Canal Psy : Comment vous est apparu le thème de ce colloque et à quel moment ?
Michel Cornaton : Ce sont les étudiants de psychologie qui m’ont donné l’idée voici trois ans. Ils venaient de participer au colloque « Être Français aujourd’hui » de novembre 1997, que nous avions organisé salle Rameau, à Lyon. Ils souhaitaient un colloque plus attentif aux émotions, aux sentiments, au cours duquel des jeunes pourraient s’exprimer lors des débats aussi bien que des personnes d’âge mûr.
Canal Psy : Vous avez choisi de faire un colloque pluridisciplinaire. À quoi cela correspondait pour vous ?
Michel Cornaton : C’est le quatrième colloque organisé depuis 1989 par la revue Le Croquant en lien avec l’Université Lyon 2. Or Le Croquant se veut une revue à la fois de Lettres et de Sciences Humaines attentive autant à la lettre qu’à l’esprit. Un colloque mis sur pied à partir d’un tel support – dans lequel paraîtront les Actes – ne peut être monodisciplinaire mais forcément interdisciplinaire.
Canal Psy : Autour de quelles questions votre colloque a-t-il été organisé ?
Michel Cornaton : Cinq grandes orientations dans ce colloque : la déclaration d’amour, le sexe, la passion amoureuse, la naissance du sentiment amoureux et son développement, enfin le couple haine-amour.
Canal Psy : Comment ce colloque peut-il être en lien avec les recherches de Psychologie Sociale et avec la formation offerte aux étudiants ?
Michel Cornaton : Depuis un quart de siècle, le CLEF (Centre Lyonnais d’Études Féministes), sous la direction d’Annik Houel, effectue des travaux de recherche, donne des renseignements et anime des journées d’étude sur cette question. Le dernier colloque qu’il a organisé « Passionnément, à la folie… Le crime conjugal : l’exemple d’Althusser » s’est tenu le 16 octobre 1999 à l’Université Lyon 2.
Canal Psy : Quel rôle attribuez-vous à la relation amoureuse dans le lien social ?
Michel Cornaton : En rapport avec la question précédente, il faut dire que les sciences humaines et sociales auront mis du temps avant de prendre en compte le lien amoureux dans la construction du lien social. Arrive un moment où il n’est plus possible de procéder à l’analyse des groupes humains de toutes sortes sans se référer à la relation amoureuse et à son polymorphisme, d’autant que les transformations du lien amoureux ont de plus en plus d’incidence sur les processus actuels de liaison et de déliaison sociales.
Canal Psy : Avez-vous déjà en tête le thème de votre prochain colloque ?
Michel Cornaton : En introduisant le colloque, le président de notre université s’est demandé si le prochain thème ne serait pas Dieu lui-même. On le croyait mort et pourtant il préoccupe beaucoup de nos contemporains, plus qu’on ne croit. En réalité, la question qui m’intéresse est celle de l’amour et du sacré, amorcée lors de la dernière table ronde du colloque.
