Au département d’anglais, des enseignants encourageants

DOI : 10.35562/arabesques.3964

p. 15-16

Outline

Text

La bibliothèque du département d’anglais après l’explosion

La bibliothèque du département d’anglais après l’explosion

Il n’existe plus sur Toulouse, depuis juin 2001, qu’une seule bibliothèque spécialisée en anglais. Pourtant, pendant une trentaine d’années, la ville rose, bien qu’éloignée géographiquement du monde anglophone, a hébergé trois fonds spécialisés : la bibliothèque américaine, dont le fonds et les abonnements seront transférés à la bibliothèque du département d’études du monde anglophone, la bibliothèque du British Council et la bibliothèque de la section d’anglais de l’université. Le département d’études du monde anglophone (ancienne section, ancienne UFR) figure parmi les grands départements de l’université Toulouse II. Plus de 2 000 étudiants spécialistes sont inscrits en LCE (langues et civilisations étrangères) ; à ceux-ci, on peut ajouter les quelques 1 300 étudiants inscrits en LEA (langues étrangères appliquées) qui ont choisi l’anglais comme une des deux langues étudiées. Une centaine d’enseignants-chercheurs titulaires assurent la formation de ces étudiants.

Tout au long des changements on peut distinguer un fil conducteur : un soutien fort de la bibliothèque par les enseignants-chercheurs. Dès les années 70, quand l’université a quitté le centre-ville pour s’installer sur les cressonnières du Mirail, la section d’anglais a prévu au sein de ses nouveaux locaux, une bibliothèque de 350 m2 comprenant une grande salle de lecture, le tout sur un sol renforcé et ceci pour un fonds de quelques milliers de livres.

Une autre preuve tangible du soutien continu du département pour la bibliothèque est la part du budget de fonctionnement (35 %) qui lui est automatiquement allouée. En plus de ce budget de 30 490 euros (environ 200 000 F) il y a toute la documentation achetée pour le DEA (diplôme d’études approfondies) ou pour les groupes de recherche du département qui est gérée par la bibliothèque.

Le fonds a évolué au fil des années, il s’est adapté aux besoins de l’enseignement et de la recherche. Le papier n’est plus le support exclusif : en plus des 35 000 livres que nous possédons, nous disposons d’une quarantaine de titres en cédéroms (English Short Title Catalogue, History of Parliament, des quotidiens, des dictionnaires), de quelques abonnements en ligne (Oxford English Dictionnary, British National Corpus) et d’une centaine d’abonnements pour des titres aussi divers que Mad, Atlantic Monthly, Literature and theology ou le Journal of English and Germanic Philology.

Les constantes de la politique d’acquisition dans ce monde en évolution sont l’achat presque exclusif de livres en anglais. Plutôt que d’acheter plusieurs exemplaires d’un même titre, nous privilégions l’acquisition de divers titres et nous avons le souci d’acquérir des sources primaires dans les domaines du théâtre, de la poésie et du roman. Ces spécificités nous donnent une complémentarité par rapport à la bibliothèque universitaire centrale. Les collections Africain Writer’s Series, Caribbean Writer’s Series, des séries australiennes et canadiennes témoignent de l’intérêt porté par la bibliothèque depuis sa création, pour les pays du Commonwealth. La présence d’enseignants spécialistes dans ces domaines garantit la vitalité de ces fonds. Cette année encore, l’enrichissement de notre fonds sur le Canada a pu être fait en partie grâce à l’aide des autorité canadiennes. Les écrivains canadiens d’origine indienne commencent à être bien représentés au Mirail. Pour compléter ces fonds « marginaux » nous avons acquis un nombre d’ouvrages portant sur les théories postcoloniales, aussi bien en littérature que par rapport à la société. Nos abonnements à Inter ventions : international journal of postcolonial studies, Wasafiri ou Trinidad and Tabago Review nous permettent d’être au courant des derniers développements dans ces domaines.

Nous ne négligeons pas pour autant le « canon » en littérature anglaise et américaine qui correspond à plus de 60 % du fonds. L’arrivée du fonds de la bibliothèque américaine nous permettra de combler certaines lacunes en civilisation et littérature américaines. Mais le département d’études du monde anglophone n’enseigne pas que de la littérature. Les étudiants assistent à des cours de civilisation qui traitent un grand nombre de sujets. Les modules optionnels de 3e année ou les cours au niveau de la maîtrise portent sur des sujets aussi divers que le cinéma, l’architecture, la musique, l’histoire des idées ou encore la condition féminine.

La bibliothèque met à la disposition des étudiants un fonds de référence en anglais d’environ 2 000 ouvrages et un fonds général qui leur permet de compléter et d’approfondir leurs connaissances. La constitution de notre fonds sur le cinéma illustre notre procédure. Depuis plus de 10 ans le département propose des cours sur les différents aspects du cinéma. La bibliothèque, en collaboration avec les enseignants concernés, a commencé à acheter des ouvrages. Les British Film Institute Publications ou Routledge film studies sont nombreux sur les étagères ; pour compléter cet ensemble de quelques 150 titres nous avons décidé, en 1996, de remplacer des abonnements déjà présents sur le campus par d’autres sur le cinéma. Aujourd’hui dans la salle de lecture, les enseignants et étudiants trouvent Cinema Journal, Film literature quarterly, Screen, Sight & Sound, et Variety. L’arrivée en 2000 d’un fonds du département des sciences du langage (2 500 livres) a beaucoup enrichi notre fonds de linguistique. « L’explosion des 400 par‑delà des 420 » (langue anglaise selon la classification Dewey) nous a amené à agrandir la salle de lecture de 100 m2 pour pouvoir rajouter des rayonnages et accueillir d’autres étudiants et enseignants. Sur les étagères se trouvent des titres traitant des problèmes et théories de la traduction, de l’informatique et de la linguistique, de la didactique des langues étrangères ou de la phonétique.

