Bibliothèque et ressources documentaires du Musée des Arts décoratifs

DOI : 10.35562/arabesques.374

p. 24-25

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© Musée des Arts décoratifs

La bibliothèque et les ressources documentaires du musée des Arts décoratifs (MAD) est un nouveau service créé en 2016 par le regroupement de la bibliothèque des Arts Décoratifs, du centre de documentation du musée et de deux pôles transversaux, les archives (institutionnelles et privées) et un pôle en charge de l’ingénierie documentaire et des projets numériques.

Un service commun pour redonner cohérence et lisibilité aux collections

La bibliothèque des Arts décoratifs a été créée en 1864 par la volonté des fondateurs de l’association « l’Union Centrale des Beaux-Arts appliqués à l’industrie », comme part d’un vaste projet d’éducation comprenant un musée, des écoles et une bibliothèque d’art. Dans un premier temps destinée aux artisans et manufacturiers afin de leur fournir de nouvelles sources d’inspiration, elle est aussi devenue au cours du temps un lieu de référence pour les historiens de l’art, les chercheurs et les étudiants.

Le centre de documentation du musée est créé en 2000 par le regroupement des documentations thématiques déjà constituées pour documenter les œuvres conservées et alimenter les dossiers spécifiques aux domaines d’excellence du Musée, essentiellement les arts décoratifs du Moyen‑âge à nos jours, la mode, le design, la publicité, les jouets.

Au fil des années les acquisitions, la collecte d’archives et la production documentaire effectuées par les deux pôles ont doté le musée d’une richesse documentaire et d’un patrimoine archivistique considérables.

En regroupant au sein d’un service commun les collections conservées par ces entités, la direction du MAD a souhaité rassembler des ressources jusqu’à présent éparpillées et redonner cohérence et lisibilité à l’ensemble de ces fonds.

Spécialisée en arts décoratifs, mode, design, publicité et graphisme, la bibliothèque et les ressources documentaires du MAD poursuit une politique documentaire rassemblant aussi bien des collections patrimoniales sur de multiples supports (livres, périodiques, photographies, ephemera,...), les archives institutionnelles et privées que des dossiers documentaires nourris par la veille permanente des documentalistes sur les collections du musée et sur « l’état de l’art » en ces domaines.

Elle donne désormais accès, grâce au catalogue fédéré, à près de 300 000 références. Ouvrages imprimés, périodiques, fonds d’archives, dossiers documentaires, catalogues de vente et catalogues commerciaux, ephemera, photographies, images numérisées, articles de revue, etc. font de ce catalogue fédéré une entrée unique vers la multiplicité des documents et des supports documentaires conservés et traités aux Arts Décoratifs. Actuellement fermée pour réorganisation, la bibliothèque et ressources documentaires du MAD ouvrira à nouveau ses portes à un large public le 2 janvier 2019, avec la mise en place d’un unique lieu d’accueil et de consultation donnant accès à une offre complète de toutes les ressources documentaires du MAD. La salle de lecture de 100 places, qui borde le jardin des Tuileries, accueillera aussi bien les chercheurs et les étudiants que les professionnels des métiers d’art et les amateurs.

Des collections exceptionnelles et originales : ephemera, catalogues de vente, estampes de mode…

Au-delà de ses collections de livres (300 000), de périodiques (3000), la MAD conserve des fonds originaux, liés à son histoire et à ses missions, qu’il faut détailler pour en mieux comprendre la richesse et l’originalité.

1270 livres anciens (antérieurs au 19e siècle), consacrés notamment à l’histoire, aux beaux‑arts, à l’architecture, aux arts décoratifs et aux voyages. Se rattachent à ce fonds ancien les recueils de modèles, dont certains eurent pour auteurs les fondateurs de l’Union centrale des beaux-arts appliqués à l’industrie. Des milliers d’ephemera (menus, étiquettes, papiers d’emballages, cartes postales, dépliants touristiques,...) sont aussi conservés. Plus de 4000 catalogues commerciaux, catalogues de magasins ou de vente par correspondance, dédiés au mobilier, aux arts ménagers, aux vêtements et accessoires, aux jouets,… constituent un des exemples majeurs de cette collection d’éphémères. Considérés comme de simples véhicules publicitaires, les catalogues ou brochures commerciales produits par les créateurs, les fabricants, les diffuseurs sont aussi de formidables outils de diffusion des styles émergents et novateurs qui ont ponctué tout le 20e siècle.

Riche de près de 64 000 catalogues de ventes aux enchères, la Bibliothèque offre une large vitrine du marché de l’art, du 18e siècle à nos jours. Le « doyen » du fonds, daté de 1744, concerne la vente du Cabinet de feu M. Quentin de Lorangère. Entrés dans les collections uniquement par le biais de dons, ces catalogues couvrent largement les ventes parisiennes (Hôtel Drouot, Sotheby’s et Christie’s), mais aussi les ventes internationales sur les places de Londres et de New-York.

