Rouverte en mai 2023 après 3 ans de travaux, la bibliothèque universitaire Lettres de Nantes offre des espaces modernisés et de nouveaux services lui permettant de jouer pleinement son rôle de cœur de campus.
Construite en 1967, la bibliothèque universitaire Lettres de Nantes avait besoin d’une rénovation d’ampleur afin d’adapter ses bâtiments vétustes aux nouveaux usages des bibliothèques universitaires. Après une phase d’étude et de programmation confiée au cabinet Aubry et Guiguet, à laquelle ont été associés le personnel de la bibliothèque et les délégués étudiants, le chantier a été lancé, doté d’un montant de sept millions d’euros (dont cinq millions financés par l’État dans le cadre du contrat de plan État Région 2015-2020 (CPER), un million par la Région Pays de la Loire et un million par Nantes Métropole).
L’équipe retenue pour la maîtrise d’ouvrage offrait la particularité d’associer un cabinet d’architectes (TICA architectes & urbanistes), des designers (Barreau et Charbonnet), une agence de graphistes composés de jeunes artistes nantais (Appelle-moi papa) et un bureau d’études (CETRAC).
Le programme préconisait de rester fidèle au caractère années 1960 du bâtiment et de tirer parti d’un environnement verdoyant et de volumes architecturaux de qualité. Pour autant, les espaces devaient être diversifiés, adaptés aux usages et besoins contemporains et permettre de proposer de nouveaux services.
Programmés de janvier 2021 à mai 2023, les travaux se sont déroulés dans de fortes contraintes : travaux en site occupé, accès aux services et aux collections garanti pour les lecteurs, pas d’externalisation possible pour le stockage malgré la mobilisation d’espaces dans la BU Droit adjacente. À cela se sont ajoutées les différentes difficultés induites par l’épidémie de Covid-19 et le lancement d’un chantier dans le chantier, celui du clos couvert de la BU, pour un million d’euros.
L’esprit années 1960 réinventé
Le traitement des espaces a été fidèle à la demande de respecter l’esprit chaleureux du lieu tout en le réinventant : des portes ont été supprimées et des cloisons déplacées afin de créer des perspectives et d’ouvrir de nouvelles vues sur les bois environnants. Certains murs ont été traités en medium de couleurs sourdes, jaune profond et rouge mat. Les sols ont reçu un traitement différencié avec un sol souple de type linoléum dans la cafétéria et la circulation du rez-de-chaussée, traitée comme une « rue » ouvrant sur les différents espaces, et de la moquette partout ailleurs.
Tout en maintenant le caractère originel du lieu, l’équipe s’est attachée à créer autant d’atmosphères différentes qu’il y a d’espaces. Les grandes salles de lecture offrent chacune une ambiance propre, avec de grandes tables centrales équipées de liseuses, des places individuelles à proximité des fenêtres ou des îlots de travail entre les rayonnages ; les mezzanines – autrefois dédiées au stockage de collections – ont été ouvertes au public, transformées en lieux propices au travail studieux. Des niches ont également été vidées de leurs collections pour accueillir des places de travail protégées, voire intimes. Ailleurs, des canapés et des fauteuils installés dans des circulations ou des renfoncements ont immédiatement été adoptés par les lecteurs, au point qu’un complément de commande a dû être rapidement mis en œuvre.
L’envie de garder l’esprit des années 1960 a également conduit à réutiliser au maximum le mobilier. La plupart des tables ont été conservées mais leur plateaux refaits et complétés de blocs prises. Des rayonnages de magasin ont trouvé une nouvelle vie en salle, associés à des rayonnages neuf. Des chutes de chantier (bois ou métal) ont été utilisées pour créer de nouveaux éléments mobiliers. Chaque salle de lecture comporte ainsi au moins trois modèles de rayonnages différents, unifiés par une signalétique harmonieuse et visible. Le peu de mobilier acheté notamment auprès de « J et J » à Bruxelles est parfaitement en phase avec l’esprit vintage recherché. Sans nier un souci de maîtrise des coûts, le choix de réutiliser la grande majorité des équipements d’origine découlait également du souhait de l’université d’être cohérente avec ses objectifs de développement durable.