Du bristol au Sudoc

La bibliothèque a rejoint, en juillet 1996, le réseau des bibliothèques des universités de Toulouse. Ce bond en avant a bouleversé notre façon de travailler : nous avons abandonné nos fiches bristol pour cataloguer en UNIMARC avec le progiciel Horizon ; abandonné notre indexation en anglais inspiré du Library of Congress Subject Headings pour RAMEAU. Notre passage dans Horizon a été facilité par le projet de rétroconversion de la BNF. En effet 10 000 notices ont été ainsi numérisées. Malheureusement pour nous, seulement 35 % de ces notices ont pu être dérivées du catalogue de la BNF ; les autres ont été numérisées à partir des fiches, c’est-à-dire sans indexation matière et sans entrées secondaires. La spécificité de notre fonds fait que nous ne trouvons qu’environ 25 % de nos acquisitions dans le système local. Pour que tout notre fonds figure dans le catalogue du système local, il nous reste environ 15 000 livres à cataloguer, dont 80 % imprimés avant 1970 et 5 000 en provenance de la bibliothèque américaine. Nous attendons beaucoup du Sudoc pour nous aider dans cette tâche. Étant donné la composition du fonds, tout se trouve soit dans le Sudoc, soit dans les bases extérieures Research Library Group, National Library of Australia ou Consortium of University and Research Libraries.

La mise en place du Sudoc a modifié notre façon de cataloguer. Depuis cinq ans nous avions catalogué plusieurs milliers de livres en UNIMARC, qui désormais ne nous impressionne plus. En revanche, nous avons trouvé le logiciel Pica très peu convivial par rapport au module de catalogage dans Horizon. Mais, après quelques mois de pratique, nous parvenons, enfin, à oublier nos anciens automatismes et à acquérir la « logique Pica ». Ceci dit, en ce qui nous concerne, les avantages du Sudoc dépassent très largement ses inconvénients. Bien que « catalogueuses acharnées », nous ne faisons plus de catalogage car les titres que nous ne trouvons pas dans le Sudoc, nous les trouvons tous, pour l’instant, dans les bases extérieures. D’après les impressionnantes statistiques disponibles, entre mai et juillet la bibliothèque a créé 104 notices de monographies pour un total de 301 localisations et nous avons créé 90 notices d’autorité sur 926 liens effectués. Ces créations concernent surtout nos acquisitions australiennes mais pas uniquement. Mais il est encore trop tôt (3 mois) pour pouvoir avancer des chiffres sur notre utilisation et nos pratiques dans le Sudoc. Notre fonds australien nous fait visiter la National Library of Australia très souvent mais il y a des jours où notre base de prédilection est Research Library Group. Nous ne faisons plus de catalogage mais nous remanions des notices récupérées plus aisément qu’au début, une coupe par‑ci, un tiret par‑là ou la traduction d’une zone 600 en lien RAMEAU : ces démarches deviennent familières. Un seul regret néanmoins par rapport aux bases extérieures : ces écrans d’accueil identiques quelle que soit la base. Ne serait-il pas possible d’agrémenter ceux-ci par des signes distinctifs ? quelques frisettes ? quelques kangourous ? L’ouverture par l’ABES d’un concours aux « catalogueuses et rares catalogueurs de l’Essu » pour enjoliver les écrans ? Que sais‑je ?

Nous ne pouvons pas mesurer tous les changements que notre participation au Sudoc va entrainer mais une augmentation des demandes du prêt entre bibliothèques est sans doute prévisible ainsi qu’une augmentation du nombre de personnes, hors université, qui viennent consulter le fonds sur place. Avec la fermeture de la bibliothèque américaine et celle du British Council, les toulousains ont perdu deux lieux de travail très agréables en plein centre-ville, mais leurs fonds transférés à l’université du Mirail n’ont pas été perdus. Grâce au Sudoc, le fonds spécialisé en littératures et civilisations des pays anglophones de l’université devient enfin visible au‑delà de Toulouse.

Illustrations

References

Bibliographical reference

Fionnuala Bhreathnach, « Au département d’anglais, des enseignants encourageants », Arabesques, 25 | 2002, 15-16.

Electronic reference

Fionnuala Bhreathnach, « Au département d’anglais, des enseignants encourageants », Arabesques [Online], 25 | 2002, Online since 13 février 2024, connection on 19 juillet 2025. URL : https://publications-prairial.fr/arabesques/index.php?id=3964

Author

Fionnuala Bhreathnach

Bibliothèque d’anglais du SCD de l’université Toulouse 2 Le Mirail

Author resources in other databases

  • IDREF

Copyright

CC BY-ND 2.0