Nouveau réseau documentaire

En histoire sociale & ouvrière

DOI : 10.35562/arabesques.3942

p. 16-17

Plan

Texte

Le service commun de la documentation de l’Université PARIS I – Panthéon-Sorbonne, faisant partie des bibliothèques BN-Opale, est donc entré dans le Système universitaire de documentation, dans la première vague, au printemps dernier.
Il comprend, d’une part, les trois bibliothèques gérées par le SCD lui-même, dont la bibliothèque centrale située au Centre Pierre-Mendès-France et, d’autre part, près d’une soixantaine de bibliothèques situées auprès des unités de formation et de recherche, les UFR, et centres de recherche dispersées dans les 19 implantations de l’université.
Avec près de 160 000 volumes et 17 bibliothèques, l’UFR d’histoire est particulièrement riche sur le plan documentaire.
La bibliothèque du centre d’histoire sociale du xxe siècle est l’une des plus vivante et dynamique, comme le montre sa participation au réseau du CODHOS, le Collectif des centres de documentation en histoire ouvrière et sociale.

Collectif des centres de documentation en histoire ouvrière et sociale

Le Collectif des centres de documentation en histoire ouvrière et sociale, le Codhos, est une toute jeune association (loi 1901) regroupant les principales institutions françaises, publiques et privées, qui détiennent des ressources documentaires sur l’histoire du mouvement ouvrier et, plus généralement, sur l’histoire sociale française. La bibliothèque du centre d’histoire sociale du xxe siècle, qui relève de l’Université Paris I et du CNRS, a pris l’initiative de fédérer, au sein du Codhos, de grands établissements publiques, des centres documentaires de confédérations syndicales et de partis et mouvements politiques, ainsi que des institutions privées.

Instruments documentaires et outils informatiques. L’histoire du mouvement ouvrier français, entre dissidences et scissions, exils et clandestinités, n’a guère été favorable au regroupement de ses sources. Par ailleurs, les partis, les mouvements politiques et les syndicats, ont tardé à prendre conscience de l’importance de la sauvegarde et de la valorisation de leurs archives. Les quelques militants de base ou responsables politiques préoccupés de la postérité de leur propre histoire ont souvent fait preuve de méfiance vis-à-vis des institutions officielles et académiques. En effet, ils ont préféré déposer leurs archives dans des lieux qui leur étaient proches idéologiquement, mais qui, souvent, n’étaient pas aptes à accueillir et à traiter ce genre de documents.

Néanmoins, beaucoup de travail a été accompli pour conserver, organiser, inventorier et diffuser ces fonds et le rôle des historiens n’a pas été négligeable dans cette sensibilisation. Cependant, l’éclatement des lieux de recherche et l’émiettement des fonds restent la règle ; les étudiants et les chercheurs doivent faire face à de véritables difficultés, car la documentation est difficile d’accès et les professionnels travaillent souvent dans l’isolement et le manque de moyens.

En partant de ce constat, le Codhos entend coordonner les efforts et développer une action commune. Il s’est fixé comme but de « faciliter l’information et les échanges entre ses membres, de réaliser des instruments documentaires et des outils informatiques concernant le mouvement ouvrier et social à partir des fonds de chaque organisme adhérent à l’association »1. Il est dit également dans ses statuts que « ces réalisations doivent faciliter les recherches des étudiants et des chercheurs »2. Peut adhérer à cette association toute institution qui met à la disposition du public des fonds documentaires concernant le mouvement ouvrier et social.

Conservation, diffusion et valorisation des ressources documentaires. Aujourd’hui, grâce à l’essor des nouvelles technologies de l’information, il est possible de mettre en réseau des ressources documentaires, sans pour autant envisager leur réunion dans un lieu unique. Le Codhos s’appuie sur la collaboration de documentalistes, bibliothécaires et archivistes qui travaillent dans les institutions membres, mais il compte également sur les historiens du monde ouvrier. En effet, dans l’élaboration d’outils documentaires conçus pour les besoins de la recherche, il est plus que jamais nécessaire de mettre à profit des compétences diverses et de faire converger des points de vue complémentaires.