Nouveaux espaces, nouveaux services
Autant d’espaces, autant de services. À l’origine du projet, les quatre demandes principales concernaient la création d’espaces de travail en groupe, d’un lieu de restauration, de salles d’innovation pédagogique (20 et 30 places) et le déploiement de prises électriques en nombre suffisant. À la livraison des travaux, les engagements ont été tenus. Seize salles de travail en groupe ont été créées, pouvant accueillir de quatre à huit personnes. À rebours, une salle « super silence » accueille des places de travail individuelles, séparées par des écrans acoustiques. Des phones rooms et des casiers connectés ont également été installés.
La réflexion sur la rénovation a coïncidé avec le départ à la retraite d’un personnel logé. Le logement a pu être utilisé pour créer un lieu de restauration sur deux niveaux et donnant sur la « rue » principale du rez-de-chaussée, sans pour autant diminuer la surface des lieux dédiés aux services ou aux collections. À l’issue d’une procédure d’autorisation d’occupation temporaire (AOT), une entreprise de l’économie sociale et solidaire a été retenue avec une offre complémentaire de celle du Crous : localisme, production bio ou raisonnée, démarche écoresponsable, etc. Elle propose une petite restauration chaude entre 11h30 et 14h, complétée par des distributeurs de boissons et de snackings sur le reste des horaires d’ouverture. Suite aux échanges avec les deux vice-présidents étudiants de Nantes Université, une salle polyvalente en mode « salle sur demande » sur 140 m2 a été imaginée pour répondre aux différents besoins des organisations et associations étudiantes : conférences, projections, workshop, etc. Équipée d’un mobilier sur roulettes, ce plateau est accessible sur réservation. Quand elles ne sont pas réservées, ces salles sont librement utilisables par les lecteurs.
Trois ans ou presque de travaux ont exigé de l’équipe endurance et souplesse, mais ont également donné lieu à de nombreuses réflexions autour de ses pratiques. Les différents points d’accueil étaient spécialisés : accueil principal avec du prêt-retour et du renseignement de premier niveau (auquel l’ensemble du personnel, toutes catégories confondues, participait), une banque de communication pour les collections en magasin, un bureau de renseignements pour un renseignement de second niveau et les inscriptions. Au fil des travaux et de la neutralisation de certaines zones, les fonctions des différents accueils ont évolué. Rebaptisés « accueils principaux » ou « points d’accueil », leurs fonctions ont été mutualisées. À l’exception des inscriptions, toutes les opérations se font indistinctement à tous les points d’accueil, avec la participation de toutes les catégories d’agents. Le bénéfice est évident pour les lecteurs mais également pour le personnel, qui s’est acculturé à l’ensemble des missions d’accueil.
Une bibliothèque cœur de campus
Les usagers sont de plus en plus nombreux à fréquenter la bibliothèque. D’environ 1 200 entrées par jour en moyenne en 2019, la fréquentation a atteint les 2 000 entrées par jour dès fin septembre et dépasse désormais les 3 000. Tous les espaces ont immédiatement trouvé leurs occupants, des plus studieux – la salle « super silence » ne désemplit pas et les salles de travail en groupe sont prises d’assaut – aux plus décontractés : beaucoup de siestes sur les nouveaux canapés mais également directement sur la moquette ou sur les poufs. Si la « rue » du rez-de-chaussée est très animée, l’atmosphère des espaces de travail et de l’étage, y compris ses salons de détente, reste très calme, voire feutrée, grâce à l’aménagement intérieur et aux matériaux choisis. Grâce à ses nouveaux espaces très accueillants, sa cafétéria et ses salles ouvertes à la réservation, la bibliothèque joue pleinement son rôle de cœur de campus.
D’autres évolutions sont d’ores et déjà programmées : rénovation des façades et changement des huisseries en 2025, mise en œuvre de la RFID ou encore coconstruction de nouveaux services dans le cadre du schéma directeur Vie de campus, notamment un guichet unique de renseignement en présentiel et en ligne.
LE PROJET EN CHIFFRES
21 CORPS DE MÉTIER : architectes, designers, graphistes, acousticien, chef de chantier, ingénieurs, contrôleur technique, coordonnateur de sécurité et de protection de la santé, plaquistes, menuisiers, charpentiers, fabricants de mobilier, plombiers, désamianteurs, électriciens, peintres, ascensoristes, soliers, fabricants de signalétique, démolisseurs, maçons, déménageurs, etc.
355 000 VOLUMES (soit près de 10 km) de livres et de revues déplacés, certains plusieurs fois.