La collection d’estampes de mode couvre toutes les époques, avec les descriptions de costumes des différents peuples du monde au 16e siècle, les premières gravures de mode du 17e de Jacques Callot et Abraham Bosse, les figures de mode d’Antoine Watteau et les illustrations des premières revues de mode de la fin du 18e siècle.

Données pour la plupart par des collectionneurs, les photographes eux‑mêmes ou Jules Maciet, les collections de photographies sont en grande partie à caractère documentaire. Signées de grands noms, Adolphe Giraudon, Durandelle, les frères Alinari, Paul Nadar, Charles Marville, Hugues Krafft, Leopold Reutlinger,... elles sont autant de jalons de l’histoire de la photographie européenne et française. Près de 900 photographies du fonds d’atelier de Henry Le Secq et 1200 photographies d’Eugène Atget, numérisées et mises en ligne, sont parmi les plus précieux de ces témoignages.

Les archives historiques des Arts Décoratifs constituent la mémoire de l’Institution, qui retracent les activités de l’association depuis ses origines et illustrent ses liens avec les artistes, les collectionneurs (voir encadré) et le monde industriel pour « entretenir et développer en France la culture des arts qui poursuivent la réalisation du beau dans l’utile ». Ces documents, de supports et de formes variés (papier, dessins, plans, photographie, vidéos, maquettes d’architecture, médailles…) constituent des sources historiques uniques et irremplaçables sur les arts décoratifs en France et à l’étranger. Les archives historiques sont réparties en deux catégories : les archives de l’UCAD (1858‑1993) dites « archives institutionnelles », documents produits et reçus par l’institution dans le cadre de ses activités et qui permettent de retracer l’histoire administrative et l’évolution de la politique scientifique et culturelle de l’association de 1858 à 1993 ; les archives privées, documents reçus en don ou en dépôt de personnes, ou achetées, de familles, d’associations, d’industries, etc. qui présentent un intérêt pour la documentation historique de la recherche sur les arts décoratifs.

25 000 dossiers documentaires produits et alimentés par les documentalistes et le personnel scientifique (conservateurs, assistants de conservation) enrichissent les archives institutionnelles depuis le début des années 1970 : dossiers d’œuvre rassemblant la documentation liée à l’histoire d’une œuvre avant son acquisition et sa vie au sein des collections du musée (bibliographies, restaurations, suivi des prêts, reproductions, œuvres en rapport ) ; dossiers d’artistes, de créateurs ou de fabricants contenant des éléments biographiques et recensant la production de l’artiste, sa bibliographie et ses expositions ; dossiers thématiques sur les typologies d’objets, les matières et techniques, les styles et les sujets socio‑économiques qui sous‑tendent les problématiques liées aux arts décoratifs et aux arts appliqués.

LA COLLECTION MACIET

Lorsque, en 1885, l’amateur d’art et collectionneur Jules Maciet (1846-1911) franchit le seuil de la bibliothèque des Arts décoratifs, il comprend que les livres seuls ne peuvent satisfaire la demande des artistes et artisans : « Il faudrait des images, beaucoup d’images », dit-il. Fidèle à cette déclaration, la collection Maciet reflète la volonté de son inventeur de décrire tout le savoir et le savoir-faire du monde européen, mais aussi des autres pays, notamment la Chine et le Japon. Ainsi, de 1885 à 1911, date de sa mort, Jules Maciet devient « chasseur d’images » et réunit des centaines de milliers de gravures, photographies, documents de toutes provenances tirés de catalogues ou de livres et revues. Il les découpe, les trie et les colle dans de grands albums et imagine une classification méthodique dans l’esprit encyclopédique du XIXe siècle. Après sa mort et jusqu’en 1996, les conservateurs de la bibliothèque ont poursuivi son œuvre et continué à alimenter certaines séries pour constituer un ensemble de près de 5000 albums classés thématiquement, en libre accès. Plusieurs campagnes de numérisation ont permis de mettre en ligne plus de de 25 000 images issues de ces albums.

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Référence papier

Chantal Lachkar, « Bibliothèque et ressources documentaires du Musée des Arts décoratifs », Arabesques, 90 | 2018, 24-25.

Référence électronique

Chantal Lachkar, « Bibliothèque et ressources documentaires du Musée des Arts décoratifs », Arabesques [En ligne], 90 | 2018, mis en ligne le 08 novembre 2019, consulté le 29 mars 2024. URL : https://publications-prairial.fr/arabesques/index.php?id=374

Auteur

Chantal Lachkar

Directrice Bibliothèque et ressources documentairesMusée des Arts décoratifs

chantal.lachkar@madparis.fr

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