Début 2002, le 29 janvier, lors d’une matinée d’études au centre historique des Archives nationales, sous la présidence de sa directrice Marie-Paule Arnauld, le Codhos a présenté sa première réalisation. Il s’agit d’un inventaire des sources imprimées relatives aux congrès nationaux des organisations ouvrières et des associations de gauche en France, de la Commune à 19403, détenues par les institutions membres du Codhos. Les congrès sont classés par organisation dont l’histoire est rappelée dans un bref chapitre préliminaire. Le tout est précédé par un graphique qui illustre en l’éclairant la généalogie très compliquée des organisations ouvrières. Cette brochure contient également une introduction qui met en évidence l’importance des congrès dans l’histoire du mouvement ouvrier ainsi qu’un répertoire des membres du Codhos avec les informations pratiques nécessaires aux usagers et une description synthétique des fonds de chacun.

Chercheurs, étudiants et professionnels de la documentation. Forts de cette première réussite, car la brochure fut très appréciée par les chercheurs et étudiants présents à la matinée d’études, les membres du Codhos entendent continuer le travail dans le même esprit de collaboration. Ils se sont fixé d’autres objectifs autour de deux axes : la conservation, la diffusion et la valorisation des ressources documentaires. Tout d’abord, il s’agit de continuer le travail entrepris avec l’inventaire des congrès, en élargissant la chronologie jusqu’à nos jours et en incluant les congrès des Fédérations. À plus long terme, le recensement de la presse ouvrière est également prévu.

Le site web4 du Codhos hébergera bientôt une base de données des congrès qui sera alimentée en ligne. Ce même site présentera les projets du Codhos et fournira des possibilités d’échanges et de dialogue aux chercheurs, étudiants et professionnels de la documentation grâce à la mise en place d’un forum de discussion. Dans ce cadre, le Codhos pourra également avoir fonction de conseil et de sensibilisation auprès des militants ou de leurs familles qui détiendraient des fonds d’archives afin qu’ils soient sauvegardés dans de bonnes conditions. Le recensement des congrès pourra permettre d’intégrer ces documents, rares s’il en est, dans un programme de numérisation. Celle-ci en permettra la sauvegarde et également une plus large diffusion. Le Codhos en tant qu’association regroupant de nombreux centres de documentations et bibliothèques est certainement mieux placé que chaque membre isolé pour trouver les financements nécessaires à ce genre d’opérations. Enfin, le Codhos entend organiser des journées d’études autour de thèmes ayant trait à l’état des sources en histoire ouvrière et sociale. Ce sera l’occasion de donner une plus grande visibilité à nos fonds tout en indiquant aux historiens des pistes de recherche possibles. Dans un climat idéologique plus serein, des organisations politiques, syndicales et associatives venant d’horizons souvent très différents peuvent aujourd’hui s’entraider et travailler ensemble en poursuivant des objectifs communs. Le centre d’histoire sociale du xxe siècle, qui depuis sa création en 19665, a toujours entretenu des relations privilégiées avec les acteurs des mouvements sociaux, est fier d’avoir pu contribuer à la naissance de ce collectif.

Notes

1 Article 2 des statuts du Codhos. Retour au texte

2 Ibid. Retour au texte

3 Congrès du monde ouvrier France, 1870‑1940. Guide des sources, Paris, Codhos Éditions, 2002, 169 p., ill. Retour au texte

4 Collectif des centres de documentation en histoire ouvrière et sociale. www.codhos.asso.fr Retour au texte

5 Il s’appelait à l’époque Centre d’histoire du syndicalisme. On doit à son directeur, Jean Maitron, le Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier français (1789‑1939), Paris, Éditions ouvrières/Éditions de l’Atelier, 1964‑1997, 44 vol. Retour au texte

Citer cet article

Référence papier

Rossana Vaccaro, « Nouveau réseau documentaire », Arabesques, 26 | 2002, 16-17.

Référence électronique

Rossana Vaccaro, « Nouveau réseau documentaire », Arabesques [En ligne], 26 | 2002, mis en ligne le 12 février 2024, consulté le 19 juillet 2025. URL : https://publications-prairial.fr/arabesques/index.php?id=3942

Auteur

Rossana Vaccaro

Bibliothèque du Centre d’histoire sociale du xxe siècle

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