La bibliothèque Calouste Gulbenkian : une ouverture sur la lusophonie

DOI : 10.35562/arabesques.363

p. 24-25

Plan

Texte

Alors que la Fondation Calouste Gulbenkian célèbre cette année ses 50 ans de présence en France, coup de projecteur sur les collections et les missions de sa bibliothèque qui a rejoint le Sudoc en avril 2014.

La bibliothèque Calouste Gulbenkian est une composante de la délégation en France de la Fondation Calouste Gulbenkian dont le siège social est à Lisbonne. La délégation fut inaugurée le 3 mai 1965 au 51 avenue d’Iéna, ancienne résidence de Calouste Sarkis Gulbenkian à Paris, sous le nom de Centre culturel portugais. Depuis le 18 octobre 2011, la délégation porte son nom actuel et occupe un nouvel espace (39 boulevard de La Tour Maubourg, 75007). Calouste Sarkis Gulbenkian (1869-1955) descend d’une famille arménienne illustre qui a résidé à Scutari, l’actuel Üsküdar, sur la rive asiatique d’Istanbul. Véritable visionnaire en ce qui concerne l’avenir du pétrole comme source d’énergie1, mécène avisé et philanthrope, il lègue, par voie testamentaire, sa fortune pour la création d’une fondation qui porte son nom et qui a une mission universelle dans les domaines de l’art, des sciences, de la santé et de l’éducation.

La Fondation Calouste Gulbenkian possède deux délégations, l’une à Londres et l’autre à Paris. La délégation parisienne organise des débats sur divers domaines de la culture, de l’économie et du monde des fondations. Elle propose un programme d’expositions et soutient la diffusion de la langue portugaise et des cultures lusophones. Cette dernière mission est mise en pratique à travers sa bibliothèque.

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© Isabelle Barros

Une bibliothèque de référence sur les cultures lusophones

Bibliothèque de référence en langue portugaise et cultures lusophones, ses collections en sciences humaines tiennent compte de tous les pays de langue officielle portugaise, c’est-à-dire le Portugal, le Brésil, l’Angola, le Cap-Vert, le Mozambique, la Guinée-Bissau, Saint-Thomas-et-Prince, Timor Leste.

Les collections réunissent aussi de la documentation sur les pays ayant eu, à un moment donné de leur histoire, un passé en commun avec le Portugal, comme Macao ou l’Inde, et plus spécialement Goa.

En dehors des 15 000 documents en libre accès, les collections en magasins (environ 75 000 ouvrages) sont disponibles sur demande auprès des bibliothécaires. Le fonds numérique, encore peu représentatif, fait l’objet d’un projet en voie de développement. Tous les documents sont répertoriés dans le catalogue online.

Parmi les collections de prestige, la bibliothèque possède des livres rares du XVIe siècle au XIXe siècle, comme par exemple, la Monarquia Lusitana (XVIe siècle) de Frère Bernardo e Brito, sur parchemin.

La collection de périodiques du XVIIe siècle au XXe siècle mérite une place à part. Citons les éditions originales d’Orpheu, revue moderniste dirigée par Fernando Pessoa et Mário de Sá Carneiro et Presença, revue de cri tique littéraire, créée en 1927. 2 000 livres édités avant 1900 font partie du fonds ancien de la bibliothèque.

Salle de lecture de la bibliothèque.

Salle de lecture de la bibliothèque.

© Isabelle Barros

La littérature de langue portugaise traduite en français fait partie des collections à conserver et prétend être exhaustive. La collection sur les découvertes portugaises est riche en livres d’histoire et en atlas, notamment les éditions en fac-similé des Atlas Miller, Fernão Vaz Dourado et Vallard.

La bibliothèque a également pour mission la conservation des catalogues des expositions et des enregistrements des conférences organisées par la délégation. Enfin, elle permet la consultation en France des catalogues des expositions organisées par la Fondation Calouste Gulbenkian à Lisbonne, des ouvrages sur cette dernière et de la plupart de ses publications. Le catalogue ainsi que les collections numérisées de la bibliothèque d’art de la Fondation à Lisbonne sont accessibles à partir du catalogue de la bibliothèque de Paris.

