Parlez-nous de vos fonctions actuelles.
J’ai rejoint l’équipe HAL INRAE il y a trois ans. Cette équipe est intégrée au pôle Numérique pour la science (Num4Sci) de la Direction pour la science ouverte (DipSO), créée en 2020 pour développer et mettre en œuvre la politique de science ouverte de l’institut.
Mon profil était au départ très axé formation, ce qui touche de nombreux aspects de l’activité organisée autour de l’archive ouverte HAL INRAE : administration du portail, modération des documents déposés dans l’archive, support aux utilisateurs, curation de données, etc. Je me suis rapidement intéressée à la qualité des métadonnées des publications, que j’avais déjà abordée dans des postes précédents. Cet aspect est primordial pour la production d’indicateurs fiables, c’est pourquoi nous avons adapté nos chantiers qualité en fonction des multiples évolutions de HAL, notamment la refonte du référentiel auteurs en 2022.
J’ai naturellement évolué vers la production d’indicateurs, essentiels à l’analyse, au feedback et à la prise de décision, en généralisant l’usage des API de HAL dans les pratiques courantes de l’équipe. Je participe à ce titre à un groupe de travail mis en place par notre communauté d’utilisateurs CasuHAL.
À quelle occasion avez-vous entendu parler de l'Abes pour la première fois ?
Evoluant dans l’environnement IST Montpellierain, je connais bien les Journées de l’Abes. J’avais notamment visionné l’an passé l’intervention de Carole Melzac et Benjamin Bober sur l’écosystème des identifiants chercheurs. J’ai également eu des échanges avec les bibliothécaires de l’Abes sur des problématiques concernant l’automatisation des transferts de données, notamment dans le cadre de l’archivage des thèses dans différentes bases. En tant qu'administratrice des référentiels AuréHAL, je regarde de près l’évolution de l’IdRef dans les métadonnées associées à nos chercheurs, qui est très favorable.
Qu’appréciez-vous le plus dans votre métier ?
La multiplicité des aspects liés à mon activité et la liberté que j’ai d’aborder les sujets qui m’intéressent le plus en fonction de mes affinités.
Qu’est-ce qui vous énerve le plus ?
L’inertie.
Quel pont imagineriez-vous entre vos missions et celles de l'Abes ?
Sans aucune hésitation, les identifiants pérennes, parce que ce sujet, qui prend de l’ampleur depuis plusieurs années, est aujourd’hui au cœur des préoccupations de l’ESR, notamment avec le développement du registre national Rnest, mais pas seulement : tous les identifiants de la recherche sont impliqués dans la stratégie de circulation des données. A l’INRAE comme à l’Abes, nous avons mis en place une curation institutionnelle autour de nos identifiants, ce qui est un gage de qualité.
En ce qui concerne les données scientifiques, quels défis selon vous l'ESR aura-t-il à relever dans les prochaines années ?
Il y a un enjeu sous-jacent à toute réflexion autour des données, qui est le principe du 3.0 : celui des données liées, pour l’exhaustivité, pour la fiabilité, pour poser des balises face au big bang informationnel qui poursuit son expansion, brouille les repères traditionnels et favorise le morcellement. De ce constat découle un certain nombre de questionnements sur les choix à faire et sur la méthode.
Si la question des liens est primordiale dans la gestion de données, elle se pose également dans le cadre des interactions humaines. Le concept du silo, dans ses différentes déclinaisons, a été omniprésent tout au long de ces journées d’études. Il faut « dé-siloter » les services, les directions, les organisations, mais comment ? Comme il a été évoqué à juste titre lors de la table ronde qui a clôturé les Journées d’études, le silo n’a pas que de mauvais aspects : le silo rassure, le silo protège. Si l’on veut vraiment faire tomber les barrières, il faut tenir compte de ce paramètre, donner des garanties en matière d’organisation qui prennent en compte les préoccupations de chacun et poser ce concept, non pas en principe, mais en objectif.
Un autre aspect a été abordé par un participant en toute fin de journée : celui de l’automatisation, avec les questionnements qu’il soulève. Dans nos métiers où la validation humaine a toujours toute son importance, quel part automatiser pour gagner en efficacité ? Comment rationnaliser le temps de traitement tout en conservant notre exigence et nos valeurs ?
Enfin, la question de l’IA est présente dans toutes les considérations.
Quelle est votre expression favorite ?
J’en ai plusieurs … je dirais celle-ci, attribuée à Albert Einstein : “On ne peut pas résoudre un problème avec le mode de pensée qui l’a créé.”
Quelques mots pour conclure ?
D’abord merci, de m’avoir sollicitée, et également pour les actions que vous mettez en place dans le cadre de votre expertise et des évènements que vous organisez. Je suis ravie du nouveau format proposé par vos Journées d’études et cela a très bien fonctionné en ce qui me concerne : c’est la première fois que je participe en présentiel à l’intégralité d’un de vos évènements, car je me suis sentie concernée par tous les sujets abordés autour de la thématique choisie.
On constate qu’à travers les différents métiers, services, établissements, toutes les problématiques convergent, mais également que nous avons des ressources pour y faire face, et que malgré les obstacles, nous avons les compétences, la perspicacité et la créativité pour progresser dans la bonne direction.
