnement que du point de vue technique. Celle des pionniers qui, dans des bibliothèques, ont constitué l’équipe des sept sites pilotes qui ont apprivoisé Winnie, petit nom donné alors à WinIBW. Avec l’enjeu redoutable d’entraîner leur établissement dans l’inconnu de tout un dispositif à bâtir et avec la responsabilité d’anticiper le passage au Sudoc des bibliothèques de leur réseau.

Trois réseaux de catalogage1 existaient en France avant le Sudoc, mais chacun avec sa taille, ses modalités, ses partenaires et sa culture. Beaucoup d’établissements y étaient présents, tous cependant n’y adhéraient pas. S’y ajoutait encore le réseau spécifique aux publications en série2. De cette diversité, les différents acteurs du Sudoc ont réussi à faire un réseau national en gardant ce qu’il y avait de mieux dans chacun, et à favoriser des échanges riches et incarnés malgré le changement d’échelle.

Nous connaissions tous les noms de ceux qui, à l’Abes, construisaient le Sudoc. Ils étaient fabuleusement présents, même si déjà à distance, pour accompagner les catalogueurs dans leur formation, donner à voir les perspectives à venir et répondre avec compétence, mais aussi beaucoup d’humour, aux multiples questions posées de toutes parts. Dans les établissements, ce sont les coordinateurs qui incarnent une chaîne de partage et font le relais avec leurs équipes sur le terrain.

De catalogueurs à producteurs de données

La montée en puissance s’est accomplie très vite. Elle a demandé à chacun plus de rigueur, un accroissement de compétences, mais les avantages de ce partage du travail de catalogage et l’efficacité du signalement national pour le prêt entre bibliothèques ont balayé les réticences.

Ce qui frappe aussi dans la déjà longue vie du Sudoc, c’est la remarquable organisation de la formation et la richesse des outils en constante évolution qui permettent à tous les participants de progresser dans la maîtrise de leur savoir-faire, gage de la qualité des données exposées et reprises dans de multiples contextes, locaux, nationaux et internationaux. Avec le Sudoc, les catalogueurs sont devenus des producteurs de métadonnées et peuvent être fiers du travail accompli, loin de l’image réductrice du « point tiret » qui leur collait au clavier et pouvait masquer la vraie valeur de leur production.

Formidable machine, le Sudoc a su au fil du temps rester humain alors que le nombre de bibliothèques déployées augmentait et que, en plus du catalogage, d’autres projets voyaient le jour à l’Abes. Seul Winnie demeure, presque inchangé… La chaîne des coordinateurs s’est démultipliée avec de nouveaux correspondants (catalogage, autorités) et, au-delà du Sudoc, d’autres réseaux se sont organisés autour du signalement et de l’archivage des thèses ou des archives et manuscrits. Avec le développement du numérique, le Sudoc s’enrichit de nouvelles ressources et de grands projets qui accroissent encore le rôle central de l’Abes dans le monde documentaire français. Au fil des années, les Journées Sudoc sont devenues des Journées réseau, puis des Journées Abes mais elles suscitent toujours autant de plaisir à se retrouver et à rencontrer, en vrai, les équipes de l’Abes.

Cellules pancréatiques, les fleurs du diabète

Cellules pancréatiques, les fleurs du
            diabète

© Odra Noel

Répondre aux enjeux du Web sémantique

On entend, parfois, qu’avec le Sudoc, il n’y a plus besoin de cataloguer dans les BU. Cela montre la réussite de ce projet devenu si normal dans le paysage documentaire. Mais le Sudoc n’existe que par la notice que chacun, dans sa bibliothèque, va créer ou transformer pour répondre aux nouveaux enjeux de la transition bibliographique et du Web sémantique. Le Sudoc, c’est avant tout, pour ceux qui y participent au quotidien, un lieu où des hommes et des femmes échangent et construisent ensemble un véritable réseau humain pour constituer un capital de données pérennes au service du public, de l’enseignement et de la recherche.

Je suis heureuse d'avoir partagé la vie du réseau Sudoc depuis sa naissance.

1 Auroc (Association des utilisateurs du réseau OCLC en France) 49 établissements ; BN Opale, 15 bibliothèques universitaires autour

2 CCNPS : Catalogue collectif national des publications en série.

Notes

1 Auroc (Association des utilisateurs du réseau OCLC en France) 49 établissements ; BN Opale, 15 bibliothèques universitaires autour de la BNF ; Sibil France, 25 établissements.

2 CCNPS : Catalogue collectif national des publications en série.

Illustrations

Cellules pancréatiques, les fleurs du             diabète

Cellules pancréatiques, les fleurs du diabète

© Odra Noel

Citer cet article

Référence papier

Gisèle Maxit, « Sudoc : 25 ans de partage », Arabesques, 100 | 2021, 22.

Référence électronique

Gisèle Maxit, « Sudoc : 25 ans de partage », Arabesques [En ligne], 100 | 2021, mis en ligne le 21 janvier 2021, consulté le 19 mars 2024. URL : https://publications-prairial.fr/arabesques/index.php?id=2320

Auteur

Gisèle Maxit

Coordinateur Sudoc

Responsable Informatique documentaire, Bibliothèques de l’Université Savoie Mont Blanc

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