Une priorité : le service au public

Depuis son déménagement, la bibliothèque a augmenté de façon significative l’espace ouvert au public. Elle dispose d’une salle multimédia/jeunesse au rez-de-chaussée, d’une salle de lecture qui occupe tout le deuxième étage et de cinq magasins. Elle partage avec les autres services de la délégation la salle de conférences et la café-

téria. Équipée de la technologie RFID et l’automatisation du prêt-retour, elle met à disposition du public le wifi, des ordinateurs dans chaque salle, deux photocopieurs/reproducteurs, un projecteur avec écran, un service téléphonique et de courrier électronique. La qualité du service au public fait partie des priorités. L’ensemble des agents y participe de façon coordonnée, tous ayant reçu une formation afin de répondre au mieux et le plus rapidement possible aux demandes à l’accueil, par téléphone ou par courrier électronique.

Pour accéder aux différents services proposés, l’usager doit procéder à une inscription qui lui donnera le droit de bénéficier du prêt à domicile. La bibliothèque pratique aussi le prêt postal, sous certaines conditions, et le prêt entre bibliothèques.

Une politique culturelle en partenariat

Afin de mieux faire connaître ses collections, la bibliothèque a une politique de partenariat avec d’autres institutions et organise des événements culturels avec celles-ci ou par elle-même. L’objectif est de montrer la richesse des cultures de langue portugaise. Pour atteindre celui-ci, elle a la préoccupation de diversifier non seulement les domaines (langue, littérature, histoire, art…), mais aussi les pays (Portugal, Brésil, Angola, Cap-Vert…) évoqués à travers la programmation des différentes manifestations. Ainsi, nous avons organisé en mars 2015 un colloque international intitulé « Autres marges. La vitalité des espaces de langue portugaise », avec des participants de plusieurs pays de langue portugaise et un comité scientifique universitaire.

La collaboration avec les départements de portugais des universités en région parisienne est très régulière. Nous proposons soit des conférences organisées pour les étudiants en conformité avec leurs cursus, soit des visites pédagogiques ou des formations à la recherche dans le catalogue. Enfin, la bibliothèque propose une fois par mois, pour un large public, des séances de conversation en portugais menées par un professeur autour d’un thème culturel.

Et enfin, le sudoc…

Nous avons souhaité faire connaître nos collections auprès de chercheurs et d’étudiants au-delà des départements universitaires de portugais. C’est pourquoi nous avons envisagé de déployer notre catalogue dans le Sudoc pour une plus grande visibilité de nos fonds et, en même temps, pour enrichir le catalogue collectif sur les cultures lusophones. Cette adhésion est encore toute récente, car elle date d’avril 2014. La bibliothèque Calouste Gulbenkian déploie, depuis 1999, son catalogue dans celui de la Porbase2, gérée par la Bibliothèque nationale du Portugal. Si le format Unimarc est commun aux deux catalogues collectifs, les thésaurus eux sont très différents. Tout le personnel a été motivé pour suivre une formation à l’Abes afin de développer des compétences indispensables à la maîtrise du logiciel WinIBW, utilisé pour produire dans le Sudoc, et apprendre les pratiques professionnelles exigées par le réseau. Nous profitons de cet article pour remercier les formateurs compétents et patients. L’adhésion de la bibliothèque Calouste Gulbenkian au Sudoc est un défi qui mérite bien les efforts à fournir.

1 Calouste Gulbenkian, « La Péninsule d’Apcheron et le pétrole russe », Revue des Deux Mondes, 1891, tome 150, p. [356]-397; La Transcaucasie et la

Bibliographie

http://porbase.bnportugal.pt

Visitez le site de la bibliothèque Calouste Gulbenkian :

http://bibliotheque.gulbenkian-paris.org

Notes

1 Calouste Gulbenkian, « La Péninsule d’Apcheron et le pétrole russe », Revue des Deux Mondes, 1891, tome 150, p. [356]-397; La Transcaucasie et la péninsule d’Apchéron : souvenirs de voyage, Hachette, 1891.

Illustrations

© Isabelle Barros

Salle de lecture de la bibliothèque.

Salle de lecture de la bibliothèque.

© Isabelle Barros

Citer cet article

Référence papier

Maria-Arlette Darbord, « La bibliothèque Calouste Gulbenkian : une ouverture sur la lusophonie », Arabesques, 78 | 2015, 24-25.

Référence électronique

Maria-Arlette Darbord, « La bibliothèque Calouste Gulbenkian : une ouverture sur la lusophonie », Arabesques [En ligne], 78 | 2015, mis en ligne le 07 janvier 2020, consulté le 28 mars 2024. URL : https://publications-prairial.fr/arabesques/index.php?id=363

Auteur

Maria-Arlette Darbord

Directrice de la bibliothèque

a.darbord@gulbenkian-paris.org

Droits d'auteur

CC BY-ND 2.0