Depuis le 27 avril 2007, la bibliothèque de Saint-Herblain propose à ses usagers un « OPAC 2.0 ». Cette expression, peut-être un peu trop à la mode, concentre la modernité de l’internet mais, seule, ne veut pas dire grand-chose, d’autant plus que le nouveau catalogue de Saint-Herblain ne ressemble justement pas à tous les « sites 2.0 » du web.
Un site et un catalogue reflets de la politique de la bibliothèque
Saint-Herblain est une ville de 43 000 habitants située dans l’agglomération nantaise. La médiathèque a été bâtie en 1994 et le réseau comporte trois bibliothèques de quartier. Tout en offrant un large choix d’ouvrages grand public, la bibliothèque a décidé de créer des « pôles d’excellence » dans un certain nombre de domaines spécialisés dont le rayonnement dépasse la seule ville de Saint-Herblain ou même l’agglomération nantaise. Il s’agit du théâtre, surtout contemporain (12 000 références), de la danse contemporaine (2 200 références dont 784 vidéos et DVD de danse) et du graphisme (500 références). Plus généralement, le projet culturel de la bibliothèque était de promouvoir les formes artistiques contemporaines. Cela est manifeste dans l’architecture du bâtiment, se prolonge dans la politique d’acquisition, dans les animations et la communication.
Il était donc normal que le site internet de la bibliothèque reflète également cette politique. Plus qu’un simple site il est une nouvelle bibliothèque du réseau : une bibliothèque immatérielle liée aux applications des techniques numériques et de l’internet constituant une bibliothèque déterritorialisée. De la même manière qu’un bâtiment il est la représentation d’un projet culturel qui introduit des savoirs et des créations. Il est le lieu d’une invitation à la découverte des formes artistiques contemporaines et, à ce titre, assume son parti pris esthétique jusque dans la scénographie des expositions « virtuelles ». En tentant d’être un objet de culture, il fait des choix graphiques et de mise en page différents des sites commerciaux et, en cela, il peut apparaître étrange, envoûtant, dérangeant.
Le site internet fut réalisé en 2004 (http://la-bibliotheque.saint-herblain.fr) par l’équipe de la bibliothèque elle-même. La bibliothèque a, en effet, souhaité pouvoir maîtriser ses services numériques et a donc cherché à recruter des personnels avec la double compétence bibliothéconomique et informatique. Par chance, deux personnes ont répondu à ce critère et s’occupent (entre autres) de l’informatique. Il fut décidé d’utiliser la technologie Flash (et non HTML) qui permettait une maquette plus soignée, de maîtriser le mode d’apparition des images et des textes, d’adjoindre des effets sonores (réalisés par un agent de la bibliothèque) et d’organiser les rubriques autour des « machines »1, images originales du dessinateur Olivier Matouk.
Cependant, il fut impossible d’intégrer le catalogue à ce site : celui de notre système intégré de gestion de bibliothèque (SIGB Aloès 1.3.1) ne le permettait tout simplement pas. Il y avait bien un lien dans le site vers le catalogue, mais celui-ci s’ouvrait dans un « pop up » tout à fait disgracieux. Pire, il était quasiment impossible d’harmoniser les chartes graphiques des deux sites.
L’arrivée de nouvelles techniques…
Une version plus récente d’Aloès (1.4.2) a été installée en 2006. Cette dernière permettait une personnalisation bien plus importante de l’OPAC. Mais surtout son architecture était totalement différente. L’OPAC avait été scindé en deux applications : l’une s’occupait de la logique métier (recherche de notices, dédoublonnage, tri…), tandis que la seconde s’occupait uniquement de la mise en page. Ces deux applications communiquaient entre elles via des web services, c’est-à-dire des flux de données XML sur HTTP. Techniquement, cela permettait d’intercepter ce flux XML afin de gérer par nous-mêmes la présentation au lieu de confier cette tâche à l’application Aloès. Pour cela, Flash était parfaitement adapté (gérant nativement le format XML et les connexions HTTP). La première phase de remaniement du catalogue fut donc une migration vers Flash afin d’éviter qu’il ne s’ouvre dans un « pop up ». Ce fut un travail assez long et compliqué qui prit environ deux mois à plein temps au responsable informatique de la bibliothèque. À ce stade, les fonctionnalités d’origine étaient reprises à l’identique.
… puis de nouveaux services
L’augmentation de l’équipement des foyers en matériels numériques et la hausse du temps moyen passé avec l’internet sont les évolutions les plus marquantes de ces dernières années ; en conséquence l’essor des « services à la personne » doit pouvoir répondre à ces usages, notamment dans les besoins d’orientation sur les contenus, voire de labellisation de l’information. L’objectif reste d’organiser l’interaction entre le public, les bibliothécaires et les contenus. À l’intérieur des réseaux de l’internet les avis du public lecteur amateur coudoient les avis des professionnels lecteurs amateurs.
À cette période, peu d’articles et d’études professionnelles parlait d’OPAC 2.0 (il s’agissait plus de projets que de réalisations concrètes). Le principe était de considérer les lecteurs de bibliothèques de la même manière que les lecteurs des librairies en ligne et donc de transférer aux catalogues de bibliothèques les fonctionnalités que l’on trouve à la FNAC ou Amazon.
La deuxième phase fut, puisque nous interceptions pour l’afficher le flux de données en provenance d’Aloès, de le modifier, de le corriger, voire de l’enrichir.
Le catalogue a été enrichi de fonctionnalités nouvelles non fournies par notre SIGB telles que :
- l’affichage des couvertures des livres récupérées gratuitement chez Amazon, grâce à des web services ;
- l’affichage du résumé également récupéré gratuitement chez Amazon ;
- la possibilité pour les lecteurs de noter et commenter les documents du catalogue ;
- l’affichage en défilement dans les différents formulaires de recherche des dix dernières recommandations des lecteurs ;
- l’affichage, pour chaque document, d’une rubrique « les lecteurs ayant emprunté ce document ont également emprunté… ». La grande originalité du catalogue de Saint-Herblain est d’avoir intégré des fonctionnalités intéressantes des sites marchands à un site qui, lui, ne ressemble absolument pas à un site commercial mais a conservé un environnement cohérent et esthétiquement ordonnancé.
Parmi les fonctionnalités du catalogue : affichage des premières de couverture possibilité de laisser un commentaire sur l’ouvrage ou encore « les personnes ayant emprunté ce document ont également emprunté… »
Ce qu’il reste à faire
La publication du nouveau catalogue est trop récente pour qu’il soit possible de tirer un bilan. Il est relevé que les usagers laissent des commentaires sur les ouvrages au rythme d’un à deux par jour. De nouvelles évolutions pour notre catalogue-site (car plus que jamais, les deux sont indissociables) sont envisagées : la diffusion sélective de l’information (DSI) sous forme de courriels ou de flux RSS, une rubrique sur le patrimoine contemporain par la consultation d’estampes, des livres d’artistes numérisés, avec la possibilité du feuilletage, interrogeable par le catalogue. Ces nouveaux contenus seraient totalement intégrés au site.
Par ailleurs, à la suite de justes remarques reçues via « biblio-fr », un site alternatif en HTML spécialement destiné aux personnes aveugles ou mal voyantes, est en cours de réalisation.